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Les exilés loin de leur Patrie - Deuxième Partie

Anonyme, Jueves, Agosto 24, 2006 - 07:19

RUBY BIRD

Par RUBY BIRD - Journaliste

------------LA REPUBLIQUE MISE A NU PAR SON IMMIGRATION
Sous la Direction de Nacira Guénif-Souilamas
Edtions La Fabrique

J’ai choisi intentionnellement un texte parmi tant d’autres, qui montre combien l’on peut être vicieux quand on veut empêcher une catégorie de la population d’un pays de simplement « s’investir » civiquement, politiquement ou culturellement. Maintenir toute une frange de la population dans un No Man’s land psychologique…….

« Usages et maléfices du thème de l’antisémitisme en France » par Joëlle Marelli : quelques brefs extraits de son texte :

« Le problème avec les clichés, c’est qu’on finit par ne plus savoir ce qu’ils recouvrent exactement. »

« Ceux qui sont nés pendant ce qu’il est convenu d’appeler « les Trente glorieuses » ont donc grandi avec cette idée double, contradictoire et même schizophrène que, le pire ayant eu lieu, il fallait tout faire pour qu’il ne se reproduise plus (c’est le sens du slogan « plus jamais ça ! ») et que, dans le même temps, puisqu’il avait eu lieu, il fallait prendre acte de la possibilité anthropologique de son retour. »

« Nous étions donc prêts depuis longtemps à lutter contre le pire, un pire conçu comme résidant parmi nous, sinon en nous. »

« L’antisémitisme, nous dit-on, est toujours le signe que la marche axiologique bien huilée de la république, de la démocratie, de la paix civile, de l’égalité devant la loi, est en passe de se gripper. »

« Mais rien ne justifie que l’on distingue, au point de vue politique et à plus forte raison au point de vue de son traitement policier et judiciaire, le phénomène antisémite des autres phénomènes racistes……..Or on voit mal à quoi peut servir la distinction en cette matière, sinon à établir une hiérarchie.…….Le reste est connu : si les peuples non européens vivaient, par définition, loin de l’Europe qui les colonisait, les juifs européens vivaient en son sein. C’est à cette différence tautologique que le racisme antisémite doit ses spécificités. »

« Le racisme, qui n’a jamais vraiment disparu, se voit depuis une vingtaine d’années réinsuffler une nouvelle vigueur et de nouveaux ressorts discursifs. Ses aspects institutionnels se multiplient, comme ses occurrences chez des représentants de l’Etat ou des institutions administratives et policières. »

« L’antisémitisme est en effet un racisme qui aujourd’hui, dans les pays occidentaux, et particulièrement en France, ne produit pas de discrimination qui échappe à la sanction légale. Autrement dit : c’est le seul racisme qui ne produise pas de discrimination qui ne soit sanctionnée, de bon ou de mauvais gré, par les institutions. »

« Mon hypothèse est que s’il est vrai que l’antisémitisme n’a pas disparu, son imputation à une catégorie particulière de la société française, elle-même particulièrement visée par le racisme, constitue une opération de projection, surdéterminée comme toute opération de ce type……..Un certain nombre d’ouvrages et de textes, d’auteurs et de statuts divers, fonctionnent soit comme opérateurs soit comme symptômes de ce processus de projection. »

« Nous n’analyserons pas ici les ouvrages de Pierre-André Taguieff comme ils le mériteraient, pour leur manque de rigueur intellectuelle et historique, leur parti pris islamophobe, anti-arabe et, disons-le, franchement raciste, ce qui ne veut pas dire projuif. Car le philosémitisme affiché par Pierre-André Taguieff me paraît rien moins que probant : à vrai dire j’oserais émettre l’hypothèse que cet auteur ne fait que se servir de la minorité la mieux protégée aujourd’hui…..pour appeler la détestation sur une autre minorité, plus importante en nombre et moins bien défendue par les barrages de la mémoire collective et des institutions faites pour garantir les droits de tous……..C’est plus qu’un air du temps : l’antisémitisme supposé des populations « d’origine immigrée » est conçu comme un phénomène évident et relevant d’un invariant culturel. »

