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Le droit d’être pauvre, le rôle des organismes de charité et le net parti pris de notre système de justice

PCQ, Domingo, Enero 27, 2008 - 23:27

Jocelyn Parent, Membre du Comité Central du PCQ

La fin de la guerre froide aurait dû canaliser vers la lutte à la pauvreté les sommes autrefois dévorées par la guerre. Ce ne fut pas le cas. Ce ne l’est pas encore. Pendant que croissent les besoins du tiers-monde, les dépenses militaires maintiennent ou augmentent leur ponction. (L’utopie des droits universel, Laurent Laplante, p.27)

La Déclaration des droits faisait espérer, en effet, outre le minimum vital au chapitre de la vie et de la sécurité, la définition par voie démocratique des priorités sociales politiques. (L’utopie des droits universel, Laurent Laplante, p.31)

Est-ce un droit que d’être pauvre ? Vous êtes-vous déjà posé cette question ? Regardez les Chartes de droits et les beaux principes qui y sont étalés : liberté, égalité juridique, droit de vote, etc.

Pourtant, nulle part est-il dit qu’il est interdit d’être pauvre. Et nulle part les causes de la pauvreté ne sont questionnées, exposées, encore moins contrecarrées, misent en échec par des politiques et/ou des droits et libertés. Avec la Charte canadienne des droits et libertés, une personne a le droit individualiste d’engranger des sommes colossales d’argent ; en contrepartie à cette énorme liberté, celle-ci n’a absolument aucune responsabilité ni obligation morale, encore moins collective, de répartir SA richesse. Cette personne a donc tout le loisir d’imposer à autrui le droit de ne pas en bénéficier, de la laisser dans la pauvreté…car ce n’est pas une obligation d’aider son prochain, encore moins son voisin.

La pauvreté n’est pas un droit. Dans les faits, la pauvreté est imposée. Non seulement cela, mais elle est promue par la multiplication des fondations et autres œuvres de bienfaisance qui sollicitent les gens dans la rue, au téléphone, par des publicités, et notamment à la période des Fêtes, comme si la pauvreté n’existe qu’à un moment de l’année!

Pourtant, nous savons tous que la pauvreté, c’est à l’année longue qu’elle s’endure, qu’elle est subie par ses victimes, les pauvres. Pendant que le coût de la vie augmente plus vite que les salaires ne sont indexés au coût de la vie –belle expression, n’est-ce pas ?–, sans oublier les conditions de travail qui sont sans cesse revue à la baisse –telle l’ouverture des conventions collectives avant échéance– et que les entreprises privées réalisent toujours plus de profits, nous sommes bombardés par les requêtes des organismes de charité qui réclament des sous pour les pauvres. Et c’est la même chose avec les téléthons de ces derniers jours…

Je reconnais le principe implicite d’aider son prochain, mais ce que je conteste c’est que ces organismes ne font que des demi-mesures. Jamais une demi-mesure n’est une guérison de la blessure subie, tout spécifiquement en ce qui concerne la pauvreté. Je dis en effet demi-mesure car ces nobles causes nous reviennent année après année, après année, après annéeS. C’est dire que la problématique sociale de la pauvreté n’est pas réglée par les dons que vous faites, et elle ne le sera pas cette année par votre don, si généreux fut-il lors de la Guignolée. À chaque année subséquente, il faut toujours plus, malheureusement. Voyez comme les objectifs de ces organismes sont toujours en hausse. Ces organismes et fondations dépendent de la pauvreté pour continuer à être ; les salaires des cadres de ces organismes en témoignent plus éloquemment que mes mots. Ils ont donc intérêt à ne pas régler le problème qu’est la pauvreté, non seulement pour les gens qui la subissent et l’endurent, mais aussi pour la communauté humaine que nous formons. Que faire?

Remettre en cause le système capitaliste est l’action la plus importante que vous entreprendrez au cours de votre vie. Bâtir une communauté nouvelle, altruiste, humaniste, sans pauvreté, sans classe sociale, est votre seconde mission, si vous l’acceptez.

