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Croyez-vous vraiment que ça va changer?

Laboratoire sur..., Jueves, Abril 5, 2007 - 19:26

Philippe Derudder

Le Québec vient d'élire ses représentants et son gouvernement. N'ayant pas la citoyenneté (je suis Français... que voulez-vous personne n'est parfait...) je n'ai pas pu voter, mais ce n'est pas pour autant que je me suis désintéressé de cette élection. Mais si j'avais pu le faire, j'aurais été bien ennuyé, comme je le suis également pour les prochaines présidentielles en France. Car, à ma connaissance, aucun personnage politique actuellement, ici ou là dans notre monde, ne parle jamais des causes profondes des problèmes contre lesquels toutes nos sociétés buttent actuellement et sur lesquels nos dirigeants se cassent les dents les uns après les autres, ne trouvant pour excuse que la dénonciation de la situation déplorable laissée par leurs prédecesseurs!. Bref, pas la peine d'en rajouter, vous connaissez la chanson!

Résoudre le défi de l'éducation, de la santé, de l'emploi, de l'écologie, de la dette...

Ce qui m'inquiète vraiment, c'est que la planète est en grave danger. Les scientifiques qui ont récemment remis leur rapport sur les conséquences du réchauffement du climat ont été unanimes à ce sujet. Message reçu ? Oui, les enjeux écologiques sont bien présents dans l'esprit de la plupart d'entre nous et oui, la classe politique, en général, intègre la préoccupation écologique dans les défis à relever. Mais s'il est une chose d'en prendre concience, il en est une autre de résoudre efficacement la question. Et c'est là que ça se complique car que peuvent-ils faire dans leur prison?

Prison ? Quelle prison ? Je veux parler de celle dans laquelle ils sont tenus, à savoir l'économie et la finance mondialisées... Car même si notre élite politique tient le devant de la scène, laissant ainsi croire qu'elle détient le pouvoir, elle est en fait elle-même gouvernée par le pouvoir économique et financier qui la tient (et nous tous avec par la même occasion) au bout de ses ficelles comme des marionnettes. Vous en doutez ? Savez-vous que l'économie est maintenant mondialisée et dirigée par des organisations non démocratiquement élues (de type OMC – FMI – Banque Mondiale...) et dont les décisions s'imposent à la soit disante souveraineté des peuples? Savez-vous que l'argent dont disposent les nations et leurs citoyens est créé ex nihilo » (à partir de rien) par le système bancaire privé sous la baguette des chefs d'orchestres que représentent les banques centrales elle-mêmes indépendantes du pouvoir politique? Comprenez-vous que les Etats ainsi privés du pouvoir de création monétaire, qui leur revient pourtant de droit mais que les jeux de pouvoir de l'histoire ont réussi à confier aux banques, contraint les peuples à devoir s'endetter à l'infini pour avoir accès à leur propre monnaie?

Ainsi privés d'argent (sauf d'augmenter les impôts ou la dette, ce qui n'est ni souhaitable ni populaire) les gouvernements, quels qu'ils soient, n'ont en fin de compte à leur disposition que deux leviers de commande: maîtriser les dépenses d’un côté, soutenir la croissance de l’autre. Et tout le monde, majorité et opposition, de s'accorder comme un seul homme sur cette «évidence»! Les divergences n'apparaîssent que dans l’application selon les sensibilités des uns et des autres. Seulement voilà, ça ne marche pas, car il est une autre évidence qui, celle là, semble échapper à la plupart :
Réduire les dépenses de l’État appauvrit la nation, car ses dépenses se traduisent par du travail qui enrichit la nation,
Quant à la croissance, si elle est une solution économique, elle est une aberration écologique, puisqu'elle se traduit par un « infini toujours plus » incompatible avec un monde limité dans ses possiblités.

À chaque échéance électorale, et vous venez de le vivre, ressurgissent les mêmes problèmes… L’emploi, l'éducation, la santé, la pauvreté, l’environnement etc… Pourtant, ce sont de faux problèmes ! Entendons-nous, ils sont bien réels dans la mesure où ils sont sources de souffrances pour bien des gens, mais faux en ce sens qu’ils ne sont que les symptômes d’un problème plus profond :

► Problème de l’emploi? Comment pourrait-il y avoir un problème dans un monde qui totalise plus de 200 millions de chômeurs et où tant de besoins essentiels restent à satisfaire? il y a plus à faire que de bras et de cerveaux disponibles! Non, il n’y a pas de problème de l’emploi mais de FINANCEMENT de l’emploi!

► Problème d’environnement? Comment pourrait-il y avoir un problème dès lors que l’on sait ce qu’il faut faire pour préserver les équilibres vitaux… Non, il n’y a pas de problème de l’environnement, mais de FINANCEMENT des solutions applicables.

Et ainsi de suite, quel que soit le problème évoqué. Notre monde en est arrivé à l'abération suivante : la moitié de l’humanité meurt de soif à côté d’un puits rempli d’eau parce qu’elle n’a pas l’argent (dit-on) qui lui permettrait d’y avoir accès.

