Le commentaire suivant, signé par un militant maoïste de Montréal, vient d'être publié dans la section réservée aux commentaires sur le site Web du Congrès révolutionnaire canadien (CRC). Le CRC est un événement organisé à l'initiative du PCR(co) et vise à soutenir la création d'un parti marxiste-léniniste-maoïste au Canada. Ce texte aborde certaines questions qui font périodiquement l'objet de discussions sur le site Web du CMAQ et il apporte une réponse intéressante, à mon avis, aux prétentions du courant post-gauchiste qui sévit dans certains milieux.
Eric Smith
Une grande partie des forces de gauche du Canada est atteinte du syndrome de « Jinny ». On pense qu’avec de simples actes de volonté et une bonne communication, on pourrait faire apparaître une nouvelle société comme par magie. On se rappellera de cette émission de télévision américaine des années soixante avec ce génie féminin qui, par un simple clignement d’œil, transformait des choses et des situations. Cela entrainaît toujours des quiproquos et, finalement, on s’arrangeait pour revenir à la situation antérieure. De si soudains changements pouvaient faire sourciller l’entourage d’autant plus qu’il n’avait pas été préparé à de telles situations. On ne pouvait assumer les changements concrets. La réalité concrète environnante en venait à rattraper les bons désirs de Jinny qui cherchait toujours à rendre service par ses pouvoirs magiques.
Le clignement d’œil de nos forces de gauche, c’est le développement de réseaux de sociabilité alternatifs déconnectés de la réalité dominante, de nouvelles pratiques de consommations comme le café équitable, ainsi que de nouveaux modes de pensée nous faisant voir le monde comme un vaste ensemble de communication qu’on ne changera qu’en se changeant soi-même par un simple exercice d’introspection et de remise en question personnelle. On fait fi de la réalité matérielle et du contexte social.
Quelle est l’intervention réelle des gens de cette certaine gauche ? Quelle est leur pratique ? Elle dépend des états d’âmes. Il peut y avoir des tâches de confection de journaux, tracts ou autres publications internet. Il est même possible qu’on en organise la diffusion à certains moments. Mais, ce qu’on remarque le plus souvent de la pratique de cette certaine gauche, c’est l’utilisation d’un radicalisme discursif poussé à outrance qui n’a rien à voir avec leur pratique concrète de mobilisation des masses. Les excès de critique sont rarement dirigés contre des gens de droite, contre l’État bourgeois ou contre des courants droitiers dans la gauche large mais plutôt contre des courants authentiquement révolutionnaires. Les maoïstes caractérisaient ainsi ces gauchistes patentés : opportunisme de gauche en apparence, opportunisme de droite par essence.
C’est une position très facile à tenir pour celles et ceux qui ont perdu confiance dans les possibilités et capacités révolutionnaires des masses ainsi que dans la révolution elle-même. Pour maintenir une allure révolutionnaire, on va tenter de déconstruire abstraitement le discours des authentiques révolutionnaires en se réclamant d’une forme de socio-constructivisme radical. On va adopter une méthodologie du doute total poussé à fond. On va rejeter toutes les certitudes y compris celle de l’existence d’une réalité matérielle indépendante de notre volonté. En doutant de l’existence même d’une réalité matérielle, il est clair qu’on peut s’épargner de faire une analyse matérialiste des tendances positives supportant une transformation progressiste de la société ainsi que des tendances négatives ralentissant la voie du progrès. Dans les faits, ces « ultra-révolutionnaires » doutent de l’idée même de progrès. « L’arme de la critique ne saurait remplacer la critique des armes », dit Marx. La critique dans le discours permet de ne pas faire la critique par les armes, pourrait-on rajouter.
Ces « ultra-révolutionnaires » se laissent porter par leur « intuition » et par ce qu’ils et elles ressentent. Si le mouvement ambiant semble très dynamique et convivial, ils s’y inscriront avec enthousiasme. À l’inverse, si le mouvement apparaît ralenti, les « ultra-révolutionnaires » ressortiront leur frustration envers le monde mais aussi envers le monde militant en général, se renfermant dans une abstraite dynamique de recherche de camaraderie et de forts « instants ressentis » y trouvant une sorte d’ « élan vital ». On remplace le matérialisme dialectique par une forme de post-modernisme désenchantant du monde qui rappelle la philosophie d’Henri Bergson, philosophie qui avait influencé l’« ultra-révolutionnaire » Georges Sorel. Il fallait se laisser porter par le mythe de la « grève générale » à son époque. Il faudrait se laisser porter par le mythe de la « communisation » aujourd’hui.
