Environ 80 personnes ont répondu à l'appel de la famille Registre et ont bravé le froid samedi le 15 décembre à Montréal pour dénoncer la brutalité et l'abus de pouvoir des policiers ayant procédé à l'arrestation de Quilem Registre, dimanche le 13 octobre dernier dans le quartier Saint-Michel. D'origine haïtienne, l'homme âgé de 38 ans -- en bonne santé et le père d'une jeune fille de 13 ans -- est décédé quatre jours plus tard, après avoir reçu au moins six décharges du fameux taser gun, dont on n'arrive plus à compter le nombre de victimes depuis quelques semaines.

Cette arme, qui projette à une distance d'une dizaine de mètres deux crochets qui entrent dans la peau et émettent une décharge de 50 000 volts, est de plus en plus utilisée par les corps policiers en Amérique du Nord, pour qui il s'agit désormais d'un moyen plus simple de procéder à l'arrestation d'un «suspect», que de faire appel aux méthodes traditionnelles qui leur sont plus exigeantes.

En principe, le pistolet électrique a été introduit pour diminuer l'utilisation des armes à feu par les corps policiers. Mais comme le rapporte une récente dépêche de la Presse canadienne (16/12/2007), dans les villes où il a été introduit, le nombre de fusillades impliquant la police est demeuré le même, tandis que l'utilisation du taser se fait croissante. Dans les faits, le taser est devenu un outil de contrôle quotidien, qui s'ajoute à l'arsenal dont disposent les flics (matraques, poivre de Cayenne, contention physique, etc.). Le problème, c'est que le taser tue -- contrairement à ce que prétendent les Tony Cannavino de ce monde (ce triste individu est le président de l'Association canadienne des policiers; il y a deux semaines, il s'est élevé contre la proposition du sénateur libéral Colin Kenny d'imposer un moratoire sur l'utilisation du pistolet électrique). Depuis son introduction en 2001, le taser a été impliqué dans le décès de plus de 200 personnes aux États-Unis, et de 17 au Canada, dont trois au Québec.

L'arrestation musclée ayant entraîné la mort de Quilem Registre aura fait couler un peu moins d'encre que celle de ce pauvre ressortissant polonais, Robert Dzikanski, qui a eu le malheur de débarquer à l'aéroport de Vancouver le 14 octobre dernier. Heureusement pour les flics concernés -- et malheureusement pour la famille de Quilem -- personne n'a été témoin de son arrestation (sauf les policiers eux-mêmes) et aucune vidéo de l'événement ne semble avoir été tournée. Il faut dire aussi que Quilem est d'origine haïtienne et que tout ça s'est passé dans le quartier Saint-Michel, où la vie des personnes immigrantes n'a peut-être pas la même valeur...

La manifestation de samedi, qui a été organisée avec l'aide du Collectif opposé à la brutalité policière (COBP), a permis aux membres de la communauté haïtienne et aux autres citoyenNEs préoccupéEs par l'utilisation du taser gun, de démontrer leur solidarité avec les proches de Quilem Registre et de dénoncer le racisme et la brutalité policières, tout en exigeant la justice pour Quilem.

--

Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 163, le 16 décembre 2007.
Le Drapeau rouge-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire.
Pour vous abonner: renseignez-vous au www.pcr-rcp.ca.