Mais avant de faire cela, il ne faut pas financer ces fondations philanthropiques. Pourquoi? Si quelqu’un a faim, vous vous devez de lui apprendre à cueillir et à pécher sa nourriture, non de le faire à sa place. Pour nous, communistes, cela veut dire expliquer aux gens, notamment aux pauvres, qu’il faut se soulever contre le capitalisme et le renverser en le jetant à terre. Nous nous devons d’expliquer aux pauvres que la pauvreté qui les assaille est intentionnellement générée par un système d’exploitation de l’homme sur l’homme. Et la philanthropie ne remet pas en cause cette exploitation, elle la perpétue. Certes, nous pouvons aussi expliquer aux riches que leurs dons ne règlent en rien la pauvreté, et que l’exploitation qu’ils génèrent par leurs pratiques capitalistes de maximisation des profits ne fait que l’accentuer, année après annéeS, mais ils ne veulent rien y comprendre puisqu’ils préfèrent maintenir une IMAGE de bonté auprès des miséreux, plutôt que de faire des actions durables et valables en ce moment même.

La philanthropie de la honte : une conception bien bourgeoise de la bonté

On nous a reproché, à nous communistes, de vouloir abolir la propriété personnellement acquise, fruit du travail individuel, la propriété qui, dit-on, constitue le fondement de toute liberté, de toute activité et de toute indépendance personnelles. (Manifeste du parti communiste, Marx et Engels, p.92)

La philanthropie, c’est la prérogative des riches ; c’est la seule façon qu’ils aient pour se sentir bien après une dure journée de travail à nous exploiter, nous les pauvres, nous les prolétaires. C’est la seule façon qu’ils aient trouvée pour nous sourire au visage et nous dire : Continuez, mon brave! Mais en sourdine, ils ne font que dire : Je suis bien content que vous soyez dans la pauvreté ; cela fait que je n’y suis pas ! La philanthropie permet aux riches de justifier leur existence inutile car, sans eux, nous serions encore plus pauvres, disent-ils. N’importe quoi pour se justifier!

La philanthropie, pour être véritablement efficace dans la lutte contre la pauvreté et son retour annuel, devrait se lire ainsi : « Action permettant d’améliorer le sort de ses semblables par des agirs et la mise en place de politiques durables, faisant que ce qui cause la pauvreté ne se répétera plus JAMAIS. Action entreprise de manière INTÉRESSÉE et SOUCIEUSE du devenir de son prochain mais surtout de son voisin ». Nous sommes bien loin de cette nécessité! Le Dictionnaire de la langue philosophique va même un peu plus loin, et il est tout aussi à propos de le citer : Intérêt (théorique et pratique) pour le bonheur de l’humanité. Le capitalisme et l’exploitation, pour le bonheur de l’humanité ? Non, ça c’est le propre, et l’unique propre, du socialisme et de sa conclusion qu’est le communisme.

Avez-vous remarqué le pavoisement des bourgeois en fin d’année alors qu’ils font des dépenses étonnantes pour des objets mis en encan pour des œuvres de charité? C’est le culte de ce que Marx nommait le fétichisme. N’oubliez pas, bourgeois et riches, vos reçus d’impôt pour payer encore moins votre juste part. Je suis certain que vous ne les avez pas oublié. Vous êtes des scandales! Si vous avez trop d’argent, riches et bourgeois, pourquoi ne pas donner vos surplus, sans aucune contrepartie? Est-ce trop vous demandez ?

En plus d’avoir exploités les autres humains, vous, les riches et les bourgeois, vous placez des conditions pour faire un don, et que vous ne faites qu’en fin d’année. Vous voulez vous donner ‘’bonne conscience’’ pour le reste de l’année, mais moi je viens de vous rendre ridicule –ce qui est votre vrai visage, d’ailleurs– dans ma propre classe sociale, pour l’éternité. Nous, prolétaires, nous ne sommes pas monnayables car nous savons que notre dignité ne provient pas des miettes que vous laissez tomber par inadvertance ; notre dignité vient du fait que nous n’exploitons pas nos semblables pour nous sentir et nous savoir humains, et agir respectueusement à l’égard de nos semblables.

