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France : Pourquoi Valérie Pécresse devrait démissionner du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

De ço qui calt, Martes, Julio 3, 2007 - 06:01

De ço qui calt ?

Valérie Précresse a eu droit à ce commentaire de Nicolas Sarkozy : « On a rarement vu un ministre aussi heureux d'être nommé à l'Enseignement supérieur ». Mais c’est là, précisément, que réside le problème. Surtout, dans le contexte de la préparation d’une nouvelle loi d’autonomie des universités qui intéresse très directement le patronat. Le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche couvre un domaine très proche des intérêts personnels et privés que peut incarner la nouvelle ministre. Mariée avec un directeur général adjoint du groupe industriel Imerys dont l’activité de recherche et développement est importante, Valérie Pécresse est également fille d’un professeur de l’université Paris Dauphine devenu en janvier 2007 président de Bolloré Télécom, un autre consommateur de haute technologie. La nouvelle ministre présente donc une proximité avec des intérêts privés et de groupe importants, qui paraît incompatible avec l’exercice au plus haut niveau de l’Etat de fonctions dans un domaine qui n’est pas étranger à ces intérêts. Demander pour cette raison la démission de Valérie Pécresse et la suspension des travaux sur son projet de loi d’autonomie des universités, dont la portée stratégique est reconnue, ne relève en rien de l’attaque personnelle. Même si, depuis un mois et demi, la « gauche » et les directions des principales centrales syndicales ont gardé le silence sur le contenu réel de la nomination de cette ministre.

Personnellement proche de hauts responsables des milieux industriel et académique, Valérie Pécresse n'offre pas, dans le domaine de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche, les garanties d'impartialité que les citoyens sont en droit d'attendre de l'Etat. Comment nier l’existence d’un réel problème ? Mais, étrangement, la « gauche » a raté, un mois avant les élections législatives et alors que les vagues du voyage à Malte de Nicolas Sarkozy juste après les présidentielles étaient très récentes, l’occasion de dénoncer l’accès d’une personne proche du clan Bolloré à un ministère important censé conduite une « réforme » à brève échéance. Pourtant, Vincent Bolloré avait jugé nécessaire de s’expliquer publiquement devant les critiques qu’avaient suscité mes vacances très coûteuses gracieusement offertes par lui et par son groupe au nouveau président de la République Française. Il faut que la politique parlementaire soit une sinistre comédie, pour qu’une telle « omission » ait pu se produire et perdurer pendant un mois et demi.

 

Pourquoi les citoyens doivent exiger que Valérie Pécresse quitte le Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche

Le 29 juin, une Intersyndicale de l’enseignement supérieur et de la recherche a collectivement rejeté la deuxième mouture du projet de loi dit « portant organisation de la nouvelle université ». Mais ce communiqué intervient dans un contexte vicié par la proximité des vacances pendant lesquelles « des choses vont se passer » au niveau parlementaire, et par les pressions que semble exercer sur le mouvement syndical une « opposition » devenue « à statut » (voir mon article du 29 juin). En revanche, la presse proche des milieux d’affaires s’en donne à cœur joie dans sa défense d’une ministre et d’un projet de loi qu’elle considère conformes aux intérêts du grand patronat.

Débordant d’enthousiasme à propos de la nomination de Valérie Pécresse, le rédacteur de la revue des milieux d’affaires Challenges va jusqu’à écrire cette énormité :

« « L'université, je baigne dedans depuis l'âge de 5 ans », explique cette fille d'un des profs les plus en vue de Dauphine, Dominique Roux. Et elle est députée de la deuxième circonscription des Yvelines, celle de la vallée de Chevreuse, qui compte en France la plus importante concentration d'enseignants et de chercheurs, avec Orsay, Polytechnique, Centrale, HEC, Supélec... Elle y a été élue avec 55 % des voix, et Sarkozy 63 %. Il fallait au moins ces atouts pour diriger l'une des réformes les plus délicates du nouveau pouvoir. L'université étouffe dans le corset de la loi Savary de 1984. Actuellement, une fac est administrée par un président qui est l'otage de lobbys et de surenchères syndicales à l'oeuvre dans trois instances, dont un conseil d'administration de 60 membres ! Tout le monde s'accorde sur la nécessité de réformer. »