« Dominique Vidal et Michèle Sibony ont chacun pour leur part reproché au rapport Ruffin, premièrement de chercher à fonder en essence – et en droit – la distinction entre racisme et antisémitisme et deuxièmement de légitimer l’amalgame douteux entre antisémitisme, antisionisme et critiques des politiques israéliennes……Le deuxième reproche que font Dominique Vidal comme Michèle Sibony à Jean-Christophe Rufin est d’avoir inventé un concept, « l’antisionisme radical », qui lui sert à dénoncer comme antisémitismes tous ceux qui, intellectuels, militants ou chercheurs, critiquent les politiques d’Israël. »

« L’antisémitisme existe, selon Jean-Christophe Rufin, comme « pulsion », comme « stratégie », par « importation » ou par « procuration ». Cette division ouvre l’accès aux principaux aspects d’une typologie qui se rapporte presque entièrement aux populations pauvres, d’abord, et plus spécifiquement immigrées ou issues de l’immigration postcoloniale. »

« D’une part, la vulnérabilité accrue des « populations » paupérisées n’est pas vue dans sa dimension sociale, mais avant tout dans sa dimension idéologique et « culturelle »……D’autre part, c’est une fois de plus l’origine qui explique tout : si les « pauvres » sont « d’origine » arabe, ou musulmane, ou maghrébine, alors ils seront la proie de l’islamisme radical et de l’antisémitisme qui en découle nécessairement, à en croire Rufin, quelques islamologues et aussi quelques islamistes, il faut bien l’admettre. S’ils sont « d’origine » française (ou chrétienne ou blanche, que sait-on) alors ce sont les « idéologies néonazies » qui en feront leur affaire. »

« Il y a plus grave. Une sous-catégorie de ce qu’il appelle « antisémitisme par pulsion » est par lui définie comme « antisémitisme d’importation » et nous éclaire sur ceux parmi les pauvres qu’il convient surtout de garder à l’œil : « S’ajoutent à cela, les effets insidieux de ce que l’on pourrait appeler un antisémitisme d’importation, notamment chez des jeunes issus de familles originaires de pays où l’antisémitisme est culturellement banalisé. ». La périphrase est transparente : c’est des terres d’islam qu’a été importé l’antisémitisme des « jeunes de banlieue » autrement appelés « issus de l’immigration arabo-musulmane » ou autre « immigrés de nième génération ».

« Il ne fait pas de doute que la colonisation a joué un rôle dans les transformations qui ont pu affecter la situation des juifs dans le monde arabe…….José Aboulker, l’un des chefs de la résistance algérienne,…….Avec les juifs ils ont été parfaits. Non seulement ils ont refusé la propagande et les actes antifjuifs auxquels les Allemands et Vichy les poussaient, mais ils n’ont pas cédé à la tentation des bénéfices. Alors que les Pieds-Noirs se disputaient les biens juifs, pas un Arabe n’en a acheté. La consigne en fut donnée dans les mosquées : les Juifs sont dans le malheur, ils sont nos frères. »

« On sait qu’un certain nombre de ceux qui, en France, se font aujourd’hui les plus ardents défenseurs des thèses les plus radicales sur l’antisémitisme arabo-musulman comme des politiques les plus folles d’Israël sont en réalité des transfuges de l’extrémisme de droite, comme Alexandre del Valle ou Guy Millières. »

« Rufin postule en effet un « continuum antidémocratique » entre petite délinquance et terrorisme religieux. Malgré une précaution rhétorique qui a tout de la dénégation, il illustre par le parcours des jeunes Français arrêtés en Afghanistan son affirmation qu’ « on sait cependant qu’il est possible de passer de l’un à l’autre…..Le continuum antidémocratique lie ainsi la délinquance à l’antisémitisme et l’antisémitisme à la « bataille d’Europe ». Il y a là une vision apocalyptique qui semble justifier par avance toutes les mesures, aussi « antidémocratiques » soient-elles, qui seront prises à l’encontre des conduites de rébellion, interprétées selon une grille de lecture excluant leur détermination en termes de subjectivation politique. »

