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Venezuela : l'émergence d'un nouveau pouvoir populaire

PCQ, Viernes, Agosto 17, 2007 - 16:18

Kiras Janicke de Venezuelanalysis.com

Par : Kiras Janicke de Venezuelanalysis.com
Traduit de l’anglais par Guy Roy

Note du traducteur : Les communistes parlent souvent de remettre les rennes du pouvoir entre les mains des travailleurs et des travailleuses. C'est au coeur de notre projet de société socialiste. Mais qu'est ce que cela veut-il dire au juste ? La question est d'autant plus pertinente que la notion de pouvoir ouvrier ou populaire a souvent été utilisée à toutes les sauces.

Pendant des siècles, la démocratie était d'abord et avant tout l'apanage d'une minorité. Encore aujourd'hui, ici même au Québec, l'exercice de la démocratie demeure très partielle; dans les vie de tous les jours, au travail ou ailleurs, elle n'existe pas vraiment.

Ailleurs, il y a cependant des efforts qui continuent à se faire pour aller au delà de ces limitations. Ce n'est pas parfait mais au moins ils avancent dans cette direction. C'est le cas au Venezuela.

La révolution bolivarienne au Venezuela et ses expériences de cogestion et de contrôle ouvrier des travailleurs sont à la fine pointe du mouvement global contre le capitalisme. Avec le lock-out des patrons en 2002-2003 qui a bloqué une grande partie de l’économie du Venezuela pour une période de deux mois, des centaines d’usines ont été fermées et les travailleurs sont descendus dans la rue pour voir à leurs intérêts.

Les travailleurs ont relevé le défi et on estime à 1200 les usines ayant été mises en communication et occupées après avoir été fermées. En 2005 le gouvernement de Chavez a entrepris l’adoption de décrets permettant l’expropriation des industries et la cogestion dans « l’intérêt public ». Le 24 juillet dernier, j’ai eu l’occasion de visiter une de ces usines; il s'agit de l'Inveval, une compagnie de valve qui était sous contrôle ouvrier depuis avril 2005; j'ai fait cette visite avec une délégation du Centre International Miranda afin de m’entretenir avec les travailleurs et en découvrir plus sur leur lutte, leur histoire, leur expérience du contrôle ouvrier, les défis qu’ils ont à affronter aussi bien que la question plus sérieuse sur la manière dont ils s’y prennent pour transformer la société vénézuélienne dans la lutte pour le « Socialisme du XXI ième siècle ».

Tout en nous faisant faire le tour de l’usine, le trésorier d’Inveval, Francisco Pinero, nous a expliqué que bien qu’Inveval soit constituée en tant que coopérative avec 51 % possédé par l’État et 49 % par les travailleurs, « le pouvoir réel est exercé par l’assemblée des travailleurs ». Tout en étant superviseur élu et révocable d’Inveval, par l’assemblée des travailleurs, il est nommé « coordonnateur de la production » pour une période d’un an.

« Tout le monde ici est payé exactement pareil, même s’ils travaillent dans l’administration, dans la formation politique ou sécuritaire ou même à l’entretien des planchers », ajoute un autre travailleur, Marino Mora.

« Nous voulons en venir à posséder 100 % mais l’usine est sous contrôle ouvrier pour que les travailleurs maîtrisent les choix tout autant en administration qu’en production. C’est ainsi que nous comprenons le nouveau modèle de production. Nous ne voulons pas créer de nouveaux capitalistes ici » d’affirmer clairement Pinero.

Cela contraste radicalement avec l’expérience d’Invepal (une compagnie de papier vénézuélienne) où la coopérative de travailleurs est devenue propriétaire de 49 % de la compagnie et a commencé à licencier des travailleurs accidentés ou paresseux, devenant ainsi eux-mêmes des patrons par leur méthode et en reproduisant des relations capitalistes dans l’usine.

« Au début, nous n’avions pas l’idée de contrôle ouvrier, nous ne travaillions qu’à sauver nos emplois, d’ajouter Pinero.