À l'heure où tous les clignotants sont au rouge, n'est-il pas essentiel que les hommes au pouvoir fassent preuve d’imagination et trouvent autre chose que la potion, qui n’est plus magique du tout, des « deux leviers »? N'est-il pas essentiel que la Vie et le bien être de tous les peuples l’emportent sur l’orthodoxie d’un système qui, pour être dominant, démontre chaque jour un peu plus son inadéquation à répondre aux défis humains et écologiques? La chose n'est pourtant pas si difficile à comprendre! Tant que la création monétaire sera abandonnée aux banques commerciales par le biais de l’emprunt à intérêt, nous ne serons jamais maîtres de notre destin."Si vous voulez être l’esclave des banques et payer pour financer votre propre esclavage, alors laissez les banquiers créer la monnaie". Savez-vous qui a dit cela ? Un initié... car il ne s'agit pas moins de Josiah Stamp, Gouverneur de la Banque d’Angleterre en 1920.
Alors? Si l'on veut vraiment un monde accueillant, épanouissant et durable pour tous, deux conditions sont essentielles:

► Que les peuples puissent par un jeu réellement démocratique choisir librement les options prioritaires conduisant à cet objectif.

► Que les États soient restaurés dans leur pouvoir régalien d’émettre la monnaie pour pouvoir mobilisier sans emprunt et sans impôts suplémentaires les sommes considérables que suppose la mise en oeuvre des chantiers gigantesques qu'impose l'urgence du défi humain et écologique.

Difficile ? Non à portée de main: Contrairement à bien d'autres banques centrales, la Banque du Canada est une entreprise d'état. Certes, elle est indépendante mais même s'il ne l'a jamais exercé, le ministre des finances a encore le pouvoir de s'opposer à la politique menée par le gouverneur de la banque centrale. Mais pourquoi attendre que le fédéral bouge ? Et si le Québec montrait l'exemple en émettant une « monnaie sociétale » complémentaire au dollar pour rémunérer tout ce qui est jugé nécessaire pour le bien commun et le respect de la Nature (1)? Impossible ? Détrompez-vous, de nombreuses monnaies complémentaires ont déjà résolu des crises au cours du XXeme siècle, plusieurs milliers de monnaies complémentaires de par le monde permettent à des communautés locales d'améliorer leur qualité de vie, ou de survivre tout simplement, comme récemment en Argentine après la faillite du peso... Et puis, ne sommes-nous pas dans le pays du « crédit social »? Cette question est loin d'être inconnue ici, mais peut être était-ce trop tôt... La seule volonté politique suffirait. Rien de plus. Mais rien de moins. Entendons nous; Il ne s'agit pas de se séparer de la fédaration.; il ne s'agit pas de remplacer le dollar par une autre monnaie, il s'agit de donner démocratiquement le pouvoir au gouvernement québécois d'émettre une monnaie complémentaire à vocation sociétale(1), à la hauteur des besoins recensés.

Alors oui, que cette question soit au cœur des débats ! Car ce que nous vivons pour le moment est une mascarade. Quelle que soit l'ampleur du sujet, le bon sens devrait conduire à remettre en question tout système, tout principe, dès lors que ses conséquences sont nuisibles, suicidaires, parfois criminelles.

Alors, vous qui vous inquiétiez de la dette, mais vous qui révez avant tout d'un monde meilleur pour tous, devenez le porte-parole de cette idée de la ré-appropriation du pouvoir de création monétaire par les Nations et de l'ouverture d'un espace économique complémentaire à vocation siciétale financé par une monnaie d'Etat(1). En oeuvrant ainsi, vous contribuerez à redonner aux peuples le pouvoir sur leur destin, vous deviendrez un citoyen du monde porteur de tous les espoirs pour une amélioration générale de la qualité de la Vie; vous nourrirez la conscience collective qui très prochainement, je l'espère, fera émerger une classe politique plus à même de répondre adéquatement aux défis de la vie.

(1) Pour en savoir plus sur cette idée : Philippe Derudder, André-Jacques Holbecq, les membres du GRESSO (Groupe de Recherches et d'Etudes des Systèmes SOciétaux) et de AISES. (Association Internationale pour le Soutien aux Economies Sociétales) ont élaboré le projet de création d'un espace économique complémentaire à vocation sociétale. Ce projet est décrit sommairement dans la lettre ouverte qu'ils ont adressée à leurs élus. Vous pouvez la consulter ou la télécharger sur http://www.societal.org/docs/EMS-4p.pdf. Il est aussi présenté d'une façon beaucoup plus détaillée sur http://tiki.societal.org/tiki-index.php?page=EMS.

Philippe Derudder
deru...@lhed.fr

Auteur de :
La renaissance du plein emploi ou la forêt derrière l’arbre (Ed. Guy Trédaniel )
Les aventuriers de l’abondance (Ed. Y Michel)
Rendre la création monétaire à la société civile (Ed. Yves Michel)
Les 10 plus gros mensonges sur l'économie" (Ed. Dangles - ISBN: 2-7033-0695-4) écrit en collaboration avecAndré-Jacques Holbecq paru en février 2007
Tous ces livres sont diffusés par Raffin Diffusion au Québec et sont disponibles sur commande dans votre librairie.

Micheline Laliberté


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