Riches et bourgeois, vous êtes une honte au genre humain. Vous l’êtes d’autant plus après l’histoire que l’humanité a vécu, après le Moyen-Âge, après la création de la démocratie participative, après la création des moyens de production qui peuvent accorder une meilleure existence à tous les humains, après le 20e siècle et toutes les horreurs que vos guerres impérialistes ont mis de l’avant, notamment au Moyen-Orient, en Amérique Latine et en Afrique. Les nouvelles technologies de l’information (internet, satellite, etc.) permettent la transmission de l’argent à la vitesse de la lumière, et pourtant la richesse de Westmont et de Mont-Royal a bien de la misère à franchir la montagne du Mont-Royal, qui sépare l’Est de l’Ouest de la ville et qui sert en même temps de frontière entre les quartiers plus riches et les quartiers plus pauvres de l’île de Montréal.

Chaque don qu’effectuent les riches et les bourgeois permet au pauvre de survivre pendant le temps des fêtes; sans doute, cela lui permet-il aussi de lui faire miroiter le vain espoir d’accéder, peut-être un jour, à ce même type de vie, qui est pourtant parasitaire. Vain espoir, en effet. Pour qu’il y ait un riche, un exploiteur, il faut plusieurs milliers de pauvres, d’exploités, d’aliénés, d’esclaves du capitalisme. Voilà pour l’explication du parasite.

Quant à l’esclave, c’est quelqu’un qui est forcé à faire quelque chose contre son gré pour quelqu’un d’autre. En résumé, c’est le prolétaire qui vend sa force de travail pour subvenir à ses besoins, par l’entremise de l’argent, alors que pourtant les fruits et légumes poussent gratuitement, sans aucune monnaie. Vous, les pauvres, avez-vous le choix de votre salaire? Avez-vous le choix de la hausse des coûts de la vie? Pouvez-vous aller vivre dans une modeste maison de 500 000$ sur l’Île Bizard, et y payer cette hypothèque? N’y pensez pas, vous n’êtes pas assez solvables selon les banques. Le système capitaliste considère et traite les prolétaires et les pauvres à titre de marchandises, sans se soucier de la valeur inhérente véritable à tout être humain. Le droit à la vie est miné par le coût de la vie, rien de moins.

À l’intérieur d’un régime politique et économique comme l’est le capitalisme, sans capacité de payer, sans pouvoir d’achat, un être humain n’est rien, pas même un humain, encore moins un être, ce qui est déjà moins qu’un consommateur aux yeux des investisseurs, eux qui placent leur argent pour le rentabiliser, pour le faire fructifier, qu’à leur avantage, car le partager, ben voyons, quelle utopie! Un consommateur, c’est passer de l’être à l’avoir, ce qui est le contraire de la formule connue. C’est être possédé par son objet. C’est être l’objet de l’objet. C’est être consommé par l’achat que l’autre fait de notre force de travail. Un pauvre est l’esclave du riche, qui lui l’est de sa propre richesse. Le riche se fétichise lui-même car il veut toujours plus d’argent, pour se prémunir contre la possible perte de diminuer son niveau de vie, déjà bien au-dessus de tout ce qui est pourtant nécessaire pour vivre décemment.

L’état des droits humains

L’offre ne s’adresse qu’à la demande solvable. Les considérations humanitaires, les besoins urgents à satisfaire, la situation désavantageuse du client, entre autres, n’entrent pas en ligne de compte et s’effacent devant l’incapacité de payer. Seul le pouvoir d’achat fait d’un individu un client éventuel. (Une solution de rechange au néo-libéralisme, Roger Lambert, p.195-196)

Ce texte ne vous explique pas le pourquoi du communisme ; vous pouvez effectuer une recherche en écrivant ‘’Pourquoi j’ai également pris ma carte du PCQ’’. Ce texte-ci va vous expliquer pourquoi la pauvreté n’est toujours pas une problématique résolue aujourd’hui.

