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Pour une éducation populaire et autonome

Anonyme, Domingo, Octubre 29, 2006 - 21:17

collectif

Dans le cours normal des choses, être étudiant-e-s, c’est être rangé en sardines dans une boîte de forme rectangulaire à écouter monologuer l’autorité intellectuelle. De la maternelle à l’université, on nous enferme et on nous administre pour mieux nous préparer à devenir des travailleurs et des travailleuses aptes à faire fonctionner les rouages du système d’exploitation : le capitalisme, le patriarcat, l’état… Cette domination, on la retrouve partout dans le système d’éducation. Enfant déjà, on nous assoie dans le silence et la passivité, isolés les un des autres, en situation de compétition. Dans cette situation, l’un des premiers apprentissages que nous faisons à la petite école est notre place en tant que dominé ou dominant, de gagnant ou de perdant : des longues semaines de bourrage de crâne, des leçons à réciter… De plus, on nous asservit par ordres et par devoirs. Jamais on ne nous offre de participer à notre éducation. Il est rare d’entendre, dans une salle de classe, « alors les enfants, de quoi aimeriez vous discuter aujourd’hui? ». Même la pédagogie participative ne se fait que selon le bon vouloir du professeur. Le professeur administre et est lui-même administré par les directions, les commissions scolaires et, suprêmement, par le Ministère de l’Éducation, lui-même soumis à l’état et aux lois du marché. De l’état au professeur, l’éducation institutionnelle brime notre liberté de vivre et donc aussi d’apprendre. Cette éducation, comme le monde qui la détermine, détruit toute forme d’émancipation. Et même gratuite, on n’en veut pas.

Une fois établi le constat que le système d’éducation n’est là que pour servir une société hiérarchique, que pouvons-nous encore faire, nous qui avons soif d’apprendre ? Tous les humains possèdent des connaissances et la faculté de les transmettre, d’en acquérir d’autres, de les approfondir, de créer… Nous pouvons imaginer des instants et des espaces où tous et toutes sont à la fois professeur-e-s et étudiant-e-s, où l’apprentissage se fait selon nos désirs, nos envies du moment et nos aspirations. Nous pouvons imaginer des groupes et des individus se rencontrant librement, pour s’apprendre mutuellement, favoriser leurs autonomies respectives et leurs partages communs. Cette éducation autonome, en dehors des institutions, s’inscrit à la suite d’une longue histoires de pratiques pédagogiques libres et libertaires, qui vont de la Ruche de Sébastien Faure aux universités populaires.

Depuis des années, nous revendiquons une meilleure éducation aux administrations et à l’état, mais cela nous confine à l’impuissance personnelle et collective. Désormais, nous n’attendrons plus rien. Nous nous organiserons sur nos propres bases. Nous laisserons l’éducation institutionnelle aux carriéristes et aux futurs managers… Nous vivrons et nous nous apprendrons, car nous avons l’imagination et la puissance d’action fertiles. Parmi nos projets, il y a celui d’une éducation autonome qui serait partout, dans tous lieux où le désir, voire la nécessité, s’en fait sentir. Dans nos maisons, les milieux communautaires, dans les bâtiments réservés aux écoles, en milieu de travail… Nous voulons nous donner nos propres lieux et instants pour nous apprendre mutuellement. Concrètement, nous mettrions en partage nos connaissances lors d’ateliers techniques et théoriques qui se réaliseraient là où c’est nécessaire et/ou possible. Ateliers de couture, de réparation de vélo, de plomberie, de cuisine, de premiers soins… Discussions sur l’histoire du Québec ou du Burundi, les guerres, le couple, le syndicalisme, la mondialisation… Nous savons que c’est possible car nous le faisons déjà, en organisant des ateliers par exemple. Des savoirs se transmettent, et ce depuis toujours, dans l’informalité des rapports entre humains .

Regroupons-nous et apprenons-nous !

Pour les personnes intéressées : comm...@yahoo.ca
Suggestions de lecture :
Bremand, Nathalie.Cempuis. Une expérience d’éducation libertaire à l’époque de Jules Ferry. Éditions du Monde libertaire.
Collectif. Bonaventure, une école libertaire. Éditions du Monde libertaire-Alternative libertaire.
Collectif, sous la direction de Jean Houssaye. Quinze Pédagogues, leur influence aujourd’hui.
Armand Colin. Faure, Sébastien. Écrits pédagogiques. Éditions du Monde Libertaire.
Illich, Ivan, Une société sans écoles, Éditions du Seuil
Neil Alexander Sutherland. Libres enfants de Summerhill. Éditions La Découverte.
Roger Carl. Liberté pour apprendre. Dunod.

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anarkhia.org


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