Cette attitude carburant à l’irrationalisme et au défaitisme n’a rien à voir avec celle d’un authentique révolutionnaire ; elle est plutôt celle du névrosé ou du suicidaire narcissique uniquement préoccupé par soi et son propre rapport au monde. L’authentique révolutionnaire, s’il n’échappe pas aux passions, sait tout de même faire une analyse rationnelle, matérialiste et dialectique du monde. Il peut saisir le monde objectif tel qu’il est parce qu’il peut réussir à faire fi de sa personne. Le monde existe indépendamment de sa volonté. L’abnégation du révolutionnaire apparaît aussi dans son travail théorique révolutionnaire. Il n’est pas suicidaire ; il veut construire un avenir meilleur.
Le révolutionnaire veut construire et non pas ressentir. Pour construire, il faut un plan. Pour faire un plan, il faut étudier, connaître son terrain et connaître ce qui s’est fait dans le passé. Le révolutionnaire cherche à synthétiser les idées justes des masses. Ça ne se fait pas tout seul. Il faut être beaucoup. L’ensemble des masses doit contribuer à cette synthèse des idées justes mais aussi à cette construction d’un avenir meilleur. Mais, on sait aussi, qu’il y en a qui sont plus efficaces que d’autres dans ce domaine. Ça peut être par intérêt ou par capacité. Il faut aussi que ces gens plus efficaces puissent travailler ensemble. Ils doivent faire une équipe. Ce noyau dur de révolutionnaires, cette avant-garde, ce parti, a des tâches spécifiques, qui dépend du moment historique où il se situe mais aussi de sa propre étape de construction.
L’irrationalisme est une tare à combattre. Le conspirationnisme aussi doit être combattu. Les différents courants révolutionnaires de l’histoire ont eu leur frange conspirationniste à la Blanqui. C’est quelque chose qui pourrait frapper le mouvement révolutionnaire canadien.
Disons qu’à la base, la tâche d'un parti communiste n'est pas comme tel de faire la "révolution" mais de transformer les rapports sociaux et économiques. On pourrait dire que révolution et transformation des rapports sociaux et économiques sont synonymes. Mais réfléchissons davantage. Dans une certaine vision, le parti n'est qu'une bande de révolutionnaires organisés dont le but est de renverser un gouvernement au service des capitalistes. Pour ce qui est de l'après prise de pouvoir, on ne s'en soucie pas vraiment disant que des nationalisations et une planification centrale vont faire l'affaire sur le plan économique. L'avant prise de pouvoir relève de la même pensée magique. On informe les masses de l'existence d'un parti communiste et, à un moment magique, dans une situation de crise, les masses se lèvent et s'insurgent acceptant la direction des communistes. Tout se fait comme si les masses se lèveraient spontanément lors d'un moment précis et qu'à partir de là, elles agiraient en communistes de manière tout à fait naturelle. C'est comme si, il y avait un communisme inconscient qu'une insurrection, de manière psychanalytique, libérerait. Ce désir de révolution serait largement partagé et un grand échange collectif lui permettrait de sortir de son état de refoulement.
On va dire que cette position est tellement caricaturale qu'aucun communiste ne pourrait s'y référer. Or, dans leur pratique, beaucoup de communistes agissent en fonction d'une telle conception idéaliste des choses. La pratique révolutionnaire en doit être une de constantes transformations des rapports sociaux et économiques. On doit effectuer cette pratique de transformation au niveau de diverses sphères: idéologique, politique et économique. Si on parle d'une pratique de transformation, cela signifie qu'il faut effectuer des tâches. Comme dans toute pratique de transformation, il faut avoir une séquence de tâches à effectuer et il faut avoir des gens pour le faire. Il faut un parti qui réfléchisse aux tâches à faire et à la manière de les réaliser. Il faut réfléchir à une manière d'amener les masses à participer réellement et consciemment à cette pratique de transformation des rapports sociaux et économiques. Sous le socialisme, le parti communiste mettra de l'avant la politique prolétarienne pour transformer les rapports sociaux et économiques. Le parti communiste sera une véritable armée d'instructrices et instructeurs sociaux et politiques qui devra jouer un rôle catalyseur dans la mise en marche des masses pour construire le socialisme et passer au communisme. En lien, trois grandes luttes devront être menées de manière complémentaire et synergique: la lutte des classes, la lutte pour la production et la lutte pour la science. C'est donc dire qu'un parti communiste ne doit pas regrouper une bande de bureaucrates profiteurs incapables de se lier aux masses. Ce parti communiste doit avoir une ligne de masse indéniable.
