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"Malaise identitaire" ou manipulation des esprits?

Anonyme, Sábado, Septiembre 15, 2007 - 19:23

Le Drapeau rouge-express

Le début des audiences publiques de la commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables et les "valeurs collectives" des Québécoises et Québécois a fait ressortir une fois de plus à quel point les bourgeois bien pensants qui dominent la société sont prêts à tout pour faire valoir leurs intérêts particuliers.

Pendant des mois, certains politiciens bourgeois (pour des fins électoralistes), relayés par des propriétaires d'organes de presse particulièrement incendiaires (pour des fins mercantiles, ceux-là), ont créé de toutes pièces le "problème" des accommodements raisonnables, au point où la discussion sur le code de vie ridicule sorti tout droit du "cerveau" d'un raciste égaré en est venue à monopoliser le débat public. Cela faisait bien l'affaire des autres bourgeois, il faut le dire, qui préfèrent toujours que les travailleurs, les travailleuses et les pauvres se chicanent entre elles et eux sur des niaiseries au lieu de se battre ensemble contre les capitalistes.

Sentant que le monstre qu'ils avaient enfanté risquait de leur échapper et surtout que la "paix sociale", qu'ils chérissent tant, risquait d'en pâtir, les bourgeois ont toutefois décidé, à un moment donné, de mettre le couvercle sur la marmite en disant que tout cela ferait l'objet d'une "grande consultation démocratique", dans le cadre d'une commission d'enquête.

Maintenant que les travaux de cette commission ont débuté, on constate les conséquences navrantes de l'attitude désinvolte des élites bourgeoises québécoises, alors qu'on assiste au défilé de "citoyennes et citoyens ordinaires" qui viennent répéter les âneries vénéneuses que les Mario Dumont, Pierre-Karl Péladeau et autres Bernard Landry de ce monde leur ont inculquées pendant des mois, voire des années. D'aucuns voudront stigmatiser et faire taire ceux et celles, parmi le peuple, qui profèrent de tels propos racistes: ce serait oublier bien vite qui en est vraiment responsable.

D'autres diront que cet exercice témoigne du "malaise identitaire" des QuébécoisES. Pourtant, s'il y a un endroit en Amérique du Nord où la conscience nationale est pleinement développée et assumée, c'est bien au Québec. De fait, l'immense majorité des gens qui y vivent se définissent comme québécois, d'abord et avant tout. Les propos racistes et xénophobes qu'on entend ces jours-ci sont en fait le résultat de décennies d'hégémonie du discours nationaliste étroit, qui domine le débat public et l'appareil idéologique de l'État québécois.

S'il y a un "malaise identitaire" au Québec, c'est bien celui-là: à savoir que la conscience nationale en est venue à remplacer toute autre forme de conscience collective -- en particulier la conscience de classe. À écouter nos élites bourgeoises, nous serions en effet tous et toutes québécois et québécoises, citoyennes et citoyens, "partenaires d'un même devenir collectif" (toutes classes confondues) et autres balivernes de ce genre. La conscience que nous sommes d'abord des prolétaires et que nos intérêts s'opposent à ceux des capitalistes nous permettrait pourtant de comprendre que l'ouvrier québécois, blanc, francophone et "catholique" qui assemble des meubles à 10$ l'heure dans la Beauce a bien plus en commun avec la travailleuse immigrée qui coud des vêtements dans son trois et demi du quartier Parc-Extension à Montréal, qu'avec un Pierre-Karl Péladeau -- même si ce dernier parle la même langue que le premier et qu'il "trippe" lui aussi sur le récent album de Céline Dion. C'est cette conscience de classe qu'il nous faut construire; à défaut de quoi, les capitalistes ne cesseront jamais de nous entuber.

Les communistes et les "accommodements"

(Extraits d'un dossier publié en mars dernier dans le n° 62 du journal Le Drapeau rouge.)

On peut regrouper les différents conflits qui éclatent dans notre société en deux catégories: 1) les contradictions entre le peuple et ses ennemis et 2) les contradictions au sein du peuple.

Le conflit d'intérêts entre le patron qui vise à augmenter ses profits et les travailleursSES qui cherchent à améliorer leurs conditions est une contradiction du premier type (les coupures dans les services publics, la répression, les guerres menées par l'impérialisme à l'étranger entrent aussi dans cette catégorie). Un conflit d'intérêts entre les employéEs de deux secteurs économiques serait une contradiction du deuxième type.

Le problème actuellement, c'est que nous restons trop souvent passifs et passives dans les conflits entre le peuple et les bourgeois, ce qui fait que c'est presque toujours ces derniers qui gagnent. Nous, en tant que communistes, on lutte pour renverser la vapeur: le socialisme, c'est une société où il n'y a aucun compromis, aucun accommodement possible pour les bourgeois, pour l'ancienne classe dirigeante. Le peuple y exerce lui-même le pouvoir, à travers un État basé sur les comités ouvriers et populaires (les "soviets"), et les bourgeois sont forcés de céder peu à peu leurs richesses et leur pouvoir.

En ce qui concerne la dynamique au sein du peuple, c'est tout le contraire. La participation à une vie politique véritablement démocratique est encouragée et nous croyons fermement que les conflits entre travailleurs et travailleuses doivent être résolus par la discussion et la critique, jamais avec des méthodes répressives.

Notre point de départ, ce sera d'appuyer tous les accommodements qui favorisent l'unité du prolétariat et qui le placent dans une meilleure position pour trans-former la société et atteindre le communisme; et de décourager tout accommodement avec la bourgeoisie et les impérialistes.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 154, le 16 septembre 2007.
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