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Le "nous" des partis bourgeois, et celui des travailleursSES

Eric Smith, Sábado, Febrero 17, 2007 - 21:48

Arsenal-express

La campagne électorale provinciale, qui sera déclenchée mercredi, s'ouvrira dans un climat politique assez spécial marqué par des semaines d'une campagne raciste et passablement hystérique, dans laquelle les grandes gueules qui détiennent le crachoir n'ont pas cessé de promouvoir nos soi-disant "valeurs majoritaires", contre le "danger" posé par la présence des minorités culturelles en terre québécoise.

Alimentée par des grands médias capitalistes avides de profits (allô Pierre-Karl!) et certains politiciens bourgeois avides de pouvoir (salut Mario!), cette campagne nauséabonde a fait ressortir le caractère hautement désinvolte de la classe dominante. Ceux et celles qui s'expriment en son nom n'hésitent jamais à se livrer aux pires bassesses pour promouvoir leurs intérêts les plus étroits, quitte au passage à créer un "monstre" et à ce que celui-ci leur échappe, voire qu'il finisse par se retourner contre eux.

Maintenant qu'ils ont compris qu'en ouvrant la boîte de Pandore du racisme et de la xénophobie, ces capitalistes ont aussi libéré des forces incontrôlables dont l'action risque de menacer la paix sociale, les dirigeants politiques de la société bourgeoise ont unanimement convenu de refermer le couvercle, ou du moins de tenter de le faire. De Québec solidaire jusqu'à l'Action démocratique de Mario Dumont, tous les partis voués à diriger l'État bourgeois se sont en effet ralliés à la proposition du premier ministre Charest de créer une commission d'enquête qui étudiera la fameuse question des "accommodements raisonnables" et des rapports entre "majorité et minorités". Évidemment, il est loin d'être exclu pas que pour des fins purement électoralistes, certains d'entre eux (re-salut, Mario!) plongent à nouveau leurs deux mains dans le merdier raciste; mais pour l'essentiel, il est assez évident que la bourgeoisie québécoise ne souhaite pas nécessairement l'apparition de pogroms racistes anti-immigrés, que ce soit à Hérouxville ou ailleurs au Québec.

De toutes manières, tous les politiciens bourgeois, ou presque, adhèrent à un même corpus idéologique: nous, société québécoise, aurions des valeurs majoritaires communes, telle "l'égalité entre les hommes et les femmes" (qu'est-ce qu'on l'a entendue, celle-là!); et les minorités doivent s'y "conformer", du moins "dans la sphère publique" (car en privé, c'est bien connu, on peut faire ce qu'on veut...). La différence, essentiellement, en est une de degré ou de vitesse à laquelle les minorités doivent "s'intégrer".

Ainsi donc, au cours des prochaines semaines, on entendra tous ces marchands d'illusion s'adresser aux électeurs et électrices que nous sommes, en commençant tous leurs discours par la formule rituelle: "nous, les Québécois et les Québécoises...". Mais que se cache-t-il donc derrière cette formule? De qui ces politiciens parlent-ils, quand ils utilisent ainsi le "nous"?

Pour le chef du Parti libéral et actuel premier ministre Jean Charest, le "nous" auquel il fait référence, c'est bien sûr celui de la grande bourgeoisie; plus précisément, de la fraction monopoliste de la grande bourgeoisie québécoise, qui a su s'intégrer parfaitement à l'impérialisme canadien depuis une quarantaine d'années. Une bourgeoisie qui cherche à tenir, voire améliorer sa place dans le cadre des rivalités inter-impérialistes actuelles et qui s'appuie principalement sur les larges pouvoirs et prérogatives de l'État québécois, qu'elle contrôle à 100%.

Pour ce qui est du PQ, qui a tout de même occupé le pouvoir pendant plus de 17 ans au cours des 30 dernières années, le "nous" de son chef prétendument nouveau et amélioré André Boisclair est un peu le même que celui de Jean Charest, à la différence près qu'il englobe également toutes ces couches de la petite bourgeoisie dont le sort et les privilèges sont directement liés à l'appareil d'État, et qui souhaitent par conséquent maintenir tous ses attributs.

Le "nous" de Mario Dumont et de l'ADQ se distingue des deux premiers en ce qu'il cible, plus particulièrement, les secteurs de la petite et de la moyenne bourgeoisie, majoritairement francophones et "de souche", qui arrivent difficilement à garder leur place dans le cadre actuel de l'impérialisme: entrepreneurs locaux, petits commerçants, notables et petits potentats qui souhaitent préserver leurs fiefs, etc.

Quant à Françoise David et à cette nouvelle mouture de la gauche officielle qui a pris le nom de Québec solidaire, le "nous" prend une tournure encore plus particulière. Ce "nous" prétend lui aussi parler au nom de tout le monde et de son père à la fois (ou de sa mère, pour être plus exact!). Le "nous" de Québec solidaire prétend en effet réconcilier les intérêts de toutes les classes, en postulant l'existence d'un "bien commun", qui devrait l'emporter sur les "intérêts particuliers" des riches, des pauvres, des patrons, des ouvrières, etc. Québec solidaire, au fond, représente bien cette nouvelle couche, grandissante, des "professionnels du militantisme" qui font carrière dans les syndicats, les groupes communautaires, les groupes de femmes subventionnés, etc.

