Une chef d'entreprise équatorienne qui réside dans notre pays depuis 14 ans a adressé une lettre à Alvaro Noboa, millionnaire, candidat de la droite au second tour des élections présidentielles en Equateur

Cuba racontée à un millionnaire équatorien

19-10-06
Il s'est en effet lancé dans des diatribes contre Cuba en agitant le spectre du communisme pour contrer son adversaire de gauche. Nous vous offrons le texte de la lettre de Marta Valencia

" Nous avons suivi avec beaucoup d'attention vos déclarations avant et après le premier tour des élections, notamment celles que vous avez faites sur Cuba qui ne font que démontrer votre manque d'information.

Vous faites référence à Cuba en tant que pays du tiers-monde, sans vous rendre compte que vous en habitez un, sauf que vous ne le ressentez pas comme tel car votre argent vous empêche d'apprécier la réalité, la triste réalité du peuple équatorien qui a été abandonné à son sort.

Vous n'êtes capable ni de voir ni de sentir la tristesse d'un peuple qui n'a pas pu faire entrer de nombreux enfants à l'école au début de l'année scolaire, car leurs parents n'avaient pas l'argent pour payer les inscriptions. Ce type de choses, Maître Noboa, ne se passent pas à Cuba. Ici, l'éducation est totalement gratuite.

Je suis équatorienne, chef d'entreprise, un mot que vous appréciez tant et j'habite à Cuba depuis 14 ans. J'ai vu un entretien que vous avez donné et je suis l'une de ses folles, selon vos propres mots, qui ont émigré à Cuba pour travailler. Je ne suis pas l'un des chefs d'entreprise qui ont émigré à Miami pour cacher leur honte et l'argent volé, je suis une chef d'entreprise qui habite et travaille à Cuba, qui importe des produits équatoriens, qui a ouvert le marché de Cuba aux produits et aux services équatoriens, et qui avec beaucoup de dignité habite dans un pays pauvre mais solidaire, un mot inconnu de vous, car la solidarité n'est pas donner des chaises roulantes aux paraplégiques au cours d'une campagne, la solidarité, c'est partager ce que l'on a avec ceux qui ont moins que nous.

J'aimerais que vous veniez à Cuba voir une réalité que vous ne connaissez pas. Les enfants ne travaillent pas à Cuba, Maître Noboa, ils vont à l'école et jouent comme il se doit. C'est probablement à cause de cela que vous n'aimez pas Cuba, car ici, nous n'employons pas de main-d'oeuvre infantile.

En outre, c'est un pays où, Dieu merci, le même Dieu que vous mentionnez aussi fréquemment, il n'y a pas une différence de classes très marquées. Celle-ci est la raison de la grave violence en Equateur.

Vous pouvez vous promener dans les rues de Cuba à n'importe quelle heure, Maître Noboa. Il n'y a non plus de ressentiment entre ceux qui n'ont rien et ceux qui ont tout, même sans le mériter, comme c'est votre cas. Vous vous croyez un envoyé de Dieu, mais votre Dieu ne vous a appris ni à être solidaire des pauvres, ni à les respecter. Comment la violence n'existerait-elle pas alors que les pauvres de mon pays ramassent, pour pouvoir manger, les ordures que vous jetez ? Dites-moi comment vous entendez vous y prendre pour résoudre le problème social du pays si les gens qui vous entourent sont ceux de toujours qui ne font que rêver du poste qu'ils vont occuper et de tout ce qu'ils pourront en tirer.

Ne faites pas de Cuba le slogan de votre campagne, cela ne vous convient pas. Savez-vous combien d'Equatoriens vivent ici ? Savez-vous combien d'Equatoriens font des études à Cuba ? Savez-vous combien d'Equatoriens ont été opérés de la vue à Cuba grâce à l'" Opération Miracle " ? Savez-vous combien d'entreprises étrangères ont fait des investissements à Cuba ? Que savez-vous sur la question hôtelière à Cuba ? Avez-vous entendu parler de la Chaîne Sol Melia ou de la chaîne Trypp ? Avez-vous connaissance des investissements réalisés par des grandes entreprises canadiennes dans le secteur du nickel ? Savez-vous combien d'entreprises européennes ont des bureaux à Cuba ?. Non, vous ne savez rien. C'est dommage, qu'une personne qui mentionne tant un pays dont il ne sait rien, soit candidat au second tour des élections en Equateur.

Et oui, je fais des voeux pour que vous ne gagniez pas. "