|
L'écart s'accentue entre les riches et les pauvresEric Smith, Lunes, Diciembre 18, 2006 - 14:08
Arsenal-express
Deux études parues à une semaine d'intervalle sont venues confirmer, à leur échelle respective, la tendance lourde et inévitable qui accompagne le développement du système capitaliste mondial à l'époque qui est encore la nôtre (savoir, celle de l'impérialisme): cette tendance, c'est l'approfondissement continu des écarts entre les riches et les pauvres -- plus précisément, entre la minorité de possédantes et de possédants et la grande majorité des habitantes et habitants de la planète qui n'ont rien d'autre pour subsister que leur force de travail. Publiée par l'Institut mondial de recherche sur l'économie du développement de l'Université des Nations unies (1), la première étude met en relief le fait que les richesses sont si inégalement distribuées à l'échelle mondiale que les 2% des adultes les plus riches détiennent plus de 50% des avoirs; tandis qu'à l'inverse, les 50% les plus pauvres ne jouissent que d'1% seulement de l'ensemble des richesses disponibles. Ces chiffres spectaculaires, qui recouvrent une réalité faite de misère, de famines et de souffrances pour des milliards d'êtres humains, font ressortir une fois de plus ce qui constitue l'une des caractéristiques les plus fondamentales du monde dans lequel on vit, conséquence de la domination d'une poignée de puissances impérialistes sur la majorité des peuples et des nations opprimées. L'étude démontre en effet que plus de 90% de la richesse mondiale est concentrée en Amérique du Nord, en Europe et dans quelques autres pays, tels l'Australie et le Japon. Alors que sa population adulte totalise à peine 6% de la population adulte mondiale, l'Amérique du Nord n'en détient pas moins plus de 34% de l'ensemble des avoirs! En outre, il appert que les pays que les économistes bourgeois qualifient "d'émergents" et qui affichent un taux de croissance parfois spectaculaire ont encore un bon bout de chemin à faire avant de rattraper les grandes puissances. Même si elle compte un nombre important de super-riches, la Chine, pour une, se situe encore bien loin du peloton de tête -- ce qui témoigne de l'ampleur des inégalités qu'on y connaît: un très petit nombre de multimillionnaires, certes, mais des centaines de millions d'indigentes et d'indigents. Selon la même étude, la moitié des personnes adultes à l'échelle de la planète possèdent des avoirs dont la valeur nette se chiffre à moins de 2 200$ US; si l'ensemble des richesses mondiales étaient distribuées également, chaque personne adulte aurait un avoir net de 20 500$. Par ailleurs, l'étude fait état d'importantes variations quant à la concentration de la richesse à l'intérieur de chacun des pays. Ainsi, aux États-Unis, les 10% les plus riches détiennent 70% de l'ensemble des avoirs disponibles, comparativement à 61% en France et à 56% au Royaume-Uni. Dans une autre étude tout récente (2), Statistique Canada constate l'existence du même phénomène au pays -- un phénomène qui va en s'accentuant. Selon l'organisme gouvernemental, "l'écart entre les familles ayant la valeur nette la plus élevée et celles ayant la valeur nette la plus faible s'est élargi entre 1999 et 2005". Au cours de cette période, la valeur nette médiane des avoirs des 20% de familles les plus riches a augmenté de 19%; si on la compare à l'année 1984, qui est l'année précédente où une enquête similaire a été conduite, cette augmentation se chiffre à 64%. Pendant ce temps, la valeur nette médiane des avoirs des familles les plus pauvres a stagné, nous dit-on; en fait, cette valeur a baissé, tenant compte de l'endettement (en réalité, la valeur des actifs des 20% de familles les plus pauvres n'a jamais dépassé la valeur de leurs dettes au cours de la période de référence allant de 1984 à 2005). Au total, les familles des 20% les plus riches détenaient au moins 75% de la richesse totale des ménages en 2005, contre 73% en 1999 et 69% en 1984. Nous disons au moins car l'étude ne tient pas compte de la valeur des régimes de retraite agréés, des objets de collection et de valeur, des rentes, ni celle des fonds enregistrés de revenu de retraite: on peut donc raisonnablement penser que l'écart entre les plus riches et les plus pauvres, dans les faits, est encore plus prononcé. Ces chiffres, en soi, n'ont rien de surprenant. La bourgeoisie ne cherche d'ailleurs même pas à les dissimuler: ses instituts de recherche en font état régulièrement, tout comme ses organes de presse. Toute la question est de savoir quelles conclusions on doit en tirer! Pour les bourgeois, le plus souvent, tout cela sera vu comme un "dommage collatéral" -- une sorte de conséquence inévitable de "l'accroissement de la richesse collective qui profite à tous et sans lequel le partage s'avère impossible" (le partage des miettes, s'entend!). Pour d'autres, ces chiffres témoignent d'une situation délicate, voire d'un danger certain, en ce que le phénomène qu'ils expriment recèle un potentiel de révolte, voire de révolution: à tout le moins, ces inégalités risquent de mettre en cause la sacro-sainte paix sociale et la confiance relative que les oppriméEs doivent continuer à afficher à l'endroit du système, toutes deux nécessaires à la poursuite des affaires et au "progrès de la civilisation". Ces gens, qui se poseront comme des "visionnaires" voyant plus loin que les intérêts à court terme de tel ou tel capitaliste, proposeront donc toutes sortes de mesures pour atténuer les "pires excès" du capitalisme: meilleure distribution de la richesse, amélioration des programmes caritatifs, etc., -- le but étant toujours de prévenir la révolte et d'empêcher les gens de "décrocher du système" (quel malheur, quand ça se produit!). Mais pour le prolétariat révolutionnaire, le développement des inégalités et l'appauvrissement constant de la majorité de la population du globe constituent une tendance de fond, à laquelle il est impossible d'échapper sans s'attaquer aux fondements même du système dans lequel on vit. De par son ampleur et sa profondeur, cette tendance crée les conditions pour l'unification de tous les laissés-pour-compte, autour du seul projet réaliste capable d'assurer le bien-être et l'émancipation de l'ensemble de l'humanité: celui du communisme révolutionnaire, qui apparaît désormais plus pertinent que jamais. (1) La répartition mondiale du patrimoine des ménages, disponible (en anglais) sur http://www.wider.unu.edu. (2) "Inégalité de la richesse: second regard", dans L'emploi et le revenu en perspective, vol. 7, n° 12, décembre 2006, disponible sur http://www.statcan.ca/francais/freepub/75-001-XIF/75-001-XIF2006112.pdf. -- Article paru dans Arsenal-express, nº 122, le 17 décembre 2006. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
Site Web du PCR(co)
|
|
||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Ceci est un média alternatif de publication ouverte. Le collectif CMAQ, qui gère la validation des contributions sur le Indymedia-Québec, n'endosse aucunement les propos et ne juge pas de la véracité des informations. Ce sont les commentaires des Internautes, comme vous, qui servent à évaluer la qualité de l'information. Nous avons néanmoins une
Politique éditoriale
, qui essentiellement demande que les contributions portent sur une question d'émancipation et ne proviennent pas de médias commerciaux.
|