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Sarkozy, opium du « peuple de gauche » : 3 – G8 et hallucinations de la « gauche à venir »De ço qui calt, Jueves, Junio 7, 2007 - 06:27 (Analyses | Democratie | Droits / Rights / Derecho | Ecologie | Elections & partis | G8-G20 | Globalisation | Imperialism | Repression | Resistance & Activism | Varia)
De ço qui calt ?
Avant le sommet de Heiligendamm, Nicolas Sarkozy a proposé une mission au « mitterrandiste historique » Jacques Attali. Des informations analogues et des démentis circulent sur d’autres « personnalités de gauche ». La « transversalité », générale mais jadis discrète, se montre au grand jour dans un pays où il n’y a pas si longtemps ceux qui la dénonçaient étaient accusés d’appartenir à l’extrême-droite. Et le G8 correspond bien à l’idée d’une « gouvernance mondiale » des puissants du capitalisme défendue depuis les années 1970 par ce haut lieu de la « transversalité » internationale qu’est la Commission Trilatérale. La « politique unique » mondialisée présente une apparence multicolore à peine trompeuse. La mise en scène des actuelles élections législatives françaises n’est pas différente, avec une « droite élargie au centre et à des gauches » et une « gauche non sarkoziste », pendant que les états-majors de la politique parlementaire vendent des « refondations » de façade. Alors que le Modem de François Bayrou semble avoir du mal à établir des connexions, les notables de la « gauche maintenue » demandent à leurs militants de leur procurer un maximum de députés élus et d’attendre la fin des élections législatives avant un quelconque débat. Mais les mêmes milieux dirigeants ont déjà lancé des initiatives destinées, précisément, à court-circuiter la discussion collective qu’ils promettent à ces militants. Après le mirage Royal, la « gauche de l’avenir » adapte la politique d’apparence réformiste à un contexte de régression sociale généralisée, en faisant miroiter des perspectives illusoires d’adoucissement du système. (suite des parties : 1 – La « grande illusion » royaliste et 2 – Le buffet sans frontières de Bernard Kouchner) Sans aucun statut légal par rapport aux instances internationales, alors que des condamnations de manifestants sont déjà intervenues et des manifestations ont été interdites, le « groupe informel de discussion » réservé aux Etats capitalistes les plus puissants qu’est le G8 entend débattre de l’affaire du Kosovo et de plusieurs questions stratégiques. Pas seulement lors des sommets, mais de manière permanente via des délégations.
Le G8 est une structure officieuse proposée en 1975 par la présidence de Valéry Giscard d’Estaing, alors que le futur premier ministre Raymond Barre avait été l’un des premiers participants aux activités de la Commission Trilatérale depuis 1973-74. A cette époque, la montée en force des lieux de « rencontres transversales » avait commencé à se préparer en France. Début novembre 1977, un mois et demi après l’échec des négociations sur le « programme commun de la gauche », le Parti Communiste Français (PCF) mettait publiquement en cause le secrétaire général du Mouvement des Radicaux de Gauche (MRG), Robert Fabre, pour ses « étonnants dîners politiques » avec des proches de Giscard d’Estaing, des responsables de grandes sociétés, des hauts fonctionnaires... Libération s’en moquera dans son numéro des 5 et 6 novembre, avec le titre : « Ce n’est pas l’affaire du « Siècle » » et l’entête : « Des PDG, des hauts fonctionnaires, des hommes politiques de la majorité et de l’opposition non communiste qui ont en commun d’être des hommes de pouvoir font partie d’un même club : « Le Siècle ». Le PCF fait semblant de découvrir un complot qui date... de 1944. ». En effet, Le Siècle avait été fondé en 1944. Mais sans la même influence ni le même rôle qu’en 1977. Des journaux comme le Monde ont trouvé les protestations du PCF ridicules. Quelques années plus tard, Serge July devenait membre du Siècle. Parallèlement, la Fondation Saint-Simon voyait le jour en 1982, etc... En 1991, le PCF lui-même ne s’indignera point du rôle moteur joué par ses propres militants (notamment, Philippe Herzog, Jean-Pierre Brard et Jean-Christophe Le Duigou) dans la fondation de Confrontations Europe. La « transversalité » et les « groupes informels » où les milieux d’affaires dictent leur loi sont devenus le véritable mode de gouvernement de la France, de l’Europe et de la planète.
