Monsieur Biya,
Dans une interview à Radio France Internationale qui a suscité une vive polémique dans les médias, Le peuple camerounais s’est senti trahi, par les propos que Jany Le Pen attribue à votre épouse, par ricochet à l’ensemble des camerounais : « Vous le féliciterez car il s'exprime magnifiquement et nous adhérons à ce qu'il dit. Il a raison. », a ajouté Mme Le Pen en commentant : les Camerounais "n'ont pas envie de voir leurs élites partir de leur pays". Nul n’est besoin de vous rappeler que le couple Le Pen est qualifié de « patron de l’antisémitisme et du racisme » en France.
Outre le caractère gravement diffamatoire de cette interview, le fait qu’elle soit proférée dans un média international alors même que les camerounais ont déjà été agressés en France par les citoyens de cette nationalité : l'exemple de Guy Effeyé- ce camerounais qui a failli être expulsé de France n'eût été une mobilisation citoyenne des progressistes français, ce cas a été médiatisé, par contre il y'a des milliers de camerounais qui sont expulsés incognito-,n’est que la preuve de votre démission , et l’abandon des prérogatives qui sont les vôtres. Cependant un vulgaire donateur du FN en la personne de Jean-Pierre Barbier exerce sous la protection de votre régime à Douala, sans inquiétude, pardi ! Par contre, tous ceux qui sont condamnés par les politiciens français de quitter leur territoire, constitue aux yeux de la civilisation un véritable appel au meurtre...
Recevoir la famille tant charnelle que politique d'un Le Pen multirécidiviste de la calomnie à l’ endroit des races différentes de la sienne, ne laisse donc d’autre choix que de saisir la justice populaire - faute de pouvoir régalien-, laquelle nous a déjà baignés en 1955 dans des insurrections barbares et sanglantes. Recevoir les Le Pen c’est donner champ libre à ces accusations infâmantes à l’endroit des peuples noirs. Vous mettez par là le Cameroun au ban des peuples civilisés, et de ce fait vous apparaissez avec les Le Pen comme des délinquants institutionnels à mettre hors d’état de nuire.
J’observe par ailleurs que vous avez récemment adopté une posture républicaine et patriotique dans votre traditionnel discours du 10 février, qui vous a conduit à stigmatiser la « haine et l’irrespect » entre compatriotes. Vous avez stigmatisé les jeunes en proie aux difficultés de tous ordres, bien sûr suscitées par le délitement institutionnel de votre gouvernance, tant culturelle, économique, sociale que politique. Cette jeunesse s’est sentie avilie par votre aventurisme, au nom de l’humanitaire qui s’apparente à la mendicité, comme si le Cameroun était victime d’un tsunami. Et pourtant, l’élite de votre parti politique est opulente, elle peut à tout-va construire des ponts, offrir des minibus, revaloriser des cultures en voie de disparition comme celle des pygmées, sortir le Cameroun du sous-développement. Au nom la République que nous voulons debout pour nos enfants, je me fais, le porte- parole de ces jeunes, et tous les sans-voix dont je me proclame le leader emblématique.
Dans cette même interview pourtant, Madame Le Pen, a repris in extenso vos propos .Vous déclarez de manière effrontée, par l’entremise de votre porte-parole le ministre de la communication : «Il est évident que ni Mme Biya ni son époux ne sauraient commenter, encore moins prendre position dans les affaires intérieures d'un pays ami." Induisant cette curieuse idée selon laquelle notre pays est devenu un parachute doré pour tous les renégats et génocidaires de la terre. De triste mémoire ces milliers de génocidaires Rwandais qui se sont cachés au Cameroun. De triste mémoire la caution politique que vous donniez à Georges Bush en mars 2003, pour envahir l’Irak
Je n’ai pour ma part aucune haine pour la France encore moins pour les Le Pen. Tout au contraire, je crois œuvrer à la réconciliation des français avec toutes les races et cultures, par la lutte contre la xénophobie, par la promotion d’un idéal humain et républicain.
Si je demande à ce que les questions relatives à l’enrichissement illicite et à la fuite de cerveaux des camerounais soient débattus, c’est dans un cadre démocratique, dans une perspective de réconciliation de tous les camerounais avec la République. Ensuite entre l’Occident et l’Afrique.
J’ai noté que, s’agissant des persécutions de vos compatriotes, vous manifestiez même une débordante mansuétude à l’endroit de ceux qui ne partagent pas notre lecture de l’histoire. Mais vous êtes indifférent, voire inconscient du devenir de vos compatriotes. Votre diplomatie apaisée n’a jamais produit d’effets appréciables par tous les Camerounais. Ce qui fait que plusieurs de vos concitoyens vous soupçonnent de tapir votre famille sous les lambris de Neuilly sur Seine et de Monte Carlo, avec l'argent des contribuables, hélas!
Je suis près, si vous le souhaitez, à engager un débat avec vous sur le désamour de certains compatriotes pour le Cameroun, ses institutions, sa Nation, son Etat, sa République.
Ensemble, nous pourrions ainsi nous interroger sur l’origine du rejet de certains jeunes de la gestion publique des affaires de leur propre pays ; et dans quelle mesure, par exemple, une certaine « misère», réputée « imméritée », n’aurait-elle pas conduit à une instrumentalisation de l’émigration ?
Depuis l’aube des temps, l’idéologie patriotique camerounaise, est battue en brèche par vos mentors les « Français néocolonialistes ». Les exemples de discours de haine et de mépris à l’endroit de la République camerounaise n’ont pas manqué en effet.
De ce débat, pourrait surgir une réponse inespérée à une bien intéressante question : les émigrants sont ils davantage des camerounais allogènes ou autochtones ?
Salutations républicaines.
Aimé Mathurin Moussy,Paris
aime-moussy.info
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