Cette couche sociale joue un rôle de plus en plus important dans l'appareil de domination idéologique de la bourgeoisie, mais on ne lui a pas encore vraiment donné voix au chapitre, là où les vraies décisions se prennent. Bref, elle voudrait sa juste part des miettes dans la configuration actuelle des rapports de classe, dans le cadre de l'impérialisme. Malheureusement pour elle, il est toutefois probable que les miettes dont elle devra se contenter seront en quantité proportionnelle au nombre de votes que Québec solidaire obtiendra lors du prochain scrutin...

Quant à nous, maoïstes, nous rejetons l'idée même qu'il existe un tel "nous collectif", au-dessus des classes et des profondes divisions qui caractérisent la société québécoise. Le "nous" auquel nous nous identifions, c'est celui de l'ouvrier de l'abattoir d'Olymel à Vallée-Jonction; de la travailleuse immigrante qui assemble des vêtements dans un atelier clandestin du quartier Parc-Extension à Montréal; de la mère de famille monoparentale qui survit difficilement sur l'aide sociale dans le quartier de Vanier à Québec; de la serveuse du restaurant d'un petit village de la Mauricie qui n'en peut plus de subir les avances de son patron vicieux qui, comme on le sait, "préfère les petites mini-jupes aux foulards islamiques, qui cachent tout". Bref, notre "nous", c'est celui du prolétariat.

Et à chaque fois qu'on entendra un de ces politiciens bourgeois parler en notre nom au cours des prochaines semaines, il ne faudra pas se gêner pour l'interrompre et lui crier, haut et fort: Ferme-là, pourriture!

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Article paru dans Arsenal-express, nº 129, le 18 février 2007.

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Asunto: 
L'ignorance militante…
Autor: 
Yves Claud?ɬ
Fecha: 
Lun, 2007-02-19 02:38

L'ignorance militante reste de l'ignorance, qu'elle soit volontaire ou non !

Il faut quand même rappeler aux fabriquants de textes politiques du PCR (sic !) qui répandent leur prose sur ce site…et ailleurs, que les valeurs dont il est question dans le débat actuel de la société québécoise, sont celles de la modernité: justice, égalité, solidarité sociale, etc… Or il se trouve que cette modernité a été conquise par les luttes des mouvements sociaux (mouvement ouvrier et populaire, mouvement des femmes, mouvement national, etc.), et qu'il s'agit d'achever cette modernité, comme projet social laïc et solidaire, et non de régresser en permettant à des valeurs et normes traditionnelles de détruire ces acquis historiques.

La société québécoise s'est affranchie de la domination religieuse traditionnaliste, et la grande majorité de ses citoyens ne tolère pas que d'autres traditionnalismes religieux menacent nos acquis sociétaux, que ce soit avec l'appui de la machine de guerre politico-juridico-culturelle de l'État de la nation néo-britannique ("Cour suprême", politique du "multiculturalisme", etc.) qui nous a conquis et dominés, ou avec la complicité d'une "tolérance" qui n'est en fait qu'un aveuglement face à des attaques planifiées provenant d'organisations traditionnalistes, voire de groupes animés par un néo-fascisme à rhétorique religieuse (ethno-fascisme sioniste ou hindouiste, islamo-fascisme, extrême-droite chrétienne, etc.).

Nul n'est par ailleurs censé ignorer le fait que les puissances coloniales et néo-coloniales (anglo-saxones en particulier) ont utilisé et utilisent stratégiquement les groupes sociaux les plus religieusement traditionalistes des pays dominés, pour perpétrer leurs entreprises de pillage et d'exploitation.

La laïcité, ce n'est pas être contre les religions (toutes les sociétés ont des systèmes de croyances, et l'athéisme tout autant que le communisme constituent des formes de croyances…), et encore moins contre les immigrants, mais c'est un projet social moderne qui permet aux religions de coexister en restant dans l'espace privé.

Les "tolérants" qui acceptent la régression sociale traditionnaliste, tout en accusant les modernes de "racisme" et de "xénophobie", vont à l'encontre du progrès de la société québécoise, tout comme les adeptes de la religion libertaire qui cautionnent la liberté du marché au dépens des classes dominées et exploitées.

Concluons en ajoutant que l'économisme "révolutionnariste", même lorsqu'il s'efforce quand même de faire une analyse en terme de classes sociales (cf ce texte du PCR), constitue un allié potentiel de l'économisme "néo-libéral" (pseudo-science économique excluant les réalités sociales…), car il fait abstraction des rapports sociaux dans leur ensemble, y compris des rapports sociaux relatifs à la question nationale (Québec, Palestine, etc.) et à l'État.
Une des dérives de l'économisme "révolutionnariste" consiste aussi à occulter la question religieuse en tant que question politique (cf Marx): dans le débat sociétal actuel (le Québec moderne face aux valeurs religieuses traditionnelles), mais aussi en particulier dans les marges révolutionnaristes, en ce qui concerne les effets sur les luttes ouvrières et populaires de religions telles que la religion maoïste…et son culte néo-traditionnaliste !

Yves Claudé
("bourgeois contre-révolutionnaire": cf les publications du défunt groupe En Lutte)
19-2-2007


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