RéuniEs à Montréal le week-end dernier à l'occasion de la tenue du Congrès révolutionnaire canadien (CRC), des militantes et militants représentant des camarades de plusieurs villes et provinces à travers le pays ont appuyé avec enthousiasme la création du Parti communiste révolutionnaire, dont la mise sur pied imminente viendra conclure plus de six années de luttes de la part du PCR(co).
Le CRC avait été convoqué dès le mois de février à l'initiative du PCR(co), dans le but de rassembler le plus grand nombre possible de prolétaires révolutionnaires autour d'un projet à la fois simple et exigeant: celui de bâtir cet instrument indispensable au déploiement de la lutte révolutionnaire du prolétariat canadien que constitue un parti marxiste-léniniste-maoïste, lié au mouvement communiste international.
Le rassemblement à Montréal de militantes et militants venuEs de nombreuses villes à travers le Québec, mais aussi de l'Ontario et d'aussi loin que l'Ouest canadien, loin des yeux et des oreilles de la bourgeoisie et de ses forces de sécurité représente une importante victoire, en soi, qui témoigne du sérieux avec lequel tous ces précurseurs ont pris en charge la préparation du congrès. Il n'est en effet rien de plus important, pour quiconque souhaite en finir avec le capitalisme et l'impérialisme et prendre part au grand combat pour libérer l'humanité de toute forme d'oppression et d'exploitation, que de mener cette bataille si fondamentale pour la construction d'un parti révolutionnaire.
Quel contraste avec le spectacle médiatique organisé au même moment au congrès du parti Québec solidaire de Françoise David, qui se propose "d'améliorer le système" en participant au jeu parlementaire bourgeois et en renforçant les vieilles institutions obsolètes sur lesquelles repose le système de domination de la grande bourgeoisie canadienne! Pour les participantes et participants au Congrès révolutionnaire canadien, l'objectif était tout autre, et bien plus vaste: il s'agit non pas de créer "un parti de plus" pour allonger la liste aux prochaines élections, mais de bâtir un parti qui sera l'arme politique du prolétariat révolutionnaire; un parti qui sera la somme de toutes nos capacités -- idéologiques, politiques, organisationnelles et combattantes -- et qui aura la volonté et la détermination de mener le combat jusqu'au bout, i.e. jusqu'à l'établissement du communisme à l'échelle mondiale. Vaste programme, dira-t-on! Mais peut-on se permettre encore longtemps de laisser le capitalisme conduire l'humanité à sa perte comme il le fait actuellement -- et de plus en plus férocement?
Deux congrès séparés, qui se tenaient en même temps mais que tout séparait. Ils représentaient à la fois deux conceptions et deux mondes parfaitement opposés: le vieux monde capitaliste et impérialiste, qui a fait son temps, et le nouveau monde communiste, à qui échoit toujours la tâche de libérer le prolétariat et l'ensemble des oppriméEs.
Conscientes et conscients de leur responsabilité historique et de leur place modeste, certes, mais solidement ancrée dans la lutte centenaire du prolétariat mondial, les participantes et participants au Congrès révolutionnaire canadien ont d'abord observé une minute de silence à la mémoire des camarades qui ont donné leur vie pour la cause du communisme et qui sont tombéEs au combat depuis la tenue du premier congrès du PCR(co), il y a trois ans. Parmi eux et elles, on a tenu à souligner la perte de nos deux jeunes camarades de la région de Mont-Laurier au Québec, "Bridge" et "Montévarius", qui ont perdu la vie au printemps 2004 dans un tragique accident alors qu'ils accomplissaient un travail politique que l'organisation leur avait confié; de même que celles du camarade Sunil du Parti communiste du Népal (maoïste), que nous avons eu l'énorme privilège de rencontrer et de côtoyer, quelques jours à peine avant que les tirs d'un hélicoptère de l'Armée royale du Népal ne viennent le faucher, en novembre 2005; du camarade Zhang Chungqiao -- cet immense révolutionnaire du 20e siècle qui a dirigé la Grande révolution culturelle prolétarienne en Chine aux côtés de Mao et de sa compagne Jiang Qing et qui est mort après plus de 20 ans de détention par les révisionnistes, sans jamais renoncer aux idéaux communistes; et de nos chers-ères camarades du Parti communiste maoïste de Turquie et du Kurdistan du Nord qui ont été piégéEs et massacréEs par les forces de sécurité de l'État turc dans les circonstances que l'on sait en juin 2005.
Après la présentation du rapport introductif du comité de correspondance politique du CRC, les représentantes et représentants d'une quinzaine d'organismes -- comités d'organisation du PCR, groupe de sympathisantes et sympathisants, organisations de masse comme le Front rouge des jeunes, collectifs militants, etc. -- se sont prononcéEs sur les conditions actuelles de la lutte des classes et sur la création du Parti communiste révolutionnaire. Certains l'ont fait à partir de leur propre bilan; d'autres ont tenu à soulever leurs points d'unité, mais aussi les questions que posent la ligne stratégique et le programme du PCR(co). Tous et toutes ont toutefois salué la formation du PCR et souligné qu'il s'agissait d'un pas en avant non seulement pour les révolutionnaires du Canada, mais aussi pour l'ensemble du prolétariat mondial.
Le Congrès révolutionnaire canadien s'est d'ailleurs déroulé en présence de supporters du Parti communiste (maoïste) d'Afghanistan, du Parti communiste d'Iran (marxiste-léniniste-maoïste), du Parti communiste des Philippines et de la Coordination bolivarienne continentale, qui ont transmis les salutations de leurs organisations respectives. Des messages de solidarité ont également été reçus d'Italie, d'Irak, du Bangladesh et de Colombie.
Le message du parti maoïste afghan, pour un, a été reçu avec énormément d'enthousiasme de la part des participantes et participants qui se sont spontanément levéEs pour l'acclamer. Comme le message l'a rappelé, au cours des derniers mois, les troupes canadiennes, de concert avec les autres forces de l'OTAN commandées par un général canadien, ont commis de véritables tueries de masse contre la population civile afghane. Le message ajoutait: "Nous osons croire que la dénonciation de ces crimes impérialistes par votre parti aidera à déclencher un puissant mouvement de masse au cœur même de ce bastion de l'impérialisme qu'est le Canada, qui contribuera au développement de la lutte révolutionnaire et prolétarienne dans votre pays."
Les participantes et participants au CRC ont également eu la chance de prendre connaissance d'un important message en provenance du Comité du Mouvement révolutionnaire internationaliste -- le MRI, qui regroupe plusieurs partis et organisations maoïstes à l'échelle internationale. Tout en soulignant l'important pas en avant que représente la formation d'un parti communiste révolutionnaire d'avant-garde au Canada, le Comité du MRI a tenu à rappeler qu'avec la création du parti "vient aussi la responsabilité de se baser fermement sur la théorie révolutionnaire, de façon à s'assurer -- pour reprendre l'analogie de Mao -- de choisir les bonnes flèches et de viser les bonnes cibles." En outre, l'internationalisme prolétarien exige d'ancrer la révolution au Canada dans l'objectif d'émanciper l'humanité tout entière. L'internationalisme ne saurait se résumer à une version plus ou moins militante de la solidarité que les peuples savent déjà exprimer entre eux: il s'agit de construire le parti d'avant-garde du prolétariat canadien comme partie intégrante du mouvement communiste international, en partant du fait que le prolétariat ne constitue qu'une seule et même classe à l'échelle mondiale.
Ces propos rejoignent ceux qui ont été prononcés par la camarade qui s'est exprimée au nom du Comité central du PCR(co). Après avoir brossé un portrait rapide de l'histoire et des luttes de ligne qui ont propulsé le petit noyau de communistes révolutionnaires qui ont constitué le PCR(co) jusqu'à l'étape actuelle, la camarade a précisé: "Toute l'accumulation de cette expérience, des reculs et des avancées, nous ramène à cette affirmation toute simple de Mao: pour faire la révolution, ça prend un parti révolutionnaire. Et de la même façon, nous reprenons à notre compte cette phrase tout aussi simple de Lénine: sans théorie révolutionnaire, pas de parti révolutionnaire. Cette théorie de la révolution, ce guide pour l'action est concentré dans le marxisme-léninisme-maoïsme. Aujourd'hui, il faut rendre cette théorie vivante au Canada et l'appliquer dans la pratique de la révolution et pour la conquête du pouvoir du prolétariat contre la bourgeoisie canadienne. [...] Aujourd'hui, nous faisons appel à la responsabilité de tous les révolutionnaires au Canada, d'assumer avec nous cette tâche qui se traduit dans l'urgence de se donner une organisation qui incarnera l'unité des révolutionnaires et la défense du MLM et du programme qui le supporte."
Au terme du congrès, les participantEs ont adopté quatre propositions à la quasi-unanimité, sauf quelques abstentions.
La première résolution adoptée porte sur la création du PCR. Après un certain nombre de considérations, le texte adopté affirme: "Nous, participants et participantes au Congrès révolutionnaire canadien (CRC), appuyons sans réserve la création imminente du Parti communiste révolutionnaire. Nous entendons faire connaître et populariser auprès de la population canadienne, dans le plus grand nombre de villes, dans tous les milieux prolétariens et auprès des groupes et réseaux de militants et militantes la création du PCR. C'est avec fierté et enthousiasme que nous entendons ainsi porter loin vers l'avant la lutte des pauvres et des prolétaires du Canada contre le pouvoir de la bourgeoisie impérialiste. Nous ferons tout pour que notre appui se transforme dans la réalité de tous les jours en une puissante initiative des masses prolétariennes. Appuyons le PCR et déployons dès maintenant à travers tout le Canada le plus vaste mouvement de lutte pour le socialisme que le pays aura connu!"
La deuxième soutient "le développement du Mouvement révolutionnaire internationaliste comme force de ralliement des révolutionnaires du monde entier". La troisième réaffirme l'appui des révolutionnaires du Canada au Parti communiste du Népal (maoïste) dans sa lutte pour "créer, avec l'aide de la population du Népal, une véritable démocratie nouvelle qui permettra de démolir le vieil État et d'en construire un nouveau dans lequel le peuple exercera le pouvoir, sous la direction du parti, afin de poursuivre la lutte vers le socialisme et le communisme". Et enfin, la dernière proposition, présentée sur le plancher du congrès, lance l'appel à la tenue d'un deuxième Congrès révolutionnaire canadien en 2008, à Toronto, dans le cadre des efforts qui seront consacrés pour déployer l'activité du nouveau parti à l'échelle du pays.
Le congrès s'est finalement terminé par le chant de L'Internationale, dans toutes les langues parlées par les militantes et militants qui y ont pris part.
Les textes des interventions qui ont été prononcées au CRC, incluant le rapport du comité de correspondance politique et l'intervention du Comité central du PCR(co), de même que ceux des messages de solidarité des partis et organisations marxistes-léninistes-maoïstes, seront publiés dans quelques jours dans le cadre d'une édition spéciale du journal Le Drapeau rouge, de même que sur le site Web du PCR(co).
Au cours des semaines à venir, le PCR(co) s'appuiera sur les résultats du CRC et sur le bilan de sa propre activité depuis six ans, pour opérer les transformations nécessaires à la mise sur pied du nouveau Parti communiste révolutionnaire.
Nous appelons donc l'ensemble des révolutionnaires prolétariennes et prolétariens de tout le Canada, incluant tous ceux et celles qui ont participé, de près ou de loin, à l'initiative du Congrès révolutionnaire canadien, à prendre leur place dans ce combat et à assumer la nécessaire lutte idéologique et politique qui nous permettra de nous doter enfin de cet outil indispensable à la mobilisation des masses dans la lutte pour la révolution et la cause du communisme!
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Article paru dans Arsenal-express, nº 120, le 1er décembre 2006.
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Hmm, je préfère un Québec solidaire qui a réussi, à date, le tour de force qu'est d'avoir l'appui de plusieurs groupes et mouvements communautaires autonomes et de rassembler l'ancienne et la nouvelle gauche, et donc de travailler auprès de la démocratie populaire actuelle (les gens sur la rue), plutôt qu'un parti qui veut faire la révolution en regroupant les révolutionnaires.
Pendant que vous allez vous demander comment imposer votre vision, de manière dite paradoxalement démocratique, nous allons faire preuve de démocratie participative.
À vous de choisir:
a) des révolutionnaires qui participent entre eux/elles;
b) démocratie participative, avec son lot de déceptions et de débats chauds avec le public.
Venant des organisations populaires, je me suis longtemps posé cette question. Personnellement, une démocratie populaire ne peut se construire que dans une lutte globale. Les groupes communautaires sont actuellement séparés, défendant différentes problématiques. Il y a les groupes logements, les groupes de personnes assistées sociales, les groupes de chômeurs/euses, etc. Qu'est-ce qui les unit véritablement. Ces groupes se sont-ils uni pour combattre Bouchard et son déficit zéro? Non. Qu'ont-ils fait durant les premiers temps du gouvernement Charest outre quelques petites manifs? Pas grand chose. Si les groupes s'unissaient sous un programme de revendication commune et s'ils mobilisaient la population de manière combative pour fermer les grandes villes du Québec, une forme de démocratie populaire comme celle lors de la grève à Sept-îles au début des années 70 pourrait se dessiner. Rappelons qu'à ce moment, les travailleurs en grève ont géré collectivement la ville de Sept-îles pendant 1 semaines et quelques jours. Le problème est que ça ne se fait pas. Est-ce parce que les dirigeantEs communautaires sont tous des bureaucrates corrompus achetés par l'État bourgeois? Les choses sont plus complexes. Il y a des crapules corrompues mais il y a aussi la division des "problématiques" entre groupes qui ne favorisent pas l'unité. Pour surpasser ces obstacles, il faut un noyau de militantEs très fermes, avec une conviction combative à toute épreuve, tenant le phare contre vents et marées. Ces militantEs doivent n'avoir qu'une ligne de mire à terme, la révolution. Sans cette perspective, ce noyau dur va se laisser porter par la petite routine des groupes communautaires actuelles où la seule contestation politique possible est très limitée par le légalisme bourgeois. La construction d'un parti révolutionnaire est un préalable à l'avènement d'une vraie démocratie populaire; une démocratie populaire ne peut se réaliser que dans une lutte révolutionnaire.
Écoutez, je vous comprends bien de supporter le marxisme : j'étais moi-même marxiste il y a un an.
Le problème du marxisme, marxisme-léninisme, du maoïsme, etc., c'est que ce ne sont plus des sciences (« socialisme scientifique », comme disaient Marx et Engels, dont font partis le matérialisme historique ou le matérialisme dialectique), mais bien des doctrines, je dirais même des religions.
En effet, « la science désigne à la fois une démarche intellectuelle reposant idéalement sur un refus des dogmes et un examen raisonné et méthodique du monde et de ses régularités, et visant à produire des connaissances résistant aux critiques rationnelles, et l'ensemble organisé de ces connaissances. » (Science Wikipédia -- http://fr.wikipedia.org/wiki/Science)
« ... refus des dogmes ... » En refusant de critiquer le matérialisme marxien et, en cas d'irrationnalité, de le "mettre à jour", voir même de l'abandonner, on en fait rien de moins qu'un dogme.
Bref, si vous croyez en la philosophie de Marx et en sa science, portez-lui au moins honneur en osant plonger dans la Philosophie et dans la Science au risque de découvrir qu'il a pu se tromper. Marx est humain, ce n'est pas le Sauveur envoyé par Notre Seigneur...
La dictature, qu’elle soit une hydre à cent têtes ou à cent queues, qu’elle soit démocratique ou démagogique, ne peut assurément rien pour la liberté ; elle ne peut que perpétuer l’esclavage, au moral comme au physique. Ce n’est pas en enrégimentant un peuple d’ilotes sous un joug de fer, puisque fer il y a, en l’emprisonnant dans un uniforme de volontés proconsulaires, qu’il peut en résulter des hommes intelligents et libres. Tout ce qui n’est pas la liberté est contre la liberté. La liberté n’est pas chose qui puisse s’octroyer. il n’appartient pas au bon plaisir de quelque personnage ou comité de salut public que ce soit de la décréter, d’en faire largesses. La dictature peut couper des têtes d’hommes, elle ne saurait les faire croître et multiplier ; elle peut transformer les intelligences en cadavres ; elle peut faire ramper et grouiller sous sa botte de verges les esclaves, comme des vers ou des chenilles, les aplatir sous son pas pesant, mais seule la liberté peut leur donner des ailes. Ce n’est que par le travail libre, le travail intellectuel et moral que notre génération, civilisation ou chrysalide, se métamorphosera en vif et brillant papillon, revêtira le type humain et prendra son essor dans l’harmonie.
Bien des gens, je le sais, parlent de la liberté sans la comprendre, ils n’en ont ni la science ni même le sentiment. Ils ne voient jamais dans la démolition de l’autorité régnante qu’une substitution de nom ou de personne ; ils n’imaginent pas qu’une société puisse fonctionner sans maîtres ni valets, sans chefs ni soldats ; ils sont pareils, en cela, à ces réacteurs qui disent : « Il y a toujours eu des riches et des pauvres. Il y en aura toujours. Que deviendrait le pauvre sans le riche ? Il mourrait de faim. » Les démagogues ne disent pas tout à fait cela, mais ils disent : « Il y a toujours eu des gouvernants et des gouvernés, il y en aura toujours. Que deviendrait le peuple sans gouvernement ? Il croupirait dans l’esclavage. » Tous ces antiquaires-là, les rouges et les blancs, sont un peu compères et compagnons ; l’anarchie, le libertarisme, bouleverse leur misérable entendement, entendement encombré de préjugés ignares, de niaises vérités, de crétinisme. Plagiaires du passé, les révolutionnaires rétrospectifs et rétroactifs, les dictaturistes, les inféodés à la force brutale, tous ces autoritaires cramoisis qui réclament un pouvoir sauveur, croasseront toute leur vie sans trouver ce qu’ils désirent. [...] Ils ne savent ni ce qu’ils veulent ni ce qu’ils font. Ils se plaignent la veille de n’avoir pas l’homme de leur choix, ils se plaignent le lendemain de l’avoir trop. Enfin, à tout moment et à tout propos, ils invoquent l’autorité « au long bec emmanché d’un long cou », et ils trouvent surprenant qu’elle les croque, qu’elle les tue !
