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Chefferie, prise 2

Pierre-Luc Daoust, Sábado, Mayo 12, 2007 - 22:18

Pierre-Luc Daoust

On recommence. À peine un an et demi après l’élection d’André Boisclair à sa tête, le Parti Québécois a mangé son chef. Encore. Et M. Boisclair n’aura certainement pas été le dernier à se faire jeter par-dessus bord, il y en aura d’autre. Cette fois-ci a ceci de particulier qu’elle survient après une belle déconfiture pour le PQ. La démission de M. Boisclair était inévitable.

Mais si les péquistes ne veulent pas que l’expérience se répète trop vite, il leur faudra effectuer une revue non pas de leurs positions (qu’ils ne font même pas respecter par le chef et les députés), mais de ce qui s’est passé en 2005 pour que soit élu un chef qui démontrait déjà toutes les faiblesses nécessaires à une défaite cuisante en élections générales.

Qui a voté en 2005?

Lors de la course de 2005, Le PQ a usé d’un système téléphonique pour procéder à l’élection du chef. Un vote bien sympathique dans le fort du foyer du membre. Se faisant, il n’y avait aucun réel effort à faire pour se prononcer. On a fait de l’élection un vote paresseux.

Les membres du PQ avaient-ils réellement besoin de ça? Quelqu’un qui est suffisamment politisé pour prendre l’initiative de devenir membre d’un parti saura faire l’effort de se déplacer dans un endroit donné pour voter. Ce ne sont pas les membres du PQ qui ont voté en novembre 2005: ce sont des Québécoises et des Québécois qui ont décidé de payer cinq dollars pour se mêler d’une élection à laquelle ils et elles ne s’intéressaient pas vraiment. Le membership du PQ est grimpé à plus de 140 000 personnes grâce aux méga-ventes de cartes de membres ayant eu lieu pendant la course de 2005. Qu’en est-il aujourd’hui? Est-ce que tous les pseudo-membres ont renouvellé leur adhésion? Ont-ils même tous voté pour un candidat péquiste le 26 mars dernier?

Le PQ avait fait le choix d’un scrutin universel : tout le monde vote. Pour peu qu’il y ait de la concurrence entre deux candidats. C’est un choix beaucoup plus démocratique que l’élection traditionnelle d’un chef de parti, soit par le jeu des délégués qui peuvent changer d’allégeance dès le second tour, comme l’a fait le Parti Libéral du Canada. Mais il demeure un problème avec cette procédure de vote, le même problème qu’avec n’importe quelle élection où on ne fait que voter sans devoir assister au débat: ce sont les médias qui mènent le résultat.

À force de projeter le sourire de dentifrice de M. Boisclair, les médias en ont fait la promotion active sur de mauvaises bases. Ils ont créé une coqueluche autour de lui qui le protégeait des débats d’idées (vous savez, ces 7 débats qui se sont déroulés devant une infime minorité des 140 000 membres…), dans lesquels ses faiblesses ressortaient. Sauf que c'est bien beau, l'apparence sympathique et la différence, mais quand vient le temps de confronter des idées, si le candidat n'arrive pas à faire passer son message, il se plantera. Pourquoi ne s'est-il pas planté en 2005? Parce là où sa campagne se faisait le plus, c'était au petit écran, à force de sourires et de petits extraits démagogiques dignes des meilleures langues de bois. Parce que les médias se sont empressés de cacher ce défaut majeur. En l'aidant à faire passer l'idée qu'il ferait sien le programme du parti. Question qu'on ne voit pas trop que ses idées à lui étaient douteuses.

Malheureusement pour lui, la réalité l'a rattrapé. Les médias ont changé d'allégeance en chemin et une fois en campagne électorale, lui ont fait la vie dure. Exit, les «Ça serait donc bien un beau signe d'ouverture que d'avoir un Premier Ministre gay!» Le vrai jeu a commencé. Et s'est définitivement terminé.

Faire campagne loin des médias

Le Parti Québécois ne récupérera pas la confiance de la population si la course à la chefferie qui débute se joue encore autant à coups de beaux sourires. Le PQ doit également se méfier des médias, qui tenteront de proclamer eux-même le nouveau chef une fois de plus, pour ensuite le descendre bien profondément dans les abîmes lors des prochaines élections générales. Le jeu est d'ailleurs déjà commencé, avec les sondages qui placent Pauline Marois bien haut avant même que la course ne débute officiellement. Il faudra voir comment évoluera ce jeu, avec le retrait de Gilles Duceppe de la course et les éventuelles prochaines personnes à se lancer. On ne peut faire semblant que les médias ne sont pas là. Mais on doit apprendre à gérer leur présence d'une façon plus sécuritaire.

Chose certaine, au Parti Québécois, on doit faire très attention, car si on ne fait qu'une répétition de la dernière course et du temps qui s'est écoulé depuis, le parti restera troisième parti à l'Assemblée nationale. Et peut-être même derrière un gouvernement majoritaire. Ce qui n'est pas vraiment l'objectif de l'opération en cours, rappelons-le.

Texte aussi publié sur mon blogue personnel


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