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Vers une intégration continentaleAnonyme, Sábado, Febrero 17, 2007 - 17:27
David Murray
Peut-être êtes-vous au courant, mais depuis quelques temps déjà des discussions ont cours, plus ou moins à l’abri des regards indiscrets, entre des représentants canadiens, états-uniens et mexicains. Le but de ces discussions : approfondir le processus d’intégration continentale. L’accord qui chapeaute cette intégration est le partenariat pour la prospérité et la sécurité, dont les prémisses furent jetées lors d’une rencontre au sommet tenue en présence du président Bush, de l’ex-président mexicain Vincente Fox et de l’ex-premier ministre Paul Martin, à Waco, au Texas, en mars 2005. On y avait décidé d’étendre les dispositions et objectifs de l’ALÉNA sur l’intégration économique continentale pour y inclure les questions de politique étrangère et de sécurité. Il fut également décidé d’accélérer le processus d’harmonisation des diverses réglementations ayant trait au commerce et à la sécurité. A terme, on vise à implanter un pacte continental en matière énergétique et au niveau des ressources, établir un périmètre de sécurité nord-américain et mettre en place des politiques et réglementations communes en matière d’agriculture et autres domaines reliés à la santé et l’environnement. Le tout, il faut le préciser, à l’abri des regards du public. Il est difficile de savoir combien de rencontres ont eu lieu depuis, mais on sait cependant qu’il y en a eu une très importante, celle du North American Forum, qui s’est tenue à Banff, en Alberta, en septembre dernier. Rencontre tenue secrète tant bien que mal, on en sait maintenant un peu plus sur ce qui s’y est discuté, grâce entre autres à des documents obtenus sous la loi d’accès à l’information aux États-Unis, dont les conclusions furent rapportées par la journaliste Kelly Patterson dans le Ottawa Citizen du 8 février. Parmi les distingués invités, notons la présence de nombreux militaires hauts gradés, de dirigeants de grandes entreprises, de diplomates et autres politiciens, dont Donald Rumsfeld, jusqu’à tout récemment Secrétaire à la défense états-unien, Rick Hillier, chef d’État-major des Forces armées canadiennes, Stockwell Day, ministre de la sécurité intérieure, le PDG de Pengrowth Corp. James Kinnear et un chef exécutif de Lockheed Martin, Ron Covais, sans compter la présence de nombreux représentants du Conseil canadien des chefs d’entreprise, qui regroupe les plus importants dirigeants d’entreprises au Canada et dont l’influence est profonde sur les élites politiques au pays. Bref, on y retrouvait une partie de la crème de l’élite politique et économique actuelle en Amérique du Nord. On y a discuté de plusieurs sujets, comme l’harmonisation des règles en matière d’alimentation et de médicaments, l’élaboration de politiques d’immigration communes et la mise en commun des ressources énergétiques. Mais ce qu’on y a aussi surtout discuté, c’est la façon de vendre ce projet d’intégration continentale. Puisque, fait intéressant, lors de cette rencontre on a reconnu que le concept d’intégration nord-américaine – ce que d’aucuns appellent déjà l’Union nord-américaine – n’était pas très populaire parmi les populations des trois pays. Pour y arriver on parle de procéder selon une évolution « by stealth », à savoir de procéder furtivement. Concrètement, cela signifie de procéder par exemple à des changements de réglementation qui ne nécessitent pas nécessairement l’approbation des divers parlements, comme dans le domaine de l’alimentation, afin de mettre en place les assises d’une intégration nord-américaine. En d’autres mots, on est en train de procéder à des changements significatifs au niveau de nos réglementations et de nos politiques, dans l’optique d’une plus grande intégration entre les trois pays de l’ALÉNA et ce, sans qu’il n’y ait de débat public sur la question, ni même approbation des élus. Rappelons que les médias n’avaient pas accès à la rencontre de Banff, rencontre que l’on présentait d’ailleurs comme privée, bien qu’on y discutait d’enjeux qui sont loin d’être du domaine privé. Bien sûr, dans les hautes sphères du pouvoir on nous dit de ne pas s’en faire. John Manley, ex-ministre des finances canadien et chantre important de l’intégration nord-américaine, parlait de son côté d’une simple conversation entre représentants gouvernementaux et citoyens « privés » bien informés. Toutefois, les décisions qui sortiront de ces rencontres auront des répercussions profondes sur nos vies. L’intégration continue : rendez-vous à Ottawa le 23 février Une autre de ces rencontres est d’ailleurs prévue pour le 23 février prochain, à Ottawa. Il semble que prendront part à cette rencontre Stockwell Day, ministre de la sécurité intérieure, Peter Mackey, ministre des affaires étrangères, de même que Condeleezza Rice, secrétaire d’État américaine. On parle également de la présence possible de Maxime Bernier, ministre de l’industrie canadien, de même que Michael Chertoff, et Carlos Gutierrez, respectivement secrétaire à la sécurité intérieure et secrétaire au commerce aux États-Unis. Selon le Conseil des Canadiens (voir le www.canadians.org ), cette rencontre poursuivra les discussions entreprises l’automne dernier à Banff (décisions qui se poursuivent fort probablement en fait de manière informelle et continuelle). De même, elle aura pour but de préparer la rencontre au sommet prévue à Kanasaskis, en Alberta, du 26 au 29 juin prochain. Ce qui ressort ainsi donc de ces diverses rencontres et du partenariat pour la prospérité et la sécurité, c’est que les gouvernements des trois pays de l’ALÉNA sont résolument engagés sur la voie d’une intégration continentale. Ayant de plus décidé de procéder de manière furtive, nous risquons de nous retrouver éventuellement devant le fait accompli, à moins bien sûr que la vigilance des citoyens et citoyennes ne forcent les partisans de cette intégration à ranger cette idée dans leurs cartons.
Conseil des canadiens
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