À ce point-ci, vous aurez compris cependant que ce système d’exploitation de l’homme par l’homme, c’est l’État, et aux 20e et 21e siècles, il se nomme l’État de droit. Dans cette ère de néolibéralisme abondant, j’aime bien davantage utiliser l’expression État de droite. C’est une subtilité de langage qu’il est bon de faire devant un capitaliste, mais que vous comprendrez mieux au fur et à mesure de votre lecture mais surtout en vous souvenant que l’État est un outil au service des bourgeois et de la classe des capitalistes.

Cet État de droite, c’est celui-là même qui étale de beaux principes dans sa Charte, qui se pavane avec elle tout fièrement, MAIS qui ne fait rien pour enrayer la pauvreté, pour réduire le déficit démocratique, pour affirmer pleinement l’égalité des sexes, pour autoriser la droit d’association et de grève, pour ne prendre que ces exemples, car dans SA charte n’y sont présentés et défendus que des droits individuels, aucun droit collectif. Seul l’individu qui en a des moyens financiers peut revendiquer des droits par la bouche de son avocat ; Lénine, dans De l’État, disait que le mot d’ordre de la liberté ne revenait qu’à celui qui possédait quelque chose. Qui est celui qui possède aujourd’hui? Le riche ; il possède l’argent provenant de l’exploitation qu’il nous fait subir, qu’il nous force à perpétuer jour après jour. Il nous a mis en tutelle, en tutelle de nos droits humains, économiques, sociaux, politiques, etc.

Avez-vous déjà essayé d’intenter un procès en inconstitutionnalité contre le gouvernement puisque celui-ci n’y fait pas, ni fait plus respecter un droit reconnu à tous, ou encore votre droit? Bonne chance. Il faut passer par toutes les cours judiciaires inférieures avant d’aboutir à la Cour suprême. N’oubliez pas de tenir en compte que le gouvernement de Stephen Harper a coupé récemment dans le financement que reçoivent les programmes de contestation judiciaire. Alors, que faire? Comment revendiquer vos droits?

Vous savez que le gouvernement fédéral fournit les sommes que requiert le Programme de contestation judiciaire pour son bon fonctionnement, organisme qui sert à défendre (non à promouvoir) les droits humains garantis par la Charte. Or Bernard Lord, récemment nommée en début de décembre 2007 par le gouvernement Harper, a reçu ce dossier dans ses mains et a déclaré qu’il trouvait inconcevable que le fédéral finance des poursuites contre lui-même. Pourtant, il serait plus pertinent pour le fédéral de protéger adéquatement et de promouvoir convenablement les droits de sa Charte, en révisant pour le moins le fonctionnement de la société, plutôt que de défrayer les coûts exorbitants de ses propres avocats. Voilà une démonstration que les gens sans argent ne peuvent faire valoir leurs droits qui sont, vous le rappelai-je, garantis! Pas si garantis que cela, ces droits-là, finalement.

Mais à qui sert une garantie si le concepteur, si le fabriquant (tel le gouvernement fédéral) n’assure aucun suivi sur son produit (tels la Charte, les droits et les libertés) ni n’en conçoit un qui soit efficace, et aussi qui réponde aux principes qui l’ont fait naître en premier lieu?

L’être humain, par les raffinements démocratiques, a été élevé au rang de citoyen, pour être rabaissé à celui de consommateur et de client, par la montée et le développement de plus en plus poussé et soutenu du capitalisme. Dans une société capitaliste et sans argent, le citoyen ne peut ni revendiquer et défendre des droits, ni il ne peut participer à l’économie de la communauté. La participation dans une communauté, qu’elle soit économique et/ou politique, est l’une des conditions de l’association et du plein épanouissement que chaque personne doit avoir. Devons-nous distinguer le droit de vie et de mort pour les gens ayant de moindres revenus que d’autres? C’est absurde, amoral et immoral!