Pour certainEs, la vision conspirationniste est moins pire que la première qui nie la nécessité d’une organisation révolutionnaire consciente. Il y a du vrai là-dedans. Par contre, à tellement s’organiser en cachette, on en oublie d’aller aux masses et on secondarise notre tâche de synthétiser les idées justes des masses. On en oublie aussi de mener la lutte idéologique dans les masses pour faire reculer les idées réactionnaires. Nous sommes dans une société où chacun est bombardé par des idées bourgeoises. Il est normal que celles-ci dominent y compris dans les rangs des masses populaires. Nous sommes obligés de lancer une contre-offensive idéologique et, cela, le plus possible, à visage découvert, surtout quand le lieu d’intervention le permet.
Le boxeur se bat à visage découvert. Il sait donner des bons coups. Il sait aussi comment les parer. Le match est gagné s’il a réussi à donner les meilleurs coups et à en parer le plus possible. L’adversaire a pu donner des bons coups qui ont fait mal mais c’est ainsi. On ne peut pas penser gagner si on n’est pas capable d’accepter qu’il est possible qu’on subisse quelques coups. On ne peut pas faire comme les lutteurs nains qui allaient donner un coup de pied au cul de l’adversaire en hypocrite et allaient ensuite se cacher derrière l’arbitre. Ça serait insensé penser pouvoir ainsi gagner. Le boxeur sait choisir son arène et sait choisir ses boxeurs et leur niveau de difficulté pour pouvoir prendre de l’expérience et progresser. C’est ce qu’on appelle accumuler des forces.
Peut-on envisager une insurrection dans quelques mois en supposant que l’économie subisse un énorme ralentissant et mette au chômage des centaines de milliers de prolétaires? Bien sûr que non. C’est une arène inimaginable étant donné l’état de nos forces. Nous en sommes encore à convaincre les militantEs de s’organiser en un parti prolétarien. Et c’est peut-être là où nous devons encore agir.
Nous devons parfaire notre victoire sur le plan de la propagande et cela passe par la création du parti. En créant le parti, nous en venons à démontrer que cela est possible et nécessaire. Face à l’État bourgeois, nous devons opposer une structure organisée en mesure de mobiliser les larges masses prolétariennes. Les gens, dans la population, trouvent normale l’existence d’un État bourgeois mais ne trouvent pas normal qu’un parti prolétarien révolutionnaire existe et combatte l’État bourgeois. C’est une lutte à mener. Il y a des gens de gauche, les réformistes, qui pensent qu’on peut modifier l’État bourgeois sans l’affronter. Il y en a d’autres qui disent rejeter l’État bourgeois et demandent qu’on organise la future société maintenant sans tenir compte de l’existence de l’État. Par une sorte d’opération du Saint-Esprit, l’État dépérirait de lui-même, puisque, on n’en tiendrait plus compte. C’est une autre manière de justifier qu’on ne combatte plus l’État bourgeois, donc qu’il n’est pas utile d’organiser un parti prolétarien.
Cette perfection de notre victoire sur la propagande qui commence par la création du parti s’accompagne aussi de la naissance de nouvelles formes de propagande où se pose plus concrètement la destruction de l’ennemi de classe et de son État et où se pose l’idée que c’est en combattant que l’on apprend à combattre. Le mouvement communiste influencé par la pratique des partis communistes de l’époque de la Troisième Internationale s’en est souvent tenu à une propagande écrite ou verbale sous-estimant les formes plus actives.
Cette perfection de notre victoire sur le plan de la propagande pourra ensuite nous permettre de nous déployer et encore accroître nos forces. Après le déploiement, il nous sera possible de lancer une vaste campagne d’agitation révolutionnaire où les masses seront appelées à se mettre à l’avant-scène de la lutte. Durant cette campagne intense, les forces révolutionnaires s’organiseront pour passer à un stade supérieure de la lutte, celui de la guerre populaire prolongée. Le torrent de la révolution sera tellement irréversible que la bourgeoisie canadienne sentira sa fin arriver.
Des tâches de lutte idéologique se posent donc pour le moment et les révolutionnaires doivent y contribuer. La création du parti comme jalon de la perfection de notre victoire sur le plan de la propagande est notre tâche principale. On aurait beau multiplier l’agitation dans des luttes de masse que cela ne nous permettra pas de créer le parti capable de détruire l’État bourgeois.
