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Chronologie de la lutte des Peuples de Oaxaca

Anonyme, Sábado, Enero 13, 2007 - 20:25

La chronologie de la lutte des Peuples de Oaxaca depuis juin jusqu'à decembre 2006.

[ Aussi: Mise en contexte et chronologie des événements
par Comité de solidarité avec l’APPO (Québec)
]

22 mai : 70000 instituteurs de Oaxaca se mettent en grève pour une revalorisation de leur salaire. 20 000 grévistes occupent le centre-ville.

2, 7 juin : des « mégamarches » rassemblent jusqu'à 800 000 manifestants.

14 juin : 2000 policiers attaquent à l'aube le campement. Trois heures plus tard, les instits, soutenus par la population, se réinstallent au centre-ville.

17 juin : 365 organisations civiles se joignent au mouvement des professeurs. Création de l'Assemblée Populaire du Peuple de Oaxaca (APPO), qui exige la destitution du gouverneur et intensifie les blocages.

Fin juin : Dans tout l'Etat de Oaxaca, les occupations de mairies se multiplient, les membres de la APPO occupent des édifices publics, dans certaines communes ils expulsent les maires et réquisitionnent les véhicules officiels.

2 juillet : Élections présidentielles. Le PRI est balayé dans les urnes. Le candidat de gauche, qui était favori, dénonce une fraude du PAN et mobilise ses partisans.

17 juillet : la APPO mène des actions symboliques contre des lieux touristiques. Bloquent les accès à certains hôtels et complexes touristiques. Le ministre du tourisme parle de catastrophe « comparable à l'ouragan Wilma. »

27 juillet : L'APPO demande explicitement au Sénat de destituer le gouverneur, qui affirme que « Oaxaca est en paix ».

1er août : Une manif de femmes armées de casseroles occupe la radio-télévision officielle.

3 août : Des hommes masqués tirent à la kalachnikov sur les locaux de la télé occupée.

9 août : 3 membres de la APPO sont assassinés. Arrestation de deux leaders de l'APPO, accusés de rébellion. Trois instits sont enlevés par des inconnus et torturés dans un commissariat.

10 août : Manif réclamant la libération des trois instits. Des paramilitaires ouvrent le feu : un mort. Un site Internet appelle au meurtre des figures de l'APPO.

16 août : Les organisations patronales supplient le président Fox d'intervenir, parlant de « dégâts économiques à effet domino ».

21 août : Des paramilitaires expulsent les occupants de la télé officielle. Dans les heures qui suivent, l'APPO investit douze radios commerciales.

22 août : Un « convoi de la mort » parcourt les rues et tire sur les radios occupées : deux morts. Des dizaines de barricades se dressent pour empêcher les tueurs de circuler.

30 août : Le quotidien La Jornada révèle que 1 200 hommes de main s'entraînent dans deux casernes du centre du pays en vue d'intervenir contre les mouvements d'insurrection civile.

1er septembre : Mégamanif. L'APPO réclame un soutien plus actif des zapatistes. « Les rues puent la sueur d'Indien et le graffiti anarcho-punk », écrit un journaliste.

28 septembre : L'APPO décrète l'alerte maximale face aux attaques armées et actes de violence commis en leur encontre en divers points de la ville.

3 Octobre : pour soi-disant résoudre le conflit, le gouvernement organise une table ronde ; en réalité c'est une farce au peuple de Oaxaca puisque les sujets brulants ne sont pas évoqués, la APPO n'est pas conviée. N'y participent que des personnes proches d'Ulises Ruiz ; le forum ne prend pas en compte les revendications et les ignorent totalement alors que cela fait plus de 4 mois qu'ils sont en grève. Ils décident alors la création d'une table ronde alternative à l'officielle, pour que leurs voix soient entendues, coûte que coûte et malgré l'acharnement du gouvernement à leur encontre.

9 octobre : Après avoir marché plus de 500 km la marche de Oaxaca arrive sur Mexico, les marcheurs se dirigent instantanément devant le Sénat. Des milliers de citadins, d'enseignants et de membres d'organisations sociales envahissent les rues en solidarité avec les gens de Oaxaca. Ce même jour est crée une section de l'APPO à Los Angeles, Californie.

19 octobre : Le Sénat rend son verdict : selon lui la paix règne à Oaxaca donc il n'y a pas lieu de destituer le gouverneur. Des milliers des personnes marchent en Oaxaca pour refuser la décision du sénat qui favorise Ulises Ruiz.

27 octobre : Une vague de répression policière et paramilitaire fait trois morts et 23 blesses. Bradley Roland Will, collaborateur new-yorkais d'Indymedia, est abattu par des coups de feu tirés par priistes. L'APPO annonce l'alerte maximale face à la répression.

28 octobre : Le gouvernement mexicain lance un ultimatum à l'APPO pour enlever les barricades et libérer les voies de communication et installations publiques occupées. L'APPO rejette l'ultimatum. La présidence mexicaine, au nom « de l'état de droit » mobilise plus de 4 000 effectifs de l'armée de terre et de la marine, de la police fédérale, entre autres en différents endroits de l'état de Oaxaca.

29 octobre : Les forces fédérales envahissent la ville de Oaxaca ; la mission consiste à écraser les barricades et capturer les dirigeants du mouvement social. Bon nombre de policiers sont armés ; face à cela, les manifestants restent sur une position pacifique : des vieux, des jeunes, des enfants même crient des slogans contre les forces de l'ordre en répudiant leur présence. Diverses mobilisations de soutien ont lieu simultanément en différentes villes du Mexique et dans plusieurs pays du monde. A la fin de la journée la police fédérale contrôle le centre historique de la ville.

