|
Au Soudan aujourd'huimatchafa, Sábado, Agosto 25, 2007 - 22:09
matchafa
Aujourd’hui (24 août) fut une journée très mouvementée en ce qui a trait au Soudan. (Image: concessions pétrolières au Soudan, cliquez sur l'image pour l'argrandir) Aujourd’hui (24 août) fut une journée très mouvementée en ce qui a trait au Soudan. Résumons premièrement ces nouvelles avant de les commenter :
Notons premièrement que si le Soudan reçoit tant d’attention des gouvernement, les causes sont bel et bien géopolitiques et non pas humanitaires car sinon on parlerait autant du Myanmar. Le Soudan a du pétrole, comme on peut le constater sur la carte en haut, par ailleurs le Soudan occupe un lieu très stratégique près du golf persique.
La première chose à remarquer, si vous regardez la photo plus haut, c’est l’absence des trois grandes pétrolières que l’ont retrouve partout d’habitude : Exxon Mobil, Shell et British Petroleum. Notons que la majorité des concessions sont allouées à des compagnies afro-asiatiques (Soudan, Malaisie, Chine). Le Soudan est donc très spécial en ce que ce ne sont pas les majores euro-américaines qui exploitent le gros des ressources (en fait, en ce qui a trait à l’exploitation, Total n’exploite pas en ce moment et donc il n’y a aucunes des 6 majores [Exxon, Shell, BP, Total, Chevron et ConocoPhillips] qui exploitent au Soudan).
Commençons par le premier point, qu’en est-il des accusations d’Amnistie? Il est toujours possible que Khartoum dit vrai, après tout, IPIS, selon son propre site Internet, reçoit son financement du gouvernement belge et de l’UE donc il est possible que l’IPIS soit instrumentalisée par ces derniers. Surtout que, quand on regarde les rapports produits par l’IPIS, après un regard superficiel il n’y a rien à redire sauf que une grande proportion de ceux-ci ont trait au Congo-Kinshasa (Congo-K), pays où la Belgique a des intérêts. Mais bon, de toute façon c’est pas bien grave que ce soit de vraies photos ou non, il reste qu’il est vrai que la Chine est le plus grand fournisseur d’armes au Soudan, et que dans sa lutte contre les rebelles, le Soudan fournit surtout des armes chinoises aux Janjaweeds, et donc, que Khartoum et Beijing sont les grands responsables des atrocités au Darfour. Notons justement que c’est la concession de la CNPC (pétrolière chinoise) qui est au Darfour. On voit donc que la CNPC agit comme le fait Shell au Nigeria (ou Bolloré au Congo-B et au Tchad, etc. etc.) et arme des groupes terroristes afin de terroriser et massacrer la population locale qui s’oppose au pillage de leurs ressources naturelles, à la destruction de leur environnement et donc de leurs moyens de subsistance et qui s’oppose à leur délocalisation forcée pour faire place aux installations pétrolières. Il n’y a rien de surprenant à cela, il n’y a rien pour nous porter à croire que la Chine agirait avec plus de respect et humanisme que la France, le Canada ou les ÉU. En fait c’est tout le contraire, Shell pourrait continuer à exploiter les ressources pétrolières du Nigeria sans s’adonner à un génocide (cela augmenterait peut-être ses coûts d’exploitation car elle devrait compenser justement toute expropriation, devrait s’assurer de la sécurité de ses installations et payer ses taxes et impôts mais cela resterait possible car au Nigeria c’est Shell qui demande à l’armée d’intervenir auprès de la population locale). La situation au Soudan est très différente, c’est le gouvernement du Soudan qui demande à la Chine de fournir des armes en échange de concessions car Khartoum veut de l’aide pour combattre les rebelles (lire population locale exploitée) en échange. Ceci dit, c’est bien parce que les responsables des atrocités sont la Chine et Khartoum que nous en entendons parler. Les atrocités dues à Shell, Bolloré, on ne les ouïe guère. Une autre raison pour laquelle on en entend parler est sûrement pour justifier une intervention militaire de