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Quelles leçons tirer du mouvement d'Oaxaca?

Anonyme, Martes, Diciembre 12, 2006 - 10:12

Le changement actuel de gouvernement au Mexique n'augure rien de bon pour les travailleurs exploités, ouvriers, employés, journaliers et paysans pauvres.

Après avoir assumé l'élection de Calderon à la présidence, l'Etat bourgeois - avec toutes ses forces, police, juges, médias - a poursuivi et accentué la répression contre les travailleurs en lutte à Oaxaca. Après l'évacuation du "plantón" [le piquet devant le palais du gouverneur] d'Oaxaca par la Police Fédérale et par d'autres forces de répression au prix de centaines de blessés et de prisonniers, un véritable état d'urgence a été instauré avec des patrouilles incessantes, des perquisitions brutales dans les maisons, un couvre-feu non seulement dans la ville mais aussi à travers tout l'Etat. Il s'agit là de la concrétisation des déclarations du "nouveau" gouvernement sur la nécessité de "combattre l'insécurité" et d'"améliorer les conditions de vie des soldats", c'est-à-dire le renforcement de la police et de l'armée et l'écrasement de tout mouvement de protestation sociale.

Au niveau de l'économie mondiale, les signes d'une nouvelle récession ouverte s'accumulent, ce qui signifie aujourd'hui des attaques redoublées du capital contre les conditions de vie et de travail de tous les prolétaires.

Face à cette situation, la colère ouvrière, le mécontentement des travailleurs et leur sentiment "qu'il faut faire quelque chose", qu'ils doivent lutter d'une manière ou d'une autre pour défendre leurs conditions de vie, se développent partout, comme on l'a vu ces derniers mois non seulement avec le mouvement d'Oaxaca mais aussi dans d'autres mouvements et grèves à travers tout le pays - bien que les médias aient pris la précaution de leur donner le moins de publicité possible (à Volkswagen, dans le secteur de la canne à sucre, chez les mineurs, dans les lycées, à l'école normale d'Ayotzinapa etc.). Cependant, l'impasse dans laquelle se sont retrouvées la plupart de ces mouvements sociaux, et particulièrement celui d'Oaxaca - qui, après 5 mois de résistance acharnée s'est achevé dans la répression et la persécution -, pose aujourd'hui, au prolétariat, la question : COMMENT LUTTER ÉFFICACEMENT ? En d'autres termes, comment la classe prolétarienne peut-elle défendre ses intérêts face à l'impressionnante machine de l'Etat capitaliste ? Le mouvement d'Oaxaca fournit des enseignements précieux pour ses luttes à venir.

Quelles revendications pour la lutte ?

À Oaxaca, le mouvement avait commencé par une grève des instituteurs pour des revendications salariales (la "rezonificación"). Mais, dès la première vague de répression engagée par le gouvernement régional, et bien que le mouvement se soit élargi à d'autres secteurs, il a effectué un virage vers une revendication qui était un piège, une véritable impasse pour les travailleurs : la "destitution du gouverneur" afin de "démocratiser" l'Etat régional, c'est-à-dire une revendication qui leur est étrangère et qui les enfermait dans une lutte entre les différentes fractions de la bourgeoisie pour le poste de gouverneur. Elle les a éloignés de la lutte pour la défense de leurs propres intérêts de travailleurs et elle les a livré aux forces répressives de la bourgeoisie. Ainsi, le premier aspect pour lequel les travailleurs en lutte doivent se battre, est celui de se maintenir sur leur propre "terrain de classe". En d'autres termes, empêcher que le mouvement pour leurs propres revendications - pour des augmentations de salaire, pour de meilleures conditions de travail, contre les licenciements, etc. - ne soit dévoyé, en particulier vers une lutte qui les amène à se placer derrière une fraction du capital, de gauche ou de droite, sur un terrain "démocratique" qui n'est pas le leur. Le renforcement du mouvement ne peut pas se faire si les travailleurs abandonnent leurs revendications immédiates mais, au contraire, en donnant à celles-ci une dimension plus large qui concerne toute la classe prolétarienne ; cela afin que d'autres secteurs ouvriers puisse s'y reconnaître et, à partir de là, se joindre à la lutte. Ainsi, par exemple, la "rezonificacion"des instituteurs d'Oaxaca n'est que leur revendication pour l'augmentation de leur salaire - revendication dans laquelle tout travailleur exploité peut se reconnaître. La bourgeoisie est consciente de ce danger pour elle et c'est pour cela qu'elle fait tout pour détourner les ouvriers de leurs revendications immédiates légitimes et de leur terrain de classe.