Le fonctionnement du pouvoir judiciaire : en quoi est-ce une dictature?

Le droit moderne a été principalement mis sur pied par les juristes d’Angleterre, tel Arthur Dicey. Le droit fut conçu pour encadrer, limiter, voire éventuellement abolir l’usage de pouvoirs arbitraires et discrétionnaires dont le monarque pouvait user lorsqu’il en sentait le besoin, selon ses objectifs du moment, ou selon son humeur passagère. La primauté du droit, c’était l’antithèse du pouvoir personnel ou de l’arbitraire.

La primauté du droit fut aussi et surtout instaurée par la bourgeoisie anglaise qui voyait venir les conséquences que pourrait avoir à long terme la démocratie naissante : l’apparition d’un pouvoir populaire pouvant éventuellement la renverser. Pour contrer le pouvoir du nombre, qui est d’ailleurs et pourtant celui de toute bonne démocratie, des droits furent édictés en normes premières de l’État : en Angleterre, il s’agit de la common law, aux US of A, ce sont les 10 amendements, au Canada, il s’agit de la Charte, par exemples. La théorie de la primauté du droit fut donc une réponse de la bourgeoisie contre la ‘’tyrannie’’ populaire émanant du droit de vote universalisé. Car que peut-il survenir lorsqu’une masse éclairée par la prise de conscience de son exploitation décide de renverser son oppresseur? Les têtes roulent, rien de moins.

C’est d’ailleurs manifeste que le fonctionnement de la justice est une institution en faveur de la bourgeoisie et qu’elle n’est pas à sa place à côté de la démocratie. Pour cela, nous n’avons qu’à regarder les caractéristiques premières de la mise en place des juges.

D’abord, les juges sont nommés par le Premier Ministre du Canada ; ils ne sont pas élus. Comment procède-t-il à leur sélection, lorsqu’il y a des vacances au poste? Notons au passage que le Premier Ministre reste, malgré ses fonctions de représentant de l’ensemble de l’État canadien, un chef de parti, parti politique qui a un agenda idéologique, comme les autres d’ailleurs. Le chef d’État cherchera donc des personnes qui seront aptes à défendre sa vision de la justice lorsque des causes seront soumises à l’instance suprême du Canada : la Cour suprême.

En plus d’être nommés, les juges sont en poste jusqu’à l’âge de 75 ans. Ils ne craignent donc pas beaucoup les effets des décisions qu’ils rendent, à moins de circonstances exceptionnelles. D’ailleurs, lorsqu’un scandale se manifeste à propos d’un juge, il a amplement le temps de démissionner par lui-même, plutôt que de subir les foudres de la justice de l’État dans lequel il siège. Selon la doctrine de non-contraignabilité, les juges des cours supérieures n’encourent aucune responsabilité civile pour les actes qu’ils posent dans l’exercice de leurs fonctions ; ainsi, ils peuvent juger presque comme bon leur semble. Et dans un État de droit, la Cour suprême, étant la dernière instance, il s’ensuit qu’il n’y a personne pour revenir sur le jugement des juges de cette cour. C’est d’autant plus vrai que les juges ne peuvent être contraints à témoigner au sujet des raisons guidant leurs décisions ; la délibération est secrète. Il y a donc là une certaine forme d’immunité.

Les juges ont aussi une autonomie décisionnelle, faisant qu’ils ne sont pas obligés de consulter lorsqu’ils rendent leur jugement ou si vous préférez lorsqu’ils rendent justice.

