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Le patriarche et le curéPCQ, Miércoles, Noviembre 1, 2006 - 16:41 (Analyses)
Etienne Hallé
Cinq heures moins trois, le travailleur dépose son balai contre le mur derrière son poste de travail. Encore une... Le patriarche et le curé Par Étienne Hallé Octobre 2006 Cinq heures moins trois, le travailleur dépose son balai contre le mur derrière son poste de travail. Encore une journée à tenter d'assouvir la faim insatiable d'une machine; une journée de plus à transpirer sous la chaleur accablante de juillet, une journée de moins à sa vie. Seulement trois minutes le séparent de sa délivrance; pas celle qui suspend le travail jusqu'au lendemain; non plus celle qui lui laisse deux jours pour vaquer à ses tâches familiales; mais trois semaines complètes de totale liberté. Dans trois minutes, résonnera entre les murs de l'usine la fin de sa journée; la même sonnerie qui annonce le début de sa journée aura un tout autre son à son oreille. Ce sera le son de la libération, le son du temps qui lui appartiendra enfin dans sa totalité. Bien sûr, les jours et les semaines défileront comme toujours passe le temps, trop rapidement, lui glissant entre les doigts... mais après viendront deux lundis de congé, puis les fêtes : deux semaines. Ces vacances et congés payés, unique compensation cédée au travailleur pour une année de dur labeur, sont ses seules vraies récompenses: son salaire ne lui permettant que de vivre assez décemment pour lui conserver un degré de confort et de bien-être lui permettant de donner une performance au travail bien appréciée de son patron. Ça y est, ça sonne. C'est enfin terminé, la vie s'ouvre pour trois semaines; elle s'ouvre temporairement, mais enfin... elle s'ouvre. J'entends la voix du patriarche qui ronronne d'une voix monocorde. Un autre timbre s'ajoute à ce grincement : plus clair, celui-ci. Mais ma parole, serait-ce les voix du patriarche et du curé? Mais oui, cette façon de s'exprimer, qui rappelle le « Passe-montagne » de mon enfance, est bien celle du gardien de la vertu souverainiste : Notre curé à tous, Joseph Facal. Et le ton rassurant du patriarche que j'entends nous mettre en garde contre le péché de l'oisiveté et de la paresse nous vient de Notre-Père à nous tous, québécois et québécoises : de Lucien Bouchard. Quelle chance d'avoir pu ouïr son message ferme et paternaliste, lui qui a très certainement travaillé très durement pour un patron qui lui versait probablement un salaire moyen ou peut-être même sous la moyenne. Heureusement que Lucien est là pour nous faire comprendre que nous, simples travailleurs, ne travaillons pas suffisamment et pas assez durement. Prenons son exemple! J'écoute le curé Facal qui nous éclaire de toute sa lucidité. Je l'entends nous professer la doctrine de la foi souverainiste, qui doit transcender par le parti sacré, le Parti québécois. Les solidaires sont des profanateurs, des hérétiques, des gauchistes, des diables marxistes... au bûcher! Il faut les brûler avant qu'ils ne sèment le chaos, avant qu'ils répandent le vice du partage de la richesse, le péché du collectivisme, et qu'ils n'assassinent le mérite d'être riche de naissance ou de l'être devenu par l'obsession du travail acharné au détriment du reste. Lui également nous parle de productivité et d'oisiveté : il doit certainement avoir lui aussi travaillé durement dans une usine, ou peut-être dans les cuisines d'un restaurant, si ce n'est pas un magasin à grande surface... c'est certain, il doit savoir lui aussi de quoi il parle, suivons le! Le travailleur dans sa voiture sur le chemin du retour, écoute la radio et, tout en rêvant à ce qu'il fera de ce temps durement gagné, entends les sermons du patriarche et du curé. Bizarrement, leurs discours sonnent faux à ses oreilles et change de poste, tout en se soulageant d'un gaz intestinal trop longuement retenu. Pauvres travailleurs, ils ne comprendrons jamais. Heureusement que les lucides sont là pour les illuminer, heureusement que Notre-Père et le Gardien de la foi souverainiste veillent sur nous. Amen!
AP
Parti Communiste du Québec
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