Au coeur du mouvement de résistance qui anime Oaxaca, le Zucalo, désormais ouvert aux ambulentes, s’anime avec la venue du soir d’une foule bigarrée.
Des centaines de vendeurs sont installés dans les rues avoisinantes, parfois à l’ombre des barricades de tôle. Sur la place même, ils proposent leur marchandise jusque sous le kiosque central qui sert de plate-forme aux orateurs de l’APPO. D’ailleurs, ceux-ci sont plutôt discrets. Malgré les banderoles aux couleurs nationales, malgré les graffitis politiques ornant le pourtour de la fontaine et les portraits défigurés de Ruiz, on croirait davantage à l’atmosphère détendue d’une excursion à la campagne. Pour les Mexicains, le train-train continue. Les plus excités sont ces quelques journalistes étrangers que l’on voit courir, appareil photo à l’épaule, pour surprendre les « indigènes » en des poses révolutionnaires. À l’auberge où j’habite, un freelancer allemand à contrat pour Indymedia passe la nuit sur les barricades, et revient dormir de jour. Il ne parle, bien entendu, pas un mot d’espagnol. Il y a aussi les quelques touristes encore présents, la plupart très jeunes, comme cette anglaise pieds nus qui est occupée comme moi à consigner ses observations pour la postérité. Hier, des milliers de manifestants ont défilé de par les rues pour commémorer le massacre du 2 octobre 1968. Aujourd’hui, rien n’y paraît, si ce n’est une nouvelle couche de graffitis.
Suspendues aux arbres et aux lampadaires, des bâches de plastique bleu protègent les vendeurs et passants du soleil déclinant. On doit prendre garde aux cordes parfois tendues à hauteur de tête. À partir de 20 heures, dans les rues ouvertes avoisinants le carré sous occupation, d’énormes bouchons automobiles se créent, que les conducteurs supportent patiemment dans les coups de klaxons et l’épaisse fumée qui brûle la gorge. Ici, la plupart des rues n’ont aucune signalisation. La courtoisie détermine les priorités. La courtoisie et le bon sens. Les quelques feux de signalisation sont, de jour, scrupuleusement observés, malgré la déroute de la police.
Si le soir décline lentement au Mexique, la nuit, elle, arrive brusquement. Avec elle le Zucalo se vide peu à peu. Après 21 heures, il ne reste que quelques vendeurs plus persistants, des amoureux à s’embrasser, et des petits groupes qui discutent parfois vivement. Des télévisions disséminées présentent les vidéos de la marche du 5 mai dernier. Une vieille femme, une autochtone, s’occupe à briser des caisses de bois qui serviront à alimenter les feux des manifestants dans quelques heures. Les premiers soirs, encore un peu craintif, je venais sur la place pour écouter radio APPO. C’était alors l’alerte rouge. La tension était plus palpable qu’aujourd’hui. Depuis hier soir, les hélicoptères de l’armée ont en effet cessé de survoler la ville, et les rumeurs que les troupes étaient en marche vers Oaxaca n’étaient, finalement, que des rumeurs (même si au moins un camion militaire a été aperçu sur l’avenue Independencia). Il semble que les négociations s’amorceront bel et bien demain. Plus tôt, un journaliste – celui de mon auberge – me racontait que l’hôtel derrière nous avait été fermé par les manifestants. Le propriétaire aurait demandé à la police de monter sur ses toits pour abattre les grévistes. La violence n’est pas impossible. Pour l’instant, une musique lente qui ressemble à la liberté flotte sur le Zucalo. Si c’est bien cela une révolution, alors je dis « Hasta la revolución siempre! ».
C'est la première fois que j'entend parler de " ZUCALO ", tu ne voudrais pas plutôt parler des "ZOCALO" que l'on trouve dans tous plueblo mexicains de plus de 1000 habitants ??! Sinon, je vois que la fronde de l'APPO génére nettement plus de presse en dehors du pays que dedans. Dommage.
Vous avez tout à fait raison, très chèr(e) mickou; c'est bien le Zocalo et non le Zucalo. Gratias. On a ici le pire et le meilleur du journalisme indépendant. Le pire, mes erreurs; le meilleur, les corrections instantannées. Tout de même. J'en suis tout rouge de honte... (Mais pour la bonne entente, il s'agit bien de "pueblo" et non pas de "plueblo"... Hasta luego)
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