Dans le dernier numéro du journal Le Drapeau rouge (n° 65, juin-juillet 2007), nous avons souligné la grande victoire remportée par le camarade Crispin Beltran, ou Ka Bel, membre du Congrès et actuel président du "parti/liste" Anakpawis aux Philippines.

Âgé de 74 ans, cet ex-syndicaliste et militant de longue date du mouvement national démocratique était détenu depuis le 25 février 2006; il était accusé de "rébellion", tout comme cinq autres parlementaires progressistes et une cinquantaine de militantes et militants associéEs à la lutte révolutionnaire du peuple philippin. Dans une décision historique rendue le 1er juin dernier, la Cour suprême des Philippines a ordonné l'arrêt des procédures et l'élargissement de Crispin Beltran, faute de preuves et parce qu'il s'agissait clairement d'un cas de harcèlement et de persécution politiques.

Le gouvernement Arroyo, soutenu par l'impérialisme US, a d'abord refusé de se conformer à cette décision. Ka Bel a pu sortir de l'hôpital où il était détenu pendant quelques jours, sur permission, mais le régime l'a vite remis sous garde, en attendant qu'un ultime appel aboutisse devant le tribunal (la loi philippine permet en effet au gouvernement de demander à la Cour suprême de revoir les décisions qu'elle rend).

Mardi dernier, ledit tribunal a toutefois rejeté la requête déposée par le procureur du régime Arroyo. Cela met donc un point final à cette affaire et le camarade Beltran a enfin pu recouvrer sa liberté le soir même vers 21h30 -- non sans que le gouvernement lui présente une facture de près de 30 000 dollars canadiens pour les frais d'hospitalisation encourus durant sa détention!

Le lendemain, le mouvement national démocratique remportait une nouvelle victoire, tout aussi éclatante, alors que le Tribunal de première instance des Communautés européennes a annulé la décision prise par le Conseil de l'Union qui avait placé le nom du fondateur du Parti communiste des Philippines, Jose Maria Sison, sur sa liste des "individus et organisations terroristes interdites" et gelé ses avoirs. Selon le tribunal, le Conseil de l'Union européenne a failli à motiver sa décision; de plus, celle-ci fut adoptée dans le cadre de procédures au cours desquelles "les droits de la défense n'ont pas été respectés".

Rappelons que le camarade Joma a cessé de diriger le Parti communiste des Philippines dès le moment où il fut emprisonné en 1977. Après avoir passé neuf ans dans les geôles de Marcos, Sison fut libéré après la chute du dictateur mais il fut ensuite contraint de s'exiler aux Pays-Bas, où le statut de réfugié politique lui a été reconnu. Il agit désormais comme conseiller du Front national démocratique (NDF) et président de la Ligue internationale des luttes des peuples. Suite à son inclusion sur la fameuse "liste noire" de George W. Bush en 2001, le gouvernement des Pays-Bas lui a toutefois retiré ses "privilèges" (allocations d'aide sociale, d'assurance-santé et de pension de vieillesse), à défaut de pouvoir l'extrader aux Philippines où le régime pantin souhaite le persécuter de nouveau (le nom de Joma était d'ailleurs cité dans la cause de Crispin Beltran, et il fut lui aussi blanchi par la Cour suprême).

La décision honteuse du Conseil de l'Union européenne avait entraîné une large mobilisation internationale en défense du professeur Sison. Au printemps 2004, une importante conférence a d'ailleurs eu lieu à Montréal, à laquelle ce dernier avait participé par vidéoconférence. Malheureusement, la lutte n'est pas encore terminée car le gouvernement des Pays-Bas a fait connaître son refus de se conformer à l'ordre de la cour, invoquant une technicalité juridique. La décision du tribunal est pourtant sans équivoque: elle doit être mise en œuvre et le camarade Joma rétabli dans ses droits, sans plus tarder!

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Article paru dans Arsenal-express, nº 147, le 15 juillet 2007.
Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire.
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