Qui se dit révolutionnaire et parle de dictature n’est qu’un dupe ou un fripon, un imbécile ou un traître ; imbécile et dupe, s’il la préconise comme auxiliaire de la Révolution sociale, comme un mode de transition du passé au futur, car c’est toujours conjuguer l’autorité à l’indicatif présent ; fripon et traître, s’il ne l’envisage que comme un moyen de prendre place au budget et de jouer au mandataire sur tous les modes et dans tous les temps.
Combien de nains, certes, qui ne demanderaient pas mieux que d’avoir des échasses officielles, un titre, des appointements, une représentation quelconque pour se tirer de la fondrière où patauge le commun des mortels et se donner des airs de géants ! Le commun des mortels sera-t-il toujours assez sot pour fournir un piédestal à ces pygmées ? Faudra-t-il toujours s’entendre dire : « Mais vous parlez de supprimer les élus du suffrage universel, de jeter par les fenêtres la représentation nationale et démocratique, que mettrez-vous à sa place ? Car enfin, il faut bien quelque chose. Il faut bien que quelqu’un commande... un comité de salut public, alors ? Vous ne voulez plus d’un empereur, d’un tyran, cela se comprend ; mais qui le remplacera... un dictateur ? car tout le monde ne peut pas se conduire, et il en faut bien un qui se dévoue à gouverner les autres... » Eh ! messieurs ou citoyens, à quoi bon le supprimer, si c’est pour le remplacer ? Ce qu’il faut, c’est détruire le mal et non le déplacer. Que m’importe à moi qu’il porte tel nom ou tel autre, qu’il soit ici ou là, si, sous ce masque et sous cette allure, il est encore et toujours en travers de mon chemin ? On supprime un ennemi, on ne le remplace pas. La dictature, la magistrature souveraine, la monarchie, pour bien dire - car reconnaître que l’autorité, qui est le mal, peut faire le bien, n’est-ce pas se déclarer monarchiste, sanctionner le despotisme, apostasier la Révolution ? Si on leur demande, à ces partisans absolus de la force brutale, à ces prôneurs de l’autorité démagogique et obligatoire, comment ils l’exerceront, de quelle manière ils organiseront ce pouvoir fort, les uns vous répondent, comme feu Marat, qu’ils veulent un dictateur avec des boulets aux pieds et condamné par le peuple à travailler pour le peuple.
D’abord distinguons : ou ce dictateur agira par la volonté du peuple, et alors il ne sera pas réellement dictateur, ce ne sera qu’une cinquième roue à un carrosse, ou bien il sera réellement dictateur, il aura en main guides et fouet, et il n’agira que d’après son bon plaisir, c’est-à-dire au profit exclusif de sa divine personne. Agir au nom du peuple c’est agir au nom de tout le monde, n’est-ce pas ? Et tout le monde n’est pas scientifiquement, harmoniquement, intelligemment révolutionnaire. Mais j’admets, pour me conformer à la pensée des blanquistes, par exemple, - cette queue du carbonarisme, cette franc-maçonnerie ba-bé-bou-viste, ces invisibles d’une nouvelle espèce, cette société d’intelligences... secrètes, - qu’il y a peuple et peuple, le peuple des frères initiés, les disciples du grand architecte populaire, et le peuple ou tourbe des profanes. Ces affiliés, ces conspirateurs émérites s’entendront-ils toujours entre eux ? Seront-ils toujours d’accord sur toutes les questions et dans toutes leurs sections ? Qu’un décret soit lancé sur la propriété ou sur la famille ou sur quoi que ce soit, les uns le trouveront trop radical, les autres pas assez. Mille poignards, pour lors, se lèveront mille fois par jour contre le forçat dictatorial. Il n’aurait pas deux minutes à vivre celui qui accepterait un pareil rôle. Mais il ne l’acceptera pas sérieusement, il aura sa coterie, tous les hommes de curée qui se serreront autour de lui, et lui feront un bataillon sacré de valets pour avoir les restes de son autorité, les miettes du pouvoir. Alors il pourra peut-être bien ordonner au nom du peuple, je ne dis pas le contraire, mais, à coup sûr, contre le peuple. Il fera fusiller ou déporter tout ce qui aura des velléités libertaires. Comme Charlemagne, ou je ne sais plus quel roi, qui mesurait les hommes à la hauteur de son épée, il fera décapiter toutes les intelligences qui dépasseront son niveau. il proscrira tous les progrès qui tendront plus loin que lui. Il fera comme tous les hommes de salut public, comme les politiques de 93, émules des jésuites de l’Inquisition, il propagera l’abêtissement général, il anéantira l’Initiative particulière, il fera la nuit sur le jour naissant, les ténèbres sur l’idée sociale, il nous replongera, mort ou vif, dans le charnier de la civilisation, il fera du peuple, au lieu d’une autonomie intellectuelle et morale, une autonomie de chair et d’os, un corps de brutes. Car, pour un dictateur politique comme pour un directeur Jésuite, ce qu’il y a de meilleur dans l’homme, ce qu’il y a de bon, c’est le cadavre !... D’autres, dans leur rêve de dictature, diffèrent quelque peu de ceux-ci, en ce sens qu’ils ne veulent pas de la dictature d’un seul, d’un Samson uni-tête, mais à mille ou à cent mâchoires de baudet, de la dictature des petites merveillesdu prolétariat, réputées par elles intelligentes parce qu’elles ont débité un jour ou l’autre quelques banalités en prose ou en vers, qu’elles ont barbouillé leurs noms sur les listes du scrutin ou les registres de quelque petite chapelle politico-révolutionnaire ; la dictature enfin des têtes et des bras à poils pour faire concurrence aux Ratapoils et avec mission, comme de juste, d’exterminer les aristocrates ou les philistins. Ils pensent comme les premiers, que le mal n’est pas tant dans les institutions liberticides que dans le choix des hommes tyranniques. Égalitaires de nom, ils sont pour les castes en principe. Et en mettant au pouvoir des ouvriers à la place des bourgeois, ils ne doutent pas que tout soit pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles.
[...]
Tout gouvernement dictatorial, qu’il soit entendu au singulier ou au pluriel, tout pouvoir démagogique ne pourrait que retarder l’avènement de la révolution sociale en substituant son initiative, quelle qu’elle fût, sa raison omnipotente, sa volonté civique et forcée à l’initiative anarchique, à la volonté raisonnée, à l’autonomie de chacun. La révolution sociale ne peut se faire que par l’organe de tous individuellement : autrement elle n’est pas la révolution sociale. Ce qu’il faut donc, ce vers quoi il faut tendre, c’est placer tout le monde et chacun dans la possibilité, c’est-à-dire dans la nécessité d’agir, afin que le mouvement, se communiquant de l’un à l’autre, donne et reçoive l’impulsion du progrès et en décuple et en centuple la force.
Ce qu’il faut enfin, c’est autant de dictateurs qu’il y a d’êtres pensants, hommes ou femmes, dans la société, afin de l’agiter, de l’insurger, de la tirer de son inertie ; et non un Loyola à bonnet rouge, un général politique pour discipliner, c’est-à-dire pour immobiliser les uns et les autres, se poser sur leur poitrine ; sur leur cœur, comme un cauchemar, afin d’en étouffer les pulsations ; et sur leur front, sur leur cerveau, comme une instruction obligatoire ou catéchismale, afin d’en torturer l’entendement !
L’autorité gouvernementale, la dictature, qu’elle s’appelle empire ou république, trône ou fauteuil, sauveur de l’ordre ou comité de salut public, qu’elle existe aujourd’hui sous le nom de Bonaparte ou demain sous le nom de Blanqui ; qu’elle sorte de Ham ou de Belle-Isle, qu’elle ait dans ses insignes un aigle ou un lion empaillé... la dictature n’est que le viol de la liberté par la virilité corrompue, par les syphilitiques ; c’est le mal césarien inoculé avec des semences de reproduction dans les organes intellectuel de la génération populaire. Ce n’est pas le baiser d’émancipation, une naturelle et féconde manifestation de la puberté, c’est une fornication de la virginité avec la décrépitude, un attentat aux mœurs, un crime comme d’abus du tuteur envers sa pupille... c’est un humanicide !
Il n’y a qu’une dictature révolutionnaire, qu’une dictature humanitaire : c’est la dictature intellectuelle et morale. Tout le monde n’est-il pas libre d’y participer ? Il suffit de le vouloir pour le pouvoir. Point n’est besoin autour d’elle, et pour la faire reconnaître, de bataillons de licteurs ni de trophées de baïonnettes ; elle ne marche escortée que de ses libres pensées, elle n’a pour sceptre que son faisceau de lumières. Elle ne fait pas la loi, elle la découvre ; elle n’est pas autorité, elle fait autorité. Elle n’existe que par la volonté du travail et de droit de la science. Qui la nie aujourd’hui l’affirmera demain. Car elle ne commande pas la manœuvre en se boutonnant dans son inertie, comme un colonel de régiment, mais elle ordonne le mouvement en prêchant d’exemple, elle démontre le progrès par le progrès.
C'est un copié-collé de qui, ça? Y a pas moyen d'avoir une idée nouvelle de votre part, quant à la stratégie révolutionnaire, chersÈRES camarades d'Anarkhia?
Je parle ici d'une idée autre que celle de retourner participer au système parlementaire bourgeois pétrifié (rebaptisé "démocratie participative"), comme le propose M. Lessard?
Et pour l'autre lecteur qui considère que le marxisme-léninisme-maoïsme est un dogme et non une science: j'attends de lire ton analyse scientifique qui dégagera une réelle perspective de transformation sociale pour le Canada!
''un nouveau dans lequel le peuple exercera le pouvoir, sous la direction du parti, afin de poursuivre la lutte vers le socialisme et le communisme'' vers... vers... vers...
le peuple dirigé, quoi de neuf dans ça ?
le peuple dirigé par un parti, quoi de neuf ?
la lutte vers le capitalisme d'État et une nouvelle bureaucatie dirigeante !
Rien de nouveau sous l'obscurité rouge !
Pour le reste, des débats ont commencé ailleurs et on attend toujous des réponses argumentées.
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Asunto:
Rien de nouveau dans les marais du post-modernisme
Il y a UN système capitaliste et UN État bourgeois. Cet État est là pour consolider le pouvoir de la bourgeoisie. Les capitalistes ont donc leur centre dirigeant. Les pauvres, les prolos qu'ont-ils à opposer? Des forces complètement désunies. On doit donc avoir notre centre dirigeant pour affronter l'État bourgeois et, potentiellement, détruire la bourgeoisie. Il existe une stratégie optimale pour détruire le pouvoir bourgeois. Cette stratégie fonde une ligne politique qui doit être partagée collectivement. Cette ligne doit s'appliquer consciemment à travers une lutte révolutionnaire commune. Cela demande une coordination et une discipline collective. Voilà ce qui fonde la nécessité d'un parti révolutionnaire.
Une fois la bourgeoisie renversée, sommes-nous sûr que tout sera joué? Non. Nous devons mener encore la lutte pour transformer les rapports sociaux. Cela demande encore une fois une grande cohésion collective. Quand les rapports sociaux seront devenus complètement communistes et qu'il n'y aura plus de menace de retour à un pouvoir bourgeois, alors là, il n'y aura plus besoin de parti.
Bien sûr, dans une tout autre perspective, on pourrait se dire qu'il n'y a pas d'unité dans la réalité sociale et qu'il y a plusieurs systèmes autogénérés et "autopoiétiques" (qui se suffisent à eux-mêmes). Entre les différents aspects de la réalité, il n'existerait aucune interrelation. Alors là, la perspective d'une stratégie révolutionnaire unifiée ne se pose pas. En ce cas, on peut se construire son petit monde à part avec ses petits copains. on pourrait donc profiter d'une réalité complètement éclatée avec ses petites brèches de liberté. Mais, si les rapports entre les choses n'existent pas, cela veut dire que l'oppression n'existe pas vraiment, (sauf dans nos têtes). Les grandes narrations sur l'émancipation humaine ne se poseraient donc pas.
Cette autre perspective est celle du post-modernisme. La mienne est celle du marxisme matérialiste historique. Conséquemment, la perspective marxiste implique l'adhésion à un parti révolutionnaire. On peut discuter sur comment va se faire la transition entre la société capitaliste et la société communiste, l'extinction de l'État et du parti, etc. Supposer une société complètement éclatée sans liaison est une erreur intellectuelle très grave qui nous entraîne sur des voies de garage. Cela revient à nier l'existence d'Un capitalisme exploiteur et oppresseur et s'inventer des rapports d'oppression métapsychique dont il faudrait se "libérer". Bien sûr que le type qui croît aux démons et aux fantômes doit se "libérer" de sa crainte irraisonnée et irrationnelle. Mais l'exploitation capitaliste n'a rien à voir avec une croyance aux fantômes.
Il se peut très bien que tu dises que tu n'es pas d'accord avec le post-modernisme comme tu dis n'être pas d,accord avec Negri, Guattari, Zerzan et tous les autres auteurs dont tu nous sers les posts à satiété tout en disant les critiquer. Tu accuses les Maos de ne pas répondre sur le fond à tes idées. Les exprime-tu tes idées outre l'utilisation de références à d'autres auteurs. Si tu crois réellement à tes idées, pourquoi ne les exprime-tu pas de manière claire et concise. La communisation, comment ça fonctionne? Comment les gens vont embarquer là-dedans? Outre, dire qu'un parti égale oppression, comment peut-on penser possible de faire une révolution sans une organisation révolutionnaire et sans une ligne révolutionnaire?
Il est évident que le milieu révolutionnaire est fragmenté et qu'il en va de notre salut à élaborer une solidarité entre révolutionnaire. Mais la création d'un parti révolutionnaire tiré de la ligne de pensée du marxisme-léninisme-maoïsme ne semble pas à tendre envers une unification. Au contraire, cette méthode tente de propager ses tentacules dans le milieu militant afin de dicter sa vision méthodologique. Certes, l'analyse du PCR sur la société capitaliste est fort détaillée et peu de reproche on peut en faire. Une litterature abondante et détaillée nous permet de mieux comprendre les rouages du capitalismes et les enjeux actuels du prolétariat. Camarades du PCR, pour ce point, votre travail est époustoufflant.
Par contre, on dirait que vous oubliez un point: la diversité des tactiques de lutte. Le problème avec la fameuse guerre populaire prolongée, s'est qu'elle fou la trouille. Elle apporte inévitablement un soupçon de violence gratuite. En cas de révolution, que devons-nous faire? Tuer tout ce qui est bourgeois? Comme le disait Maletesta, le prolétariat s'est vu exploité, humilié,volé, maté,dompté, emprisonné, etc, par l'ordre bourgeois. Et ce prolétariat encaisse de jour en jour. Il est de notre devoir de ne pas tomber dans le panneau et reproduire cette violence à notre tour. Nous voulons construire une société sans structures d'oppression, les moyens justifie la fin. Si la violence utiliser à outrance pour consolider l'État ouvrier devient un avantage monopolistique à celui-ci par la suite, que va devenir le prolo? Il sera à son tour exploité, humilié,volé, maté,dompté, emprisonné, etc.
Vous voulez unifier le mouvement révolutionnaire, mais vous fermez les yeux devant plusieurs perspective de lutte. Et ce milieu est diversifié, comme l'être humain l'est. Que fait-on de la non-violence?Cela a pourtant marché pour les afro-américains et Martin Luther King?Le syndicalisme de combat, c'est tout de même un moyen de LUTTER? Faut avouer que les conditions du porlétariat s'est améliorer comparativement au dix-neuvième siècle. Lorsque le lecteur a employé le terme "dogmatique", j'abonde dans le même sens, c'est à dire, que vous avez qu'une vision, soit la guerre prolongé dans une perspective marxiste-léninistes-maoïste et que tout révolutionnaire se doit s'y confirmer.
À mon humble avis, s'unifier c'est toute les tendances pouvant faire des comprommis afin d'élaborer une méthodologie révolutionnaire dans un travail mutuel. Le recours des armes ne devraient être utilisé que dans un ultime recours.
Je n'ai jamais publié de textes de Zerzan et encore moins de Negri (la seule chose que j'ai publié c'est une critique féroce du negrisme). La communisation s'oppose au postmodernisme. La condition postmoderne ne m'apparaît que comme un des fondements de la société et de l'histoire actuelles qu'il faut appréhender pour le détruire et le dépasser (la dialectique historique, vous connaissez ?). Vous ne répétez que le vieux dogmatisme marxiste-léniniste qui finit généralement quand il est au pouvoir par conduire vers le capitalisme libéral comme en URSS, en Chine... Toutes les expériences maos ont été des faillites du point de vue de l'émancipation (voir les commentaires précédents et ceux d'Anarkhia Webmaster) autant que du point de vue du marxisme-léninisme lui-même. Vous refusez l'histoire tout en prétendant hériter de Marx, c'est une absurdité.
Pour le reste, j'ai esquissé les réponses dans d'autres textes ainsi qu'autres documents.
En voici un exemple :
Je répondrai, tes questions sont cette fois pertinentes et non recouvertes d'insultes. En attendant, tu peux lire ce texte qui y répond déjà en bonne partie tout comme à bien d'autres questions.
