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Entrevue - Pierre Saint-Georges, président du Syndicat des employés d'entretien du transport de Montréal (Fédération des ..

Anonyme, Miércoles, Mayo 23, 2007 - 11:48

Le Marxiste-Léniniste

( Envoyé par Stéphane Chénier )

Entrevue

- Pierre Saint-Georges, président du Syndicat des employés d'entretien
du transport de Montréal (Fédération des employées et employés
de services publics — CSN)

LML: Quels sont les plus récents développements dans votre lutte?

Pierre Saint-Georges: Nous sommes 2 200 travailleurs de l'entretien pour la Société de transport de Montréal. Notre contrat de travail est échu depuis le 6 janvier dernier. Il y a eu dix-huit rencontres avec la STM mais rien ne bouge. Le 4 mars dernier nous avons voté à 97% en faveur de la grève. En pratique nous nous préparons à la grève pour le 22 mai prochain.

Quel choix avons-nous? Nous avons fixé une échéance pour la grève. La STM propose un contrat de 5 ans, avec 0% d'augmentation salariale en 2007 et 2% pour les années suivantes. La Ville de Montréal se prépare à négocier avec les pompiers, son corps de police et ses employés administratifs et propose des contrats de travail de quatre ans. La Ville tarde à proposer quoi que ce soit de monétaire aux différents corps de travailleurs. La STM argumente qu'il faut respecter le cadre financier de la Ville de Montréal. Elle veut que le contrat des travailleurs de l'entretien se termine un an après tous ceux de la Ville de Montréal.

LML: Quelles sont vos principales demandes?

P SG: Nous avons deux demandes très simples. Nous n'avons pas des millions de demandes. Notre proposition salariale est 2% de IPC (indice des prix à la consommation) et 2% d'augmentation par année pour un contrat de trois ans. C'est simple. Le contrat que nous proposons se terminerait un an avant celui des pompiers, du corps de police et des autres employés. Il n'y a pas de problème. La STM joue sur les mots depuis plusieurs années. Au dernier contrat elle affirmait que notre échéance devait être la même que tous les travailleurs de la Ville de Montréal. Ce qui est le cas cette année. Elle dit l'inverse maintenant pour avoir un contrat de cinq ans.

Notre deuxième demande est simple mais majeure. Elle concerne notre régime de retraite. La majorité des travailleurs du Québec ne savent pas comment fonctionnent leur régime de retraite. Les compagnies veulent s'accaparer les régimes de retraite et même les éliminer. C'est grave. Prenez l'exemple des travailleurs d'Exceldor. C'est un abattoir de volaille à Québec. J'ai appris que sous la menace de fermeture, Exceldor a éliminé le fonds de pension, et les 350 travailleurs ont tout perdu. C'est leur argent. Il faut comprendre que les régimes de retraite pour les travailleurs font partie de leur salaire comme les assurances collectives d'ailleurs. Ce sont des demandes monétaires au même titre que leur salaire et cela compte.

Notre régime de retraite est un des 917 régimes de retraite à prestations déterminées du Québec. Notre régime fait des surplus alors que 70% des 917 régimes de retraite sont en déficit. Le gouvernement Charest avec la loi 30 est venu resserrer les règles de gouvernance des caisses de retraite. Il exige des règles de calcul précises et réelles. Un régime de retraite peut réaliser 10% de surplus sur son passif. La majorité des employeurs contrôlent l'administration des fonds de retraite et prennent les décisions sur l'aménagement des surplus excédentaire au 10%. C'est ainsi qu'ils se sont voté années après années des congés de cotisations. Le résultat est que les calculs étaient erronés et les rendements gonflés. Les employeurs n'ont pas cotisé pendant des années et les caisses de retraite sont en déficit.

Ce n'est pas notre cas. Notre régime de retraite fait des surplus. En 1991, nous avons exigé que l'employeur cotise toujours au régime de retraite mais que les surplus excédentaires servent à une prime de 8 000$ par année pour chaque travailleur qui prend sa retraite. Cette mesure est valide jusqu'en 2019. De cette prime sont soustraits les montants que le travailleur reçoit des rentes du Québec et prend fin totalement à ses 65 ans avec la pension du gouvernement canadien. Les travailleurs retraités reçoivent cette prime en plus de leurs prestations déterminées. Nous nous sommes battus pour cela en 91. Ce fut très difficile. La STM a réagi à l'époque en disant qu'elle devait en contrepartie couper quelque part et a fait 93 mises à pied.

Nous savons que nous assumons le risque de notre régime de retraite à 50% et la STM à 50%. Mais nous sommes absents des décisions sur quatre fronts de notre régime dont la nomination des actuaires, les gestionnaires de placement, la politique de placement, etc. En plus la STM a droit de veto sur les décisions qui sont prises. Lorsqu'on dit responsable des risques, cela signifie qu'on assume ce qui arrive au régime de retraite. Nous voulons le pouvoir de nommer nos actuaires et nos responsables aux différents fronts dont le choix des placements etc. Nous voulons décider et prendre nos responsabilités.

Nous avons un régime à prestations déterminées. Cela signifie que chaque travailleur qui prend sa retraite après 30 ans de service ou qui atteint le chiffre 80 (âge + années de service) bénéficie sans pénalité de ses prestations. Ses prestations sont établies et indexées à 50% de IPC par année. Nous avons une clause qui assure que ce qui est acquis ne peut être retiré. Cela signifie que l'indexation des prestations ne peut être enlevée par la suite. Nous proposons que la prime de 8 000$ par année devienne permanente en 2020 pour tous les travailleurs qui prendront leur retraite. Cette mesure représente 1,75% de la masse salariale. Tous les tests de capitalisation de notre régime de retraite prouvent que cela est faisable. 50% de nos travailleurs actifs seront à la retraite en 2020. C'est une amélioration pour tous les travailleurs retraités.

Nous savons que les compagnies ne veulent plus de régimes de retraite à prestations déterminées. Elles veulent des régimes à cotisations déterminées. Cela signifie en gros que le travailleur retire le résultat de ce qu'il cotise. Imaginez en cas de crash. Tous les risques et toutes les pertes des régimes de retraites sont transférés aux pensionnés. Les retraités peuvent tout perdre si leur régime fait faillite et leurs prestations peuvent tomber à rien s'il y a des pertes.

Nos pensions sont une question majeure dans le conflit actuel.



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