Quelques tâches de lutte idéologique maintenantCréer notre noyau dur de révolutionnaires et convaincre les éléments avancés de joindre ce noyau dur et en faire sa promotion.
Pour ce faire, il faudra mener une lutte idéologique implacable contre toutes les formes d’idéologies petites-bourgeoises qui refusent de mener la lutte contre l’État bourgeois. C’est ce refus de combattre l’État bourgeois, même maquillé d’une rhétorique ultra-gauchiste qui sert de justification au non engagement dans la lutte pour la révolution, lutte qui passe nécessairement par la création d’un parti marxiste-léniniste-maoïste.
Réhabiliter le centralisme démocratique
Il faut faire comprendre qu’un parti révolutionnaire doit s’organiser de manière rationnelle. Il y a des gens qui ont plus d’expérience dans certains domaines et ils doivent en faire bénéficier l’organisation. En même temps, les autres doivent avoir au moins un minimum de connaissances de l’ensemble des tâches effectuées dans un parti. En connaissant ces tâches, on peut critiquer les camarades qui les effectuent s’ils le font d’une manière qui ne nous satisfait pas. Aussi, si l’organisation vit un coup dur et est attaqué durement par la répression de l’ennemi de classe, on pourra remplacer les camarades qui effectuaient ces tâches. Il y a une division rationnelle du travail mais elle est librement consentie par l’ensemble des membres de l’organisation. Elle doit être acceptée rationnellement et non pas par simple soumission à une autorité. Les gens doivent comprendre leur rôle dans une organisation révolutionnaire et en prendre d’autres si les besoins se posent. Le centralisme démocratique est la meilleure manière de synthétiser les idées justes des masses.
Combattre fortement tous les courants irrationnels et défaitistes qui détournent les militantEs de la lutte
À chaque époque, la bourgeoisie, par l’intermédiaire de ses universités bourgeoises, nous sert une camelote idéologique pour détourner l’avant-garde révolutionnaire de ces tâches ou l’empêcher de croître. Ces différentes idéologies se prétendent être critiques du monde ambiant. Elles en viennent à devenir un rempart empêchant la véritable critique (sur le terrain de la pratique) de prendre son essor.
Un militant maoïste
Montréal
[ EDIT (pour le CMAQ)
Ajout des thèmes: Politique: Élections & partis | Résistance ]
Lettre publique aux camarades égarés au sein du PCR(co) d’un communiste libertaire
Relisant le premier numéro d’En avant, j’en suis venu à la conclusion que sur plusieurs points votre critique de l’anarchisme est pertinente. J’ai toujours personnellement aimé votre rigueur théorique, votre sens de l’organisation et votre clarté politique et critique contre toutes les illusions contre-révolutionnaires comme le réformisme, le syndicalisme corporatiste… C’est peut-être que je la comprends bien provenant moi-même de l’héritage marxiste révolutionnaire, mais devenu communiste libertaire en conséquence. J’ai donc décidé de répondre à votre critique.
Plusieurs organisations anarchistes sont complaisantes envers le réformisme (font des luttes entre autres pour l’intervention massive de l’État bourgeois dans tous les secteurs de la vie, manifestent gentiment pour quémander des politiques sociales à nos ennemis et ne font souvent que cela, mènent des luttes parcellaires sur des causes toujours particularisées et généralement pas remises dans un contexte de luttes révolutionnaires) et appuie des luttes menées par des syndicats, sans les mettre en cause radicalement, complètement collaborationnistes, corporatistes et qui ne défendent que les intérêts capitalistes de leurs membres (favorisant les conditions de vie capitalistes dont l’augmentation du pouvoir d’achat sans remettre en cause les fondements oppressifs et de domination du système mondial, sans perspectives révolutionnaires, et donc l’intégration). C’est le cas de la plupart des groupes des mouvements altermondialiste libertaire et anarcho-communiste actifs à Montréal. Ces tendances de ces mouvements sont tout à fait condamnables d’un point de vue révolutionnaire.