Aussi, si ce pragraphe se tient et toutes les situations historiques semblent lui donner raison, alors il faut réinventer nos stratégies de guerre civile et de révolution communiste :
''Cela dit, maintenant venons-en à vous. Je fus moi-même comme vous marxiste révolutionnaire un temps (entre autres mao…). Mais j’en suis sorti considérant que la construction du Parti comme forme centrale du pouvoir révolutionnaire conduisait à la centralisation du pouvoir dans les mains d’une élite supposément éclairée (une direction révolutionnaire comme vous l’appelez souvent), d’une bureaucratie dirigiste, d’une tyrannie des chefs, qui trouve son prolongement dans la dictature sur les masses que furent les États marxistes, donc à la production de nouvelles société de classes qui comportent une minorité qui dirige et une majorité qui s’asservit (de l’État du parti à l’économie totalement technobureaucratisée). Léninistes, trotskistes, staliniens, maoïstes… toutes les tendances qui s’articulent ainsi sont condamnées à perpétuer pour ces raisons la domination d’une minorité sur une majorité. C’est l’erreur historique fondamentale du marxisme dans la plupart de ses versions et particulièrement dans sa version marxiste-léniniste (léninistes, trotskistes, staliniens, maoïstes…). Le marxisme politique est une voie vers la domination aussi oligarchique, hiérarchique, oppressive, aliénante que la démocratie bourgeoise ou encore le fascisme. Toute révolution d’en haut et du centre avant-gardiste sont des nouvelles formes d’institution de gouvernements tyranniques sur les masses (ou multitudes comme je préfère nous appeler).''
Ce qu'il reste principalement à répondre c'est le comment de la guerre révolutionnaire. Et le penser contre les États et contre les Partis qui ne sont que de vulgaires oligarchies dirigistes, des instruments de domination des classes dominantes et le prolétariat c'est la catégorie dominée du Capital. Ses soi-disant représentants n'en sont que les faussaires. Abolir le capitalisme et réaliser le communisme présupposent la destruction d'ensemble du capitalisme et le prolétariat en est une catégorie, c'est-à-dire qu'elle est la classe qui devrait avoir intérêt à abolir le capital et lui-même pour se produire en individus immédiatement sociaux contre toutes les médiations politiques qui l'encadrent et le fait dominé. Que cela puisse être pensé comme se réalisant en partie aujourd'hui et en général plus tard ou seulement plus tard.
Quant à moi, je veux en venir à écrire sur la guerre révolutionnaire, c'est déjà commencé, mais les fondements, je pense que je les envisage dans le texte de référence. Et il existe bien des textes qui s'y plongent comme Appel, Some Notes On Insurrectionary Anarchism (http://www.insurgentdesire.org.uk/notes.htm), les textes d'Alfredo Bonanno... Sur une autre perspective, il y a aussi les textes fondamentaux de Roland Simon et de Théorie communiste que tu peux lire sur theoriecommuniste.org ou sur meeting.senonevero.net ou encore ceux de Gilles Dauvé et de Trop loin que tu peux lire sur troploin0.free.fr
De l'auto-organisation à la communisation et le processus forcément insurrectionnel
J'ai regardé sommairement les textes de Bonnano et celui d'Insurgent desire (qui, apparté, publie beaucoup de textes de Zerzan dont certains bizarres sur le KKK des années vingt). Entre les deux perspectives, j'y ai vu des différences. Il me semble que la ligne de Bonnano est plus volontariste et se rapproche de celle des "terroristes" anarchistes d'une autre époque. Celle de Insurgent Desire écarte, dans les faits, la guerre révolutionnaire. Elle fait appel à une version un peu plus radical des luttes d'auto-réduction. Ça serait généraliser une pratique de violence, de sabotage, etc qu'on retrouve dans beaucoup de grèves ouvrières (de moins en moins malheureusement). Le problème avec cette deuxième vision est de faire fi de l'existence de l'État et de refuser de le combattre de plein fouet. Un appareil policier, armé, juridique, répressif, etc. existe et est là pour maintenir la discipline capitaliste. Tôt ou tard, ces différentes luttes d'auto-réductions tombent sur un mur; celui de l'État bourgeois. Espérer que les masses qui ont participé à ces luttes vont affronter spontanément l'État pour conserver ou généraliser les gains obtenus dans la lutte, ça me semble impossible à concevoir. Je crois qu'il faut un appareil révolutionnaire permanent qui existe pour permettre la sauvegarde des gains réalisés dans de telles luttes. J'appelle ça un parti révolutionnaire. On ne peut pas faire abstraction d'un organe permanent de combat.
Par ailleurs, l'avantage du maoïsme par rapport au trotskysme, au bordiguisme, au conseillisme, etc, c'est qu'il a tenté de faire une critique pratique de ce qui s'était passé en URSS. Les communistes chinois ont fait un bilan de ce qui s'est passé en URSS et ont mené l'expérience de la grande révolution culturelle prolétarienne avec l'idée de prévenir une restauration bourgeoise. Les résultats sont mitigés. Ceci dit, l'expérience est là et on peut apprendre d'elle. Mais vous allez dire que Mao était un boucher assoiffé de sang. D'où viennent ces données mensongères? De la bourgeoisie. Si nous étions malhonnêtes intellectuellement, on pourrait prendre les données des franquistes pour rendre compte du mouvement anarchiste durant la guerre civile espagnole. Vous n'auriez mangé une tonne d'enfants et de curés à cette époque-là.
Si les anarchistes veulent se doter d'une théorie de la guerre révolutionnaire qui ne fasse pas abstraction de la lutte concrète contre l'État bourgeois, je crois qu'une analyse de l'attitude et de l'action des anarchistes espagnoles dans les années 30 s'impose. Dire qu'il y a eu des traitres dans la CNT, ça n'aide pas beaucoup à se faire un bon portrait de la situation. Dire que ce sont les staliniens qui ont liquidé les anarchistes est une fausseté.
Il y a trop de marxistes et d'anarchistes qui se complaisent à la critique contemplative des autres courants révolutionnaires qui agissent concrètement. Si vous pensez que les maos ont tort, démontrez-le dans le champ concret de la lutte de classe. Pas dans les livres ou sur internet. Il y a trop de monde qui écrive pour rien...
Il est clair que l'auto-réduction seule ne peut être conçue comme étant révolutionnaire. Ça dépend dans quelle stratégie elle s'inscrit à long terme.
''Je crois qu'il faut un appareil révolutionnaire permanent qui existe pour permettre la sauvegarde des gains réalisés dans de telles luttes. J'appelle ça un parti révolutionnaire. On ne peut pas faire abstraction d'un organe permanent de combat.''
J'appellerais plutôt ça un mouvement révolutionnaire qui dépasse toute organisation particulière et qui est beaucoup plus profond.
''Par ailleurs, l'avantage du maoïsme par rapport au trotskysme, au bordiguisme, au conseillisme, etc, c'est qu'il a tenté de faire une critique pratique de ce qui s'était passé en URSS.''
Pour répéter la même expérience du capitalisme d'État avec la même destruction qui finit par une restauration bourgeoise toujours en cours. Toujours le même asservissement : léninisme, trotskysme, stalinisme, maoïsme... Alors que bien souvent les seules expériences révolutionnaires du prolétariat lui-même et des masses venaient des conseils et de leur auto-organisation (que le communisme, ou communisation, doit permettre de dépasser) non de ces soi-disant représentants, leurs dirigeants ou dits autrement de la classe qui les exploite.
Sinon là-dessus je suis assez d'accord avec toi mais justement il faut apprendre de l'histoire pour ne pas répéter toujours les mêmes erreurs :
''Si les anarchistes veulent se doter d'une théorie de la guerre révolutionnaire qui ne fasse pas abstraction de la lutte concrète contre l'État bourgeois, je crois qu'une analyse de l'attitude et de l'action des anarchistes espagnoles dans les années 30 s'impose. Dire qu'il y a eu des traitres dans la CNT, ça n'aide pas beaucoup à se faire un bon portrait de la situation. Dire que ce sont les staliniens qui ont liquidé les anarchistes est une fausseté.
Il y a trop de marxistes et d'anarchistes qui se complaisent à la critique contemplative des autres courants révolutionnaires qui agissent concrètement. Si vous pensez que les maos ont tort, démontrez-le dans le champ concret de la lutte de classe. Pas dans les livres ou sur internet. Il y a trop de monde qui écrive pour rien...''
Où ça, "des débats"? Je veux dire, à part tes références habituelles, qui ne sont pas de toi.
On attend, de la part des partisans montréalais de la "communisation" (qui n'est rien d'autre que le partage des surprofits tirés de l'exploitation des pays dominés par "notre" impérialisme), l'ombre de la queue d'une analyse de classe, de laquelle découlerait une perspective stratégique minimale pour l'abolition du capitalisme et la construction d'une société communiste.
Étant entendu, bien sûr, que la création de "rapports communistes" inter-individuels dans le cadre du capitalisme (le "communisme" dans chaque cuisine!) ne constitue pas une perspective stratégique...
La position pro-"communisation" que tu défends, repose en fait sur un profond mépris des masses, à qui elle ne reconnaît pas la capacité d'agir collectivement (de toutes façons, pour toi, l'idée même d'une action collective des masses est sans doute porteuse d'autoritarisme et de bureaucratisation, parce que négatrice de la sacro-sainte "liberté individuelle").
"C'est un copié-collé de qui, ça? Y a pas moyen d'avoir une idée nouvelle de votre part, quant à la stratégie révolutionnaire, chersÈRES camarades d'Anarkhia?"
Le texte qui a été copier date de plus de 150 ans.. faut croire que vous n'avez toujours pas amener quelque chose de nouveau.. comme disait un vieu philosophe grec..
""Vous vous obstinez toujours dans les mêmes erreurs, nous vous répétons toujours les mêmes vérités.""
Et c'est de Joseph Desjacques, javais déjà mis le text sur le site..Içi
[ ]
Asunto:
Démocratie participative au sens de démocratie directe locale
La démocratie participative, par définition, est insoumise: elle n'est pas dirigée. Une assemblée mérite le qualificatif de démocratie participative uniquement si elle est un processus menant à une décision collective; elle est donc le contraire de la consultation. Elle est participative uniquement si elle donne un mandat obligatoire à un-e délégué-e (qui peut être un-e «député-e»).
Donc, quand j'utilise ce terme, je parle d'une véritable démocratie directe localisée. L'appliquer c'est, en quelque sorte, nous entraîner à fonctionner sans gouvernance élitiste.
Je n'ai pas la prétention d'avoir la solution révolutionnaire, ni de pouvoir vous relancer sur les théories de Marx, Mao, Hegel et compagnies. Je suis ouvertement étapiste, parce que je reste humble devant les peuples (les démocraties) et la vie; les gens sont intelligents même s'ils ne sont pas avec nous actuellement. Les gens s'attendent à ce que nous proposions des pistes de solutions applicables maintenant ou presque.
Bref, quand la droite ou des personnes naïves récupèrent les termes démocratie ou démocratie participative, j'espère que les anarchistes et les autres progressistes vont réagir et défendre leur vrai sens.
Quand nos frères et soeurs seront habitués à des assemblées décisionnelles (participatives) et à des milieux de travail démocratiques, là le peuple commencera à se débarasser de la gouvernance élitiste ou représentative. Mais mon peuple le fera sur ses propres bases et non pas en suivant une avant-garde.
Etant un ancien anarcho-communiste, je comprends le scepticisme de certains militants envers le communisme, dont le Marxisme-Leninisme-Maoisme. A premiere vue, les prejugers sont faciles:
L'experience socialiste au cours de l'histoire a remporte d'immences victoires sociales, mais elles furent obscurcit par le revisionnisme, la corruption et la propagande intensive de la bourgeoisie. Est-ce qu'un parent doit renier son enfant en cours d'apprentisage si des erreurs ont ete commises? Non, c'est a nous de comprendre et de saisir l'experience constructive et negative paye au prix du sang coule par les exploites au cours de l'histoire...
Oui, vous pouvez comme bon vous semble remettre en question le Maoisme, le communisme, ou la structure organisationnelle du Parti Communiste Revolutionnaire, (car, le maoisme ne craint pas la critique et l'autocritique-c'est ce qui fait evoluer l'ideologie) mais ce qui est problematique et conflictuel est votre attitude a negliger et de repousser avec mepris une organisation revolutionnaire capable reellement de faire le grand bond vers l'avant: non pas seulement a continuer la lutte de classe dans la region metropolitaine du quebec, mais de structurer, d'organiser, de mettre sur pied un plan d'action revolutionnaire juste et de l'appliquer a l'ensemble du Canada par la guerre populaire prolongee(le tout, en solidarite avec les luttes des peuples du monde entier.) : Voila une generalisation simpliste, mais cruciales des taches qui attendent une organisation revolutionnaire proletarienne; Voila ce que les militants revolutionnaires ont decider de relever en votant pour la creation du PCR au dernier congres.
C'est une page d'histoire qui s'ecrit, car depuis des decenies aucunes organisation revolutionnaire ait ete en mesure de reprendre les reines de la lutte revolutionnaire au pays et de prendre part activement a l' internationalisme proletarien. Seul le temps et les contributions fournis de chacun(e)s sera garant de l'importance historique dedier a cette nouvelle etape pour le camp revolutionnaire: un mouvement revolutionnaire proletarien unie derriere une meme banniere: le sang des opprimees!
Qu'individuellement vous etes actuellement en desacord avec la notion d Etat proletarien ou de centralisme democratique du PCR, les opprimees du monde entiers s'en foutent eperdument. La question revolutionnaire n'est pas uniquement assujettie aux desirs individuelles, mais aux interrets de la majorite. Oui, nous devons toujours participer a des debats ideologiques, (car si les idees sont le resultat conscient des forces-naturelles, politiques, economiques et sociales- rentrant en contradictions avec nous et que l univers est en perpetuel mouvement. Nous devons accepter le fait que la critique et l'autocritique constructive soutenue par une analyse de classe juste et l'experimentation scientifique concluante font parties des conditions pour maintenir une ligne politique juste), mais ce n est pas en restant bornee et en deblaterant de longues heures autours d'une biere... que par une pensee bien-pensante et magique, le calvaire des masses subit par l'exploitation capitaliste journalier va s'empresser a disparaitre .Voila pourquoi, des aujourd'hui, nous devons travailler entre camarades de classe pour engager la mise en marche de la guerre populaire, ici au Canada, comme ailleurs.
-Solidarite proletarienne avec les peuples opprimees du monde entiers et les exploites au canada!
-Le Peuple Unis, Jamais sera Vaincu!
-Echec-et-Math a la bourgeoisie, avec notre Parti!
ps: Ne servez pas la cause de la reaction par votre immobilisme stagnant; joignez la lutte!
- Je trouve curieux que plusieurs personnes stigmatisent systematiquement les maoistes de dogamatique et qu' ils s'elaborent une idee pre-fabriquee du Parti sans jamais faire d'enquete...Pourtant vous etes toujours les bienvenues!(Malgre l'appel envers Tous les militants revolutionnaires au Canada, la representation anarchiste etait tres faible...Auriez-vous peur de contracter le virus rouge... Alors, pensez-y, peut-etre qu'en fin de compte c'est vous le ou la bornee! ;) -
Que les gouvernements actuels doivent être abolis, afin
que la liberté, l’égalité et la fraternité ne soient plus de vains mots
et deviennent des réalités vivantes ; que toutes les formes de
gouvernement essayées jusqu’à nos jours n’aient été qu’autant de formes
d’oppression et doivent être remplacées par une nouvelle forme de
groupement, à cet égard, tous ceux qui ont un cerveau et un tempérament
tant soit peu révolutionnaire sont parfaitement d’accord. A vrai dire,
il ne faut même pas être bien novateur pour arriver à cette
conclusion ; les vices des gouvernements actuels et l’impossibilité de
les réformer sont trop frappants pour ne pas sauter aux yeux de tout
observateur raisonnable. Et quant à renverser les gouvernements, on
sait généralement qu’à certaines époques cela se fait sans beaucoup de
difficultés. Il y a des moments où les gouvernements s’écroulent
presque d’eux-mêmes, comme des châteaux de cartes, sous le souffle du
peuple révolté. On l’a bien vu en 1848 et en 1870 ; on le reverra
bientôt.
Renverser un gouvernement - c’est tout pour un
révolutionnaire bourgeois. Pour nous, ce n’est que le commencement de
la Révolution Sociale. La machine de l’État une fois détraquée, la
hiérarchie des fonctionnaires tombée en désorganisation et ne sachant
plus dans quel sens il faut marcher, les soldats ayant perdu confiance
en leurs chefs - bref, l’armée des défenseurs du Capital une fois mise
en déroute -, c’est alors que se dresse devant nous la grande œuvre de
démolition des institutions qui servent à perpétuer l’esclavage
économique et politique. La possibilité d’agir librement est acquise -
que vont faire les révolutionnaires ?
A cette question, il n’y a que les anarchistes qui
répondent : - « Pas de gouvernement, l’anarchie ! » Tous les autres
disent : - « Un gouvernement révolutionnaire ! » Ils ne diffèrent que
sur la forme à donner à ce gouvernement élu par le suffrage universel,
dans l’État ou dans la Commune ; les autres se prononcent pour la
dictature révolutionnaire.
