M. Richard Martineau, dans le Journal de Québec du 13 août, nous rapportait comment une femme d'origine marocaine dénonçait sévèrement un jugement d'une cour italienne selon lequel il était tolérable que des parents musulmans puissent attacher et battre leur fille si elle violait leurs règles culturelles [elle aurait sortie avec un non-musulman]. Elle juge aberrant que cela soit permis à des personnes musulmanes, alors que c'est un crime de la part de parents catholiques. M. Martineau conclut que cette Marocaine est donc « contre les accomodements raisonnables » et que la go-gauche québécoise n'a qu'à se rasseoir.

[ je vous partage la suite de ma réplique ]

La liberté de vivre sa religion, c'est un droit humain, mais cela ne donne aucunement le droit d'imposer sa religion aux autres; encore moins par la force. À mon sens, c'est une violation des droits humains d'être attaché et battu parce que l'on ne respecte pas les règles d'une religion. Autant une personne a la liberté d'être croyante ou pratiquante, autant l'autre a le droit de ne pas respecter leurs règles sans subir d'abus ou de répression. En passant M. Matineau, vu que je milite pour le respect de l'ensemble droits et libertés de la part des gouvernements, je suis pas mal obligé de faire partie de la « go-gauche ». Ce n'est pas comme si la droite m'aide à défendre les droits humains.

Quand employeur-e et employé-e s'entendent pour modifier une condition de travail dans le but de permettre de vivre une religion, par exemple, le droit canadien nomme cela un accomodement raisonnable. Ledit jugement de la cour italienne est non seulement désraisonnable et injuste, il n'a rien à voir avec les accomodements raisonnables.

Selon les paroles de la dame citée par M. Martineau, on comprend qu'elle refuse que les croyances religieuses permettent à certains d'abuser des autres. De base, c'est clair qu'elle n'a certainement pas affirmé, ni en italien ni en arabe, qu'elle était contre des accomodements s'ils sont raisonnables.

Votre article aurait été vraiment génial si vous n'aviez pas osé insinuer que des mouvements de gauche seraient d'accord avec ce genre de « jugement ». Est-ce que, au Québec ou au Canada, nous avons permis des crimes contre des personnes ou des violations des droits humains sous prétexte de devoir négocier des accomodements religieux s'ils sont raisonnables? À chaque fois que M. Matineau parle de droits humains et de religion, en même temps que l'on peut voir qu'il a le coeur à la bonne place, on peut constater qu'il ne fait pas grand effort de responsabilité journalistique.

- Michaël Lessard
militant pour les droits humains - www.siriel.info
Animateur communautaire à Québec, 13 août 2007.