l’ONU pour protéger les rebelles. Or, la «communauté internationale» envoie seulement l’ONU pour protéger les partis qu’elle appuie. Par exemple au Rwanda elle s’en foutait car elle n’avait aucun intérêt en jeu ou par exemple, dans un billet précédent, nous avons vu que lors de l’attaque du Zaïre de Mobutu par l’alliance Rwanda-Ouganda-Kabila, la France voulait faire intervenir l’ONU pour protéger Mobutu alors que les ÉU opposèrent leur veto car ils voulaient un changement de régime mais tout le long la justification d’un déploiement de l’ONU était les réfugiés à la frontière. Il me semble que la situation est sûrement similaire pour le Soudan aujourd’hui. Le plus plausible est que l’Europe et les ÉU veulent une intervention de l’ONU pour protéger les rebelles avant qu’ils soient anéantis par la Chine et Khartoum et après d’une manière ou d’une autre, porter ces rebelles au pouvoir et exiger en repaiement des concessions pétrolières. Ce qui appuie le plus cette hypothèse est que (d’après Khartoum) les hauts diplomates Canadiens et Européens eurent des pourparlers avec les rebelles sans Khartoum et contre le vœu de Khartoum. Ce genre d’attitude n’est pas à même d’amener la paix au Soudan. La seule raison logique qui amènerait les diplomates à converser «secrètement» avec l’opposition est de comploter avec cette dernière contre le gouvernement. D’ailleurs, vu la situation délicate dans laquelle se trouve Khartoum (Khartoum doit être dans une situation délicate vu qu’elle a finalement accepter l’envoie de 26000 troupes de l’ONU sur son territoire alors qu’elle refusait à corps défendant antérieurement) n’est dans une position pour faire ce qui en situation normale serait un terrible affront diplomatique sans bonne raison. D’ailleurs Khartoum semble avoir été extrêmement prudente : elle a attendu que les deux diplomate soient déjà hors Soudan pour les «expulser»! Et en plus elle a été bien claire qu’elle ne voulait pas par ces gestes détériorer ses relations diplomatiques avec la «communauté internationale». Il me semble donc fort probable que nous soyons témoins de la planification par le Canada et la France d’un changement de régime à Khartoum. Pour ceux que ça pourrait surprendre, le Canada n’en n’est pas à son premier renversement de gouvernement : il y a pas si longtemps le Canada avec l’aide de la France et des ÉU a déposé le gouvernement Aristide d’Haïti. Notons aussi que les machinations du Canada et de France sont ici encore une fois faites avec l’appuie de Washington. En effet, Washington a immédiatement vertement critiqué Khartoum pour son geste, j’ai même eu l’impression que la réaction de Washington fut la plus virulente, l’Europe ayant la réaction la plus réservée.
Il est très intéressant que ce soit le Canada et l’Europe qui soient impliqués dans cette affaire. En effet, c’est le Canada et l’Europe, ou plus précisément le Canada et la France ou plus précisément encore, le conglomérat Chrétien-Martin-Desmarais-PowerCorp-TotalElfFina- GroupeBruxelloisLambert-BNPparibas qui fut la grande perdante corporative (cliquez ici pour plus d’info) de la guerre en Irak car c’est Total qui avait le plus de concessions pétrolières de Saddam avant la guerre (ces contrats étaient négociés en euros et la première chose que la coalition fut après l’invasion de l’Irak fut l’annulation de ces contrats) et c’est BNP-Paribas qui gérait à grand profit pour elle-même le programme pétrole contre nourriture. Ceci est une des raisons pour laquelle le Canada sous Chrétien/Martin et la France étaient si opposés à la guerre en Irak. Il se peut donc qu’un plan pour renverser le gouvernement soudanais et d’attribuer les champs pétroliers à Total soit une sorte de compensation pour les pertes subies par ce conglomérat dû à la guerre en Irak.
-matchafa
Sources : http://www.ipisresearch.be/
Washington Post
The Times
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|