* * *
Un « gouvernement révolutionnaire » ! Voilà deux mots
qui sonnent bien étrangement à l’oreille de ceux qui se rendent compte
de ce que doit signifier la Révolution Sociale et de ce que signifie un
gouvernement. Deux mots qui se contredisent, se détruisent l’un
l’autre. On a bien vu, en effet, des gouvernements despotiques - c’est
l’essence de tout gouvernement d’être pour la réaction contre la
révolution et de tendre nécessairement au despotisme ; - mais on n’a
jamais vu un gouvernement révolutionnaire, et pour cause. C’est que la
révolution - synonyme de « désordre », de bouleversement, de
renversement en quelques jours des institutions séculaires, de
démolition violente des formes établies de la propriété, de destruction
des castes, de transformation rapide des idées admises sur la moralité,
ou plutôt sur l’hypocrisie qui en tient la place, de liberté
individuelle et d’action spontanée - est précisément l’opposé, la
négation du gouvernement, celui-ci étant synonyme de « l’ordre
établi », du conservatisme, du maintien des institutions existantes, la
négation de l’initiative et de l’action individuelle. Et néanmoins,
nous entendons continuellement parler de ce merle blanc, comme si un
« gouvernement révolutionnaire » était la chose la plus simple du
monde, aussi commune et aussi connue de chacun que la royauté, l’empire
ou la papauté !
Que les soi-disant révolutionnaires bourgeois prêchent
cette idée - cela se comprend. Nous savons ce qu’ils entendent par
Révolution. C’est tout bonnement un replâtrage de la république
bourgeoise ; c’est la prise de possession par les soi-disant
républicains, des emplois lucratifs, réservés aujourd’hui aux
bonapartistes ou aux royalistes. C’est tout au plus le divorce de
l’Église ou de l’État, remplacé par le concubinage des deux, la
séquestration des biens du clergé au profit de l’État et surtout des
futurs administrateurs de ces biens, peut-être encore le referendum,
ou quelque autre machine du même genre... Mais, que des
révolutionnaires socialistes se fassent les apôtres de cette idée -
nous ne pouvons l’expliquer qu’en supposant de deux choses l’une. Ou
bien, ceux qui l’acceptent sont imbus de préjugés bourgeois qu’ils ont
puisés, sans s’en rendre compte, dans la littérature et surtout dans
l’histoire faite à l’usage de la bourgeoisie par les bourgeois ; et,
pénétrés encore de l’esprit de servilisme, produit des siècles
d’esclavage, ils ne peuvent pas même s’imaginer libres. Ou bien, ils ne
veulent point de cette Révolution dont ils ont toujours le nom sur les
lèvres : ils se contenteraient d’un simple replâtrage des institutions
actuelles, à condition qu’on les portât au pouvoir, quitte à voir plus
tard ce qu’il faudra faire pour tranquilliser « la bête »,
c’est-à-dire, le peuple. Ils n’en veulent aux gouvernants du jour que
pour prendre leur place. Avec ceux-ci, nous n’avons pas à raisonner.
Nous ne parlerons donc qu’à ceux qui se trompent sincèrement.
Commençons par la première des deux formes de « gouvernement révolutionnaire » qu’on préconise - le gouvernement élu.
* * *
Le pouvoir royal ou autre est renversé, l’armée des
défenseurs du Capital est en déroute ; partout la fermentation, la
discussion de la chose publique, le désir de marcher de l’avant. Les
idées nouvelles surgissent, la nécessité de changements sérieux est
comprise -il faut agir, il faut commencer sans pitié l’œuvre de
démolition, afin de déblayer le terrain pour la vie nouvelle. Mais, que
nous propose-t-on de faire ? - De convoquer le peuple pour les
élections, d’élire de suite un gouvernement, de lui confier l’œuvre que
nous tous, que chacun de nous devrait faire de sa propre initiative !
C’est ce que fit Paris, après le 18 mars 1871.- « Je me
souviendrai toujours - nous disait un ami - de ces beaux moments de la
délivrance. J’étais descendu de ma haute chambre du quartier latin pour
entrer dans cet immense club en plein vent qui remplissait les
boulevards d’une extrémité à l’autre de Paris. Tous discutaient sur la
chose publique ; toute préoccupation personnelle était oubliée : il ne
s’agissait plus d’acheter ni de vendre ; tous étaient prêts à se lancer
corps et âme vers l’avenir. Des bourgeois même, emportés par l’ardeur
universelle voyaient avec bonheur s’ouvrir le monde nouveau. « S’il
faut faire la révolution sociale, et bien ! faisons-là : mettons tout
en commun ; nous sommes prêts ! » Les éléments de la révolution étaient
là : il ne s’agissait plus que de les mettre en œuvre. En rentrant le
soir dans ma chambre, je me disais : « Que l’humanité est belle ! On ne
la connaît pas, on l’a toujours calomniée ! » Puis vinrent les
élections, les membres de la Commune furent nommés - et la puissance de
dévouement, le zèle pour l’action s’éteignirent peu à peu. Chacun se
remit à la besogne accoutumée en se disant : « Maintenant, nous avons
un gouvernement honnête, laissons-le faire. » ... On sait ce qui s’en
suivit.
Au lieu d’agir de soi-même, au lieu de marcher de
l’avant, au lieu de se lancer hardiment vers un nouvel ordre de choses,
le peuple, confiant en ses gouvernants, s’en remet à eux du soin de
prendre l’initiative. Voilà la première conséquence - résultat fatal
des élections. Que feront donc ces gouvernants investis de la confiance
de tous ?
* * *
Jamais élections ne furent plus libres que celles de
mars 1871. Les adversaires de la Commune l’ont eux-mêmes reconnu.
Jamais la grande masse des électeurs n’était plus imbue du désir
d’envoyer au pouvoir les meilleurs hommes, des hommes de l’avenir, des
révolutionnaires. Et c’est ce qu’elle fit. Tous les révolutionnaires de
renom furent élus par des majorités formidables ; jacobins,
blanquistes, internationaux, les trois fractions révolutionnaires se
trouvèrent représentées au Conseil de la Commune. L’élection ne pouvait
donner un meilleur gouvernement.
On en connaît le résultat. Enfermés à l’Hôtel-de-Ville,
avec mission de procéder dans les formes établies par les gouvernements
précédents, ces révolutionnaires ardents, ces réformateurs se
trouvèrent frappés d’incapacité, de stérilité. Avec toute leur bonne
volonté et leur courage, ils n’ont pas même su organiser la défense de
Paris. Il est vrai qu’aujourd’hui on s’en prend pour cela aux hommes,
aux individus ; mais ce ne sont pas les individus qui furent la cause
de cet échec - c’est le système appliqué.
En effet, le suffrage universel, lorsqu’il est libre, peut donner, tout au plus, une assemblée représentant la moyenne
des opinions qui circulent en ce moment dans la masse ; et cette
moyenne, au début de la révolution, n’a généralement qu’une idée vague,
fort vague, de l’œuvre à accomplir, sans se rendre compte de la manière
dont il faut s’y prendre. Ah, si le gros de la nation, de la Commune,
pouvait s’entendre, avant le mouvement, sur ce qu’il y aurait à faire
dès que le gouvernement serait renversé ! Si ce rêve des utopistes de
cabinet pouvait être réalisé, nous n’aurions même jamais eu de
révolutions sanglantes : la volonté du gros de la nation étant
exprimée, le reste s’y serait soumis de bonne grâce. Mais ce n’est pas
ainsi que se passent les choses. La révolution éclate bien avant qu’une
entente générale ait pu s’établir, et ceux qui ont une idée nette de ce
qu’il y aurait à faire au lendemain du mouvement ne sont à ce moment-là
qu’une petite minorité. La grande masse du peuple n’a encore qu’une
idée générale du but qu’elle voudrait voir réaliser, sans trop savoir
comment marcher vers ce but, sans trop avoir de confiance dans la
marche à suivre. La solution pratique ne se trouvera, ne se précisera
que lorsque le changement aura déjà commencé : elle sera le produit de
la révolution elle-même, du peuple en action - ou bien elle ne sera
rien, le cerveau de quelques individus étant absolument incapable de
trouver ces solutions qui ne peuvent naître que de la vie populaire.
* * *
C’est cette situation qui se reflète dans le corps élu
par le suffrage, lors même qu’il n’aurait pas tous les vices inhérents
aux gouvernements représentatifs en général. Les quelques hommes qui
représentent l’idée révolutionnaire de l’époque se trouvent noyés parmi
les représentants des écoles révolutionnaires du passé ou de l’ordre de
choses existant. Ces hommes, qui seraient si nécessaires au milieu du
peuple, et précisément dans ces journées de révolution, pour semer
largement leurs idées, pour mettre les masses en mouvement, pour
démolir les institutions du passé - se trouvent cloués là, dans une
salle, discutant à perte de vue, pour arracher des concessions aux
modérés, pour convertir des ennemis, tandis qu’il n’y a qu’un seul
moyen de les amener à l’idée nouvelle - c’est de la mettre à exécution.
Le gouvernement se change en parlement, avec tous les vices des
parlements bourgeois. Loin d’être un gouvernement « révolutionnaire »,
il devient le plus grand obstacle à la révolution, et pour cesser de
piétiner sur place, le peuple se voit forcé de le renvoyer, de
destituer ceux qu’hier encore il acclamait comme ses élus. Mais, ce
n’est plus si facile. Le nouveau gouvernement, qui s’est empressé
d’organiser toute une autre échelle administrative pour étendre sa
domination et se faire obéir n’entend pas céder la place aussi
légèrement. Jaloux de maintenir son pouvoir, il s’y cramponne avec
toute l’énergie d’une institution qui n’a pas encore eu le temps de
tomber en décomposition sénile. Il est décidé à opposer la force à la
force ; et pour le déloger, il n’y a qu’un moyen, celui de prendre les
armes, de refaire une révolution, afin de renvoyer ceux en qui on avait
mis tout son espoir
Et voilà la révolution divisée ! Après avoir perdu un
temps précieux en atermoiements, elle va perdre ses forces en divisions
intestines entre les amis du jeune gouvernement et ceux qui ont vu la
nécessité de s’en défaire ! Et tout cela pour ne pas avoir compris
qu’une vie nouvelle demande des formes nouvelles ; que ce n’est pas en
se cramponnant aux anciennes formes qu’on opère une révolution ! Tout
cela pour n’avoir pas compris l’incompatibilité de révolution et de
gouvernement, pour ne pas avoir entrevu que l’un - sous quelque forme
qu’il se présente - est toujours la négation de l’autre, et que, en dehors de l’anarchie, il n’y a pas de révolution.
Il en est de même pour cette autre forme de « gouvernement révolutionnaire » que l’on vous vante - la dictature révolutionnaire.
II
Les dangers auxquels s’expose la Révolution si elle se
laisse maîtriser par un gouvernement élu, sont si évidents que toute
une école de révolutionnaires renonce complètement à cette idée. Ils
comprennent qu’il est impossible à un peuple insurgé de se donner, par
la voie des élections, un gouvernement qui ne représente pas le passé,
et qui ne soit pas un boulet attaché aux pieds du peuple, surtout
lorsqu’il s’agit d’accomplir cette immense régénération économique,
politique et morale que nous comprenons par Révolution sociale. Ils
renoncent donc à l’idée d’un gouvernement « légal », du moins pour la
période qui est une révolte contre la légalité, et ils préconisent la
« dictature révolutionnaire ».
« - Le parti - disent-ils - qui aura renversé le
gouvernement se substituera de force à sa place. Il s’emparera du
pouvoir et procédera d’une façon révolutionnaire. Il prendra les
mesures nécessaires pour assurer le succès du soulèvement ; il démolira
les vieilles institutions ; il organisera la défense du territoire.
Quant à ceux qui ne voudront pas reconnaître son autorité - la
guillotine ; à ceux, peuple ou bourgeois, qui refuseront d’obéir aux
ordres qu’il lancera pour régler la marche de la révolution - encore la
guillotine ! » Voilà comment raisonnent les Robespierre en herbe - ceux
qui n’ont retenu de la grande épopée du siècle passé que son époque de
déclin, ceux qui n’y ont appris que les discours des procureurs de la
république.
* **
Pour nous, anarchistes, la dictature d’un individu ou
d’un parti - au fond, c’est la même chose - est jugée définitivement.
Nous savons qu’une révolution sociale ne se dirige pas par l’esprit
d’un seul homme ou d’un groupe. Nous savons que révolution et
gouvernement sont incompatibles ; l’un doit tuer l’autre, peu importe
le nom qu’on donne au gouvernement : dictature, royauté, ou parlement.
Nous savons que ce qui fait la force et la vérité de notre parti gît
dans sa formule fondamentale : - « Rien ne se fait de bon et de durable
que par la libre initiative du peuple, et tout pouvoir tend à la
tuer » ; c’est pourquoi les meilleurs d’entre nous, si leurs idées ne
devaient plus passer par le creuset du peuple pour être mises à
exécution, et s’ils devenaient maîtres de cet engin formidable - le
gouvernement - qui leur permît d’en agir à leur fantaisie,
deviendraient dans huit jours bons à poignarder. Nous savons où mène
chaque dictature, même la mieux intentionnée - à la mort de la
révolution. Et nous savons enfin que cette idée de dictature n’est
toujours qu’un produit malsain de ce fétichisme gouvernemental qui, de
pair avec le fétichisme religieux, a toujours perpétué l’esclavage.
Mais aujourd’hui ce n’est pas aux anarchistes que nous
nous adressons. Nous parlons à ceux des révolutionnaires
gouvernementalistes qui, égarés par les préjugés de leur éducation, se
trompent sincèrement et ne demandent pas mieux que de discuter. Nous
leur parlerons donc en nous mettant à leur point de vue.
* * *
Et d’abord, une observation générale. - Ceux qui
prêchent la dictature ne s’aperçoivent généralement pas qu’en soutenant
ce préjugé, ils ne font que préparer le terrain à ceux qui les
égorgeront plus tard. Il y a cependant un mot de Robespierre dont ses
admirateurs feraient bien de se souvenir. Lui, il ne niait pas la
dictature en principe. Mais...- « Garde-t’en bien » -répondit-il
brusquement à Mandar lorsque celui-ci lui en parla - « Brissot serait dictateur ! »
Oui, Brissot, le malin Girondin, ennemi acharné des tendances
égalitaires du peuple, défenseur enragé de la propriété (qu’il avait
jadis qualifiée de vol), Brissot, qui eût tranquillement écroué à
l’Abbaye Hébert, Marat, et tous les modérantistes jacobins !
Mais, cette parole date de 1792 ! A cette époque, la
France était depuis trois ans en révolution ! De fait, la royauté
n’existait plus : il ne restait qu’à lui porter le coup de grâce ; en
fait, le régime féodal était aboli déjà. Et cependant, même à cette
époque, où la révolution roulait librement ses vagues, c’est encore le
contre-révolutionnaire Brissot qui avait toutes les chances d’être
acclamé dictateur ! Et qu’eût-ce été auparavant, en 1789 ? - C’est
Mirabeau qui eût été reconnu chef du pouvoir ! L’homme qui faisait un
marché avec le roi pour lui vendre son éloquence - voilà qui eût été
porté au pouvoir à cette époque, si le peuple insurgé n’avait imposé sa
souveraineté, appuyée sur les piques, et s’il n’avait procédé par les
faits accomplis de la Jacquerie, en rendant illusoire tout pouvoir
constitué à Paris ou dans les départements.
Mais, le préjugé gouvernemental aveugle si bien ceux
qui parlent de dictature, qu’il préfèrent préparer la dictature d’un
nouveau Brissot ou d’un Napoléon, que de renoncer à l’idée de donner un
autre maître aux hommes qui brisent leurs chaînes !
* * *
Les sociétés secrètes du temps de la Restauration et de
Louis-Philippe ont puissamment contribué à maintenir ce préjugé de
dictature. Les bourgeois républicains de l’époque, soutenus par les
travailleurs, ont fait une longue série de conspirations pour renverser
la royauté et proclamer la République. Ne se rendant pas compte de la
transformation profonde qui devait s’opérer en France, même pour qu’un
régime républicain bourgeois pût s’établir, ils s’imaginaient qu’au
moyen d’une vaste conspiration, ils renverseraient un jour la royauté,
s’empareraient du pouvoir et proclameraient la République. Pendant près
de trente ans, ces sociétés secrètes n’ont cessé de travailler avec un
dévouement sans bornes, une persévérance et un courage héroïques. Si la
République est sortie tout naturellement de l’insurrection de février
1848, c’est grâce à ces sociétés, c’est grâce à la propagande par le
fait qu’elles firent pendant trente ans. Sans leurs nobles efforts,
jusqu’à présent encore la République eût été impossible.
* * *
Leur but était donc de s’emparer eux-mêmes du pouvoir,
de s’installer en dictature républicaine. Mais, comme de raison, jamais
ils n’y sont parvenus. Comme toujours, de par la force inévitable des
choses, ce n’est pas une conspiration qui renversa la royauté. Les
conspirateurs avaient préparé la déchéance. Ils avaient largement semé
l’idée républicaine ; leurs martyrs en avaient fait l’idéal du peuple.
Mais, la dernière poussée, celle qui renversa définitivement le roi de
la bourgeoisie, fut bien plus vaste et plus forte que celle qui pouvait
venir d’une société secrète ; elle vint de la masse populaire.
Le résultat est connu. Le parti qui avait préparé la
chute de la royauté se trouva écarté des marches de l’Hôtel-de-Ville.
D’autres, trop prudents pour courir les chances de la conspiration,
mais plus connus, plus modérés aussi, guettant le moment de s’emparer
du pouvoir, prirent la place que les conspirateurs pensaient conquérir
au bruit de la canonnade. Des publicistes, des avocats, de beaux
parleurs qui travaillaient à se faire un nom pendant que les vrais
républicains forgeaient les armes ou expiraient au bagne, s’emparèrent
du pouvoir. Les uns, déjà célèbres, furent acclamés par les badauds ;
les autres se poussèrent eux-mêmes, et furent acceptés parce que leur
nom ne représentait rien, sinon un programme d’accommodement avec tout
le monde.
