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L'Amérique latine en questionAnonyme, Miércoles, Agosto 16, 2006 - 07:44
RUBY BIRD
Par RUBY BIRD - Journaliste On parle beaucoup de l’Amérique Latine et de ses mouvements socio-économiques. Le Brésil, Venezuela, Argentine, Mexique….sont des pays qui reviennent souvent dans l’actualité aux moments de conflits sociaux ou d’élection. Les changements politiques récents montrent, de façon exemplaire, une volonté de démocratisation et d’indépendance véritable. Ces pays deviennent des modèles comme au temps du CHE et des rêves qu’il suscitaient. Deux types d’analyses suivent qui sont assez révélateurs. --- JUSTICE ET DEMOCRATIE EN AMERIQUE LATINE Livre passionnant si l’on veut connaître les tenants et les aboutissants de recherches sérieuses effectuées dans la compréhension des sociétés latino-américaines et leur volonté de démocratisation. Le CERDAP a organisé deux séminaires (en 2001 et 2002) sur le rôle de la justice dans la consolidation de la démocratie en Amérique Latine. Cela concernait principalement la Bolivie, l’Equateur, le Pérou, le Chili et la Colombie. Les intervenants étaient des universitaires, chercheurs, doctorants et étudiants de troisième cycle. L’Université Nationale de Bogota, en Colombie, s’associa d’abord avec le CERDAP pour travailler sur un projet en compagnie de l’Université Pierre Mendès France réunissant différents enseignants des facultés de Droit. Le sujet était « l’évolution de l’influence de la tradition juridique française en Colombie depuis l’Indépendance ». Le but était de permettre le dialogue entre juristes européens et latino-américains. Cette expérience fut ainsi étendue à d’autres pays d’Amérique Latine. L’ouvrage reprend : des interventions faites lors d’un colloque organisé par le Groupe de Recherche sur l’Amérique Latine (GRESAL) de la Maison des Sciences de l’Homme Rhône-alpes sur la justice et le constitutionnalisme en Amérique Latine ; des interventions lors de séminaires organisés par le CERDAP. Ce dernier compte étendre ses actions au-delà du juridique, à travers la politique et la sociologie. Le phénomène récurrent en Amérique Latine est « le recours au système juridique pour résoudre les problèmes politiques. » On croit résoudre les problèmes sociaux par le changement de textes juridiques. Cela génère des illusions qui précèdent invariablement de grandes déceptions. Depuis 20 ans, la démocratisation s’annonce de plus en plus et aussi la privatisation des services étatiques à cause de l’ouverture au marché économique. « Pour les opinions nationales, l’Etat doit être le garant de la paix civile, du « pacte social », ce qui suppose des réformes de la justice et des régimes politiques susceptibles de répondre aux attentes nouvelles des citoyens. ». On a donc érigé le juge judiciaire et constitutionnel en représentants de la démocratie avec tout ce que cela comporte en termes de libertés individuelles. « Les modifications constitutionnelles sont donc envisagées comme des pivots de la réforme ». La faiblesse, dans ces pays, reste le manque de culture juridique. Il y a aussi la difficulté de faire des réformes au sein de l’institution judiciaire due à la corruption installée depuis un certain temps. Des tentatives de changement de mode de recrutement, de modernisation, essaient plus ou moins de pallier à ce phénomène et de pousser la justice à acquérir un pouvoir indépendant de toute influence extérieure. Certains intervenants, durant les séminaires, mettent en avant la problématique des modèles constitutionnels à venir. L’exemple est donné de la Colombie « Le droit est devenu un moyen de lutte politique – la Constitution notamment est un jalon pour le changement social – mais peut-il s’avérer suffisant à compenser les faiblesses du système politique ? Peut-on espérer, au travers d’une jurisprudence considérée comme progressiste de la Cour Constitutionnelle colombienne, un changement social véritable ? » Un deuxième exemple est donné de la Bolivie « L’évolution du mode d’élection du président de la République, considéré comme un « pivot constitutionnel » apte a régler pacifiquement des conflits politiques, peut-elle enrayer la crise du système politique bolivien et permettre la conduite des réformes économiques et juridiques ? » Tout cela amène au questionnement du rôle de l’Etat et de la nouvelle définition qu’il doit avoir. La population est en attente de changements « On mesure là toute l’ambiguïté et pour tout dire la fragilité des nouveaux régimes démocratiques et libéraux : on demande à l’Etat de redistribuer les richesses par des politiques fiscales, sociales, sur l’ensemble du territoire et en même temps d’assurer la sécurité et la justice, bref un nouveau fonctionnement démocratique. On lui demande de gérer les tensions sociales et politiques internes et pourtant, il ne fait que subir de plus