Clôturant les aspects principaux de la justice canadienne, les juges ont un droit de réserve quant aux causes qui leur sont soumises. Bien qu’ils refusent de se prononcer sur les causes de nature politique, les juges ne s’occupent que de celles qui sont soumises à leur attention. Notez cela : que de celles qui sont soumises à leur attention. Ainsi, toute cause ne parvenant pas à leurs oreilles, ils n’en traitent pas, et ce malgré les injustices sociales dans une situation donnée. Tout ceci est d’autant plus vrai puisque les juges présument que les lois conçues par les élus sont bonnes pour la population. Il revient donc au plaignant à démontrer que la loi lui nuit, c’est-à-dire qu’elle lui nuit exclusivement. C’est d’ailleurs dans ce sens que les juges trancheront par leur jugement, ne pouvant être des généralistes, notamment parce que chaque cause est unique par ses caractéristiques et sa situation. Quelles causes se rendent donc à la Cour suprême? Que celles capables de se financer, soit par une personne riche ou encore un collectif ayant ramassé une rondelette somme.

Avec ces éléments, nous avons suffisamment d’informations pour comprendre que ce sont ultimement les juges qui définissent ultimement la liberté, la justice et l’égalité, même si ces fonctions sont d’emblée la prérogative des élus de l’assemblée législative. Cette constitutionnalisation des droits de la personne a transfèré un pouvoir politique énorme vers des juges qui, en plus, sont nommés par le Premier Ministre.

C’est pourquoi Henri Brun et Guy Tremblay notaient ceci à propos de la justice : Et ce déficit démocratique institutionnel peut engendrer des effets comportementaux peu souhaitables : plutôt que de procéder à certains débats de fond auxquels invite l’évolution sociale et technologique, ce contexte incite les uns et les autres à s’en remettre plutôt à l’avis de juges réputés sages. (Droit constitutionnel, 4e Édition, p.878) Et les juges, bien qu’ils émettent des jugements, ne sont pas là pour faire les correctifs appropriés car ils ne peuvent se mêler de la politique, soit de faire des lois.

Quant à la dimension sociale que la justice incorpore dans ses jugements, le constat n’est guère plus reluisant. Par nature, par les conditions de sa mise en œuvre si vous préférez, le pouvoir jusdiciaire est équipé pour la défense d’intérêts individuels et ne l’est pas pour la promotion d’intérêts collectifs : il protège l’individu par la négative, en empêchant l’État (ou un autre individu) de poser des gestes portant atteinte à des droits individuels. La justice a donc encore le dernier mot sur le pouvoir politique, lui qui pourrait intervenir activement, mais ne le peut considérant la dimension supralégislative de la Cour suprême. Bien que les tribunaux s’acquittent de leurs fonctions avec jugement et retenu, ils ont tout de même un préjugé favorable à l’égard des riches et de ces gens qui ont les moyens de défendre leurs droits par l’entremise d’un ou plusieurs avocats. Récemment, le petit Conrad Black a dépensé plus de 100 millions en frais d’avocats pour réussir à faire baisser la sentence. Il n’y a pas beaucoup de gens qui peuvent espérer une telle justice après avoir fourré de plusieurs millions d’autres personnes.

Une charte n’est rien de plus qu’un principe, qu’un texte écrit ; sans autorité, sans État pour le faire respecter, cette charte n’ira pas très loin, et le tribunal jugera selon l’orientation qu’il connaît. Et il n’y a pas beaucoup de juges qui proviennent des basses classes sociales ; c’est un métier, disons-le, très en lien avec la bourgeoisie. Il faut d’ailleurs avoir réalisé plusieurs années d’étude universitaire pour parvenir au Barreau, et encore quelques autres, minimum, avant d’être nommé juge.

Ainsi, le droit agissant pour protéger la minorité de la position de la majorité ne fait que maintenir en place la domination de la classe bourgeoise (minorité sur majorité) ; il contrecarre légalement toute action démocratiquement voulue en promulguant un système de valeurs individuelles, au détriment des valeurs d’ensemble. Le droit doit donc être revu ou aboli.