Précisément, la « transversalité » se trouve à la base d’une vaste supercherie politique qui permet de retourner n’importe quel mot d’ordre ou objectif affiché. Et de lui faire dire, dans la pratique, ce qu’on veut. Sauver la planète est une noble devise. Malheureusement, on peut faire beaucoup d’usages de ce slogan que presque tous les candidats aux élections présidentielles françaises de 2007 avaient repris. On peut même entendre la réflexion : « Que viennent faire les luttes sociales dans un débat écologiste ? », comme si la pollution n’était pas le fait des classes sociales dominantes. Ou encore des généralités telles que : « Les gens mangent et dépensent trop », alors qu’un nombre croissant de citoyens dans les pays dits « riches » se heurte à des difficultés croissantes pour se nourrir, s’habiller, se loger, et recevoir des soins médicaux. Quant aux étiquettes et promesses des politiciens, la réalité est que la pollution s’est développée à l’échelle mondiale autant avec des gouvernements de « gauche » qu’avec des gouvernements de « droite ». Ce fut l’équipe du président « socialiste » français François Mitterrand, qui fit couler le Rainbow Warrior en 1985. Quant à l’Afrique, sur laquelle le Pape s’émeut, ce n’est pas les missionnaires qui ont manqué dans ce continent, dont la détresse est le produit de la domination qu’il subit depuis très longtemps de la part des grands holdings des pays dits « riches ». Avec, à la tête de ces derniers, des gouvernements de « droite » comme de « gauche » ou de « centre ». Pareil pour d’autres zones de la planète. A propos du rôle du gouvernement « travailliste » britannique de Harold Wilson dans le coup d’Etat de Suharto en Indonésie, qui se solda par l’extermination d’environ un million d’indonésiens depuis 1965, un article de Nick Cohen de septembre 1999 sur le site du Guardian, intitulé : « Labour: quartermaster to tyranny in East Timor », rappelle : « In 1965 Michael Stewart, the Foreign Secretary in Harold Wilson's Labour Government, surveyed the mass graves of Indonesia with an air of satisfaction and expectation. Britain had facilitated the murders of about one million Indonesians in the coup that brought pro-Western General Suharto to power ». Quelques années plus tard, les fascists chiliens qui appellaient au coup d’état militaire contre http://fr.wikipedia.org/wiki/Salvador_Allende TARGET=new>Salvador Allende employaient le slogan : « Yakarta ya viene » (Djakarta arrive). Ce n’est qu’un exemple. Au début de la « grande expansion coloniale » française, qui fut principalement l’œuvre du « centre gauche », Léon Gambetta écrivait en 1882 : "La civilisation européenne aura à lutter un jour contre la subversion de la race chinoise... La France doit conserver son rôle de soldat de la civilisation. Dans le choc qui aura lieu, la civilisation latine, dont la France est la tête, doit préparer son terrain sous peine d'être écrasée et annihilée en Asie Centrale entre la race anglo-saxonne et la race slave. Il faudra donc que la France s'établisse au Tonkin... afin de mettre la main sur l'Annam, sur le Royaume du Siam et sur la Birmanie et d'avoir ainsi barre sur les Indes, et d'aider la civilisation européenne contre la race jaune." (Source : « L'expansion 1981-88 », de Pierre Guillen, Imprimerie Nationale, Paris 1985, p. 180). Trois ans plus tard, un autre politique du « centre gauche », Jules Ferry, défendait les « droits et devoirs des races supérieures » dans son discours du 28 juillet 1885 devant la Chambre des Députés. Que signifient les notions de « droite », « gauche » et « centre » à la lecture de ce genre de textes ? Ce qui est bien réel, c’est le système économique, social et politique en place. En 1914, les dirigeants « socialistes » de plusieurs pays appelleront à la guerre au nom de l’ « union sacrée », Léon Jouhaux n’hésitera pas à ce faire aux obsèques de Jean Jaurès. Dans la foulée de cette guerre pour le contrôle des colonies, Léon Blum poursuivra sa carrière d’ « élite » de l’appareil d’Etat en tant que chef de cabinet du ministre « socialiste » et franc-maçon Marcel Sembat En 1925, Blum emploiera encore devant la Chambre des Députés le langage de Jules Ferry sur les « races supérieures ». Etc... Aujourd’hui, c’est aux mêmes puissances, et à peu près aux mêmes courants politiques, qu’il faudrait, nous dit-on, faire confiance pour résoudre les problèmes de la planète, du continent et de la France. Et pour ce qui est du dumping social, du « marché mondial de la main d’œuvre », des délocalisations... tout le monde au G8 trouve cela très bien. Rien à signaler. On n’en a guère entendu parler, non plus, à l’occasion de la récente campagne présidentielle française. Pas de nouvelles, bonnes nouvelles... mais pour qui ?