(fin de citation)

S’il fallait être élu(e) député(e) d’Orsay (avec la Faculté), Gif-sur-Yvette (avec Supélec), Palaiseau (avec l’Ecole Polytechnique) et Châtenay-Malabry (avec l’Ecole Centrale), pour être crédible dans une « réforme » des universités françaises, c’est râpé pour Valérie Pécresse. Aucune de ces villes, aucun de ces établissements, ne se trouve dans les Yvelines où la ministre a récemment été élue députée dans la deuxième circonscription. Parmi les références qu’invoque Challenges, seul le code postal du groupe HEC, très lié au patronat, commence par 78.

Quant à la déclaration que Challenges attribue à la ministre, à ma connaissance personne ne s’inscrit dans une université à l’âge de 5 ans. On peut, tout au plus, s’y promener avec ses parents. D’après Wikipédia, Valérie Pécresse « a étudié au collège Sainte Marie de Neuilly-sur-Seine puis au lycée privé Sainte-Geneviève à Versailles. Bachelière à 16 ans, elle est diplômée d'HEC et énarque (promotion Condorcet, 1990-92) ». Elle n’a donc jamais étudié dans une université standard, au sens de celles qu’il s’agit de « réformer ». L’ENA (Ecole Nationale d’Administration qui s’intitule à présent sur son site « Ecole Européenne de Gouvernance ») et HEC étant des établissements à part destinés à former des « élites » du système.

Qu’à cela ne tienne : si la loi d’autonomie des universités passe, l’histoire n’expliquera pas le reste.

La propagande triomphaliste de la presse du capital annonce un passage en force du gouvernement et du Parlement au nom de l’ « urgence » et de l’ « évidence », prenant les universitaires et les citoyens au dépourvu. Il paraît indispensable de stopper ce processus vicié qui cache des intérêts sur lesquels les Français ne sont guère informés.

 

La question de l’apparence d'impartialité, les vacances de Nicolas Sarkozy et la nomination de Valérie Pécresse

A l'occassion du célèbre voyage à Malte de Nicolas Sarkozy, juste après le second tour des élections présidentielles, les réactions ont été vives dans les médias et dans le monde politique. L'appartenance à Vincent Bolloré ou à son groupe des moyens de ce voyage de super-luxe gracieusement offert au nouveau Président de la République avait choqué beaucoup de citoyens. Il en allait de l’apparence d’impartialité de l’Etat, même si Sarkozy et Bolloré se sont aussitôt efforcés de minimiser les liens entre le groupe Bolloré et le secteur public français. Mais, curieusement, le silence semble avoir été général lorsque, quelques jours plus tard, la fille du président de Bolloré Télécom accédait à la fonction de Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche avec, dans son cartable, un projet de « réforme des universités » déclaré urgent.

Un président de la République peut-il valablement accepter un tel cadeau d’un homme d’affaires connu ? D'après un article du Nouvel Observateur du 9 mai dernier, intitulé « Le prix des vacances de Nicolas Sarkozy », le vol avait été effectué à bord d'un jet privé qui dans le registre de la Direction générale de l'aviation civile a comme propriétaire Bolloré SA. Le coût d'un tel voyage aller-retour étant estimé à 50.000 euros. Quant au yacht de luxe Paloma, propriété de Vincent Bolloré, son prix de location en basse saison est de 173.000 euros par semaine. Dans les commentaires à cet article, un lecteur répond : « La jalousie de rapporte rien, laissons-le commencer sa mission, après nous pourrons juger ». Justement, deux mois se sont écoulés depuis...

Le 18 mai, Valérie Pécresse était nommée ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. Une nouvelle loi sur les universités était aussitôt annoncée. Cette nomination n’a suscité aucune réaction de la part de la « gauche » qui, pourtant, aurait pu en profiter à l’approche des législatives. Quelles étaient les garanties d'impartialité républicaine de la nouvelle ministre ? Silence radio dans les médias et dans l' « opposition », malgré le calendrier parlementaire accéléré annoncé par Nicolas Sarkozy et François Fillon, avec l’examen prévisible de projets de loi pendant la période des vacances scolaires. Le sujet était, et reste, tabou.