30 octobre : Le gouverneur de l'Etat d'Oaxaca, Ulises Ruiz, fait preuve d'une arrogance sans pareil en affirmant qu'il ne démissionnera pas, et ce malgré les demandes des députés, du Sénat et de son propre parti politique. Des manifestations en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique latine continuent de demander le retrait de la police fédérale à Oaxaca. L'ONU et différentes ONGs se prononcent contre la violence exercée contre le peuple de Oaxaca et demandent le respect des droits de l'homme.

1 novembre : La caravane de « l'autre campagne » bloque pendant plus de 30 min le pont international Lerdo à la frontière des E.U pour protester contre l'incursion de la PFP dans la ville de Oaxaca et en soutien à l'APPO.

2 novembre : La PFP, en invoquant l'argument de démantèlement des barricades, attaque les installations de la Université de Oaxaca en jetant des grenades et du gaz lacrymogène. Des étudiants, des pères de familles et des habitants du quartier défendent les installations de l'université. Les affrontements durent 7 heures.

5 novembre : sixième « mégamarche » qui exige la sortie de la PFP et la démission d'Ulises Ruiz. L'APPO lance un énième appel au dialogue pour le mardi 7 novembre, Samuel Ruiz, ancien évêque du Chiapas, est invité comme médiateur.

7 novembre : Ni le gouvernement ni les patrons d'Oaxaca n'assisteront à la table de dialogue qu'avait convoqué l'APPO. Pendant ce temps, de nouveaux contingents de policiers continuent d'arriver à Oaxaca pour renforcer les effectifs qui occupent le centre historique de la ville.

10, 11 y 12 novembre : a lieu le Congrès constituant de l'APPO. Environ 250 organisations de l'état de Oaxaca sont présentes. La dynamique se centre autour de trois thèmes principaux :

Table 1, analyse du contexte international, national et régional, à l'intérieur duquel se constitue l'Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca.

Table 2, la crise des institutions : pour une réforme intégrale de l'État libre et souverain d'Oaxaca, pour un nouveau gouvernement, une nouvelle constituante et une nouvelle constitution.

Table 3, l'Assemblée populaire des peuples d'Oaxaca, perspectives, déclaration de principes, statuts et buts, plan d'action à court, moyen et long terme. Le résultat de ce Congrès a été la création d'un corps collectif de 250 représentants des organisations sociales de l'état. Le principe de révocabilité du mandat de ces représentants reste dans l'esprit de l'APPO et les décisions importantes seront toujours prises en assemblée.

13 novembre : des présumés paramilitaires commettent un massacre dans la région forestière de Montes Azules au Chiapas, en tuant neuf femmes et hommes, ainsi que deux enfants, tous indiens.

20 novembre : Lors d'une marche effectuée par l'APPO un affrontement a lieu avec la PFP. Cette dernière attaque le campement de la place de Santo Domingo ; la police se retire, le campement reste sur pied.

25 novembre : L'APPO effectue la septième mega marche pacifique à Oaxaca qui se termine sans trop de complications ; l'objectif est d'encercler la PFP de façon pacifique pour essayer de récupérer le centre ville. La PFP attaque les manifestants avec du gaz lacrymogène et des priistes attaquent également les manifestants ; la bataille se prolonge jusqu'à la nuit. De coups de feux résonnent aux alentours de la faculté de médicine et dans d'autres endroits de la ville. On compte environ 140 blessés, 150 arrestations, plusieurs bâtiments publics, privés, ainsi que voitures sont brûlés. Le campement de la place Santo Domingo est brûlé et sous contrôle de la force publique (PFP).

26 novembre : URO, entouré d'un grand dispositif policier, ose marcher dans le centre ville, il est soutenu par ses partisans du PRI. La LIMEDH rend public un rapport dans lequel elle recense 146 détenus après les affrontements de la veille, des témoignages de torture physique infligées aux détenus comment à circuler : certains hommes ont reçu des chocs électriques.

4 décembre : Flavio Sosa, un des porte parole de la APPO et trois autres membres de l'organisation sont arrêtés à México et mis en prison alors qu'ils étaient à México précisément pour rencontrer des autorités le lendemain afin de tenter de renouer le dialogue.

10 décembre : L'APPO réalise une 10ième « mega marche » pacifique. Les consignes ont été la destitution d'URO, retrait des forces del'ordre, la libération de prisonniers politiques (260 personnes au total), l'amnistie des membres de l'APPO et la présentation en vie des personnes disparues. La présence de la PFP continue dans le centre de la ville de Oaxaca, ainsi que les arrestation arbitraires. Un groupe de membres du PRD ont participé dans cette marche, ce fait est vu comme un acte d'opportunisme de la part du PRD.

22 décembre : À l'appel du EZLN, des mobilisations nationales et internationales ont eu lieu. Des milliers des personnes ont sorti dans la rue pour exiger la libération des prisonniers politiques, la substitution d'Ulises Ruiz et le départ de la Police Fédéral de l'Etat de Oaxaca.

Au jour d'aujourd'hui (fin décembre), la ville est comme dans un état de siège, les membres de la APPO qui ne sont pas en prison sont dans la clandestinité puisqu'il y a des ordres d'appréhension à leur encontre. Et le plus grave peut être 120 disparus.

Source : Mensuel CQFD no. 37 (septembre 2006), mensuel « le jouet enragé » no. 2 (octobre 2006), journal « El universal » (30-octobre-2006), journal « La Jornada », centre de medias libres de Mexico « vientos » (http://vientos.info/cml/)

Notes

PFP : Police Fédérale Préventive

URO : Ulises Ruiz Ortiz

PRI : Parti Révolutionnaire Institutionnel

PRD : Parti Révolutionnaire Démocratique

LIMEDH : Lige Mexicaine par la Défense des Droits de l'Homme



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