Le mouvement anarchiste est par ailleurs réduit en fractions impuissantes qui se mènent plus de luttes entre elles qu’elles ne collaborent sur des projets d’organisations (poussant vers notre autonomie vis-à-vis du capitalisme au niveau alimentaire, du logement, de l’éducation populaire, de l’apprentissage des techniques, de l’analyse théorique, de la connaissance en général…) et sur le maintien et la construction d’un véritable mouvement révolutionnaire (avec des luttes qui se comprennent et se mènent contre les formes de domination, pour leur destruction, et non seulement pour la gestion de problèmes particuliers qui vont des déportations jusqu’aux conflits syndicaux réformistes sans se comprendre dans la pertinence ou l’impertinence du point de vue de la lutte révolutionnaire principale). Et une autre partie se compose d’anarchistes qui se considèrent que la fainéantise assez constante, la fête perpétuelle, l’agressivité de soûlons... sont des activités révolutionnaires. Le milieu se décompose à mesure qu’il se compose.
Nous avons à réfléchir d’une manière radicale à toutes ces limites et erreurs pour construire un véritable mouvement révolutionnaire. Nous avons à grandir dans la critique.
Cela dit, maintenant venons-en à vous. Je fus moi-même comme vous marxiste révolutionnaire un temps (entre autres mao…). Mais j’en suis sorti considérant que la construction du Parti comme forme centrale du pouvoir révolutionnaire conduisait à la centralisation du pouvoir dans les mains d’une élite supposément éclairée (une direction révolutionnaire comme vous l’appelez souvent), d’une bureaucratie dirigiste, d’une tyrannie des chefs, qui trouve son prolongement dans la dictature sur les masses que furent les États marxistes, donc à la production de nouvelles société de classes qui comportent une minorité qui dirige et une majorité qui s’asservit (de l’État du parti à l’économie totalement technobureaucratisée). Léninistes, trotskistes, staliniens, maoïstes… toutes les tendances qui s’articulent ainsi sont condamnées à perpétuer pour ces raisons la domination d’une minorité sur une majorité. C’est l’erreur historique fondamentale du marxisme dans la plupart de ses versions et particulièrement dans sa version marxiste-léniniste (léninistes, trotskistes, staliniens, maoïstes…). Le marxisme politique est une voie vers la domination aussi oligarchique, hiérarchique, oppressive, aliénante que la démocratie bourgeoise ou encore le fascisme. Toute révolution d’en haut et du centre avant-gardiste sont des nouvelles formes d’institution de gouvernements tyranniques sur les masses (ou multitudes comme je préfère nous appeler).
De l’organisation, de l’organisation et encore de l’organisation plus la conscience… Partout les masses ou multitudes (dites dans un autre langage et une autre conception) doivent s’organiser sur leurs propres bases pour mener la lutte contre les formes de domination et ne pas se faire organiser. Elles doivent s’unir dans la communisation et la destruction massive des pouvoirs qui s’exercent sur leur vie. Seul le communisme dans la liberté contre toutes les autorités hiérarchiques peut permettre que les multitudes se livrent à la liberté et au partage tout entier donc au communisme, par elles-mêmes, pour elles-mêmes.
Je vous considère généralement comme des camarades (les gens et non le Parti) mais égarés. Nous partageons notre commune condition de domination et notre profond désir d’en sortir. Je condamne ceux qui parmi nous vous attaquent par la violence physique à moins qu’ils répondent à une agression physique de votre part.
Un dialogue sans compromis mais dans la camaraderie pourrait s’instituer entre nous.
Author:
Calvaire
Tu as tendance à reposter très souvent les mêmes textes, comme si ceux-ci devaient absolument être répondus. Je vais tenter une réponse en espérant que tu ne me dises pas que mon propos est inintéressant.
Tu dis que les multitudes doivent s'auto-organiser et s'auto-conscientiser. Mais, s'il n'y a pas un noyau des masses qui commencent à faire une réflexion, à faire un plan de développement, se déployer et, finalement, entraîner les masses à construire le communisme, comment est-il possible que les masses s'organisent et se conscientisent? Si on veut un parti d'avant-garde des masses, c'est qu'on le veut lié organiquement aux masses, c'est-à-dire connecté à ses besoins et intérêts. À moins de dire que la synthèse des idées justes des masses est en soi un acte autoritaire et, pour cela, il faut s'abstenir de créer le parti, espérant que les masses se lèvent seuls. Mais comment, sans aucune intervention d'un noyau de révolutionnaires, est-il possible que les masses en viennent à construire le socialisme?