Qu’on ne vienne pas nous dire que c’était manque
d’esprit pratique de la part du parti d’action ; que d’autres pourront
faire mieux... - Non, mille fois non ! C’est une loi, comme celle du
mouvement des astres, que le parti d’action reste en dehors, tandis que
les intrigants et les parleurs s’emparent du pouvoir. Ils sont plus
connus dans la grande masse qui fait la dernière poussée. Ils
réunissent plus de suffrages, car, avec ou sans bulletins, par
acclamation ou par l’intermédiaire des urnes, au fond c’est toujours un
genre d’élection tacite qui se fait en ce moment par acclamation. Ils
sont acclamés par tout le monde, surtout par les ennemis de la
révolution qui préfèrent pousser en avant les nullités, et
l’acclamation reconnaît ainsi pour chefs ceux qui, au fond, sont des
ennemis du mouvement ou des indifférents.
L’homme qui plus que tout autre fut l’incarnation de ce
système de conspiration, l’homme qui paya par une vie en prison son
dévouement à ce système, lança à la veille de sa mort ces mots qui sont
tout un programme :
Ni Dieu ni Maître !
III
S’imaginer que le gouvernement puisse être renversé par
une société secrète, et que cette société puisse s’implanter à sa place
- c’est une erreur dans laquelle sont tombées toutes les organisations
révolutionnaires nées au sein de la bourgeoisie républicaine depuis
1820. Mais d’autres faits abondent pour mettre cette erreur en
évidence. Quel dévouement, quelle abnégation, quelle persévérance
n’a-t-on pas vu déployer par les sociétés secrètes républicaines de la
Jeune Italie - et cependant tout ce travail immense, tous ces
sacrifices faits par la jeunesse italienne, devant lesquels pâlissent
même ceux de la jeunesse révolutionnaire russe, tous ces cadavres
entassés dans les casemates des forteresses autrichiennes et sous le
couteau et les balles du bourreau -, tout cela eut pour héritiers les
malins de la bourgeoisie et la royauté.
Il en est de même en Russie. Il est rare de trouver
dans l’histoire une organisation secrète qui ait obtenue, avec aussi
peu de moyens, des résultats aussi immenses que ceux atteints par la
jeunesse russe, qui ait fait preuve d’une énergie et d’une action aussi
puissante que le Comité Exécutif. Il a ébranlé ce colosse qui semblait
invulnérable - le tsarisme ; et il a rendu le gouvernement autocrate
désormais impossible en Russie. Et cependant, bien naïfs sont ceux qui
s’imagineraient que le Comité Exécutif deviendra maître du pouvoir le
jour où la couronne d’Alexandre III sera traînée dans la boue. D’autres
- les prudents qui travaillaient à se faire un nom pendant que les
révolutionnaires creusaient leurs mines, ou périssaient en Sibérie -,
d’autres - les intrigants, les parleurs, les avocats, les littérateurs
qui versent de temps en temps une larme bien vite essuyée sur la tombe
des héros et posent pour amis du peuple -, voilà ceux qui viendront
prendre la place vacante du gouvernement et crieront Arrière ! aux « inconnus » qui auront préparé la révolution.
* * *
C’est inévitable, c’est fatal, et il ne peut pas en
être autrement. Car ce ne sont pas les sociétés secrètes, ni même les
organisations révolutionnaires, qui portent le coup de grâce aux
gouvernements. Leur fonction, leur mission historique, c’est de
préparer les esprits à la révolution. Et lorsque les esprits sont
préparés - les circonstances extérieures aidant - la dernière poussée
vient, non pas du groupe initiateur, mais de la masse restée en dehors
des ramifications de la société. Le 31 août, Paris reste muet aux
appels de Blanqui. Quatre jours plus tard, il proclame la déchéance du
gouvernement ; mais alors, ce ne sont plus les Blanquistes qui sont les
initiateurs du mouvement : c’est le peuple, les millions, qui détrônent
le Décembriseur, et acclament les farceurs dont les noms ont résonné
depuis deux ans à leurs oreilles. Lorsque la révolution est prête à
éclater, lorsque le mouvement se sent dans l’air, lorsque le succès est
déjà devenu certain, alors mille hommes nouveaux,
sur lesquels l’organisation secrète n’a jamais exercé une influence
directe, viennent se joindre au mouvement, comme des oiseaux de proie
arrivés sur le champ de bataille pour se partager la dépouille des
victimes. Ceux-ci aident à faire la dernière poussée, et ce n’est pas
dans les rangs des conspirateurs sincères et irréconciliables, c’est
parmi les pantins à balançoire qu’ils vont prendre leurs chefs - tant
ils sont inspirés de l’idée qu’un chef est nécessaire.
Les conspirateurs qui maintiennent le préjugé de la
dictature travaillent donc inconsciemment à faire monter au pouvoir
leurs propres ennemis.
Mais, si ce que nous venons de dire est vrai par
rapport aux révolutions ou plutôt aux émeutes politiques - cela est
bien plus vrai encore par rapport à la révolution que nous voulons - la
Révolution Sociale. Laisser s’établir un Gouvernement quelconque, un
pouvoir fort et obéi - c’est enrayer la marche de la révolution dès le
début. Le bien que ce gouvernement pourrait faire est nul, et le mal -
immense.
En effet, de quoi s’agit-il, que comprenons-nous par
Révolution ? - Ce n’est pas un simple changement de gouvernants. C’est
la prise de possession par le peuple de toute la richesse sociale.
C’est l’abolition de tous les pouvoirs qui n’ont cessé d’entraver le
développement de l’humanité. Mais, est-ce par des décrets émanant d’un
gouvernement que cette immense révolution économique peut être
accomplie ? Nous avons vu, au siècle passé, le dictateur
révolutionnaire polonais Kosciusko décréter l’abolition du servage
personnel ; - le servage continua d’exister quatre-vingts ans après ce
décret [1].
Nous avons vu la Convention, l’omnipotente Convention, la terrible
Convention, comme disent ses admirateurs - décréter le partage par tête
de toutes le terres communales reprises aux seigneurs. Comme tant
d’autres, ce décret resta lettre morte, parce que, pour le mettre en
exécution, il eût fallu que les prolétaires des campagnes fissent toute
une nouvelle révolution, et que les révolutions ne se font pas à coup
de décrets. Pour que la prise de possession de la richesse sociale par
le peuple devienne un fait accompli, il faut que le peuple se sente les
coudées franches, qu’il secoue la servitude à laquelle il n’est que
trop habitué, qu’il agisse de sa tête, qu’il marche de l’avant sans
attendre les ordres de personne. Or, c’est précisément ce qu’empêchera
la dictature, lors même qu’elle serait la mieux intentionnée du monde,
et en même temps elle sera incapable d’avancer d’un seul pouce la
révolution.
* * *
Mais si le gouvernement - fût-il même un idéal de
gouvernement révolutionnaire - ne crée pas une force nouvelle et ne
présente aucun avantage pour le travail de démolition que nous avons à
accomplir - encore moins avons-nous à compter sur lui pour l’œuvre de
réorganisation qui doit suivre la démolition. Le changement économique
qui résultera de la Révolution Sociale sera si immense et si profond,
il devra altérer tellement toutes les relations basées aujourd’hui sur
la propriété et l’échange - qu’il est impossible, à un ou à quelques
individus d’élaborer les formes sociales qui doivent naître dans la
société future. Cette élaboration des formes sociales nouvelles ne peut
se faire que par le travail collectif des masses. Pour satisfaire à
l’immense variété des conditions et des besoins qui naîtront le jour où
la propriété individuelle sera démolie, il faut la souplesse de
l’esprit collectif du pays. Toute autorité extérieure ne sera qu’une
entrave, qu’un empêchement à ce travail organique qui doit s’accomplir
et, partant, une source de discorde et de haines.
Mais il est bien temps d’abandonner cette illusion,
tant de fois démentie et tant de fois payée si cher, d’un gouvernement
révolutionnaire. Il est temps de se dire une fois pour toutes et
d’admettre cet axiome politique qu’un gouvernement ne peut pas être
révolutionnaire. On nous parle de la Convention ; mais n’oublions pas
que les quelques mesures d’un caractère tant soit peu révolutionnaire
prises par la Convention, furent la sanction de faits accomplis par le
peuple qui à ce moment marchait par-dessus la tête de tous les
gouvernements. Comme l’a dit Victor Hugo dans son style imagé, Danton
poussait Robespierre, Marat surveillait et poussait Danton, et Marat
lui-même était poussé par Cimourdain - cette personnification des clubs
des « enragés » et des révoltés. Comme tous les gouvernements qui la
précédèrent et la suivirent, la Convention ne fut qu’un boulet aux
pieds du peuple.
* * *
Les faits que nous enseigne l’histoire sont si
concluants sous ce rapport ; l’impossibilité d’un gouvernement
révolutionnaire et la nocivité de ce qu’on désigne sous ce nom sont si
évidents, qu’il semblerait difficile de s’expliquer l’acharnement
qu’une certaine école se nommant socialiste met à maintenir l’idée d’un
gouvernement. Mais l’explication est bien simple. C’est que, tout
socialistes qu’ils se disent, les adeptes de cette école ont une tout
autre conception que la nôtre de la révolution qu’il nous incombe
d’accomplir. Pour eux - comme pour tous les radicaux bourgeois -, la
Révolution Sociale, c’est plutôt une affaire de l’avenir à laquelle il
n’y a pas à songer aujourd’hui. Ce qu’ils rêvent au fond de leur cœur,
sans oser l’avouer, c’est tout autre chose. C’est l’installation d’un
gouvernement pareil à celui de la Suisse ou des États-Unis, faisant
quelques tentatives d’appropriation à l’État de ce qu’ils appellent
ingénieusement « services publics ». C’est quelque chose qui tient de
l’idéal de Bismarck et de celui du tailleur qui arrive à la présidence
des États-Unis. C’est un compromis, fait d’avance, entre les
aspirations socialistes des masses et les appétits des bourgeois. Ils
voudraient bien l’expropriation complète, mais ils ne se sentent pas le
courage de la tenter, ils la renvoient au siècle prochain et, avant la
bataille, ils entrent déjà en négociation avec l’ennemi.
Pour nous, qui comprenons que le moment approche de
porter à la bourgeoisie un coup mortel ; que le moment n’est pas loin
où le peuple pourra mettre la main sur toute la richesse sociale et
réduire la classe des exploiteurs à l’impuissance ; pour nous, dis-je,
il ne peut y avoir d’hésitation. Nous nous lancerons corps et âme dans
la Révolution sociale et, comme dans cette voie un gouvernement, quel
que soit le bonnet dont il se coiffe, est un obstacle, nous réduirons à
l’impuissance et balayerons les ambitieux à mesure qu’ils viendront
s’imposer pour gouverner nos destinées.
Assez de gouvernements, place au peuple, à l’anarchie !
[1]
Proclamation du 7 mai 1794, promulguée le 30 mai. - Si ce décret avait
été mis à exécution c’était, de fait, l’abolition du servage personnel
et de la justice patrimoniale.
Ce qui me laisse perplexe avec le maoïsme, c'est la volonté affirmée de ne pas s'épancher sur le passé historique de ce courant marxiste. C'est d'ailleurs surprenant venant de militantEs qui font l'allégorie de l'auto-critique.
Il est un fait avéré que le coût humain de la Révolution chinoise est élevé. L'argument des maoïstes comme quoi Mao serait un boucher provient de la bourgeoisie est ridicule. C'est bien vrai que la bourgeoisie manipule l'information et la diffuse à sa guise ; ce n'est pourtant pas vrai que l'information est totalement fausse ou erronée. On reconnaît là le manichéisme dogmatique du maoïsme, pour qui le monde se sépare en deux camps opposés, comme la Bible sépare le ciel et l'enfer, Marx jouant le rôle de Jésus. Mao, ça doit être Paul qui prêche la bonne nouvelle.
Autre argument typique des dogmatiques : vu que le maoïsme est une science, s'il s'est commis des erreurs durant la Révolution chinoise et par la suite, c'est juste qu'il faut les corriger mais l'exemple est bon pareil. En d'autres mots, on ne condamne pas vraiment les exactions. On veut juste s'arranger pour que ça arrive plus tout en maintenant l'orthodoxie qui, justement, est responsable de ces mêmes exactions.
Mais de quoi parle-t-on justement, lorsqu'on mentionne ces exactions ? Ne serait-ce pas des famines causées par les politiques catastrophiques du Grand Bond ? Est-ce que nos maoïstes locaux vont être assez bornéEs pour réfuter cela ? Est-ce que vous pensez réellement que l'existence de ces famines est une invention bourgeoise ? Ça peut aussi être les débordements reliés à la Révolution culturelle. Une étude appropriée des événements montre assez clairement qu'y a pas grand monde qui souhaiterait revivre cette ''révolution''...sauf les cadres dirigeants du Parti, et encore, puisque même certainEs d'entre eux et elles se sont fait passer par dessus bord.
Est-ce que c'est un crime aussi d'installer un climat de psychose sociale où l'État-Parti a la main-mise sur tout le processus social, politique et économique ? Comment faire pour critiquer lorsque c'est un comité central qui se réclame d'une doctrine SCIENTIFIQUE (science = raison) qui prend toutes les décisions ? N'est-il pas exact qu'il existait, et qu'il existe encore en Chine avec les révisionnistes, ce climat de peur et de tension face à l'État-Parti ?
Du point de vue des révolutionnaires chinoisEs eux-mêmes, comment ne pas être distant des grands procès publics issus de la Révolution culturelle, où les militantEs communistes se voyaient jugés devant une foule rassemblée ? Une seule erreur - elle peut être d'un orde tout à fait privé, c'est à dire qui concerne strictement la vie privée de la personne, comme...des goûts musicaux - et c'est la potence idéologique. La police physique déjà omniprésente, en plus des milices, voilà que ce nous ont proposés les maoïstes, c'est la police de la pensée, où les moindres détails de la vie personnelle doivent être connus, ou mieux, dénoncés. Est-ce qu'il s'agit d'un mensonge de la bourgeoisie que d'affirmer celà, ou celà s'est-il réellement passé ?
Que dire également de l'appui de la Chine populaire au Cambodge des Khmers rouges, qui se réclamaient eux-mêmes du courant maoïste ?
Que dire de la visite de Nixon et les bons cocktails que se sont envoyés Nixon et Mao durant ces belles réceptions ? C'était juste la stratégie maoïste afin de contrer le révisionnisme soviétique ?
Il y aussi l'invasion et l'occupation du Tibet par l'armée populaire. Les maoïstes à ce sujet ont la réponse très (trop) facile : le Tibet, c'était la féodalité, le Dalaï-Lama un seigneur royal. Encore une fois, on se sert du manichéisme débilitant pour se trouver une justification. Ben oui, le Tibet c'était pas cool sous le dalaï-lama...mais fallait-il commettre des massacres à l'encontre de la population locale ? Fallait-il imposer la présence chinoise de façon militaire et permanente ? Fallait-il brûler les monastères, tuer des moines, recultivé à la chinoise la population tibétaine ? N'y-a-t-il pas eu excès ? N'y en-a-t-il pas encore ?
Au niveau international, nos maos locaux appuient qui donc ? On va le râbacher encore, mais parlons du Pérou. L'autre fois sur le CMAQ, dépêche de Arsenal-Express sur Abimael Guzman. Toujours la même rengaine maoïste qui consiste à manipuler éhontement l'information afin de mieux vendre sa salade. Ben oui l'État bourgeois il réprime une tentative de guerre populaire, ben oui l'État bourgeois dispose du monopole de la violence et que le capitalisme et l'impérialisme c'est chien en esti, et que donc la révolution au programme du Parti Communiste du Pérou est dont ben justifiée et justifiable. Mais pourquoi on parle pas des exactions commises par le Sentier Lumineux dans plusieurs communautés paysannes ? Pourquoi on ne parle pas de l'écoeurantite généralisée des péruvien-nnes pour le Sentier Lumineux ? Ça ne signifie pas que les prolétaires et paysans du Pérou répudient la révolution ; seulement qu'ils et elles en ont soupés de la guerre populaire maoïste, menée par des forcenéEs qui n'ont rien à perdre, et dirigée par un mass-murderer pour qui ça fait ni chaud ni froid de liquider un village qui aurait ''trahi la cause''. Tiens, une p'tite anecdote comme ça...Je me souviens de deux militants du PCR(co) venant distribuer de la propagande au cégep de St-Laurent (j'étudiais pas là). Une fille constate que les deux militants faisaient la promotion du Sentier Lumineux. Elle leur dit que ça la fait vraiment chier et que c'est dégueulasse...puisqu'elle même péruvienne, des membres de sa famille ont été exécutés par le Sentier Lumineux. Après constation de ceci, la réponse des deux maos glacent le sang : ta famille l'avait sûrement mérité (mot pour mot). Peut-être ben que cette famille était une famille bourgeoise qui s'engraissait sur le dos de la population. Cependant, ce qui est a soulevé, c'est que les deux militants donnent RAISON à un massacre parce que le Parti Communiste et la guerre populaire sont hors de tous soupçons : il s'agit d'une démarche rigoureusement SCIENTIFIQUE. Donc, si y'a des massacres, ça doit faire partie du plan, point barre. Ça laisse songeur quand aux intentions de certainEs.
Ouin, la guerre populaire au Québec, je vais vous dire que ça me tente pas mal. Déjà que moi, qui a un parti-pris en faveur de la révolution, j'ai des soupçons que je juge assez fondé quand à la pertinence d'une organisation de type mao, imaginez chez le/la prolo moyen-nne. J'veux dire...c'est clair que l'expérience mao a pas bonne presse. Bourgeoise ou pas, y'a pas grand chose à faire par rapport à ça. La création du PCR n'incitera pas plus les révolutionnaires méfiants des dérives autoritaires du marxisme-léninisme à se faire une nouvelle image de vous.
