Refusons les verdicts prédéterminés!
Nous pouvons et devons arrêter ces tragédies!

( Envoyé par Stéphane Chénier )

Les médias ont couvert de façon pernicieuse la tragédie survenue à l'Université Virginia Tech lundi le 16 avril. Du voyeurisme sur toutes les chaînes télévisées, sur les sites internet à travers le monde. Avant même qu'on ait le temps de se recueillir et de réfléchir à ce qui se passe, les accusations contre le service de sécurité de l'université fusaient, les extraits d'entrevues et de commentaires des victimes devenaient matière à sensation, des propositions pour justifier le libre port des armes sur les campus sont présentées comme une solution pour réduire le nombre de victimes, le profilage est suggéré, le profil du meurtrier est décortiqué, étiqueté, catalogué, le contrôle des armes à feu devient la nouvelle panacée, etc.

Tout ce scénario, semblable à ce qui s'est produit lors de la fusillade au collègue Dawson, rend la tragédie encore plus cruelle et difficile à surmonter. Les centaines de jeunes et d'enseignants, le personnel de l'Université, les familles touchées ont non seulement à traverser ce choc mais aussi à confronter ce voyeurisme destructeur, cette invasion gratuite dans la détresse humaine et l'inhumanité de la situation. Sincères sympathies et courage aux victimes et aux familles.

Hier soir, le premier ministre du Québec exprimait au nom des Québécois ses condoléances en disant «Cet événement, d'une violence inouïe, est incompréhensible et il faut condamner avec la plus grande vigueur toutes les formes de violence.» Cette déclaration n'est guère acceptable de la part d'un premier ministre. Elle suggère qu'il y a une fatalité qui vient de se produire sur laquelle l'être humain n'a aucun contrôle, ne peut trouver d'explication et ne peut éviter. La société inhumaine dans laquelle nous vivons n'existe pas, la réalité de la destruction du tissu social par l'offensive antisociale des gouvernements n'existe pas. Les guerres que mènent les impérialistes américains avec tous ses sévices inhumains n'existent pas. Les torts qu'ils font subir à leur propre jeunesse en l'entraînant dans cette barbarie au nom de la liberté, de la démocratie et des droits humains, cela non plus n'existe pas. La responsabilité qu'ont les gouvernements dans de telles situations ne se pose même pas. Il y a incompréhension! De plus, comment peut-il, en tant que premier ministre, faire l'autruche et condamner toutes formes de violence quand à tous les jours, le gouvernement de Jean Charest, pour ne nommer que lui, impose la violence brutale de ses politiques antisociales dans l'éducation, la santé, les services sociaux, détruisant tout ce qui est public au Québec, sans oublier la violence tout aussi brutale de ses lois anti-ouvrières contre les collectifs pour empêcher le facteur humain de fleurir et de se développer. C'est comme George Bush qui a invité tout le monde à la prière en citant des psaumes, suggérant aux personnes éprouvées de ne pas hésiter à demander de l'aide à qui que ce soit, sans que le gouvernement prenne responsabilité de quoi que ce soit.

Le LML a publié le 16 avril un numéro sur la politique de Payer les riches du gouvernement Harper avec l'investissement de 900 millions $ des fonds publics pour les monopoles de l'aérospatiale et l'industrie militaire. Des milliers de dollars sont détournés pour la politique de guerre et d'agression qu'appuie le gouvernement canadien au service d'une puissance qui donne l'exemple à toute sa jeunesse que la loi du plus fort est toujours la meilleure, que ou bien vous êtes avec nous ou contre nous, que l'utilisation de la force est la solution pour régler les conflits.

Il n'y a rien d'incompréhensible dans ce qui se passe. Loin d'être impressionné par ces positions, celles-ci montrent le danger croissant que confrontent les différents collectifs et la nécessité d'intensifier nos discussions et actions pour prendre en mains nos affaires, prendre contrôle de nos vies pour éviter de telles tragédies.

La déclaration émise par le PCC(ML) lors de la fusillade de Dawson demeure un guide précieux dans de telles circonstances. Celle-ci conclut en disant: «Cette société est en train de créer de très graves problèmes pour les jeunes. La loi et l'ordre, les solutions militaires, les explications faciles ne vont pas les résoudre, ils ne vont qu'empirer les choses. Quoi qu'il arrive, nous ne devons pas laisser ces événements servir à des gains politiques ou être utilisés pour imposer un ordre du jour qui va à l'encontre des intérêts de la société. Les solutions doivent être le fruit d'une vaste discussion parmi le corps politique sur l'orientation actuelle de la société et sur la façon de la changer.»