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La commission Bouchard-Taylor achève sa «consultation»Eric Smith, Sábado, Noviembre 24, 2007 - 17:39
Le Drapeau rouge-express
Les audiences publiques de la commission Bouchard-Taylor, portant sur «les pratiques d'accommodement reliées aux différences culturelles», se termineront dans les prochains jours. Après Sherbrooke cette semaine, c'est à Montréal que les deux commissaires nommés par le gouvernement Charest pour se débarrasser d'une patate chaude à la veille des dernières élections, entendront les derniers témoignages des «citoyens et citoyennes» invitéEs à s'y exprimer. Nous avons eu l'occasion, à quelques reprises déjà, de nous prononcer sur cette commission et sur l'ensemble du «débat», alimenté par les médias et les partis bourgeois, sur cette fameuse question des accommodements raisonnables, notamment dans le cadre d'un dossier paru dans l'édition du mois de mars dernier du Drapeau rouge (disponible sur http://www.pcr-rcp.ca/fr/texte?id=62d). Dans le dernier numéro de notre journal, paru il y a quelques jours, nous revenons une fois de plus sur le sujet, en insistant sur l'importance, pour les travailleurs et travailleuses du Québec, d'adopter un point de vue de classe et de rejeter les tentatives de la bourgeoisie de nous diviser entre prolétaires immigréEs et québécoisES dits «de souche». Il est important de saisir que la commission Bouchard-Taylor n'a rien d'une initiative populaire. Elle a été organisée, pensée et dirigée par l'État bourgeois, suite à un «débat» initié par des grandes gueules liées au grand capital, afin de donner une «légitimité populaire» aux attaques qui ont déjà cours et aux autres qui s'annoncent contre les réfugiéEs et les immigrantEs, dans le contexte international que l'on sait -- celui de la guerre impérialiste éternelle. L'article publié à la «une» du Drapeau rouge rappelle en outre que les «valeurs québécoises» dont il est tant question pendant les audiences de la commission, ce sont d'abord celles que les bourgeois et les grands décideurs nous ont imposées et continuent à nous marteler: «Ce sont des valeurs qui dominent dans tous les pays impérialistes: elles commencent avec la supposée supériorité de la culture dominante (blanche et occidentale) sur celles du reste du monde; elles s'incarnent dans le colonialisme et le mépris pour les Autochtones; le mépris pour les peuples opprimés; le paternalisme quant aux droits des femmes -- sur papier -- et son mépris dans les faits.» L'identité québécoise est multiple et elle diffère selon notre origine de classe. Nous ne devons pas laisser la bourgeoisie dicter notre identité et nos valeurs, qui sont celles de la lutte contre le capitalisme, de l'internationalisme prolétarien et de l'égalité absolue des langues et des nations. Depuis quelques jours, le collectif Personne n'est illégal, qui lutte pour les droits des immigrantEs et la régularisation des sans-papiers, fait circuler une déclaration (disponible sur http://nooneisillegal-montreal.blogspot.com/2007/11/accommodements-raiso..., qui dénonce avec justesse le débat actuel sur les accommodements raisonnables et la commission Bouchard-Taylor, qui sont «fondamentalement basés sur des préceptes xénophobes, racistes et sexistes». La déclaration explique que «ce "débat" ne reconnaît pas le fait que le Québec et le Canada sont des entités établies sur des terres volées aux Autochtones, et que ces entités se sont développées à travers la dépossession et le génocide de ces peuples, qui ont été forcés de "s'accommoder" au processus de colonisation. De plus, ce "débat" ignore complètement le fait que le racisme et l'idéologie de la suprématie blanche font partie intégrante de la création du Canada et du Québec. Ces idéologies ont défini tout au long de l'histoire et jusqu'à aujourd'hui ceux qui sont "inclus" dans le concept de l'identité nationale et ceux qui ne le sont pas.» Le collectif Personne n'est illégal dénonce en outre l'opportunisme des politiciens et des médias de masse, qui ont joué sur les peurs et les préjugés et manipulé de fausses controverses au sujet des pratiques religieuses et des différences culturelles, créant ainsi une dichotomie malsaine entre le «nous» et le «eux». À la vision réductrice véhiculée par le débat sur les accommodements raisonnables, le collectif oppose celle de la «solidarité sans frontières, dans un esprit d'entraide mutuelle... en tant que travailleurs(euses), pauvres, femmes, personnes queer et trans, migrantEs et autres». Nous adhérons d'emblée à l'approche exprimée par le collectif Personne n'est illégal. Nous appelons d'ailleurs l'ensemble des militantes et militants à se joindre à la ligne de piquetage et à la tribune publique que le collectif organisera à l'occasion de la tenue des «forums de citoyens» de la commission Bouchard-Taylor, qui auront lieu à Montréal, respectivement les 27 (en français) et 29 novembre (en anglais) (rendez-vous à 18h00 devant le Palais des congrès, près de la station de métro Place d'Armes). Nous tenons toutefois à préciser que nous n'adhérons pas au paragraphe de la déclaration qui affirme: «Nous déclarons: Ni patrie, ni État; ni Québec, ni Canada! Nous refusons de nous soumettre à toute forme de nationalisme.» Il s'agit là d'une formulation inappropriée, vraisemblablement destinée à mettre en valeur l'orientation anarchiste des dirigeantEs du collectif, qui témoigne selon nous d'une erreur de perspective absolument fondamentale, en ce qu'elle omet de faire la distinction entre nations dominantes et nations opprimées. Il est toujours surprenant de constater avec quelle désinvolture certaines personnes et organisations, qui par ailleurs rejettent avec une constance remarquable le colonialisme et la domination impérialiste, refusent d'étendre la reconnaissance du droit des peuples à l'autodétermination jusqu'à son aboutissement ultime, i.e. la création d'un État séparé. S'opposer au colonialisme et à l'impérialisme sans aller jusque là équivaut à vouloir confiner les luttes de libération au cadre restreint de «l'autonomie gouvernementale», dans le cadre plus général du maintien de la structure étatique dominante. Si tant est que le droit à l'autodétermination ait un sens, cela exige que les peuples opprimés puissent décider librement de leur forme d'organisation politique, donc étatique. Par ailleurs, nous ne rejetons pas nécessairement la possibilité, comme le collectif Personne n'est illégal semble le faire, de prendre la parole lors des «forums» organisés par la commission. Des centaines de personnes y participeront; plusieurs organisations des communautés musulmanes, notamment, ont l'intention d'y prendre part, afin de dénoncer l'hypocrisie du discours dominant sur les accommodements raisonnables et le racisme ambiant. Il n'y a aucun principe voulant qu'on doive laisser les masses mobilisées dans un tel cadre à la merci des discours racistes promus par les partis et les médias bourgeois. Il est possible d'y aller pour dénoncer la commission, sans que cela implique de lui conférer quelque légitimité que ce soit, comme le serait par exemple le fait d'y présenter un mémoire. Ces précisions étant apportées, nous réitérons notre appui aux principes généraux mis de l'avant dans la déclaration du collectif Personne n'est illégal et participerons avec enthousiasme aux actions des 27 et 29 novembre. -- Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 160, le 18 novembre 2007.
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