La « gauche de l’avenir » est une « gauche à venir », toute neuve, que ceux qui sont en place depuis longtemps nous annoncent pour après les législatives. Chacun à sa façon, mais en reprenant toujours des vieilles recettes du répertoire de la « gauche » parlementaire des deux derniers siècles. Précisément, Léon Gambetta et Jules Ferry font souvent partie des « modèles républicains » de cette « gauche à venir ». Alors que l’heure est aux « grands consensus » en vue d’un « ordre mondial efficace », les professionnels de la politique du capitalisme s’efforcent de faire croire un peu partout à l’émergence de grandes nouveautés dans la sphère des partis parlementaires. La campagne des élections présidentielles françaises a été une édifiante illustration de cette nouvelle propagande. Le message étant que rien ne sera plus comme avant, que cette fois-ci les citoyens auront leur mot à dire, que « tout le monde devient raisonnable », que le fonctionnement institutionnel va s’améliorer, et ainsi de suite... Mais plus les politiciens du système tiennent ce discours de « renouveau » et cherchent à répandre des espoirs chimériques, plus ils verrouillent dans la pratique et préparent l’accélération de la casse sociale. Les recalés des présidentielles d’avril et mai derniers demandent à leurs militants de se taire, de faire un maximum de réclame pour leurs candidats à députés et d’attendre que les élections législatives soient finies avant d’engager le moindre débat. Les autres dirigeants des mêmes partis adoptent, pour l’essentiel la même attitude. Mais aucun de ces notables ne se prive de « préparer l’avenir » avec d’autres notables. La fermeture de gueule, c’est pour « ceux d’en bas ». C’est ainsi, par exemple, que Ségolène Royal semble déjà se voir à la tête du Parti Socialiste (PS) par acclamation et candidate aux présidentielles de 2012, pendant que Dominique Strauss-Kahn rêve d’une « sociale-démocratie » sous sa coupe et une site intitulé « Gauche Avenir » diffuse un appel émanant notamment de responsables du PS proches du membre de la Trilatérale Laurent Fabius et de militants connus du PCF comme l’ancien ministre Jean-Claude Gayssot ou le député européen Francis Wurtz. Tout le monde annonce une « nouvelle gauche à venir », chacun s’autoproclame détenteur du « véritable renouveau ». La Toile, les journaux... sont pleins de ce genre de déclarations. Quant à la direction du PCF, qui distribue le même type de promesses, elle semble être également occupée à envoyer paître ceux qui s’intéressent à son patrimoine immobilier. Mais quel rapport entre ces « grandes manœuvres » et les problèmes réels auxquels la grande majorité de la population se heurte au quotidien ? Quel rapport avec le véritable avenir collectif des citoyens ? Pas seulement en ce qui concerne une politique de casse sociale qui dure depuis plus de vingt ans et ne cesse de s’accélérer, mais aussi notamment dans le domaine des libertés individuelles et collectives. Par exemple, à propos de la Justice. Après la scandale d’Outreau, les parlementaires avaient promis une réforme de la Justice française. C’est le contraire qui s’est produit. Non seulement une telle réforme n’a jamais existé, même sous forme de projet cohérent, mais les mesures votées en décembre ont comporté des reculs graves du droit français, au détriment des « petits justiciables ». La campagne présidentielle a complètement escamoté ce problème. Y avait-il une « opposition » dans l’avion ? On n’a pas vu le bout de son nez, alors que tous les candidats « présidentiables » ou alliés de « présidentiables » se sont souciés de développer de bonnes relations avec un maximum de secteurs influents de l’appareil d’Etat. Les apparitions médiatiques de la « gauche à venir » deviennent difficiles à comprendre pour les profanes. Elle « droit venir », mais elle est là depuis des décennies. Ses dirigeants sont les mêmes que d’habitude. Ils « proviennent » de la période de François Mitterrand, ou de celle de Lionel Jospin qui a été marquée par une totale continuité avec la première. Ils ont déjà été ministres et cautionné ces exercices. La « gauche à venir » doit apporter un « message nouveau », mais sa politique est la même qu’on a vu à l’œuvre depuis trois décennies. De quoi rester perplexe et pensif, si vraiment on veut y croire. Mystère de foi ? En un sens, oui. Celui de la sacro-sainte duplicité. Mais ne sous-estimons pas les chances de réussite de cette recordleft de la mystification. Une faiblesse du mouvement populaire réside aujourd’hui dans la perte de mémoire collective sciemment fomentée par ceux qui servent les intérêts du capitalisme et de l’impérialisme. Rendre à la grande majorité les connaissances et les moyens de l’analyse historique doit être l’une de nos premières priorités.
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