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La « gauche » française et les directions syndicales ont aidé Nicolas Sarkozy à faire passer ses « lois estivales »De ço qui calt, Sábado, Agosto 4, 2007 - 13:55 (Analyses | Democratie | Droits / Rights / Derecho | Education | Elections & partis | Globalisation | Imperialism | Repression | Sante / Health / Salud | Syndicats/Unions - Travail/Labor)
De ço qui calt ?
Nicolas Sarkozy aura réussi à faire passer, en très peu de temps depuis son élection à la présidence de la République Française, une incroyable avalanche de textes législatifs et réglementaires sans rencontrer de réelle opposition. Les conséquences destructrices de l’ensemble des lois votées et des décrets publiés n’ont guère fait l’objet d’analyses circonstanciées. Le programme du nouveau président était connu et annoncé, mais au sein de la « gauche » les préoccupations étaient autres. Les « ouvertures » gouvernementales, le « statut de l’opposition », les nouveaux « débouchés » offerts à des « personnalités de gauche »... accaparaient bien davantage l’attention. Est-ce vraiment surprenant, après trois décennies de politique unique et de rencontres « transversales » ? Quant aux grandes centrales syndicales, elles n’ont organisé aucune mobilisation pendant les deux mois qui se sont écoulés entre l’élection de Sarkozy et le début de la session extraordinaire du Parlement qui a duré tout le mois de juillet et à laquelle elles n’ont pas, non plus, réagi. Rien de ce qui s’est produit n’a de quoi surprendre, mais le manque de capacité de réaction dont a fait preuve le mouvement populaire a de quoi inquiéter. La « gauche » et les directions syndicales ont réussi, depuis mai dernier, à bloquer toute opposition significative à la politique de Sarkozy. Précisons que la plupart de ces « personnalités de gauche » que Nicolas Sarkozy associé à ses activités sont des membres ou des invités habituels de l’association « Le Siècle », haut lieu de la « transversalité » que Sarkozy lui-même a fréquenté depuis le début des années 1990 et qui n’est pas le seul lieu de « rencontres transversales » qu’aient commun la politique et la « gestion des affaires » françaises au cours des décennies récentes. Sarkozy le Transversal n’a fait que rendre publique et plus officielle la « politique unique » qui sévit dans le pays depuis les années 1970. Lorsque Robert Badinter se plaint d’une « dérive » des institutions françaises vers une présidence « impériale », il « oublie » que la véritable politique ne se fait ni à l’Elysée, ni au gouvernement, ni au Parlement. Qu’elle est dictée par les lobbies financiers et les multinationales, dont les commis sont, notamment, très présents dans ces structures « transversales et informelles » que les médias ne mentionnent presque jamais. Pour justifier la complicité générale, au sein de la « gauche » et des directions syndicales, avec l’actuelle politique sarkoziste, on invoque un prétendu « état de choc » suite au résultat des élections présidentielles. C’est de la pure mystification. Ségolène Royal, soutenue au second tour par la « communiste moderne » Marie-George Buffet, le prolétaire de la télé Olivier Besancenot, le non plus ultra José Bové, la « pure et dure » Arlette Laguiller et j’en passe... aurait-elle fait une autre politique que celle de Sarkozy ? Tout le monde, parmi ces politiciens et prétendus « syndicalistes », sait que ce n’est pas le cas. De même que les électeurs qui ont pris la peine de lire les professions de foi de la dernière campagne présidentielle. Comme « personne n’a rien dit » en mai dernier lorsque, la semaine après les vacances de Sarkozy à Malte aux frais de Vincent Bolloré et de son groupe, la fille du président de Bolloré Télécom qu’est Valérie Pécresse a été nommée ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, Nicolas Sarkozy s’offre à nouveau des vacances de luxe « à l’invitation d’amis ». Cette fois-ci aux Etats-Unis, à Wolfeboro (New Hampshire). Au bord du lac Winnipesaukke, dans une villa qui d’après les médias serait « immense » (environ deux-mille mètres carrés), « comporterait même un garage nautique et un yacht », et appartiendrait à l’ancien vice-président de Microsoft Mike Appe. Où est passée l’apparence d’indépendance de la Présidence de la République Française ? Force est de constater que les vagues du voyage à Malte ont été vite oubliées et n’ont nui en rien au pilonnage législatif auquel Sarkozy et ses ministres se sont livrés tout au long du mois de juillet. Le « consensus » est là pour aider. Pour toute réponse à une session extraordinaire du Parlement qui, en un mois, a examiné presque quarante textes, les directions syndicales ont organisé une manifestation de façade, sur un seul point (le « service minimum ») et très tardivement (le 31 juillet), deux jours avant la clôture de la session parlementaire. Une manifestation au contenu clairement diviseur et démobilisateur, à propos de laquelle le secrétaire général de la CGT Bernard Thibaulr a eu le cynisme de déclarer : « Ça correspond à l'objectif que nous avions : marquer le coup ». Ou encore, que pour « un 31 juillet, c'est tout à fait bien » et que « c'est la démonstration que même pendant les congés payés les salariés sont sur leur garde ». Et sur son site, la CGT se félicite du « succès »... Dans ce cas, pourquoi ne pas avoir organisé des mobilisations en mai et juin, lorsque les projets de Sarkozy et de ses ministres étaient déjà bien connus, et de manière unitaire contre l’ensemble des lois en préparation ? La réalité est que la « gauche » et les directions des grandes centrales syndicales ont aidé Sarkozy à faire passer les « lois d’été ». Le 2 août, le Sénat et l’Assemblée Nationale adoptaient définitivement le « Projet de loi sur le dialogue social et la continuité du service public dans les transports terrestres réguliers de voyageurs », comme ils avaient adopté toutes les autres lois litigieuses. A noter également le dernier édito de Confrontations Europe, un « think tank » créé en 1991 par Philippe Herzog, Jean-Pierre Brard, Jean-Christophe Le Duigou, Jean Peyrelevade et Michel Rocard, et qui compte à ce jour une importante participation « communiste » ou « assimilée communiste » et « cégétiste » dans ses instances à côté de représentants de la grande finance, des multinationales, de la « droite », du « centre », de la sociale-démocratie... Philippe Herzog écrit notamment : « Les rencontres économiques d’Aix-en-provence 2007 ont exploré la question : quels capitalismes pour le XXIème siècle ? Réunissant près d’un millier de participants, des personnalités venues du monde entier, cette remarquable réussite est le fruit de la créativité, de la convivialité, et de l’esprit d’initiative de Jean-Hervé Lorenzi et du « Cercle des Economistes ». Leurs réflexions et celles de Confrontations Europe convergent sur l’essentiel... » Au moins, c’est clair. De la « gauche de la gauche » à la droite, la question qui se pose n’est plus celle de savoir si le capitalisme est le système économique et social adapté à notre époque, mais « quel capitalisme » convient le mieux aux intérêts des classes dominantes. Voir également mes articles du 21 juillet « Sarkozy, lois d'été, « opposition » a statut et directions syndicales » et du 31 juillet « Sarkozy, la pseudo-opposition, les grandes centrales et la manif du 31 », parus dans Indymédia Paris.
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