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Le spectre de Mao hante toujours la réactionAnonyme, Lunes, Septiembre 11, 2006 - 12:50 (Analyses)
Arsenal-express
Mao. L'histoire inconnue, le best-seller de Jung Chang et Jon Halliday, vient d'envahir la francophonie. On en trouve d'impressionnantes piles dans la plupart des librairies à grande surface. Mais le grand nombre de pages (844) que compte le bouquin, qui semble en avoir impressionné certains, n'arrive pas à masquer l'immense pauvreté de son contenu. Il s'agit en fait de la traduction française d'un livre publié l'an dernier aux États-Unis, qu'une partie de la presse bourgeoise elle-même n'a pas hésité à décrier pour sa démarche scientifique pour le moins déficiente. Cela n'a toutefois pas empêché bien des commentateurs de s'enthousiasmer du flot venimeux qu'il déverse contre la personne de Mao. Parmi ceux qui l'ont encensé, on retrouve au premier plan George W. Bush lui-même. Le 23 janvier dernier, le quotidien The New York Times rapportait en effet que le chef de file de la réaction mondiale en avait fait son livre de chevet, qu'il va jusqu'à considérer comme "une grande source d'inspiration" (l'article ne précise pas, toutefois, s'il l'a lu personnellement, ou s'il a demandé à son épouse de lui en faire lecture). Le week-end dernier, le quotidien Le Devoir reprenait à son compte, les yeux totalement clos, cette campagne de diffamation en publiant un article du journal Le Monde qui présente les thèses défendues dans ce livre comme purement véridiques. Pourtant, plusieurs commentateurs bourgeois, et non des moindres, se sont sentis obligés de le dénoncer, tellement le malaise est grand. Dans le numéro du mois d'août du Monde diplomatique, l'universitaire bourgeois et ex-journaliste Alain Roux a critiqué l'ouvrage avec virulence. Selon lui, ses auteurs font montre d'une subjectivité furibonde. Chang et Halliday n'ont de l'historien ni "l'œil sec", ni "le regard froid": "Ce recours au concept simpliste de 'monstre' aboutit à une absence de réflexion sur la société chinoise, ses contradictions, son évolution, quasi ignorée dans ce livre. Si toute la construction socialiste chinoise n'a été qu'un désastre imposé par un tyran fou, on ne peut comprendre comment un pays, misérable et méprisé dans la première moitié du XXe siècle, a retrouvé sa place légitime dans le concert des nations durant les années Mao, et s'est développé depuis." Alain Roux n'est pas maoïste -- loin s'en faut -- mais il n'apprécie guère la grossière sottise bourgeoise. Il préfère celle qui se camoufle derrière "l'objectivité scientifique". Il trouve ainsi que le journaliste américain Edgar Snow (Étoile rouge sur la Chine, 1944) a brossé un portrait trop flamboyant de Mao, qui allait d'ailleurs devenir à la mode par la suite. Alain Roux lui préfère le récent ouvrage de Philip Short, Mao Tsé-Toung, publié en Grande-Bretagne en 1999, et dont la traduction française est parue l'an dernier. De fait, Edgar Snow avait un point de vue révolutionnaire -- celui de l'objectivité scientifique révolutionnaire -- que n'adopte pas Philip Short, qui reprend plus souvent qu'autrement les thèses défendues par les dirigeants révisionnistes ayant pris le pouvoir en Chine depuis la mort de Mao. Rappelant "l'étonnant respect dont [Mao] jouit encore auprès de la grande masse du peuple chinois", Alain Roux n'arrive pas à accorder la moindre crédibilité au livre de Chang et Halliday. "L'ouvrage, écrit-il, obscurcit bien des dossiers, conduit à des impasses et ne fait pas avancer la nécessaire réflexion sur les crimes et les erreurs de Mao. Les auteurs substituent à la légende dorée une légende noire [...]. D'après leur thèse, Mao était un monstre, habité par un ego surdimensionné, qui a multiplié les vilenies pour s'emparer du pouvoir, l'exercer de façon tyrannique, et exploiter son peuple afin de faire de la Chine une superpuissance militaire capable de dominer le monde. Les pépites signalées plus haut sont engluées dans une gangue faite de tous les matériaux possibles pour confirmer ce portrait." Trente ans après sa mort, il est hautement significatif que la seule évocation du nom de Mao donne des boutons à tous les grands dirigeants de ce monde. Pour les pauvres et les opprimÉes qui sont les laissés pour compte de l'ordre mondial actuel, il est temps de retourner à la source et de rétablir la vérité: on verra alors que loin d'être un tyran, Mao fut, pour notre classe, un grand éducateur, et un libérateur de tout premier plan. - De notre correspondant > Pour une critique maoïste du livre de Chang et Halliday, voir cet article écrit par les camarades du RCP,USA dans le cadre du projet "Set the Record Straight": "New Mao Biography: Not Historical Scholarship but Hysterical Rant", disponible sur http://rwor.org/a/021/mao-biography-hysterical-rant.htm. > Voir également cette entrevue avec une autre "victime" de la Révolution culturelle, la professeure Wang Zheng, qui adopte un tout autre point de vue que celui de Chang et Halliday: "We had a dream that the world can be better than today", disponible sur http://www.revcom.us/a/059/some-of-us-en.html. _____ Article paru dans Arsenal-express, nº 110, le 10 septembre 2006. Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation). Pour vous abonner: faites parvenir un courriel à
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