« Soit les « jeunes de banlieue » se conforment à la règle qui les exclut, pour la plupart, tout en réservant à quelques-uns une « intégration » figurée par le topos de l’ascenseur social ; soit ils sont rejetés vers les courants qui parachèveront leur fixation essentielle sous l’espèce de l’intégriste, voire du terroriste. La voie qui leur demeure interdite est celle de la pensée et de l’action politiques. »

« L’interdit de politique est lesté d’un poids supplémentaire lorsqu’il s’accompagne de l’interdit corollaire qui pèse sur toute critique des politiques de l’Etat d’Israël ; en particulier quand cette critique est énoncée par des personnes issues de l’immigration postcoloniale……Que des descendants de colonisés reconnaissent la colonisation là où ils la voient, qu’ils voient dans cette colonisation en premier lieu les aspects dont leurs parents leur ont transmis la souffrance non éteinte, quoi de plus banal. »

« La première implique de bien vouloir se rappeler les conditions dans lesquelles a été créé l’Etat d’Israël, le rôle joué dans cette histoire par la France et la Grande-Bretagne, grandes puissances de l’époque, dans le cadre de leur politique coloniale…….La seconde réponse s’adresse à un présupposé qui traverse la formulation plus précise : « pourquoi les musulmans de France ne se mobilisent-ils pas pour les musulmans de Tchéchénie ou de Bosnie ? » Précisément parce que leur combat n’est pas « ethnico-religieux » et parce qu’ils se reconnaissent moins chez leurs coreligionnaires minoritaires au sein du monde slave que chez ceux dont ils partagent une part de l’héritage culturel. »

« Le rapporteur déplore que les efforts des autorités françaises pour lutter contre l’antisémitisme ne soient pas relayés dans la société civile : « Où sont les chanteurs, les artistes, qui se mobilisent pourtant volontiers, pour les famines en Afrique ?…….Jean-Christophe Rufin semble ignorer une règle qui veut que les causes officielles font rarement l’objet de mobilisations populaires spontanées……Jean-Christophe Rufin tempère : L’idée n’est pas, préconisons-le bien, de culpabiliser les Français, en leur reprochant leur antisémitisme supposé. Après tout, l’ancienneté de ces préjugés fait que tout le monde peut en avoir, de près ou de loin, subi l’influence. »

« Mais les « jeunes des banlieues » nés en France ont trouvé dans leur berceau bien autre chose que l’antisémitisme essentiel et indéracinable qu’on leur prête et contre lequel on prétend lutter par imputation systématique. Ils ont trouvé le poids de l’histoire : celle de leur pays d’origine et celle du pays qui persiste à leur dénier l’inclusion et l’égalité de traitement……L’ « intégration » vantée des juifs – pour autant que ce terme soit absolument adéquat, dans la positivité univoque qui lui est attribuée et qui est érigée en modèle – est elle-même exposée à plus d’un titre, et en particulier au titre de l’instrumentalisation dont fait l’objet leur protection. »……A SUIVRE

------------LE BIEN DES ABSENTS
Récit par Elias Sanbar qui est historien et rédacteur en chef de la Revue d’Etudes Palestiniennes. Il a déjà publié : Palestine 48 ; L’Expulsion ; Les Palestiniens dans le Siècle ; Palestine, le pays à venir avec la collaboration de Farouk Madam-Bey. Il a également dirigé la publication de : Jérusalem, le sacré et le politique, et l’ouvrage collectif : Le Droit au Retour.
Cet ouvrage est publié aux Editons Babel

Elias Sanbar est un exilé de sa patrie La Palestine. A travers des anecdotes, il raconte la vie en exil, loin de sa maison qu’il retrouvera cinquante ans plus tard. J’ai extrais de courts passages, quelques odeurs, sentiments, expériences vécues par Elias et qui parcourent le livret. A lire bien évidemment avec tout l’humour qui caractérise l’auteur.