La révolution c'est la terreur, disaient certains. C'est sûr qu'il faut toutefois être conscientE que l'hypothèse d'une révolution soulève des questions qui parfois nous poussent dans nos contradictions. Par exemple, d'un point de vue anarchiste, la critique des expériences historiques du marxisme-léninisme et ses variantes nous fait dire qu'un parti révolutionnaire qui fait la révolution pour ensuite diriger l'État n'amène que son lot d'épurations, de ces ''nouveaux rapports sociaux'' qui conduisent aux pires excès, à une militarisation excessive de régimes devenant ni plus ni moins des tyrannies. Mais pourtant, nous aussi nous souhaitons et nous voulons travailler à la révolution sociale. C'est bien beau de s'attarder sur les dérives autoritaires, mais la question demeure. Une révolution, c'est automatiquement et nécessairement une rupture définitive avec l'ancien pouvoir ; c'est d'une violence inouïe.
C'est dans cette violence que se profile des questionnements qui nous laissent parfois sans voix. Force est de reconnaître que les maoïstes ne voilent pas tant que ça leurs intentions : ils ne critiquent ni le stalinisme, ni la bureaucratie du Parti-État, ni les planifications meurtières, ni les emprisonnements de masse, ni l'embrigadement idéologique monolithique, ni la militarisation débile, ni les épurations et surtout pas les massacres de certaines couches de la population civile.
Dans l'optique où des organisations anarchistes conséquentes participeraient activement à la construction d'une révolution sociale, la question de la violence à l'intérieur du processus révolutionnaire est pas mal pertinente : c'est quoi qu'on fait avec les éléments réactionnaires qui sabordent l'avancée révolutionnaire ? c'est quoi qu'on fait avec les riches de Westmount pis d'Hamstead ? Va ben falloir en tuer des flics pis des militaires, non ? Y'a-t-il une limite à l'armement ? Ce serait quoi les rapports entre les anarchistes, leurs sympathisantEs et des forces révolutionnaires telles des communistes de type maos-staliniens ? Bref, la violence, quand elle commence, elle s'arrête où ? De même, c'est quand que c'est autoritaire pis c'est quand que ça l'est plus ?
T'sais, un moment faut faire des choix...et des concessions. Ça se réglera bien à coups de bombes, comme disait Malatesta...
Mais bon. Faut savoir aussi se regarder un peu le nombril et constater où nous en sommes. Les rouges ont déjà leur organisation et même si on pense qu'ils avancent tout croche...ben ils avancent quand même.
Très bien dit PL. On pourrait aussi rajouter le fait que la Chine maoïste a été le premier pays à reconnaître le régime de Pinochet au Chili en 1973 sur la base de l'antisoviétisme ainsi que le soutien accordé au régime tyrannique du Shah d'Iran, le soutien à la dictature militaire pakistanaise en 1972 lors de la guerre d'indépendance du Bengladesh et le soutien au gouvernement srilankais lors de la répression de l'insurrection tamoule en 1971. Ce qui démontre que la politique étrangère de Mao était aussi réactionnaire et contre-révolutionnaire que celles des Soviets. Encore c'était les intérêts de la classe dirigeante chinoise qui passait bien avant les intérêts de la révolution internationale.
Quant au fait que les militants du PCR soutiennent aveuglément les exactions du Sentier Lumineux il n'y a rien de surprenant là-dedans. Les militants du Parti communiste ouvrier, un prédécesseur du PCR, soutenaient sans sourciller les crimes des Khmers Rouges au Cambodge.
Tu ne retiens que la critique de l'expérience maoïste chinoise mais tu ne dis rien sur ses questionnements sur la stratégie révolutionnaire. C'est vraiment symptomatique de la déchéance morale du trotskysme; Il n'est que bon à attaquer à attaquer les révolutionnaires pour mieux justifier son indécrottable réformisme putride. Le mérite du commentaire est de soulever beaucoup de questionnements existants sur non seulement les expériences en Chine ou au Pérou mais celle aussi potentielle au Canada.
Les trotskystes ne font pas la révolution. Ils prennent leur temps pour trouver des arguments fallacieux pour attaquer les révolutionnaires. Si les révolutionnaires prenaient le même temps pour répondre aux attaques mensongères, il ne la ferait plus la révolution. Construisez donc quelque chose de sérieux au lieu de parasiter les organisations réformistes. Ceci dit, j'aime autant que vous parasitiez les organisations réformistes plutôt que celles qui défendent la révolution. Il y a assez de la bourgeoisie pour nous attaquer en traitre sans avoir en plus les trotskystes.
C'est très caractéristique des maos-staliniens de lancer des attaques de bas niveau contre les trotskystes au lieu de répondre aux arguments soulevés. En terme de parasitisme les maos ont toujours été des maîtres d'oeuvres, que ce soit l'ADDS de Montréal par Action Socialiste ou différents groupes communautaires par le PCO et En lutte dans les années 70.
Quand je vois votre alignement sur le RCP américain, une véritable secte stalinienne qui voue un culte phénoménal à son chef suprême, Bob Avakian, et qui a défendu une ligne profondément homophobe jusqu'en 2003. Ne viens surtout pas me dire que le RCP a changé sa position sur cette question, car juste le fait qu'il fait cette position rétrograde et réactionnaire pendant trente ans est révélateur sur ce type d'organisation.
Votre soutien aux maos du Népal qui viennent de signer un accord de paix avec le régime bourgeois de ce pays est vraiment ahurissant. Surtout de la part d'une organisation qui a toujours fustigé les groupes qui signaient des accords de paix. Maintenant que ce sont nos amis qui le font, on piétine nos "principes" et on appuit aveuglément!
C'est sûr qu'au niveau de l'opportunisme, il m'est impossible de donner des leçons là-dedans. Je ne connais rien à ce niveau et jamais je n'enseignerai quelque chose que je ne connais pas surtout à des experts.
Ça demanderait une réponse trop longue. je vais amener quelques éléments
Sur la question de l'expérience chinoise, je te référerai à deux livres: 1) Wilfred Burchett. La Chine une autre qualité de vie; 2) Jean Esmein. La révolution culturelle. Burchett est un journaliste marxiste australien qui faisait des reportages sur la Chine des années 50, 60 et 70. Sur le grand bond, il a montré que cette expérience avait eu des aspects `très positifs à la campagne parce qu'elle avait amené une sensibilisation à de nouvelles technologies auprès des paysanNEs. on l'oublie mais la Chine des années 40, c'était encore le moyen-âge à la campagne. Pour des vieux ici, c'est difficile de les introduire à l'informatique. Imaginer pour des paysanNEs chinois au milieu du siècle dernier. Mais ils et elles ont appris des technologies modernes, des modes d'organisation du travail moderne, etc. Pour ce qui est des famines et des catastrophes naturelles, rappelons que ce pays en avait déjà connu auparavant. Il y a eu des régions avec une forte surmortalité, c'est vrai. cependant, sans les progrès culturels acquis durant le grand bond en avant, il se peut que les conséquences furent pire. N'oublions pas aussi qu'au début des années 60, alors que la Chine connaissait de graves catastrophes naturelles, l'URSS avait retiré ses technicienNEs de la Chine. Cette soustraction de ressources n'a pas aidé.
On peut aller voir aussi ce texte de Joseph Ball sur le site de Monthly Review qui parle du grand bond en avant http://www.monthlyreview.org/0906ball.htm
Jean Esmein est un sinologue bourgeois mais qui a fait un travail honnête sur la GRCP. Il y montre que les affrontements politiques entre les révisos et les communistes étaient féroces. Tout le monde disait se réclamer de Mao: La droite, la gauche et l'ultra-gauche (quasi anarchiste). Certains s,en réclamaient pour mieux le combattre et d'autres pour le défendre. Dans un village éloigné des grands centres, ou les communications avec l'extérieur étaient rares, des cadres corrompus du Parti chinois pouvaient se dire maoïstes et réprimer des gens honnêtes qui contestaient la corruption. Il y a eu des affrontements meurtriers entre des pro et des anti maos. C'est vrai. il faut néanmoins connaître le contexte. Ensuite, peut-on reprocher à Mao d'avoir fait appel aux masses pour critiquer et combattre les cadres corrompus? Qu'il est envoyé quelques profs à la campagne ou à l'usine pour qu'ils apprennent la réalité populaire, ça ne devrait pas faire brailler aucun révolutionnaire. Par contre, c'est sûr quand on l'est pas et que l'on se dit révolutionnaire, ça nous fait de la peine de voir des intellos travailler dur à la campagne. Quand ceux qui ont de la culture se plaignent on les écoute; le pauvre qui se plaint on le fait passer pour un désaxé.
Pour les Khmers rouges, il y a une excellente analyse sur le site de A world to win. C'est une critique maoïste de ce mouvement plutôt nationaliste bourgeois et révisionniste. http://www.awtw.org/back_issues/1999-25/PolPot_eng25.htm
Sur la balance, je ne répondrai pas. Je pourrais t'expliquer le contexte du massacre d'un village par le Parti Communiste du Pérou et te dire aussi qu'il en a fait une auto-critique mais je ne te convaincrai pas. Un parti, c'est un formidable outil pour attaquer la bourgeoisie et pour éviter des bavures mais ça ne contrôle pas tout. Si un cadre local décide de faire une action irraisonnée, doit-on en imputer l'ensemble de l'organisation?
pour revenir sur la Chine, il y a des critiques bien plus intéressantes à faire que les histoires de "massacres inconsidérés". Par exemple, la relation entre la Raison d'État, le parti et les luttes de ligne dans le parti. Là-dessus, les maoïstes doivent réfléchir. Mais quand on subit des attaques grossières, on ne peut pas débattre sur d'autres choses plus intéressantes.
Je comprends que tu débattes principalement avec d'autres anarchistes et que tu dois réciter le catéchisme des accusations existantes contre les maos pour montrer que tu restes un noir, noir de noir. Il faut montrer patte noire. Ce que tu veux faire comprendre aux autres anars, c'est qu'il faut une organisation révolutionnaire anarchiste sérieuse qui avance. Elle pourrait s'appuyer sur un héritage historique vierge de discrédit. Mais construire une société révolutionnaire à l'échelle d'un pays ou du monde entier, c'est pas la même chose que de construire une commune de hippies. je crois que tu en conviens. Je pense que le maoïsme est mieux adapté à cela.
Les maos disent que ce sont les masses qui font la révolution. Les anars, en tant que membres des masses, peuvent y participer. Les maos disent qu'il faut un parti pour en donner la direction. Si les anars sont persuadés qu'ils peuvent donner une meilleure direction au mouvement, qu'ils le montrent. Il y a une réflexion concrète à mener sur comment transformer la société. on doit la faire.
Le Népal nous a montré que sans une guerre révolutionnaire, il n'y aurait pas eu les formidables développements des derniers mois. Que des anars et des maos travaillent, à côté ou ensemble, dans l'idée de détruire l'état bourgeois et implanter de nouveaux rapports sociaux, pourquoi pas. On devra néanmoins se méfier des parasites trotskystes qui tenteront de nous monter les uns contre les autres.
Quand les Gardes Rouges ont commencé à remettre en question le pouvoir et les privilèges de la classe dirigeante maoïste, le "Grand Timonier" a envoyé l'armée pour les massacrer. Voici la "démocratie" colportée par les parasites maoïstes.
Concernant le Népal au moins les maos français du PCMLM ont l'honnêté de dénoncer la ligne des maos népalais, au lieu d'approuver aveuglément comme nos maos locaux.
Mais bien entendu pour vous le fait de critiquer le maoïsme est de l'anticommunisme. Vous me faites tellement penser aux sionistes qui affirment que les critiques d'Israël relèvent de l'antisémitisme. D'ailleurs c'est un de vos ancêtres politiques, Joseph Staline, qui a donné son aval pour la création de l'État sioniste en 1948.
Une alliance entre les maos-stal et les anars seraient contre-nature étant donné la nature profondément répressive et antidémocratique du stalinisme chinois. Les anars feraient partie des premières victimes de la répression consécutive à la prise du pouvoir par les maos.
Quant aux Khmers Rouges, c'est profondément hypocrite de se dissocier d'eux après leur déchéance. Ils ne font que suivre et pousser jusqu'au bout les théories maoïstes. Ils ont été des élèves trop "zélés".
Je sais par expérience tout ce que je dis à propos du centralisme, du dirigisme, de la bureaucratie... pour les avoir pleinement vécu en tant qu'ex-marxiste-léniniste. Là-dessus, léninisme, trotskysme, maoïsme... même problème.
ha hahaha!! Je sais par expérience tout ce que je dis...!! Ça c'est vraiment la meilleure. Dans le fond quand j'y pense, moi aussi j'ai déjà milité dans le mvt anarchiste pendant 1-2 mois. Tout ce que je pourrais bien dire contre l'anarchisme est donc, par conséquent, vrai. J'y pense: même Mao a déjà été anar, tout ce qu'il dit en défense du ML et contre l'anarchisme est donc vrai!
Sacrés post-gauchistes, toujours le mot pour rire!
Tu as beau rire, ça engage à rien et c'est bon pour la santé. Ce que j'ai appris de mes études historiques n'ont qu'été confirmé par mes années marxistes-léninistes. Si tu faisais une critique articulée du mvt anarchiste, je serais peut-être d'accord avec certains éléments de ta critique comme je le suis avec certains de la critique maoïste de l'anarchisme surtout si l'anarchisme pour les maos égalent certains groupes anarchistes de défense de droits ou encore avec la NEFAC. Je suis d'accord par exemple avec la critique mao des syndicats, des groupes communautaires, de la sociale-démocratie, avec votre critique du trostkysme... mais c'est que vous êtes pas les seuls à défendre ces positions.
Que les maos avancent, c'est inintéressant voire nuisible même avec une organisation. C'est triste de voir une conclusion aussi absurde dans le texte de PL qui est vraiment excellent. Sinon, il devrait certes y avoir une discussion vraiment révolutionnaire et libertaire sur l'organisation mais ce n'est pas avec des autoritaires, des dirigeants... de facto que nous l'aurons. Sinon, il y a une insurrection populaire en cours à Oaxaca et au Mexique en général qui peut entre autres servir d'enseignement, que nous pouvons critiquer, dont nous pouvons apprendre...
Encore là, ce que tu appuies du propos de PL et ce que tu rejettes est très révélateur de ta position face à la position. Tu veux qu'une révolution éclate en espérant que les autres suivront ton exemple de communisation. Elle reste donc au niveau d'un désir à libérer et elle n'est pas un acte construit consciemment par de larges masses. La deuxième position est un énorme défi. La première demande une force de foi intense qui ne se brise pas sur les écueils des méandres de la réalité.
Quelle exemple révolutionnaire oppose-tu? celui de la commune de Oaxaca. Une grève d'instituteurs/trices se transforment en occupation prolongée d'une ville et entraîne une large participation des masses dans l'action. Pourquoi au Mexique et pas ailleurs? Pourquoi dans cette région du Mexique et pas ailleurs? Il y a un contexte qui permettait ce mouvement et des gens organisés et déterminés ont profité de la situation. Dans ce coin du Mexique, la modernité nord-américaine n'y est pas encore rendu. On y retrouve encore des baronnies politiques quasi-féodales. les rapports sociaux capitalistes n'y sont pas beaucoup avancés, les vestiges semi-féodaux y étant encore forts. Il y a un espace pour une action révolutionnaire. peut-on reproduire cela au Canada? Ensuite quelle sera la pérennité d'un tel mouvement? Est-ce que ça va se répandre tout partout ailleurs au Mexique?
Au Canada, nous en avons eu de telles exemples de grève révolution où les travailleurs/euses géraient la ville. Il y a eu Winnipeg en 1919 et sept-îles au début des années 70? Ça a duré quelques semaines. Ça ne s'est pas répandu comme tel. Il faut souligner que ces expériences avaient lieu en même temps qu'il y avait d'autres grèves ailleurs à l'échelle soit canadienne soit québécoises et qu'elles y jouaient le rôle de pointe la plus avancée du mouvement gréviste. L'objectif du renversement du pouvoir bourgeois y était plus ou moins flou. Ces grands mouvements stimulants n'ont duré qu'un temps.
Aujourd'hui, de tels mouvements sont-ils envisageables? À certaines condition, peut-être. Dans un pays impérialiste où la propagande bourgeoise est omniprésente, où le consumérisme en corrompt beaucoup, où l'État et sa police est très présent, où les syndicats jouent le rôle d'école du capitalisme, ça ne peut qu'être difficile. On doit avoir un noyau de militantEs révolutionnaires suffisamment déterminés et suffisamment vifs d'esprit pour profiter de situation qui permettrait l'émergence d'un tel mouvement d'ampleur. On en revient toujours à la création de ce noyau dur. Je suis sûr que l'expérience de la commune de Oaxaca est des plus enthousiasmantes pour celles et ceux qui y participent. On peut y rêver ou on peut créer le noyau qui pourrait en permettre ici au Canada. Ça ne se fera pas tout seul. Ce n'est pas le fait qu'une telle expérience soit plaisante qu'elle implique un ralliement spontané. Une fête réussie ça implique aussi beaucoup de travail préalable. Avec de la dope cheap, de la piquette pis de la bagosse, la seule affaire qu'on peut espérer ce sont des lendemains de veilles douloureux et non pas un avenir radieux
''Tu veux qu'une révolution éclate en espérant que les autres suivront ton exemple de communisation. Elle reste donc au niveau d'un désir à libérer et elle n'est pas un acte construit consciemment par de larges masses. La deuxième position est un énorme défi. La première demande une force de foi intense qui ne se brise pas sur les écueils des méandres de la réalité.''