Comment mener le combat ?

C'est à partir de la lutte pour leurs revendications immédiates que les travailleurs doivent essayer d'étendre le mouvement à d'autres secteurs. C'est une question cruciale qui se pose à chaque lutte et de laquelle dépend, en grande partie, son résultat. C'est quelque chose que la bourgeoisie sait aussi et c'est la raison pour laquelle, par l'intermédiaire des syndicats et des organisations de gauche et gauchistes, elle fait tout pour isoler chaque lutte secteur par secteur, entreprise par entreprise, ou même par zone (comme dans le cas des instituteurs). Ainsi, à Oaxaca, bien que quelques secteurs de paysans pauvres et d'étudiants ont rejoint la lutte des instituteurs, celle-ci ne s'est pas étendue sur la base des revendications salariales - que le syndicat a réussi à écarter - mais finalement s'est retrouvée isolée, enfermée dans le piège d'une "revendication démocratique locale" - la destitution du gouverneur en place - sur la base de laquelle les travailleurs d'autres régions, et même de l'Etat d'Oaxaca lui-même, ne pouvaient se sentir réellement concernés.

De plus, Oaxaca a démontré à grande échelle l'inefficacité des "formes de lutte" telles que les "plantón", les "marches" ou encore les "grèves de la faim" qui ne conduisent qu'à l'épuisement physique et moral des travailleurs en lutte. Toutes les conditions ont, ainsi, été réunies pour que la répression s'abatte.

Au lieu de cette forme de lutte, qui les expose à un épuisement inutile durant des semaines ou des mois, qui les isolent et les laisse à la merci des forces de répression, les travailleurs doivent rechercher d'autres formes de lutte qui conduisent surtout à une véritable extension du mouvement aux usines et entreprises des alentours, sur la base de revendications ouvrières communes, en menant des grèves dans lesquelles les travailleurs, au lieu de rester de "garde" ou en "piquet", sortent en larges délégations pour appeler les autres secteurs à s'unir à la lutte, en organisant des manifestations de rue les plus massives, combatives et unifiées possible. S'il y a quelque chose qui puisse freiner - même temporairement et partiellement - une attaque de la bourgeoisie contre les conditions de vie des travailleurs, et quelque chose qui puisse écarter la menace de répression (ou, si nécessaire, l'affronter efficacement), c'est un mouvement de cette nature (massif et unifié), un mouvement qui ne soit pas sous l'emprise des organisations de contrôle de la bourgeoisie (syndicats, partis de gauche et gauchistes).

Ouvriers de l'industrie et des services, journaliers agricoles, employés publics, instituteurs, travailleurs de la santé, étudiants de familles salariées, retraités, chômeurs, travailleurs précaires ! Prolétaires !

Aujourd'hui plus que jamais, la situation historique que nous vivons, exige de prendre conscience de la grave mais impérieuse responsabilité qui pèse sur les épaules de la classe prolétarienne. La répression du mouvement d'Oaxaca est seulement l'épisode le plus récent de l'offensive politique que mène depuis des mois la bourgeoisie pour piéger les prolétaires dans des fausses alternatives telles que celle de "démocratie ou répression", "gauche ou droite" ("Lopez Obrador ou Calderon"), afin de les désarmer et finalement les réprimer.

Cette offensive de la bourgeoisie mexicaine, à son tour, n'est qu'une variante "nationale" de l'offensive politique que l'ensemble des bourgeoisies de tous les pays développe contre la classe ouvrière afin de vaincre sa résistance et afin de l'attacher aux intérêts de "sa" propre bourgeoisie nationale dans la perspective d'une nouvelle guerre impérialiste mondiale, seule issue à la faillite du capitalisme.

Le mouvement d’Oaxaca doit servir d'expérience pour les futurs combats de la classe ouvrière. S'il met en évidence un certain nombre de pièges que celle-ci doit éviter, il n'en reste pas moins, pour elle, un exemple à suivre tant du point de vue de la détermination que du courage exprimé par les travailleurs en lutte. Partout les prolétaires doivent prendre conscience non seulement qu'il leur est nécessaire de lutter ainsi pour défendre leurs conditions de vie et de travail mais aussi que leur lutte est cruciale pour le futur de l'humanité.

Sa résistance d'aujourd'hui prépare ses combats décisifs de demain qui mettront à bas le capitalisme, ce système qui ne peut apporter à l'humanité que plus de misère, de famine et de morts.

Fraction interne du CCI
Bulletin communiste 8 décembre 2006.

Reproduit par des communistes internationalistes,
à Montréal
cim_...@yahoo.com



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