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Non au cirque électoral et aux illusions démocratiques

Anonyme, Viernes, Mayo 11, 2007 - 08:38

Éditorial

Ce numéro 39 du bulletin sort au milieu d'un battage électoral, en France, d'une ampleur peu commune. Même si les écrans de télé, les antennes des radios, les "Unes" des journaux nous imposent, depuis plusieurs mois déjà, les aléas du "jeu démocratique", la récente période est encore parvenue à accroître la pression et à centrer plus encore l'attention de tous sur le jeu de dupes du bulletin de vote.

Il est vrai que ce phénomène n'est en rien une particularité française, loin s'en faut !
Des élections aux USA pour désigner les "sénateurs" et les "représentants" voilà quelques mois, à celles d'Italie qui avaient fait passer le relais de Berlusconi à Prodi, en passant par la kyrielle d'appels aux urnes en Afrique et en Amérique du Sud, l'opium électoral est une drogue que les bourgeoisies du monde entier proposent (ou plutôt imposent) aux populations en but à des souffrances de même nature si ce n'est d'intensité et de gravité égales.

Dans la pharmacopée démocratique, la drogue électorale tient une place de choix depuis des décennies dans les pays avancés et riches qui ont les moyens de s'offrir (ou plutôt d'offrir à leurs esclaves salariés) ce "produit de luxe" qu'on nous vante à tous les coins de trottoirs télévisuels. Mais ce n'est que plus récemment qu'elle fait une entrée en force dans des régions du monde jusqu'alors vouées à des formes politiques plus ou moins dictatoriales, à des régimes militaires soutenus d'ailleurs en sous-main par les puissances grandes et moyennes pour le plus grand bénéfice de leurs entreprises nationales.
Les raisons pour lesquelles la bourgeoisie met en scène de plus en plus fréquemment la mascarade électorale dans des régions où elle n'avait pas (ou peu) cours jusqu'à aujourd'hui tiennent à différents facteurs. Que l'on prenne les exemples des pays d'Afrique, de l'Europe centrale autrefois sous domination de l'ex-URSS ou encore de l'Amérique latine, il paraît clair que les secteurs bourgeois qui s'affrontent dans l'arène électorale sont soutenus en sous-main par tel ou tel pays ou groupe de pays dominants qui se livrent, à travers ces élections, aux affrontements et à la concurrence qui les opposent dans les autres domaines.

Ainsi, lors des élections en Ukraine, au moment de ce que les médias ont appelé la "révolution orange", l'Allemagne, la France ou les USA soutenaient telle tendance contre telle autre soutenue, elle, par la Russie. L'affaire rebondit d'ailleurs aujourd'hui au gré de l'évolution des tensions entre les USA et le pôle germano-français.

De même, pour les élections dans certains pays africains (Benin, Côte d'Ivoire, Congo, etc.), on voit nettement que ce sont les secteurs liés à la France (l'ancienne puissance coloniale et, surtout, la puissance impérialiste de référence depuis les "indépendances" des années 1960) ou aux USA et autres grands impérialismes qui sont mis en cause et visés par les processus électoraux.

Enfin, pour citer un troisième type d'exemples, la venue au pouvoir an Amérique latine, toujours par le processus électoral, de fractions bourgeoises qui cherchent à prendre leurs distances avec le parrain nord-américain ne contrarie pas outre mesure des pays comme l'Allemagne, la France ou encore l'Espagne. Et c'est un euphémisme !

Dans ces cas, très clairement, la mascarade électorale se révèle pour ce qu'elle est (1): le moyen par lequel la bourgeoisie choisit la fraction la plus apte à défendre les intérêts du capital national ainsi que l'occasion de répandre dans la population les illusions selon lesquelles elle aurait son mot à dire dans ce choix.

Grâce au grand cirque électoral, la bourgeoisie peut enfoncer dans les crânes plusieurs messages pour elle essentiels, instiller des doses de poison de différentes nature mais visant tous au même résultat : la passivité des masses et, si possible, l'illusion qu'elles sont prises en compte et participent des décisions engageant leur sort.

On nous distribue sans compter des images d'Epinal selon lesquelles, en mettant un bout de papier dans une boîte, le chômeur d'une banlieue ouvrière et le patron d'une grande entreprise, le paysan sans terre des plateaux argentins et le latifundiaire propriétaire de milliers d'hectares, le crève la faim des villes africaines et le haut fonctionnaire corrompu du même pays, le travailleur ukrainien survivant avec une retraite de misère et le grand patron ex-bureaucrate stalinien reconverti, tout ceux-là, donc, par la grâce du bulletin de vote et de l'isoloir seraient sur un strict pied d'égalité devant la déesse Démocratie. Quelle foutaise !
Et ce qui serait risible si ce n'était pas aussi dramatique c'est que, dans nombre de régions du monde, la mascarade électorale s'accompagne souvent de bains de sang et de règlements de comptes armés entre bandes rivales qui n'épargnent pas les populations qui ne font que s'illusionner sur leur prétendu choix.

Ne parlons même pas des cas où le résultat des élections, dûment voulus par les puissances impérialistes dominantes et se déroulant selon les rites prescrits, ne correspond pas aux attentes de ces puissances : dans ce cas les dites puissances s'assoient purement et simplement dessus.

Dans la période présente, parmi les orientations du capitalisme qui engagent le sort des populations - et notamment celui de la classe ouvrière -, il en est une qui gagne sans cesse du terrain, c'est celle de la marche résolue vers une nouvelle guerre généralisée.

À défaut d'un prolétariat partant "fleur au fusil" à la boucherie impérialiste (comme en 1914), la bourgeoisie a besoin que la classe ouvrière soit au moins vaincue et anesthésiée pour accepter cet ultime sacrifice. Et c'est la fonction primordiale qu'a aujourd'hui l'idéologie "démocratique". Au delà de l'opium électoral qu'elle propose de plus en plus souvent afin de rendre les ouvriers passifs et sans réactions face aux attaques qu'ils subissent quotidiennement, la bourgeoisie internationale, notamment celle des pays centraux du capitalisme, appelle sans cesse et à hauts cris à la défense de la démocratie qui serait, selon elle, en grand danger. Il faudrait que tout le monde - le prolétariat en premier - se mobilise et milite pour cette "grande cause", contre toutes les formes de terrorisme, tous les totalitarismes et autres obscurantismes, sans oublier ceux qui s'en font les complices ou qui les soutiennent. Mais, pour cela, il serait plus que jamais nécessaire de "mettre de côté tous les égoïsmes". Ce message s'adresse bien évidemment aux prolétaires du monde entier qui continuent à "défendre leurs mesquins intérêts". Bulletin de la fraction interne du CCI N˚ 39 le 30 avril 2007

Là se trouve posé l'enjeu du moment :
- soit la classe ouvrière résiste pied à pied aux attaques économiques qu'elle subit et que la bourgeoisie est contrainte de lui imposer du fait de la crise de son économie ; alors, au cours de ces luttes, elle tend à se débarrasser du poison démocratique et à acquérir la capacité de se situer comme classe, d'imposer, à terme, sa solution révolutionnaire ;
- soit la classe ne parvient pas à se situer à la hauteur des enjeux, reste prisonnière des illusions électorales et démocratiques et la bourgeoisie poursuivra et accroîtra ses attaques économiques jusqu'à entraîner le monde dans une nouvelle guerre.

Bulletin de la fraction interne du CCI N˚ 39 le 30 avril 2007

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1 : De ce qu'elle est partout et en Europe, notamment, depuis près d'un siècle. Voir à ce propos, dans le bulletin 37, l'article " La 3ème Internationale et le parlementarisme "

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