Ici tu te parles à toi-même pour répondre, car j'ai jamais dit que le désir seul suffisait. C'est de la démagogie que de réduire les arguments des autres à ce qu'ils ne disent même pas et c'est très symptomatique de toute position autoritaire.
L'expérience d'Oaxaca reste en pratiques, en débat...
Pour ce qui concerne la révolution dans les pays du capitalisme avancé et bien la question reste ouverte. D'ailleurs, toutes vos supposées révolutions très bien décrites par PL n'ont été qu'en pays semi-féodaux, alors tu n'as pas de leçons maoïstes à nous donner là-dessus. Juste penser la révolution comme l'oeuvre d'un noyau dur si c'est ce que tu penses et bien ce n'est pas une révolution de masse, mais le fruit d'une élite agissante et éclairée qui ne peut qu'être autoritaire et avant-gardiste et c'est logique dans la position du parti qui dirige. Mais la révolution du Parti, ce n'est pas notre révolution. Notre révolution ne pourra qu'être populaire tout le reste n'est que coups d'État, exercices de nouveaux gouvernements...
Je ne comprends pas en quoi c'est absurde de constater que selon leurs préceptes et leur doctrine, les maoïstes locaux avancent. À petits pas, mais ils et elles avancent.
Tu peux très bien juger que c'est ''inintéressant voire nuisible même avec une organisation'', là n'est pas la question. Le constat est que le PCR est créé...Si tu ne saisis pas cette remarque, je me demande bien dans quelles sphères pouvons nous débattre ?
Je faisais écho au fait que les anarchistes locaux sont pour la plupart désorganiséEs et démuniEs d'organisations solides et concrètes. À l'heure actuelle, les organisations populaires qui ont le plus de répercussions et dans lesquelles des anarchistes s'impliquent ne sont pas anarchistes mais plutôt composées par ceux-celles ci...Sinon, de spécifiquement anar, ben y'a comme un vide qui continue de s'amplifier. Y'a 1 organisation plateformiste, et elle n'est pas au mieux de sa forme. Sinon, y'a des espaces...genre L'Insoumise et le DIRA, le Salon du Livre.
Mais de spécifiquement anarchiste, révolutionnaire et qui se revendique des principes fondateurs de l'anarchisme (contre le capitalisme, contre l'État), non pas vaguement libertaire voire anarchisant, y'a quoi ? Je vois pas grand chose.
Construire un mouvement anarchiste organisé (ce que tu répudies) est largement possible, l'expérience nous montre que cela s'est fait historiquement mais aussi aujourd'hui même dans certaines régions du globe. Malheureusement, tant que le ''milieu'' est gangréné par des individualistes pour qui une/des organisations spécifiques sont le spectre de l'autoritarisme et du bolchevisme, alors là, ben oui on avancera pas et on restera dans nos apparts à caller des soirées de projections, à ''communiser'' nos ressources (waaahh, elles sont belles nos ressources)...bref, à ghettoïser le ghetto, en créant même des sous-ghettos qui ont pour intention de rallier...le ghetto déjà existant.
Je veux bien croire que tu es démoralisé par le mouvement anar (moi aussi bien souvent) mais de là à légitimer l'organisation mao même de manière critique, il y a tout de même des limites à ce que nous pouvons faire en tant que libertaires.
''Construire un mouvement anarchiste organisé (ce que tu répudies)''
Je ne répudie pas cette perspective sauf si tu penses qu'organisation veut dire seulement organisation plateformiste et/ou bureaucratique et/ou formaliste. Je m'organise moi-même avec d'autres et essaie tant bien que mal d'étendre les luttes, l'organisation, l'information...
Avec Anarkhia, nous avons le site web le plus fréquenté des sites anars au Québec et sans doute le plus diversifié et riche et nos projections nous permettent de rencontrer plusieurs nouvelles personnes sur des bases d'information et de discussion sur les perspectives anarchistes contre le Capital, contre l'État...
Sinon, nous sommes plusieurs à travailler ensemble dans des radios qui ne sont pas anars mais dont notre combat dans ces structures nous permette de diffuser de l'information critique et libertaire (différentes émissions à CKUT, à Radio Centre-Ville).
Sinon, il y a ce projet qui ne demande qu'à s'étendre :
Vivre, s’organiser et combattre dans Hochelaga !
Anonymous, Mardi, Octobre 31, 2006 - 12:14 (Communiqués | Actions communautaires | Logement / Housing / Vivienda | Media | Politics | Poverty)
First paragraph (Teaser):
Invitation à la vie, à l'organisation et à la lutte dans Hochelaga
Rest of the text:
La pauvreté, l’exclusion sociale, l’exploitation salariale… sont quelques-uns des problèmes auxquels nous faisons face.
Hochelaga, le quartier que nous habitons, est un quartier de misère. C’est un des nombreux lieux qui voit sévir le capitalisme dans ce qu’il a de plus destructeur. Dans ce monde, il n’y a pas d’alternatives viables. Comme dirait quelqu’un :
« Tout est à eux. Rien n’est à nous ».
C’est pourquoi pour sortir nos vies de leur enfer, nous ne pouvons que lutter et nous organiser le plus possible en-dehors des bases de la domination.
Nous nous organisons déjà dans ce quartier en y créant un vaste espace collectif, un espace d’exposition, une infothèque, une bibliothèque, le début d’un centre d’archives, un lieu de discussion, de projection, de conférences, d’organisation…
Nous nous organisons malgré toutes les limites du monde capitalisé (loyer, achats, travail…), mais en diminuant le plus possible ces entraves. Nous partageons ce que nous avons. Nous récupérons les rebuts essentiels et utiles de la société de consommation (nourriture, outils de cuisine, vêtements, meubles, appareils techniques…). Nous cassons notre solitude, notre isolement, en partageant avec les gens qui habitent le lieu ou le fréquentent ainsi que nos différentes fréquentations dans le quartier. Nous nous réapproprions par différents moyens les biens de ce monde qui nous été volés par quelques propriétaires, quelques capitalistes...
Pour l’instant, ce partage commun de nos vies, de nos luttes… s’effectue à une échelle restreinte. Mais nous voulons nous étendre pour partager avec d’autres. Nous ne voulons pas centraliser autour de nos stratégies, mais plutôt partager nos expériences. Nous voulons construire une puissance d’organisation et de lutte qui nous unit sur des projets concrets qui visent tout à la fois l’autonomie et la mise en commun (certainEs diraient le communisme ou la communisation).
Nous pensons dans un premier temps vous inviter à vous mettre en contact avec nous.
Nous voulons réaliser dans un deuxième temps un journal qui diffusera nos/vos préoccupations, nos/vos projets, nos/vos textes, nos/vos illustrations/dessins/images, nos/vos luttes… qui fera connaître différentes initiatives qui vont dans le sens de la réappropriation de nos vies, de leurs partages intensifs...
Pour nous rencontrer et pour nous envoyer du matériel pour le journal, vous pouvez nous écrire à
Ces différents projets et activités autonomes (les unEs des autres) et je pourrais en énumérer d'autres permettent d'envisager la construction d'un mouvement effectif, pluriel, diversifié mais le plus possible critique et révolutionnaire.
Sinon, qu'est-ce que tu proposes de vraiment anarchiste et qu'est-ce que fais toi-même dans ce sens ?
> Sujet: Le gouvernement révolutionnaire (Kropotkine)
> Auteur: Anarkhia Webmaster
> Date: Lun, 2006-12-04 13:22
Je ne vois pas c'est quoi l'idée de flooder le CMAQ avec du copier-coller. Cela allonge inutilement les threads et les rend plus difficiles à suivre, déjà que l'interface du CMAQ est plus ou moins bien adaptée pour les longs débats. D'autant plus qu'il n'y a rien de nouveau d'apporté dans ces 2 commentaires; ce n'est qu'une copie de classiques anarchistes, bref un hyperlien suffirait.
Si on ne modère pas ça, je vais comprendre que j'ai le feu vert pour répliquer à Anarkhia Webmaster en recopiant deux ou trois articles de Lénine... ;-)
ok, si ça vous tente qu'on flood le cmaq avec du copier-coller sans but, voici un texte classique des années 1970 (que je n'ai pas lu, mais qui pourrait intéresser les gens d'Anarkhia et en plus ça fait une bonne dizaine de pages). c'est pas du Lénine, mais ça a d'lair pas pire quand même
THE TYRANNY of STRUCTURELESSNESS
by Jo Freeman
During the years in which the women's liberation movement has been taking shape, a great emphasis has been placed on what are called leaderless, structureless groups as the main -- if not sole -- organizational form of the movement. The source of this idea was a natural reaction against the over-structured society in which most of us found ourselves, and the inevitable control this gave others over our lives, and the continual elitism of the Left and similar groups among those who were supposedly fighting this overstructuredness.
The idea of "structurelessness," however, has moved from a healthy counter to those tendencies to becoming a goddess in its own right. The idea is as little examined as the term is much used, but it has become an intrinsic and unquestioned part of women's liberation ideology. For the early development of the movement this did not much matter. It early defined its main goal, and its main method, as consciousness-raising, and the "structureless" rap group was an excellent means to this end. The looseness and informality of it encouraged participation in discussion, and its often supportive atmosphere elicited personal insight. If nothing more concrete than personal insight ever resulted from these groups, that did not much matter, because their purpose did not really extend beyond this.
The basic problems didn't appear until individual rap groups exhausted the virtues of consciousness-raising and decided they wanted to do something more specific. At this point they usually foundered because most groups were unwilling to change their structure when they changed their tasks. Women had thoroughly accepted the idea of "structurelessness" without realizing the limitations of its uses. People would try to use the "structureless" group and the informal conference for purposes for which they were unsuitable out of a blind belief that no other means could possibly be anything but oppressive.
If the movement is to grow beyond these elementary stages of development, it will have to disabuse itself of some of its prejudices about organization and structure. There is nothing inherently bad about either of these. They can be and often are misused, but to reject them out of hand because they are misused is to deny ourselves the necessary tools to further development. We need to understand why "structurelessness" does not work.
FORMAL AND INFORMAL STRUCTURES
Contrary to what we would like to believe, there is no such thing as a structureless group. Any group of people of whatever nature that comes together for any length of time for any purpose will inevitably structure itself in some fashion. The structure may be flexible; it may vary over time; it may evenly or unevenly distribute tasks, power and resources over the members of the group. But it will be formed regardless of the abilities, personalities, or intentions of the people involved. The very fact that we are individuals, with different talents, predispositions, and backgrounds makes this inevitable. Only if we refused to relate or interact on any basis whatsoever could we approximate structurelessness -- and that is not the nature of a human group.
This means that to strive for a structureless group is as useful, and as deceptive, as to aim at an "objective" news story, "value-free" social science, or a "free" economy. A "laissez faire" group is about as realistic as a "laissez faire" society; the idea becomes a smokescreen for the strong or the lucky to establish unquestioned hegemony over others. This hegemony can be so easily established because the idea of "structurelessness" does not prevent the formation of informal structures, only formal ones. Similarly "laissez faire" philosophy did not prevent the economically powerful from establishing control over wages, prices, and distribution of goods; it only prevented the government from doing so. Thus structurelessness becomes a way of masking power, and within the women's movement is usually most strongly advocated by those who are the most powerful (whether they are conscious of their power or not). As long as the structure of the group is informal, the rules of how decisions are made are known only to a few and awareness of power is limited to those who know the rules. Those who do not know the rules and are not chosen for initiation must remain in confusion, or suffer from paranoid delusions that something is happening of which they are not quite aware.
For everyone to have the opportunity to be involved in a given group and to participate in its activities the structure must be explicit, not implicit. The rules of decision-making must be open and available to everyone, and this can happen only if they are formalized. This is not to say that formalization of a structure of a group will destroy the informal structure. It usually doesn't. But it does hinder the informal structure from having predominant control and make available some means of attacking it if the people involved are not at least responsible to the needs of the group at large.
"Structurelessness" is organizationally impossible. We cannot decide whether to have a structured or structureless group, only whether or not to have a formally structured one. Therefore the word will not he used any longer except to refer to the idea it represents. Unstructured will refer to those groups which have not been deliberately structured in a particular manner. Structured will refer to those which have. A Structured group always has formal structure, and may also have an informal, or covert, structure. It is this informal structure, particularly in Unstructured groups, which forms the basis for elites.
THE NATURE OF ELITISM
"Elitist" is probably the most abused word in the women's liberation movement. It is used as frequently, and for the same reasons, as "pinko" was used in the fifties. It is rarely used correctly. Within the movement it commonly refers to individuals, though the personal characteristics and activities of those to whom it is directed may differ widely: An individual, as an individual can never be an elitist, because the only proper application of the term "elite" is to groups. Any individual, regardless of how well-known that person may be, can never be an elite.
Correctly, an elite refers to a small group of people who have power over a larger group of which they are part, usually without direct responsibility to that larger group, and often without their knowledge or consent. A person becomes an elitist by being part of, or advocating the rule by, such a small group, whether or not that individual is well known or not known at all. Notoriety is not a definition of an elitist. The most insidious elites are usually run by people not known to the larger public at all. Intelligent elitists are usually smart enough not to allow themselves to become well known; when they become known, they are watched, and the mask over their power is no longer firmly lodged.
Elites are not conspiracies. Very seldom does a small group of people get together and deliberately try to take over a larger group for its own ends. Elites are nothing more, and nothing less, than groups of friends who also happen to participate in the same political activities. They would probably maintain their friendship whether or not they were involved in political activities; they would probably be involved in political activities whether or not they maintained their friendships. It is the coincidence of these two phenomena which creates elites in any group and makes them so difficult to break.
These friendship groups function as networks of communication outside any regular channels for such communication that may have been set up by a group. If no channels are set up, they function as the only networks of communication. Because people are friends, because they usually share the same values and orientations, because they talk to each other socially and consult with each other when common decisions have to be made, the people involved in these networks have more power in the group than those who don't. And it is a rare group that does not establish some informal networks of communication through the friends that are made in it.
Some groups, depending on their size, may have more than one such informal communications network. Networks may even overlap. When only one such network exists, it is the elite of an otherwise Unstructured group, whether the participants in it want to be elitists or not. If it is the only such network in a Structured group it may or may not be an elite depending on its composition and the nature of the formal Structure. If there are two or more such networks of friends, they may compete for power within the group, thus forming factions, or one may deliberately opt out of the competition, leaving the other as the elite. In a Structured group, two or more such friendship networks usually compete with each other for formal power. This is often the healthiest situation, as the other members are in a position to arbitrate between the two competitors for power and thus to make demands on those to whom they give their temporary allegiance.
The inevitably elitist and exclusive nature of informal communication networks of friends is neither a new phenomenon characteristic of the women's movement nor a phenomenon new to women. Such informal relationships have excluded women for centuries from participating in integrated groups of which they were a part. In any profession or organization these networks have created the "locker room" mentality and the "old school" ties which have effectively prevented women as a group (as well as some men individually) from having equal access to the sources of power or social reward. Much of the energy of past women's movements has been directed to having the structures of decision-making and the selection processes formalized so that the exclusion of women could be confronted directly. As we well know, these efforts have not prevented the informal male-only networks from discriminating against women, but they have made it more difficult.
Because elites are informal does not mean they are invisible. At any small group meeting anyone with a sharp eye and an acute ear can tell who is influencing whom. The members of a friendship group will relate more to each other than to other people. They listen more attentively, and interrupt less; they repeat each other's points and give in amiably; they tend to ignore or grapple with the "outs" whose approval is not necessary for making a decision. But it is necessary for the "outs" to stay on good terms with the "ins." Of course the lines are not as sharp as I have drawn them. They are nuances of interaction, not prewritten scripts. But they are discernible, and they do have their effect. Once one knows with whom it is important to check before a decision is made, and whose approval is the stamp of acceptance, one knows who is running things.
Since movement groups have made no concrete decisions about who shall exercise power within them, many different criteria are used around the country. Most criteria are along the lines of traditional female characteristics. For instance, in the early days of the movement, marriage was usually a prerequisite for participation in the informal elite. As women have been traditionally taught, married women relate primarily to each other, and look upon single women as too threatening to have as close friends. In many cities, this criterion was further refined to include only those women married to New Left men. This standard had more than tradition behind it, however, because New Left men often had access to resources needed by the movement -- such as mailing lists, printing presses, contacts, and information -- and women were used to getting what they needed through men rather than independently.
As the movement has charged through time, marriage has become a less universal criterion for effective participation, but all informal elites establish standards by which only women who possess certain material or personal characteristics may join. They frequently include: middle-class background (despite all the rhetoric about relating to the working class); being married; not being married but living with someone; being or pretending to be a lesbian; being between the ages of twenty and thirty; being college educated or at least having some college background; being "hip"; not being too "hip"; holding a certain political line or identification as a "radical"; having children or at least liking them; not having children; having certain "feminine" personality characteristics such as being "nice"; dressing right (whether in the traditional style or the anti-traditional style); etc. There are also some characteristics which will almost always tag one as a "deviant" who should not be related to. They include: being too old; working full time, particularly if one is actively committed to a "career;” not being "nice"; and being avowedly single (i.e., neither actively heterosexual nor homosexual).
Other criteria could be included, but they all have common themes. The characteristics prerequisite for participating in the informal elites of the movement, and thus for exercising power, concern one's background, personality, or allocation of time. They do not include one's competence, dedication to feminism, talents, or potential contribution to the movement. The former are the criteria one usually uses in determining one's friends. The latter are what any movement or organization has to use if it is going to be politically effective.