Cependant, dit-il, la formation d’assemblées des travailleurs dans l’usine s’est développée organiquement, « nous sommes membres du syndicat (Sintra métal – formellement aligné sur la vieille CTV corrompue) et quand nous avons voulu nous emparer de l’usine, nous avons demandé au syndicat une aide légale. Parce que le syndicat ne nous est pas venu en aide, nous avons commencé à former des assemblées et à travers ce processus, nous avons entrepris de négocier avec la Ministre (du travail, à l’époque, Maria Christina Iglesias) qui nous est beaucoup venu en aide ».

« Nous avons piqueté à la barrière pendant deux ans avant de décider de la franchir. À travers ce processus nous avons acquis une maturité politique très rapidement, non seulement dans notre lutte personnelle, mais plus largement dans la lutte politique de l’assemblée constituante et dans le référendum de révocation ».

Quand on se moque de leur relation avec la centrale syndicale UNT et comment ils ont perçu le projet d’unir la classe ouvrière autour de la révolution, Rolando Aquila déclare : « Nous voulons envisager une UNT avec différentes sortes d’organisations, plutôt qu’une organisation parachutée d’en haut par des leaders, nous voulons participer aux discussions avec des porte-parole issus du plancher de l’usine. Nous ne voulons pas qu’on nous impose rien ».

« Les seuls leaders syndicaux qui sont venus nous visiter sont Orlando Chirinos et Marcela Maspero, mais souvent, ils divisent le mouvement ouvrier », d’ajouter Mora.

« Les travailleurs doivent occuper les espaces de production. De cette manière nous pouvons mettre la pression sur ceux qui ne veulent que des réformes, parce que justement, nous ne voulons pas que des réformes », d’affirmer Pinero.

En 2006 les travailleurs d’Inveval ont pris l’initiative de créer la FRETECO (le Front Révolutionnaire des usines occupées et cogérées) et ont tenu un congrès national en octobre avec des représentants de 10 usines, pour discuter et débattre de leur expérience et des défis qui les attendent, tout autant de la manière dont le mouvement des travailleurs peut étendre le nombre d’usines prises dans une authentique mise en œuvre d’un contrôle ouvrier. Plus récemment FRETECO a tenu un rencontre le 30 juin avec les représentants de 20 usines pour discuter d’une proposition de statuts pour l’implantation du contrôle ouvrier.

Cependant, les manufactures vénézuéliennes conquises, même avec le support du gouvernement Chavez, sont au prise avec les mêmes problèmes que les usines occupées de l’Argentine : comment survivre dans un océan de relations économiques capitalistes, comment assurer l’approvisionnement en matières premières, comment trouver des acheteurs pour le produit fini. Inveval est confronté à deux de ces problèmes.

Inveval a des difficultés particulières à obtenir des matières premières pour manufacturer des valves. Les travailleurs d’Inveval nous ont dit que le propriétaire originel d’Inveval (à ce moment appelé CNV), Andrès Sosa Pietri (ancien président de la compagnie de pétrole d’État PDVSA) a étendu le « lock out » des patrons et a fermé l’usine en décembre 2002. Il a aussi fermé une « compagnie sœur », une fonderie qui était fournisseur d’Inveval dont le matériel nécessaire pour produire des valves. Les travailleurs d’Inveval ont essayé d’encourager les travailleurs de la fonderie à occuper, mais ils ont décidé au lieu d’accepter une paie de séparation du boss et la fonderie est restée fermée jusqu’à date. Inveval essaie de négocier une entente avec le gouvernement, soit pour acheter la fonderie, soit pour l’exproprier.

Cependant, les travailleurs d’Inveval ont pu obtenir des matières premières d’autres pays comme le Mexique, l’Argentine ou la Chine, considérant que le mieux serait le développement de règles endogènes pour donner la priorité aux sources de matières premières intérieures, mais qu’ils n’ont pas encore trouvées au Venezuela.

