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Montebello: une mobilisation nécessaire

Anonyme, Sábado, Agosto 25, 2007 - 22:51

Le Drapeau rouge-express

Des semaines de menaces et d'intimidation de la part des autorités policières -- incluant même une campagne de peur auprès de la population locale, à qui on a laissé entendre que des hordes de "hooligans" allaient venir détruire leurs propriétés -- n'ont pas empêché environ 1 500 manifestantes et manifestants de se rendre à Montebello lundi le 20 août, de prendre le contrôle de la route 148 et de s'approcher à quelques dizaines de mètres à peine de l'entrée principale du domaine où George W. Bush. Felipe Calderón et Stephen Harper s'étaient retranchés pour tenir leur fameux sommet sur "la sécurité et la prospérité". Il s'est finalement avéré que les "fauteurs de troubles" tant attendus par la police ne furent personne d'autre que les trois agents provocateurs de la Sûreté du Québec, que des manifestantEs vigilantEs ont démasqué à la face du monde.

Avec leur mépris habituel, George Bush et Stephen Harper ont tenté de ridiculiser cette mobilisation populaire, ce dernier la qualifiant même de "pathétique". Ces têtes enflées qui se prennent pour les maîtres du monde n'ont évidemment pas tenu compte de la mobilisation de quelque 3 000 autres personnes à Ottawa, la veille de l'ouverture du sommet. Ni des centaines d'autres qui se seraient sans doute rendues à Papineauville, à six kilomètres de là, si la police n'avait pas carrément interdit la tenue d'une assemblée d'information qui devait y avoir lieu -- cela, à la demande de l'armée américaine!

Il faut voir que ce sommet du Partenariat nord-américain pour la sécurité et la prospérité fut convoqué délibérément loin des grands centres, en plein été et en milieu de semaine. Surtout, les autorités n'ont favorisé aucun débat public sérieux sur les enjeux qu'il recelait, invoquant le caractère top secret des discussions qui devaient y avoir lieu, réservées aux chefs d'État, à une poignée de hauts fonctionnaires et à une trentaine des plus gros capitalistes des trois pays.

À l'époque des négociations sur l'ALÉNA et même celles sur la ZLÉA en 2001, certains documents avaient fini par être rendus publics, ce qui avait contribué à alerter l'opinion. Pendant la trentaine d'heures où ils ont mangé du canard et fait de la bicyclette dans un décor enchanteur (euh... rectification: Harper n'a pas fait de bicyclette!), les chefs d'État ont traité de questions fondamentales pour l'avenir des peuples des trois pays: poursuite de la guerre en Afghanistan; contentieux territorial dans l'Arctique; établissement d'un système commun de contrôle des frontières; libre circulation des biens et des capitaux; sécurisation des approvisionnements en pétrole pour le marché états-unien; etc.

Mais du contenu des discussions, il n'est ressorti à peu près rien, malgré la présence de douzaines de journalistes. Dépité, après des heures d'attente pendant lesquelles il a tenté en vain de savoir ce qui se tramait derrière des portes closes, le reporter du réseau TVA a fini par déclarer qu'il était "aussi difficile d'obtenir de l'information à ce sommet que de faire couler de l'eau d'une roche" (il aurait pu dire: "ou que d'amener un agent provocateur à se départir de sa roche"...).

Ainsi donc, les manifestantEs venuEs d'Ottawa sont arrivéEs à Montebello en fin d'avant-midi; ceux et celles provenant de Montréal les ont finalement rejointEs vers 13h. Après avoir évoqué l'établissement d'un périmètre de sécurité de 25 kilomètres, les autorités policières (GRC, Police provinciale ontarienne et Sûreté du Québec) avaient finalement été contraintes d'aménager deux "enclos", des deux côtés du Château Montebello, où elles espéraient confiner les manifestantes et manifestants (qui devaient être "entenduEs" par les chefs d'État au moyen de caméras installées en circuit fermé, dont les images auraient été supposément retransmises dans leurs chambres...).

