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La bourde ?

Anonyme, Jueves, Enero 25, 2007 - 12:54

Nicolas Satgé

L'amalgame douteux de la droite française:souveraineté Québecoise et nationalisme Corse, même combat ?

par Nicolas Satgé

Des rangs de la droite française jusqu’à la Chambre des Communes, les réactions aux propos de Ségolène Royal n’ont pas tardé à se faire entendre. Profitant de la réception d’André Boisclair, chef du Parti Québécois (PQ), la candidate socialiste aux élections présidentielles a affirmé aux journalistes présents que sa position « reflétait des valeurs communes, soit la liberté et la souveraineté du Québec ». Pour ses adversaires politiques hexagonaux, elle a de nouveau fautée. Pour le gouvernement canadien, mué par son irrépressible reflexe pavlovien au mot « souveraineté », elle s’est ingérée dans les affaires du pays.

Depuis les votes des militants socialistes en novembre dernier, qui l’ont unanimement désigné comme candidate du Parti Socialiste (PS) aux élections présidentielles de 2007, Ségolène Royal n’a plus connu de véritable momentum. Son absence de programme, son engagement discret dans certains dossiers importants, son concept flou de « démocratie participative » et ses « bourdes » en termes de politique étrangère font le bonheur des polémistes de tous bords et, surtout, des fidèles lieutenants de Nicolas Sarkozy, son principal adversaire, qui, depuis son sacre du 14 janvier, a entamé la course à l’Élysée tambour battant. Consciente qu’une campagne électorale vide de propositions amenuise grandement la marge d’erreur en termes de communication, Ségolène Royal est aujourd’hui obligée de se défendre tous azimuts.

Profitant du flottement des troupes socialiste, l’UMP, le parti de Mr Sarkozy, s’empresse donc d’exploiter les fameuses « bourdes » de Ségolène Royal et de les étaler médiatiquement. Ainsi dans l’ « affaire Québécoise », Jean-Louis Borloo s’y est collé. Comparant l’opinion de Mme Royal quant à la souveraineté du Québec avec celle d’un hypothétique premier ministre canadien se déclarant favorable à l’indépendance de la Corse ou du Pays Basque, le ministre de l’Emploi, de la Cohésion sociale et du Logement du gouvernement De Villepin, en faisant preuve de recul et d’une grande intelligence, assénait un exemple parfait de mise en perspective.

Mais, est-ce que la comparaison entre le désir de souveraineté québécois et les envies d’indépendance corse ou basque, est vraiment habile ? Le Parti Québécois, principal promoteur de la souveraineté québécoise, a gouverné la province 18 années depuis 1976, respectant le processus démocratique et les libertés de chacun. Des référendums sur la souveraineté ont été commandés, avec les résultats que l’on connaît. Cet idéal, principal cheval de bataille du PQ, n’a donc jamais été imposé à la population. De plus, le parti québécois n’a jamais entretenu de liens avec des organisations violentes ou mafieuses. Son homologue au niveau fédéral, le Bloc Québécois, est très largement majoritaire dans la province.

La différence est de taille avec des partis comme Corsica Nazione ou Herri Batasuna, vitrines politiques « officielles » de mouvements clandestins violents et hors la loi, responsables d’attentats et d’assassinats politiques, qui revendiquent l’autonomie et l’indépendance, respectivement de la Corse et du Pays Basque. Ces partis, minoritaires dans leurs propres fiefs, dont la moralité des dirigeants est sujette à caution, fondent leurs actions politiques sur les menaces et les exactions. Ils n’ont jamais présidé aux destinées d’une province ou d’une région aussi peuplée et diverse que le Québec et n’en prennent pas non plus le chemin. Leurs programmes politiques sont dénués de tout le réalisme indispensable à l’exercice du pouvoir.

Ainsi donc la nouvelle droite française décrète que s’associer au désir de souveraineté du Québec est du même acabit que de soutenir des mouvements fascisants, prônant la haine et la violence. Ce genre de parallèle fait montre d’une incompétence crasse sur le dossier québécois et la politique étrangère, « incompétence » dont Ségolène Royal est plus souvent qu’à son tour accuser par cette même droite. Alors que la candidate socialiste exprime ses convictions, le clan Sarkozy fait des amalgames douteux.

Et rate le coche. Au lieu de stigmatiser le PQ et d’en faire l’égal d’un parti fasciste, l’UMP aurait pu profiter de la visite d’André Boiclair pour souligner que les idéaux nationalistes qui animent aujourd’hui les souverainistes québécois sont les mêmes que ceux qui animaient les initiateurs de la « révolution tranquille » des années 60. Véritable lame de fond pacifiste, la « révolution tranquille » changea profondément la société québécoise, notamment en modernisant drastiquement les institutions. Mr Sarkozy, aurait eu un parfait exemple de « rupture tranquille » à proposer aux français.

Nicolas Satgé


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