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Maher Arar... et avantpythagore, Martes, Septiembre 19, 2006 - 06:21
André Pelchat
La surveillance de tous et de tout, comme technique de gouvernement, permet de se passer de l’intelligence et de la sagesse. Nous venons finalement d’avoir la confirmation de ce dont tout le monde se doutait : Maher Arar a été victime d’accusations montées de touts pièces par la GRC, désireuse de fournir un « terroriste » aux collègues américain pour leur montrer que le Canada était entièrement au service de la guerre de l’administration Bush contre le « terrorisme ». Moyennant quoi, ce citoyen canadien sans histoire a été littéralement kidnappé entre deux avions ( car une arrestation illégale sans mandat, qu’est-ce, sinon un kidnapping ?), expédié en Syrie ( pays classé « état voyou » cet été parce qu’ils soutiendrait le Hezbollah) pour y être torturé (rappelons que le parti au pouvoir à Damas est une branche du Baa’s, le parti de Saddam Hussein.) au nom de la « défense de la liberté ». Avant crier à l ‘aberration et de désigner des « pommes pourries » (autre nom des boucs émissaires), il serait bon de se rappeler ce qui se passait, il y a trente ans, lors d’une autre « guerre contre le terrorisme » : Montréal, 1974 : l’agent Robert Samson, de la Gendarmerie royale du Canada est arrêté après avoir été hospitalisé. Une bombe qu’il était en train de poser lui a explosé dans les mains ! On découvre que Samson est un ripou qui pose des bombes pour des membres du monde interlope. On a les « sideline » qu’on peut ! Là ou ça devient intéressant, c’est quand, interrogé en audience préliminaire, il déclare : J’ai fait bien pire pour la GRC ! Il apprend aux enquêteurs qu’il est le responsable d’un cambriolage survenu le 6 octobre 1972 à l’Agence de presse libre du Québec, une agence de presse liée à des groupes de gauche. L’opération avait pour but de mettre la main sur des documents pouvant être compromettants pour les « communistes » et les « séparatistes ». En 1976, le Parti québécois, prend le pouvoir lors l’année suivante créée la commission Keable pour enquêter sur l’implication possible de la GRC dans une série d’actes illégaux. Le Premier ministre libéral du Canada, Pierre Elliott Trudeau, s’engage à coopérer. En fait, le gouvernement fédéral fera obstruction autant qu’il l’osera aux travaux de la commission. Il en contestera la juridiction devant les tribunaux et procédera même à des calomnies concernant la vie personnelle du juge Keable. Finalement, la Cour Suprême du Canada statuera qu’une commission d’enquête provinciale ne peut enquêter sur un organisme fédéral, mais devra se contenter d’enquêter sur des crimes spécifiques. Parallèlement à ce travail de sape, Trudeau crée sa propre commission, présidée par le juge David McDonald, un ancien président du parti libéral de l’Alberta. La commission McDonald travaillera surtout à huis clos. Malgré les obstacles, la commission Keable découvre bien des choses intéressantes, dont que, au moins dans les années qui suivirent la crise d’octobre 1970, la GRC s’était engagée dans un programme extensif d’espionnage des groupes nationalistes québécois, illégaux et légaux confondus. Voici une liste sommaire des actes commis (et connus grâce à la commission d’enquête) : - le cambriolage à l’Agence de presse libre du Québec, - le vol de listes de membres du PQ en janvier 1973, au cours de l’opération « Ham » un cambriolage à l’entreprise « Messageries Dynamiques Inc. qui impliqua pas moins de 66 agents de la GRC. - l’incendie criminel, en 1971, d’une grange où devait se tenir une rencontre entre des membres du Front de Libération du Québec (FLQ) et des Black Panthers américains, l’endroit appartenait à une entreprise nommée « Jazz libre du Québec » et était le rendez-vous de divers groupes contestataires. - l’émission de 13 faux communiqués du FLQ en 1971, rédigés majoritairement par l’informatrice Carole Devault, dans le cadre de la mise sur pied d’une fausse cellule du FLQ, la cellule André Ouimet,. La fausse cellule rvendiqua aussi un attentat à la bombe incendiaire à compagnie Brink’s de Montréal en janvier de la même année. - le vol de dynamite, dans la nuit du 26 au 27 avril 1972, dans la poudrière de la Richelieu Explosives de Rougemont, par le gendarme Rick Daigle ainsi que les caporaux Bernard Dubuc et Normand Chamberland. - Le même gendarme Daigle participa aussi, le 7 juin 1972, au kidnapping de André Chamard, stagiaire dans une étude de droit participant à la défense des accusés du Front de Libération du Québec. Les agents tentèrent de le recruter comme indicateur en le faisant chanter pour une affaire de drogue, en le maltraitant et en lui faisant des menaces de mort. Devant son refus de coopérer, ils l'abandonnèrent en pleine campagne. Pour sa part la commission MacDonald fera savoir que la GRC avait ouvert sans mandat les lettres de 865 citoyens entre 1970 et 1977. Signalons qu’aucun terroriste ne fut arrêté à la suite d’une ouverture de lettres. On découvre aussi au moins 7 tentatives, en 1971 et 1972, de recruter des indicateurs en usant de menaces et d’intimidation. La plupart ne faisaient partie d’aucun groupe suspect. Le sergent Laurent Hugo raconte avoir, avec des collègues, enlevé un homme dans la rue, sans mandat, et l’avoir séquestré pendant 15 heures dans une chambre d’hôtel, lui faisant subir un interrogatoire « musclé » accompagné de pressions physiques telles que le forcer à se tenir debout dans un coin face au mur. Aucune information ne fut obtenue par ce kidnapping. L’homme fut relâché sans qu’aucune accusation ne soit portée contre lui. Le Premier ministre Trudeau niera (bien sûr !) avoir eu connaissance de ces actes bien que des documents rendus publics des années plus tard prouvent qu'il avait présidé la réunion du cabinet qui autorisa expressément la GRC à enfreindre les lois pour combattre le « séparatisme », dès 1969. Il refusa de témoigner en public devant la commission. Carole Devault, ancienne informatrice de la GRC infiltrée dans le FLQ, raconte avoir, sous les ordres de la GRC, recruté des adolescents comme membre du FLQ et avoir rédigés de faux communiqués, après la crise d’octobre et l’écrasement du FLQ. Ces opérations visaient à maintenir le mythe d’un FLQ toujours actif afin de compromettre des membres de mouvements contestataires qui pourraient être tentés de s’y associer. Pourquoi ce petit rappel historique ? Parce qu’il est bon de savoir qu’aucun terroriste n’a été, à l’époque, arrêté à la suite de pouvoirs spéciaux, ni des actes illégaux commis par la GRC. Le FLQ a été démantelé à la suite d’enquêtes policières faites avec les méthodes habituelles. Le résultat de la loi des mesures de guerre de 1970 et des abus qui ont suivi a été la violation des droits de citoyens ordinaires. Et aussi parce qu’il est bon de se souvenir que, dans ce pays, les opérations de police ne sont pas toujours exemptes de considérations politiques. Bref, il serait bon d’attendre ce qui sortira du procès des 17 accusés de Toronto avant de prendre des mesures excessives visant à transformer le pays en État policier, comme ce qui est en cours aux USA depuis le Patriot Act. Proulx, Daniel Paquin, Gilles Paquin, Gilles Brown, Lorne and Caroline Lester, Normand Cléroux, Richard Gratton, Michel and Mike Frost Gourd, Michel Boileau, Josée Bélanger, Claude [ version révisée ] |
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