Je me suis tout d’abord demandé pourquoi Marjane Satrapi ne parlais pas de Khomeiny. De la part d’un film qui décrit les bouleversements opérés en Iran avant et surtout après la chute du Shah je trouvais cela pour le moins étrange.

Nulle part, aucune trace, jamais aucune mention… Comme Rouletabille il me fallait tenir la logique par le bon bout.

Qu’elle est la première remarque que l’on peut faire à propos de Persépolis ?

Tout d’abord, l’auteur ne condamne jamais la révolution islamique mais uniquement ses manifestations les plus extrêmes, comme si l’on pouvait les dissocier.

Ensuite, il faut savoir que Khomeiny était chef de guerre mais surtout, ô surprise (sic) commandeur des croyants. Il édita en 1979 après sa prise de pouvoir son « petit livre vert » où l’on peut lire entre autre :

« La guerre sainte signifie la conquête des territoires non musulmans. […] Il sera alors du devoir de tout homme majeur et valide de se porter volontaire dans cette guerre de conquête dont le but final est de faire régner la loi coranique d'un bout à l'autre de la Terre.»

« La foi et la justice islamiques exigent de ne pas laisser survivre, […] ceux qui ne se conforment pas entièrement aux lois islamiques. »

« La femme qui se refuse à son mari est coupable, et ne peut exiger de lui ni nourriture, ni habillement, ni logement »

« Si l'homme sodomise le fils, le frère, ou le père de sa femme après son mariage, ce mariage reste valide. »

« Si la femme qui n'a pas neuf ans révolus, […] se marie temporairement, elle doit à la fin du contrat […] attendre deux périodes de règles […] pour se remarier. »

« Si on appliquait pendant une année seulement les lois punitives de l'Islam, on déracinerait toutes les injustices et les immoralités dévastatrices. »

« L'Europe (l'Occident) n'est qu'un ensemble de dictatures pleines d'injustices; l'humanité
entière doit frapper d'une poigne de fer ces fauteurs de troubles »

Ainsi que beaucoup d’autres, tous aussi délectables les unes que les autres (1)

Bien sûr cela ne s’adressait pas prioritairement aux 2% de la population riche et éduqué dont fait partie (selon Persépolis) les Satrapi, mais il est hautement improbable qu’ils n’aient pas eu accès à ces documents massivement diffusés. Alors ?
Satrapi, qui a l’invective, et la gâchette facile pour traiter de con bon nombre de personnes, pourquoi diable ne parle-t-elle jamais de Khomeiny ?? L’archétype du genre.

Et puis, tant qu’à rajouter une couche, quid des lapidations publiques ?

Ma première idée fut, qu’étant musulmane (en tout cas c’est ce qui ressort de ses ouvrages) elle cherchait délibérément à réintégrer l’islam et ne pas jeter l’opprobre sur les « vrais croyants » dixit Satrapi. Pourquoi pas… Mais après tout, elle pouvait très bien tenir cette ligne de conduite tout en dénonçant Khomeiny, non ?

A cet effet, l’argument tout à fait légitime et compréhensible est qu’il s’agit d’une histoire personnelle et non de la critique d’un évènement historique, qui malgré tout, se croisent régulièrement. Ce simple fait la dédouane de toute exhaustivité quand au sujet de la révolution islamique.

Néanmoins, il m’apparut à cette étape de ma réflexion, qu’il aurait été plus judicieux de prévenir le spectateur (malgré l’évidence) de ne pas confondre la petite et la grande histoire. Car Persépolis est une biographie aussi décalée de ce qu’on put vivre les iraniens de la rue, que le serait la B.D. des mémoires du baron Seillière de la vie du français moyen.

Bien sûr, Satrapi dénonce par quelques aspects le régime des mollahs, mais elle n’aurait pas put faire moins, et cette manière de ne condamner que les effets les plus extrêmes est aussi, de manière plus tacite, (perverse ?) une façon de ne pas condamner le reste… je restais sur ma fin.

II- Des déclarations qui voilent une intention cachée