Wikipédia rappelle que Valérie Pécresse est la fille de Dominique Roux, universitaire et président de Bolloré Télécom. Elle est mariée à Jérôme Pecresse, directeur général adjoint d'Imerys, numéro un mondial des minéraux de spécialité. De par leur domaine d'activité, ces deux entreprises sont très directement concernées par des problèmes de haute technologie. A ce titre, elles ne peuvent en aucun cas être neutres par rapport à un projet de loi comme celui actuellement à l'étude, aux conséquences très importantes pour les universités et la recherche scientifique. Et le groupe Bolloré, dont la stratégie actuelle semble bien être basée sur l’expansion rapide, dispose largement de moyens lui permettant de s’offrir une université ou des laboratoires de recherche.

Quant à Imerys, le site du groupe explique que :

« Imerys extrait des ressources rares et les transforme en solutions qui améliorent les produits et les procédés de production de ses clients dans l'industrie et dans la construction.

Groupe international, intégré du gisement au client, Imerys dispose d'un portefeuille de ressources sans équivalent par leur variété et leur répartition géographique. Il maîtrise à grande échelle toutes les technologies de transformation. Sa capacité d'innovation lui permet de concevoir pour ses clients des solutions à haute valeur ajoutée. »

(fin de citation)

Les offres d'emploi d’Imerys comportent une composante très significative dans les domaines scientifique, technique et de recherche et développement.

On peut raisonnablement estimer, sans être un « dangereux révolutionnaire » ni sortir de la morale affichée par les institutions bourgeoises, que la situation d'un ministre par rapport à un enjeu républicain de cette envergure devrait, au moins, se voir imposer des contraintes équivalentes à celles qui fondent les critères de récusation de magistrats dans la justice de l'ordre judiciaire. La conseillère d'Etat qu'est Valérie Pécresse connaît certainement les cas de récusation prévus par le Code de l'Organisation Judiciaire (article L 932-22) :

« Sous réserve de dispositions particulières à certaines juridictions, la récusation d'un juge peut être demandée :

1º Si lui-même ou son conjoint a un intérêt personnel à la contestation ;

2º Si lui-même ou son conjoint est créancier, débiteur, héritier présomptif ou donataire de l'une des parties ;

3º Si lui-même ou son conjoint est parent ou allié de l'une des parties ou de son conjoint jusqu'au quatrième degré inclusivement ;

4º S'il y a eu ou s'il y a procès entre lui ou son conjoint et l'une des parties ou son conjoint ;

5º S'il a précédemment connu de l'affaire comme juge ou comme arbitre ou s'il a conseillé l'une des parties ;

6º Si le juge ou son conjoint est chargé d'administrer les biens de l'une des parties ;

7º S'il existe un lien de subordination entre le juge ou son conjoint et l'une des parties ou son conjoint ;

8º S'il y a amitié ou inimitié notoire entre le juge et l'une des parties.

Les magistrats du ministère public, partie jointe, peuvent être récusés dans les mêmes cas ».

Il paraît difficile, de mon modeste point de vue, de ne pas considérer que des entreprises comme Bolloré Télécom ou Imerys ont un intérêt stratégique essentiel dans la nouvelle loi de « réforme » des universités. De surcroît, Dominique Roux est un membre de longue date de la coupole académique, enseignant à l'université Paris Dauphine connue par sa proximité avec les milieux d'affaires.

 

Conclusion

Valérie Pécresse est une politique susceptible d’incarner directement, de par sa propre situation personnelle, des intérêts privés très importants dont, en théorie, la République Française est censée protéger l’indépendance de ses institutions. Il me semble, sans vouloir attaquer personne, qu'il est devenu indispensable que les opérations concernant l'actuel projet de loi sur les universités soient suspendues et que l’actuelle ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche abandonne ses fonctions au sein du gouvernement. Même si cette mesure ponctuelle ne réglera pas le problème de fond.