En descendant des autocars avant de se voir confinéEs au dit enclos, les manifestantEs ont su déjouer le dispositif policier. En empruntant des rues secondaires et en traversant quelques champs, ils et elles ont pu contourner le "parc d'amusement" où les flics souhaitaient sans doute s'en donner à cœur joie et rejoindre leurs camarades de l'Ouest, dont certaines et certains étaient venuEs d'aussi loin que Toronto, London et Guelph.

Bloquant la route 148, les manifestantEs se sont approchéEs à quelques mètres de l'entrée principale. Ceux et celles qui étaient à la tête du contingent ont maintes fois démontré, essentiellement par des mouvements de foule, leur opposition au fait qu'un barrage policier et la clôture de trois mètres de haut spécialement érigée pour cette occasion protégeaient le caractère secret de ce qui se tramait à l'intérieur.

À plusieurs reprises, les flics ont voulu "sécuriser" leur périmètre (qui n'a toutefois jamais été véritablement assailli) en lançant des gaz lacrymogènes et du poivre de cayenne et en tirant des balles de caoutchouc sur les manifestantEs, dont certainEs ont été atteints à la cuisse et dans les jambes.

Vers 16h30, après près de quatre heures de face à face, les manifestantEs ont commencé à se replier vers l'est, là où une "zone verte" avait été aménagée pour les personnes plus âgéEs ou à mobilité réduite, et pour celles ou ceux qui préféraient se tenir loin des tirs et des gaz de la police; c'est également là, en plein cœur du village, que les autocars étaient stationnés pour assurer le départ des manifestantEs, prévu pour 18h.

C'est justement à ce moment-là, entre 17h30 et 18h, que les flics ont choisi de charger les derniers manifestantEs, lançant une cinquantaine de grenades lacrymogènes et tirant au moins une quinzaine de balles, celles-là de plastique.

Sans faire le bilan complet de cette importante et nécessaire mobilisation (nous y reviendrons dans les pages du prochain numéro du Drapeau rouge, qui paraîtra le 5 septembre), il nous faut souligner le travail des militantes et militants anti-capitalistes réuniEs autour du Bloc de l'Action mondiale des peuples, sur qui une bonne partie du travail d'organisation, d'éducation et de mobilisation a reposé au cours des dernières semaines, et dont la détermination et la ténacité n'ont jamais failli, malgré la faiblesse de leurs moyens ainsi que les menaces et tactiques d'intimidation dont ils et elles ont été l'objet.

Un mot, enfin, sur cette fameuse histoire des trois flics de la SQ déguisés en "manifestants", qui ont été démasqués alors qu'ils s'apprêtaient à provoquer leurs collègues dans cette "zone verte" à laquelle nous faisions allusion -- cela, grâce à la vigilance de quelques militantEs anarchistes et communistes qui les avaient à l'œil, avec l'appui de dirigeantEs du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier:

Cette affaire montre bien jusqu'où la police de ces "États démocratiques" que sont le Canada et le Québec est prête à aller pour défendre le système bourgeois, au risque de mettre en danger la sécurité de personnes âgées et même de ses propres agents qui auraient pu en manger toute une, n'eût été la discipline des militantEs qui les ont démasqués.

Elle nous rappelle aussi qu'en soi, une roche, une bouteille ou même un foulard n'ont aucune signification politique particulière: elles en acquièrent une suivant l'idéologie, la conception du monde (et les objectifs politiques qui en découlent), de ceux et celles qui les portent. L'attirail porté par ces flics visait-il à permettre aux masses populaires d'exprimer leur opposition au PSP et au système capitaliste ou à l'écraser? La réponse, évidente, justifie d'emblée la dénonciation de ces crapules.

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Article paru dans Le Drapeau rouge-express, nº 151, le 26 août 2007.
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