Tout ce détour pour en arriver à ceci : la philanthropie est ce droit individualiste de disposer de son argent comme bon semble à celui qui en a. Et il n’y a aucune cour de justice qui ne remettra cela en cause, même si la pauvreté s’aggrave et la précarité s’accentue. Dans el système capitaliste, les riches ont le droit d’exploiter les autres car ils sont capables de se payer des avocats pour faire valoir leurs points de droit devant une cour de justice. Les riches ont même ce loisir d’être patients car ils sont capables d’attendre jusqu’à la dernière instance, même s’ils ont été défaits dans les instances inférieures de justice.

L’État et le droit sont des outils de la bourgeoisie pour défendre leurs droits. S’il en était autrement, nous n’aurions pas besoin d’un programme de financement de contestations judiciaires pour faire valoir nos droits puisque l’État ne créerait pas, en premier lieu, des injustices sociales par les vides de ses lois. Si l’État oeuvrait à l’égalité des gens –ou du moins à l’équité–, il répartirait la richesse, d’emblée. Après tout, n’est interdit que ce qui est écrit, et non ce qui semble aller de soi.

Si la dignité humaine et la fin de la pauvreté étaient la priorité de nos gouvernements, pensez-vous qu’ils investiraient autant, sinon plus, à ces tâches qu’ils ne le font actuellement, comme pour l’effort de guerre et la militarisation du monde, méthodes qui ne servent qu’à agrandir la pauvreté à travers le monde par des tueries, par des massacres, sur des gens qui ne menacent même pas nos États?

Alors, les pauvres ont-ils, peuvent-ils, avoir un espoir de ne plus l’être d’ici la prochaine période des fêtes? Leur précarité sociale risque-t-elle de se résorber d’elle-même? Rien de moins certain avec un tel fonctionnement de la justice, de l’État et des gens qui dirigent l’orientation de nos sociétés industrialisées. Qu’y a-t-il à faire?

L’un des avenirs des pauvres : l’absence de pauvreté

(…) Si vous voulez qu’il n’y ait plus de pauvreté, il ne faut plus faire de dons en fin d’année : faites-les plutôt tout au long de l’année, et ce par des sommes équivalentes à ce que vous donnez durant la période des fêtes. Une autre solution consiste à ne pas faire élire des partis politiques qui ne prônent pas la répartition de la richesse par une fiscalité révisée. Ce n’est pas difficile à savoir car il n’y a que Québec solidaire qui veut assurément régler la pauvreté ; les autres partis politiques ne font que des mesures timides, alors que de l’autre main ils augmentent les tarifs et ne révisent pas à la hausse le salaire minimum ni les diverses prestations sociales. Il est aussi pertinent qu’il n’y ait plus d’évasion fiscale, notamment vers les paradis fiscaux.

Mais il faut aller bien plus loin que cela. La pauvreté est une lutte au quotidien, une lutte de toute la majorité contre la minorité, contre cette minorité tyrannique, dictatoriale. Par votre souci à vouloir effectivement la fin de la pauvreté – et non de sa continuation, ni de sa pérennité–, vous participez de façon étroite à ce qu’il y ait davantage de démocratie dans nos vies à tous, à ce que les gens formant la majorité détiennent la majorité du pouvoir politique, de sorte à ce que la société reflète les aspirations de la majorité, si ce n’est de tous. C’est pourquoi je considère que tout projet individuel qui va à l’encontre de l’intérêt commun est irrecevable. Puisque ce projet individuel ne vise que l’enrichissement personnel, celui-ci ne doit pas dépasser le seuil quantitatif tracé pour l’intérêt commun, de sorte à non seulement favoriser et inciter la redistribution des richesses financières et matérielles mais aussi à ce que ce soit fait dans l’organisation intrinsèque du fonctionnement de l’État, et ce pour être à l’avantage de chacun, dont les gens les plus défavorisés, en vue, évidemment, qu’il n’y ait plus de pauvres ni de pauvreté. Ainsi, la rentabilité se doit d’être assujettie aux droits fondamentaux de tous.