Historiquement, tous les grands mouvements d'effervescence révolutionnaire comptaient des noyaux durs de combattantEs. La commune de 1871 en avait. Les révolutions russe et chinoise, bien entendu, mais aussi durant la guerre civile espagnole ou mai 68. Dans la FAI-CNT, il y avait aussi une hiérarchie. Peux-tu me donner un exemple de mouvements où les masses se sont levés seules spontanément?
À toujours espérer que les masses s'autodéterminent sans s'organiser et sans agir pour que cela aurrive, cela ne se réalisera pas. Il faut agir pour changer les choses, autrement, rien n'arrivera. Tout autre conception ne peut reveler que de la foi.
Je répondrai, tes questions sont cette fois pertinentes et non recouvertes d'insultes. En attendant, tu peux lire ce texte qui y répond déjà en bonne partie tout comme à bien d'autres questions.
Aussi, si ce pragraphe se tient et toutes les situations historiques semblent lui donner raison, alors il faut réinventer nos stratégies de guerre civile et de révolution communiste :
''Cela dit, maintenant venons-en à vous. Je fus moi-même comme vous marxiste révolutionnaire un temps (entre autres mao…). Mais j’en suis sorti considérant que la construction du Parti comme forme centrale du pouvoir révolutionnaire conduisait à la centralisation du pouvoir dans les mains d’une élite supposément éclairée (une direction révolutionnaire comme vous l’appelez souvent), d’une bureaucratie dirigiste, d’une tyrannie des chefs, qui trouve son prolongement dans la dictature sur les masses que furent les États marxistes, donc à la production de nouvelles société de classes qui comportent une minorité qui dirige et une majorité qui s’asservit (de l’État du parti à l’économie totalement technobureaucratisée). Léninistes, trotskistes, staliniens, maoïstes… toutes les tendances qui s’articulent ainsi sont condamnées à perpétuer pour ces raisons la domination d’une minorité sur une majorité. C’est l’erreur historique fondamentale du marxisme dans la plupart de ses versions et particulièrement dans sa version marxiste-léniniste (léninistes, trotskistes, staliniens, maoïstes…). Le marxisme politique est une voie vers la domination aussi oligarchique, hiérarchique, oppressive, aliénante que la démocratie bourgeoise ou encore le fascisme. Toute révolution d’en haut et du centre avant-gardiste sont des nouvelles formes d’institution de gouvernements tyranniques sur les masses (ou multitudes comme je préfère nous appeler).''
Ce qu'il reste principalement à répondre c'est le comment de la guerre révolutionnaire. Et le penser contre les États et contre les Partis qui ne sont que de vulgaires oligarchies dirigistes, des instruments de domination des classes dominantes et le prolétariat c'est la catégorie dominée du Capital. Ses soi-disant représentants n'en sont que les faussaires. Abolir le capitalisme et réaliser le communisme présupposent la destruction d'ensemble du capitalisme et le prolétariat en est une catégorie, c'est-à-dire qu'elle est la classe qui devrait avoir intérêt à abolir le capital et lui-même pour se produire en individus immédiatement sociaux contre toutes les médiations politiques qui l'encadrent et le fait dominé. Que cela puisse être pensé comme se réalisant en partie aujourd'hui et en général plus tard ou seulement plus tard.
Quant à moi, je veux en venir à écrire sur la guerre révolutionnaire, c'est déjà commencé, mais les fondements, je pense que je les envisage dans le texte de référence. Et il existe bien des textes qui s'y plongent comme Appel, Some Notes On Insurrectionary Anarchism (http://www.insurgentdesire.org.uk/notes.htm), les textes d'Alfredo Bonanno... Sur une autre perspective, il y a aussi les textes fondamentaux de Roland Simon et de Théorie communiste que tu peux lire sur theoriecommuniste.org ou sur meeting.senonevero.net ou encore ceux de Gilles Dauvé et de Trop loin que tu peux lire sur troploin0.free.fr
De l'auto-organisation à la communisation et le processus forcément insurrectionnel
En tout respect, de ma perspective, il me semble que les plus révolutionnaires en discours ont tendance à être celles/ceux qui communiquent le moins avec les multitudes.
Ce n'est qu'une tendance. Vous êtes peut-être parmi les anarchistes et révolutionnaires pédagogiques.
Il est vrai toutefois que les principes d'une économie alternative (euphémisme qui se veut pédagogique pour 'anticapitalisme') sont pal mal écartés dans les approches réformistes (que je pratique par ailleurs). En tout cas, normalement, les progressistes en tout genre devraient s'entendre sur des principes d'organisation coopérative, démocratique et solidaire (à but collectif).
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