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Pénurie de personnel chez Urgences-santé : Entendez-vous la sirène d’alarme ?jean-pierre larche, Martes, Octubre 9, 2007 - 09:08
Réjean Leclerc, président du Syndicat du préhospitalier CSN représentant les ambulanciers paramédicaux d’Urgences-santé
Les médias ont porté beaucoup d’attention récemment à la démission d’un collègue ambulancier paramédical d’Urgences-santé, démission remise il y a quelques semaines. Ce n’est que la pointe de l’iceberg ! Depuis janvier 2006, 68 ambulanciers paramédicaux ont quitté Urgences-santé, dont 47 ont remis leur démission. Actuellement, environ 800 ambulanciers paramédicaux sont à l’emploi de la corporation, dont le quart environ sont en arrêt de travail, la plupart pour des raisons de santé physique ou psychologique. C’est donc dire qu’un employé actif sur 10 a quitté Urgences-santé au cours des derniers mois et le phénomène va empirant d’année en année. Ce serait un problème de taille dans n’importe quelle entreprise. Quand cela concerne un organisme qui répond, annuellement, à plus de 276 000 demandes de transport préhospitalier d’urgence, cela devient particulièrement inquiétant. Le service exclusif d’ambulances de Montréal et de Laval a un problème criant : Urgences-santé n’arrive pas à retenir son personnel expérimenté ni à attirer la relève en nombre suffisant. Il ne fait aucun doute que les ambulanciers paramédicaux de Montréal et de Laval ont de plus en plus de difficultés à répondre à tous les appels dont le volume augmente constamment. La charge de travail s’alourdit ; le nombre d’heures supplémentaires explose ; les horaires de travail sont de plus en plus exigeants. Par conséquent, les démissions, les accidents de travail, les dépressions et les burn out se multiplient. Les départs alourdissent le fardeau de la tâche de ceux qui restent. Urgences-santé est incapable d’attirer suffisamment de relève pour combler les départs. Et la roue tourne… Cette situation ne peut durer. Il en va de la santé et de la sécurité des travailleuses et des travailleurs autant que de la qualité des services à la population. Chaque jour qui passe sans action concrète, nous rapproche du point de rupture, du moment où Urgences-santé ne sera plus capable d’assurer le haut niveau de qualité que maintiennent actuellement les ambulanciers, à bout de bras. Comme représentant syndical, je reconnais qu’Urgences-santé ne reste pas les bras croisés. Si nous divergeons d’opinion quelques fois quant au remède, nous nous entendons sur le diagnostic : la profession d’ambulancier paramédical n’est pas reconnue à sa juste valeur et des efforts doivent être consentis pour rendre la profession attirante et mettre en place des conditions qui inciteront les salarié-es expérimentés à poursuivre leur carrière chez Urgences-santé. Et ce n’est pas seulement une question d’argent. En associant davantage les salarié-es à l’organisation du travail, en leur permettant de mieux concilier leurs obligations familiales et leur travail, entre autres, on pourra faire du milieu ambulancier un milieu professionnel beaucoup plus intéressant pour la relève. C’est en ce sens que nous souhaitons travailler dès maintenant avec Urgences-santé. Toutefois, pour régler les problèmes fondamentaux, il faudra le concours d’un acteur trop silencieux en ce moment : le ministre de la Santé et des Services sociaux, Philippe Couillard. Les fonctionnaires de son ministère, comme le ministre lui-même, connaissent les problèmes que nous vivons au quotidien. Ils savent que la situation est intenable. Et surtout, ils sont conscients des risques qu’il y a à ne rien faire. Le transport préhospitalier d’urgence occupe-t-il la place qui lui revient dans les plans du ministère ? On peut en douter. Pourtant, on nous confie de plus en plus de responsabilités et, avec le vieillissement de la population, nul doute que nos interventions seront de plus en plus nombreuses et de plus en plus complexes. Nous sommes en faveur de la professionnalisation dans le secteur et considérons qu’on peut même aller plus loin dans le développement des services. Il y a toutefois une limite à ajouter sans cesse des pièces et des étages à un édifice sans toucher aux fondations. Il est grand temps d’agir. Plus nous attendrons, plus il sera difficile de régler les problèmes reliés à la pénurie de main-d’œuvre.
Jean-Pierre Larche
site de la Confédération des syndicats nationaux
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