L’année 2007 a été une très bonne année pour l’économie canadienne ; les attentes des économistes ont même été dépassées et ils sont les premiers à s’en vanter en fin d’année et en début de la nouvelle année 2008. Comment se fait-il alors que la pauvreté s’est aggravée pour ces gens qui en souffrent ? Les demandes aux organismes de charité ayant augmentées, il s’ensuit que le nombre de pauvres a lui aussi augmenté ; comment cela est-il possible dans la prospérité actuelle? Marx disait que c’était « précisément à cause de cette contradiction entre l’intérêt particulier et l’intérêt commun que l’intérêt commun [prenait], en tant qu’État, une force autonome, séparée des intérêts réels, individuels et collectifs, en même temps qu’il fait figure de communauté illusoire… » (L’idéologie allemande). C’est justement par cette même force (une fois c’est l’autorité, une autre c’est la police, l’armée, l’économie, la religion, etc.) que l’État dit agir pour l’intérêt commun alors qu’il ne prend, dans les faits que l’intérêt particulier des bourgeois. L’État est aussi en contradiction avec la réalité car il ne tient pas compte d’abord du grand nombre qu’est la majorité (les prolétaires) en répondant pourtant aux attentes et exigences du capital. Il s’ensuit que ce qui distingue l’État des prolétaires (le communisme, l’absence d’État nationaliste par la manifestation d’un seul État humain, sans frontière politique) de l’État des bourgeois (la société des classes) c’est que dans l’État des prolétaires tous peuvent être prolétaires (être à égalité avec les autres dans le partage), alors que dans l’État des bourgeois tous ne peuvent l’être puisque tous ne peuvent pas tous être riches et surconsommer. Pour que certains puissent SURconsommer, une grande partie des gens de la société doit SOUSconsommer.

C’est la théorie du sous-développement, ou de la dépendance si vous préférez. Toute cette dépendance n’est pas un état naturel, tout le contraire, puisque c’est un état voulu, imposé et perpétué par le fonctionnement de l’État bourgeois. Pour les marxistes que nous sommes, le sous-développement est une condition pour les pays riches à s’enrichir davantage car toutes les sociétés ne peuvent pas toutes être dans la consommation de masse. C’est donc dire que la pauvreté et maintient de ses conditions de sous-existence sont le résultat orchestré d’un fonctionnement social et politique, encore l’État bourgeois. Il n’est donné aux pauvres que ce qui leur est suffisant pour ne pas pouvoir quitter leur état de pauvreté ; leur donner plus, ils seraient aisés, et cela les riches et les propriétaires ne peuvent se le permettre car qu’arriveraient-ils à leurs dons? Il n’y aurait plus aucune utilité à ce qu’ils en fassent. Le capitalisme, c’est comme une pieuvre : au centre, la tête de la pieuvre, il y a les riches et les propriétaires qui attirent vers eux les ressources –et de plus en plus de ressources– et organisent la société selon leurs vouloir et mentalité d’exploiteurs et d’abuseurs –avec la complicité du bâton qu’est l’État–, alors qu’en périphérie, les bras de la pieuvre, il y a ceux qui sont exploités à extraire les ressources et qui ne reçoivent pas le juste dû que leurs peines, sueurs et labeurs devraient normalement leur accorder.

Il en résulte donc qu’il faut agir dans le sens de et pour la majorité humaine, et non de cette minorité qui se maintient en place notamment par des actions liées à l’image publique, qui ne servent qu’à se faire valoir. Je conclus en vous laissant sur cette phrase du Manifeste du parti communiste, phrase synthétisant très bien la pensée des auteurs, Marx et Engels : Vous [les bourgeois] vous indignez que nous voulions abolir la propriété privée. Mais dans votre société actuelle, la propriété privée est abolie pour les neuf dixièmes de ses membres ; si elle existe, c’est précisément qu’elle n’existe pas pour neuf dixièmes. Vous nous [les communistes] reprochez donc de vouloir abolir une propriété qui suppose comme condition nécessaire l’absence de propriété pour l’immense majorité de la société. (p.94-95)

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