Entre temps, la principale salle de travail à Inveval tente de réparer et d’entretenir les valves actuelles de PDVSA avec une capacité de produire utilisée à seulement 10 % tout en survivant grâce à un prêt de l’État, une situation qui est à la limite du tolérable. Avec une usine non rentable entièrement, les travailleurs nous ont dit qu’une échéance de deux mois avait été établie pour trouver des matières premières ce qui permet de prolonger le processus de négociation avec le gouvernement.

En plus, les travailleurs d’Inveval nous ont déclaré avoir des difficultés avec la société d'État PDVSA avec laquelle ils ont des contrats d’entretien pour des valves. Quand les travailleurs ont occupé en 2005, et après avoir remis l’usine sur pied, ils ont commencé à produire avec les matières premières restantes afin de remplir les obligations contractuelles d’avant avec PDVSA. Cependant la compagnie ne remplissait pas sa part de l’entente. Les valves terminées ont passé huit mois sur le plancher de l’usine.

Les travailleurs de Inveval nous ont dit que durant une rencontre entre Chavez, Inveval et Veneval (ceux qui sont responsables de l’entretien des valves de la société PDVSA) en avril, le président du Venezuela avait déclaré qu’Inveval n’avait produit aucune valve. Ce à quoi le président d’Inveval aurait répliqué que c’était de la « bull shit » et qu’il y avait des valves disponibles pour la société PDVSA. Le président Chavez ordonna alors au président de Veneval de visiter Inveval en avril pour voir s’il y trouverait des valves. La société PDVSA aurait finalement accepter de prendre des valves, même s’ils attendaient encore qu’elles soient livrées et PDVSA aurait également commencer à commander des valves d’Inveval, mais celles-ci seraient à des dimensions dont ils savaient qu’Inveval était incapable de les produire; ils affirmeraient en même temps et que la compagnie n’était pas capable de remplir les commandes.

Le combat des travailleurs contre ces secteurs corrompus dans la société PDVSA devrait normalement mieux marcher qu’avec les compagnies privées. Mora déclare : « Le processus de commande de la société PDVSA permet la corruption. Il devrait se débarrasser de ce processus de commande et juste prendre chez nous les valves parce que nous sommes une compagnie d’État et qu’ils sont une compagnie d’État ».

« Il y a définitivement des secteurs de la société PDVSA qui sont opposés au contrôle ouvrier et aux exemples comme Inveval », ajoute Mora.

En dépit de ces difficultés, les travailleurs de Inveval restent occupés dans des projets communautaires. L’usine, en excellente condition quand nous l’avons visitée, fournit un local pour la Mission Ribas et la Mission Sucre. Le conseil communal utilise aussi l’usine comme endroit de réunion.

Tous les travailleurs participent aussi à deux heures de classe technique et sociaux-politique chaque jour et ils suivent les classes après 16h00 à la Mission Ribas et à la Mission Sucre. Tout comme les membres de la communauté locale.

Inveval reçoit aussi régulièrement des forums politiques, des visites de groupes d’étudiants, des délégations internationales et des délégations de travailleurs d’autres usines occupées.

Les travailleurs de Inveval se documentent aussi dans des discussions politiques au sujet du socialisme au niveau national tout en reconnaissant l’importance de s’y impliquer. Nous pouvons faire cela de l’intérieur du PSUV (le Parti socialiste uni du Venezuela), souligne Mora.

« Ce processus (la Révolution Bolivarienne) nous aidé. Maintenant il y a à Barrio Adentro un centre de médecine gratuite et nous ne payons rien, l’emploi augmente et tout le monde étudie. Si vous n’étudiez pas, c’est parce que vous ne voulez pas, non par manque d’opportunité ».

« Le président Chavez nous aidé à 100 %. Avant nous n’étions qu’exploités, maintenant nous sommes inclus », conclut-il.

Parti Communiste du Québec (PCQ)
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