 

De ço qui calt ?

quicalt@yahoo.fr

http://blog.360.yahoo.com/quicalt

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Asunto: 
Le soutien à peine voilé du PCF à la loi Pécresse
Autor: 
De ço qui calt
Fecha: 
Dom, 2007-07-08 04:51

Le Parti Communiste apporte un quasi-soutien à la loi Pécresse d’autonomie des universités

Nicolas Sarkozy recrute de plus en plus parmi les dirigeants de la « gauche », à qui il propose des expériences enrichissantes. Il a également doté l’opposition d’un « statut », avec l’accès de Didier Migaud à la présidence de la Commission des Finances de l’Assemblée Nationale. Au même moment, le Parti Communiste diffuse sur son site une déclaration mise en ligne le 4 juillet, qui constitue un quasi-soutien de fait au projet de loi « relatif aux libertés des universités » de Valérie Pécresse. Un texte déposé au Sénat le 4 juillet et déjà inscrit à l’ordre du jour du 11 juillet. La « politique du consensus » semble être devenue la règle générale, au détriment des intérêts de la grande majorité des citoyens.

 

Note faisant suite à mes articles du 29 juin et du 2 juillet, et pour rebondir également à propos du débat suscité par le deuxième de ces articles sur le site d’Indymédia Paris.

 

On peut lire d’emblée, dans la « lettre publique » du Parti Communiste (PCF) datée du 2 juillet et mise en ligne sur son site le 4 juillet :

« Disons le d’entrée : l’enseignement supérieur et l’appareil de recherche de notre pays ont besoin de grandes réformes progressistes associant tous les acteurs de la société. Les communistes considèrent en particulier que l’autonomie des Universités est un principe, qui, à condition d’être correctement décliné et de ne pas être dissocié des moyens budgétaires et publics nécessaires, peut conduire à davantage de dynamique scientifique et de coopérations entre divers potentiels ; en effet, les Universités de notre pays doivent s’ouvrir davantage à différentes formes de coopération, notamment avec des partenariats associant de multiples entreprises et collectivités territoriales. »

(fin de citation)

Certes, la direction du parti dit "communiste" sait y mettre les formes, mais le message est clair. Après un texte très vague, qui n’appelle à aucune action concrète alors que la loi est sur le point d’être examinée par le Parlement et adoptée par une procédure d’urgence pendant le mois de juillet, le PCF écrit :

« Le gouvernement souhaite généraliser sa conception de l’autonomie dans les cinq ans. Sachons utiliser ce laps de temps pour permettre la réflexion en profondeur et les initiatives qui s’imposent…(...) Nous saluons l’initiative prise par diverses organisations syndicales ou associatives regroupant des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche au sein d’Assises. Elles pourront être l’un des lieux de ce débat indispensable. Nous nous rendons disponibles pour y apporter notre contribution et bénéficier des apports des uns et des autres. Dans cette perspective, nous souhaitons très vivement vous rencontrer dès la rentrée... (...) »

(fin de citation)

Et pendant le mois de juillet, on laisse faire et se contente de voter contre le projet de loi pour la forme tout en « reconnaissant » que l’autonomie des Universités « est un principe » et que les universités doivent davantage « coopérer avec les entreprises ». Quant aux liens personnels entre l’actuelle Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche et des hauts responsables de deux groupes industriels privés (mariée avec un directeur général adjoint d’Imerys et fille du président de Bolloré Télécom qui est également un membre de la coupole universitaire), le PCF continue à ne pas en souffler mot. Rien de très clair, non plus, sur la stratégie globale des multinationales et de l’oligarchie financière dans l’opération dite d’ « autonomie des universités », ou sur le coup de force que représente l’examen en toute hâte de cette loi pendant la période des vacances, court-circuitant la procédure parlementaire normale.

Au même moment, sur le site de Confrontations Europe, son président Philippe Herzog se répand en éloges de la « politique européenne » de Nicolas Sarkozy. Une politique indissociable de l’alignement sur les « tendances européennes » que représentera la nouvelle loi sur les universités.

C’est le sarkonsensus de « notre classe politique »...

 

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