The criteria of participation may differ from group to group, but the means of becoming a member of the informal elite if one meets those criteria art pretty much the same. The only main difference depends on whether one is in a group from the beginning, or joins it after it has begun. If involved from the beginning it is important to have as many of one's personal friends as possible also join. If no one knows anyone else very well, then one must deliberately form friendships with a select number and establish the informal interaction patterns crucial to the creation of an informal structure. Once the informal patterns are formed they act to maintain themselves, and one of the most successful tactics of maintenance is to continuously recruit new people who "fit in." One joins such an elite much the same way one pledges a sorority. If perceived as a potential addition, one is "rushed" by the members of the informal structure and eventually either dropped or initiated. If the sorority is not politically aware enough to actively engage in this process itself it can be started by the outsider pretty much the same way one joins any private club. Find a sponsor, i.e., pick some member of the elite who appears to be well respected within it, and actively cultivate that person's friendship. Eventually, she will most likely bring you into the inner circle.
All of these procedures take time. So if one works full time or has a similar major commitment, it is usually impossible to join simply because there are not enough hours left to go to all the meetings and cultivate the personal relationship necessary to have a voice in the decision-making. That is why formal structures of decision making are a boon to the overworked person. Having an established process for decision-making ensures that everyone can participate in it to some extent.
Although this dissection of the process of elite formation within small groups has been critical in perspective, it is not made in the belief that these informal structures are inevitably bad -- merely inevitable. All groups create informal structures as a result of interaction patterns among the members of the group. Such informal structures can do very useful things But only Unstructured groups are totally governed by them. When informal elites are combined with a myth of "structurelessness," there can be no attempt to put limits on the use of power. It becomes capricious.
This has two potentially negative consequences of which we should be aware. The first is that the informal structure of decision-making will be much like a sorority -- one in which people listen to others because they like them and not because they say significant things.
As long as the movement does not do significant things this does not much matter. But if its development is not to be arrested at this preliminary stage, it will have to alter this trend. The second is that informal structures have no obligation to be responsible to the group at large. Their power was not given to them; it cannot be taken away. Their influence is not based on what they do for the group; therefore they cannot be directly influenced by the group. This does not necessarily make informal structures irresponsible. Those who are concerned with maintaining their influence will usually try to be responsible. The group simply cannot compel such responsibility; it is dependent on the interests of the elite.
THE "STAR" SYSTEM
The idea of "structurelessness" has created the "star" system. We live in a society which expects political groups to make decisions and to select people to articulate those decisions to the public at large. The press and the public do not know how to listen seriously to individual women as women; they want to know how the group feels. Only three techniques have ever been developed for establishing mass group opinion: the vote or referendum, the public opinion survey questionnaire, and the selection of group spokespeople at an appropriate meeting. The women's liberation movement has used none of these to communicate with the public. Neither the movement as a whole nor most of the multitudinous groups within it have established a means of explaining their position on various issues. But the public is conditioned to look for spokespeople.
While it has consciously not chosen spokespeople, the movement has thrown up many women who have caught the public eye for varying reasons. These women represent no particular group or established opinion; they know this and usually say so. But because there are no official spokespeople nor any decision-making body that the press can query when it wants to know the movement's position on a subject, these women are perceived as the spokespeople. Thus, whether they want to or not, whether the movement likes it or not, women of public note are put in the role of spokespeople by default.
This is one main source of the ire that is often felt toward the women who are labeled "stars." Because they were not selected by the women in the movement to represent the movement's views, they are resented when the press presumes that they speak for the movement. But as long as the movement does not select its own spokeswomen, such women will be placed in that role by the press and the public, regardless of their own desires.
This has several negative consequences for both the movement and the women labeled "stars." First, because the movement didn't put them in the role of spokesperson, the movement cannot remove them. The press put them there and only the press can choose not to listen. The press will continue to look to "stars" as spokeswomen as long as it has no official alternatives to go to for authoritative statements from the movement. The movement has no control in the selection of its representatives to the public as long as it believes that it should have no representatives at all.
Second, women put in this position often find themselves viciously attacked by their sisters. This achieves nothing for the movement and is painfully destructive to the individuals involved. Such attacks only result in either the woman leaving the movement entirely-often bitterly alienated -- or in her ceasing to feel responsible to her "sisters." She may maintain some loyalty to the movement, vaguely defined, but she is no longer susceptible to pressures from other women in it.
One cannot feel responsible to people who have been the source of such pain without being a masochist, and these women are usually too strong to bow to that kind of personal pressure. Thus the backlash to the "star" system in effect encourages the very kind of individualistic nonresponsibility that the movement condemns. By purging a sister as a "star," the movement loses whatever control it may have had over the person who then becomes free to commit all of the individualistic sins of which she has been accused.
POLITICAL IMPOTENCE
Unstructured groups may be very effective in getting women to talk about their lives; they aren't very good for getting things done. It is when people get tired of "just talking" and want to do something more that the groups flounder, unless they change the nature of their operation. Occasionally, the developed informal structure of the group coincides with an available need that the group can fill in such a way as to give the appearance that an Unstructured group "works." That is, the group has fortuitously developed precisely the kind of structure best suited for engaging in a particular project.
While working in this kind of group is a very heady experience, it is also rare and very hard to replicate. There are almost inevitably four conditions found in such a group;
1) It is task oriented
Its function is very narrow and very specific, like putting on a conference or putting out a newspaper. It is the task that basically structures the group. The task determines what needs to be done and when it needs to be done. It provides a guide by which people can judge their actions and make plans for future activity.
2) It is relatively small and homogeneous
Homogeneity is necessary to insure that participants have a "common language" for interaction. People from widely different backgrounds may provide richness to a consciousness-raising group where each can learn from the others' experience, but too great a diversity among members of a task-oriented group means only that they continually misunderstand each other. Such diverse people interpret words and actions differently. They have different expectations about each other's behavior and judge the results according to different criteria. If everyone knows everyone else well enough to understand the nuances, these can be accommodated. Usually, they only lead to confusion and endless hours spent straightening out conflicts no one ever thought would arise.
3) There is a high degree of communication
Information must be passed on to everyone, opinions checked, work divided up, and participation assured in the relevant decisions. This is only possible if the group is small and people practically live together for the most crucial phases of the task. Needless to say, the number of interactions necessary to involve everybody increases geometrically with the number of participants. This inevitably limits group participants to about five, or excludes some from some of the decisions. Successful groups can be as large as 10 or 15, but only when they are in fact composed of several smaller subgroups which perform specific parts of the task, and whose members overlap with each other so that knowledge of what the different subgroups are doing can be passed around easily.
4) There is a low degree of skill specialization
Not everyone has to be able to do everything, but everything must be able to be done by more than one person. Thus no one is indispensable. To a certain extent, people become interchangeable parts.
While these conditions can occur serendipitously in small groups, this is not possible in large ones. Consequently, because the larger movement in most cities is as unstructured as individual rap groups, it is not too much more effective than the separate groups at specific tasks. The informal structure is rarely together enough or in touch enough with the people to be able to operate effectively. So the movement generates much motion and few results.
Unfortunately, the consequences of all this motion are not as innocuous as the results' and their victim is the movement itself.
Some groups have formed themselves into local action projects if they do not involve many people and work on a small scale. But this form restricts movement activity to the local level; it cannot be done on the regional or national. Also, to function well the groups must usually pare themselves down to that informal group of friends who were running things in the first place. This excludes many women from participating. As long as the only way women can participate in the movement is through membership in a small group, the nongregarious are at a distinct disadvantage. As long as friendship groups are the main means of organizational activity, elitism becomes institutionalized.
For those groups which cannot find a local project to which to devote themselves, the mere act of staying together becomes the reason for their staying together. When a group has no specific task (and consciousness raising is a task), the people in it turn their energies to controlling others in the group. This is not done so much out of a malicious desire to manipulate others (though sometimes it is) as out of a lack of anything better to do with their talents. Able people with time on their hands and a need to justify their coming together put their efforts into personal control, and spend their time criticizing the personalities of the other members in the group. Infighting and personal power games rule the day. When a group is involved in a task, people learn to get along with others as they are and to subsume personal dislikes for the sake of the larger goal. There are limits placed on the compulsion to remold every person in our image of what they should be.
The end of consciousness-raising leaves people with no place to go, and the lack of structure leaves them with no way of getting there. The women the movement either turn in on themselves and their sisters or seek other alternatives of action. There are few that are available. Some women just "do their own thing." This can lead to a great deal of individual creativity, much of which is useful for the movement, but it is not a viable alternative for most women and certainly does not foster a spirit of cooperative group effort. Other women drift out of the movement entirely because they don't want to develop an individual project and they have found no way of discovering, joining, or starting group projects that interest them.
Many turn to other political organizations to give them the kind of structured, effective activity that they have not been able to find in the women's movement. Those political organizations which see women's liberation as only one of many issues to which women should devote their time thus find the movement a vast recruiting ground for new members. There is no need for such organizations to "infiltrate" (though this is not precluded). The desire for meaningful political activity generated in women by their becoming part of the women's liberation movement is sufficient to make them eager to join other organizations when the movement itself provides no outlets for their new ideas and energies. Those women who join other political organizations while remaining within the women's liberation movement, or who join women's liberation while remaining in other political organizations, in turn become the framework for new informal structures. These friendship networks are based upon their common nonfeminist politics rather than the characteristics discussed earlier, but operate in much the same way.
Because these women share common values, ideas, and political orientations, they too become informal, unplanned, unselected, unresponsible elites -- whether they intend to be so or not.
These new informal elites are often perceived as threats by the old informal elites previously developed within different movement groups. This is a correct perception. Such politically oriented networks are rarely willing to be merely "sororities" as many of the old ones were, and want to proselytize their political as well as their feminist ideas. This is only natural, but its implications for women's liberation have never been adequately discussed. The old elites are rarely willing to bring such differences of opinion out into the open because it would involve exposing the nature of the informal structure of the group.
Many of these informal elites have been hiding under the banner of "anti-elitism" and "structurelessness." To effectively counter the competition from another informal structure, they would have to become "public," and this possibility is fraught with many dangerous implications. Thus, to maintain its own power, it is easier to rationalize the exclusion of the members of the other informal structure by such means as "red-baiting," "reformist-baiting," "lesbian-baiting," or "straight-baiting." The only other alternative is to formally structure the group in such a way that the original power structure is institutionalized. This is not always possible. If the informal elites have been well structured and have exercised a fair amount of power in the past, such a task is feasible. These groups have a history of being somewhat politically effective in the past, as the tightness of the informal structure has proven an adequate substitute for a formal structure. Becoming Structured does not alter their operation much, though the institutionalization of the power structure does open it to formal challenge. It is those groups which are in greatest need of structure that are often least capable of creating it. Their informal structures have not been too well formed and adherence to the ideology of "structurelessness" makes them reluctant to change tactics. The more Unstructured a group is, the more lacking it is in informal structures, and the more it adheres to an ideology of "structurelessness,"' the more vulnerable it is to being taken over by a group of political comrades.
Since the movement at large is just as Unstructured as most of its constituent groups, it is similarly susceptible to indirect influence. But the phenomenon manifests itself differently. On a local level most groups can operate autonomously; but the only groups that can organize a national activity are nationally organized groups. Thus, it is often the Structured feminist organizations that provide national direction for feminist activities, and this direction is determined by the priorities of those organizations. Such groups as NOW, WEAL, and some leftist women's caucuses are simply the only organizations capable of mounting a national campaign. The multitude of Unstructured women's liberation groups can choose to support or not support the national campaigns, but are incapable of mounting their own. Thus their members become the troops under the leadership of the Structured organizations. The avowedly Unstructured groups have no way of drawing upon the movement's vast resources to support its priorities. It doesn't even have a way of deciding what they are.
The more unstructured a movement it, the less control it has over the directions in which it develops and the political actions in which it engages. This does not mean that its ideas do not spread. Given a certain amount of interest by the media and the appropriateness of social conditions, the ideas will still be diffused widely. But diffusion of ideas does not mean they are implemented; it only means they are talked about. Insofar as they can be applied individually they may be acted on; insofar as they require coordinated political power to be implemented, they will not be.
As long as the women's liberation movement stays dedicated to a form of organization which stresses small, inactive discussion groups among friends, the worst problems of Unstructuredness will not be felt. But this style of organization has its limits; it is politically inefficacious, exclusive, and discriminatory against those women who are not or cannot be tied into the friendship networks. Those who do not fit into what already exists because of class, race, occupation, education, parental or marital status, personality, etc., will inevitably be discouraged from trying to participate. Those who do fit in will develop vested interests in maintaining things as they are.
The informal groups' vested interests will be sustained by the informal structures which exist, and the movement will have no way of determining who shall exercise power within it. If the movement continues deliberately to not select who shall exercise power, it does not thereby abolish power. All it does is abdicate the right to demand that those who do exercise power and influence be responsible for it. If the movement continues to keep power as diffuse as possible because it knows it cannot demand responsibility from those who have it, it does prevent any group or person from totally dominating. But it simultaneously insures that the movement is as ineffective as possible. Some middle ground between domination and ineffectiveness can and must be found.
These problems are coming to a head at this time because the nature of the movement is necessarily changing. Consciousness-raising as the main function of the women's liberation movement is becoming obsolete. Due to the intense press publicity of the last two years and the numerous overground books and articles now being circulated, women's liberation has become a household word. Its issues are discussed and informal rap groups are formed by people who have no explicit connection with any movement group. The movement must go on to other tasks. It now needs to establish its priorities, articulate its goals, and pursue its objectives in a coordinated fashion. To do this it must get organized -- locally, regionally, and nationally.
PRINCIPLES OF DEMOCRATIC STRUCTURING
Once the movement no longer clings tenaciously to the ideology of "structurelessness," it is free to develop those forms of organization best suited to its healthy functioning. This does not mean that we should go to the other extreme and blindly imitate the traditional forms of organization. But neither should we blindly reject them all. Some of the traditional techniques will prove useful, albeit not perfect; some will give us insights into what we should and should not do to obtain certain ends with minimal costs to the individuals in the movement. Mostly, we will have to experiment with different kinds of structuring and develop a variety of techniques to use for different situations. The Lot System is one such idea which has emerged from the movement. It is not applicable to all situations, but is useful in some. Other ideas for structuring are needed. But before we can proceed to experiment intelligently, we must accept the idea that there is nothing inherently bad about structure itself -- only its excess use.
While engaging in this trial-and-error process, there are some principles we can keep in mind that are essential to democratic structuring and are also politically effective:
1) Delegation of specific authority to specific individuals for specific tasks by democratic procedures. Letting people assume jobs or tasks only by default means they are not dependably done. If people are selected to do a task, preferably after expressing an interest or willingness to do it, they have made a commitment which cannot so easily be ignored.
2) Requiring all those to whom authority has been delegated to be responsible to those who selected them. This is how the group has control over people in positions of authority. Individuals may exercise power, but it is the group that has ultimate say over how the power is exercised.
3) Distribution of authority among as many people as is reasonably possible. This prevents monopoly of power and requires those in positions of authority to consult with many others in the process of exercising it. It also gives many people the opportunity to have responsibility for specific tasks and thereby to learn different skills.
4) Rotation of tasks among individuals. Responsibilities which are held too long by one person, formally or informally, come to be seen as that person's "property" and are not easily relinquished or controlled by the group. Conversely, if tasks are rotated too frequently the individual does not have time to learn her job well and acquire the sense of satisfaction of doing a good job.
5) Allocation of tasks along rational criteria. Selecting someone for a position because they are liked by the group or giving them hard work because they are disliked serves neither the group nor the person in the long run. Ability, interest, and responsibility have got to be the major concerns in such selection. People should be given an opportunity to learn skills they do not have, but this is best done through some sort of "apprenticeship" program rather than the "sink or swim" method. Having a responsibility one can't handle well is demoralizing. Conversely, being blacklisted from doing what one can do well does not encourage one to develop one's skills. Women have been punished for being competent throughout most of human history; the movement does not need to repeat this process.
6) Diffusion of information to everyone as frequently as possible. Information is power. Access to information enhances one's power. When an informal network spreads new ideas and information among themselves outside the group, they are already engaged in the process of forming an opinion -- without the group participating. The more one knows about how things work and what is happening, the more politically effective one can be.
7) Equal access to resources needed by the group. This is not always perfectly possible, but should be striven for. A member who maintains a monopoly over a needed resource (like a printing press owned by a husband, or a darkroom) can unduly influence the use of that resource. Skills and information are also resources. Members' skills can be equitably available only when members are willing to teach what they know to others.
When these principles are applied, they insure that whatever structures are developed by different movement groups will be controlled by and responsible to the group. The group of people in positions of authority will be diffuse, flexible, open, and temporary. They will not be in such an easy position to institutionalize their power because ultimate decisions will be made by the group at large, The group will have the power to determine who shall exercise authority within it.
j'ignore pourquoi tu me parle de Structure... l'anarchie c'est tout sauf du chaos, certains individualistes sont completement déconnecté comme les individualistes intégraux mais ya pas que eux dans le mouvement.
Le structuralisme malgré ses limites démontrées aura eu au moins de positif de montrer qu'il existe toujours des structures qu'elles soient informelles ou formelles. L'élitisme informel est un problème. L'élitisme formel en est un aussi. Combattre l'élitisme est l'établissement d'un rapport en redéfinition pratique, sensible, théorique... complexe avec les autres qui passe autant par les liens sociaux, que par l'organisation que par premièrement les différents fondements de l'existence autant biologique qu'historique (sociale, politique, culturelle...). Il doit y avoir une discipline ou un exercice de l'attention à ce qui vit, aux relations, aux structures qui s'établissent, se détruisent, se rétablissent... L'informel et le formel forment dans tout cela une dialectique complexe comme tout le mouvement affirmatif de la vie. Il existe la Tyrannie de la non-structure. Il existe la Tyrannie de la structure. Mais les deux m'apparaissent simplistes. La vie est complexe et en tant que telle ne peut être saisie et bien vécue que dans la complexité.
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