« Un pays était occupé depuis trente ans par les Britanniques qui, dans la foulée de leur politique de destruction cynique et annoncée, n’y avaient pas moins répandu le goût du thé et l’usage des services postaux modernes……Des lettres, il en avait rédigé et expédié par dizaines. La moindre absence d’un ami ou d’un parent se tournant en nouvelle opportunité pour correspondre, la distribution du courrier devint l’autre à laquelle il appréciait la normalité des jours et des temps……Il avait tant écrit depuis le début des combats……..Ce matin-là, un seul retentissait, comme repris en écho par les vendeurs : « Haïfa est tombée cette nuit, Haïfa est tombée cette nuit. ». »

« C’est dans les années cinquante, à Beyrouth, que nous fûmes avertis du souhait de l’évêque de Galilée de nous rendre visite. Les frontières arabes étaient fermées, mais le prélat de notre communauté était autorisé à les traverser. Sa venue annoncée, mon père me parla longuement de l’homme. Il le détestait et lui reprochait ses sympathies pour les sionistes…….Et surtout, je n’y comprenais plus rien. Voilà qu’on me demandait de baiser la main d’un individu que l’on m’avait dépeint sous les traits d’un collaborateur répugnant……Et la visite se perdit en convenances, car ils se détestaient mutuellement, les deux hommes ne s’en conformaient pas moins aux règles impérieuses de l’hospitalité. »

« Nos meubles de Beyrouth se mirent soudain à aller et venir dans tous les sens. Il fallait faire place pour accueillir « nos affaires de Palestine », comme nous disions……..Cinq ans plus tôt, avant de quitter Haïfa, et bien qu’averti du pillage généralisé qui allait suivre la chute de la ville, mon père – croyait-il ainsi défier le sort ? – avait placé ses papiers personnels sous clé, dans le premier des tiroirs de l’armoire ; or voilà que ce même tiroir refusait de s’ouvrir……Le tiroir céda. Son contenu était encore là. Entier : le titre de propriété de notre maison, nos actes de naissance, les passeports rouges avec la mention British Mandate for Palestine, le laissez-passer de mon père pour la zone franche du port où il travaillait et quelques colifichets de ma mère, enveloppés dans un mouchoir de lin blanc, déposés là le jour où elle m’avait emporté vers le Liban. Notre vie disparue venait de nous rattraper. »

« Nous sommes arrivés au Liban en avril 1948, chez ma grand-mère maternelle qui habitait le quartier de Souq al-Najjârîn, le souk des Menuisiers, à Beyrouth…..Ma famille maternelle était originaire de cette ville du sud… »

« Ces enterrements m’ont donné, très jeune, un grand dégoût des cérémonies funéraires. Jusqu’au jour où, par milliers, nous avons marché derrière les dépouilles des fedayins tombés au combat. Le dénuement des rites musulmans, la sincérité, la profonde fraternité qui cimentait la foule, ont été le remède à la répulsion qui me gagnait à chacun des enterrements de Souq al-Najjârîn. »

« Notre départ forcé de Palestine, s’il nous jeta tous sur les routes, nous fit néanmoins emprunter divers moyens de transport. Ma sœur aînée partit la première, plusieurs mois avant la Nakba, la Catastrophe, en avion. C’était son voyage de noces. Il se mua en exil……la nuit du 18 avril 1948, la ville étant tombée, qu’il apprit que des hommes de la Haganah le recherchaient…….J’étais, quant à moi, parti deux semaines plus tôt dans les bras de ma mère, à bord d’un convoi de camions escortés de blindés anglais, qui déchargea à la frontière du Liban sa cargaison de femmes et d’enfants. J’avais quinze mois. Pour les adultes, l’exil débuta dans l’espoir. La victoires des armées arabes entrées le 15 mai en Palestine était imminente……..Je ne garde aucune image de ma ville natale. Mon exil a commencé par un trou noir. »

« Ce n’est qu’à l’automne que mon père osa s’avouer que nous étions partis pour longtemps. Entre-temps, il avait, comme si de rien n’était décidé que nous passerions l’été dans le village de Bickfaya, au Liban. »……A SUIVRE

Journaliste Indépendante


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