en plus les éléments et les acteurs économiques extérieurs. » Un des sujets traités est : La corruption, phénomène « culturel » ? On peut parler aussi du Mouvement Zapatiste ainsi que de ses conséquences et répercussions dans le monde entier. « Le soulèvement zapatiste a un double effet : d’une part il permet au mouvement indigène de s’articuler à un niveau régional et national (forum spécial à San Cristobal en janvier 1996, juste avant la signature des accords de San Andrés, donnant lieu à la création d’un Forum Indigène Permanent qui se réunira plusieurs fois en 1996, et mise en place d’un Congrès National Indigène à Mexico), et d’autre part il place les revendications indiennes au centre de l’agenda public national. » « Le 16 février 1996 le Gouvernement fédéral et l’EZLN signent, à San Andrés Larrainzar, des accords de paix, les « Accords de San Andrés ». Le Gouvernement reconnaît que « les peuples indigènes ont été l’objet de formes de subordination, inégalité et discrimination qui leur ont déterminé une place structurelle de pauvreté, exploitation et exclusion politique », et que « pour dépasser cette réalité sont nécessaire de nouvelles actions en profondeur, systématiques, participatives et convergentes de la part du Gouvernement et de la société, comprenant, avant tout, les propres peuples indigènes. » « En septembre 1996, le Gouvernement ne donnant toujours pas signe de vouloir respecter les Accords de San Andrés, l’EZLN suspend le dialogue, et c’est la COCOP (réunissant des députés de tous bords), en accord avec les deux parties, qui est chargée de présenter une proposition de réforme qui ne pourra n’être qu’approuvée ou rejetée pour ne pas retarder davantage le processus. ». D’autres tribulations suivront posant maints problèmes dans cette volonté de réforme. Un autre exemple « Au Mexique, la transition vers la démocratie trace son chemin dans une succession de retournements électoraux violents, tandis que s’ouvrent de nouveaux espaces et qu’émergent de nouvelles opportunités pour de nouveaux acteurs, non à la suite de quelque concession gracieuse de l’Etat ou des Institutions mais comme preuve de la maturité que commencent à acquérir les Mexicains pour se doter de nouvelles et meilleures formes de Gouvernement. »……A suivre -------------ARGENTINE REBELLE Un ouvrage à lire impérativement pour donner des idées à la France qui souffre de manque de motivation et d’enthousiasme. En ces temps sombres, une vieille démocratie pourrait bien s’inspirer d’une ancienne dictature qui essaie de panser ses plaies tout en survivant du mieux qu’elle peut : l’Argentine est belle d’innovations simples et constructives. L’Argentine vit dans le souvenir du Coup d’Etat militaire du 24 mars 1976. Cela entraîna l’ouverture à un système économique ultra libéral et à des abus monstrueux des droits de l’homme : tortures et élimination de 30 000 opposants. Le 19 décembre 2001, la Rébellion éclate, depuis 5 jours, des familles venant de banlieues s’emparent des supérettes, ils souffrent de la faim. Le Gouvernement en réaction, déclenche l’Etat de siège, le président l’annonce en direct à la télé. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. La classe moyenne de la capitale argentine se rallie aux banlieusards et descendent dans la rue en moins d’une heure. Grâce à cette manifestation unique, le peuple réussi à renverser le gouvernement. Ils avaient été sous la dictature pendant 25 ans. Depuis, les gens s’organisent en comité de quartier, façon qu’ils trouvent bien plus efficace que de défiler sans cesse dans les rues. « Là où le néolibéralisme n’a laissé que dévastation, des citoyens ordinaires ont construit de nouvelles formes de production et d’échange, de nouveaux liens sociaux, de nouveaux rapports à la politique et à la démocratie. » A défaut de changer l’économie au niveau national, les initiateurs de nouveaux modes d’échanges veulent garantir un minimum à leur concitoyens. L’Etat doit rester seul à avoir le devoir de subvenir aux besoins de la population. Ces actions populaires devraient être uniquement temporaires, servir de relais pour un temps donné. Mais l’Etat est si absent que l’on ne peut pas y déroger. C’est encore à l’état embryonnaire et les actions décrites dans le livre ne sont pas majoritaires car nombre d’Argentins n’aspirent qu’à la stabilité dans leur vie, ils n’ont pas la force et la volonté profonde de se révolter. Ils sont en général assez pessimistes sur l’avenir. « C’est une facette du pays qui existe, qui vit, qui bouillonne d’idées, et qui de fait, est peu connue des Argentins eux-mêmes parce que les médias dominants locaux en parlent peu ou mal. En phénomène minoritaire, elle est souvent ignorée des médias européens…..Nous faisons , dans ce livre, un choix non exhaustif et subjectifs de mouvements qui prônent l’autodétermination et la liberté de décider démocratiquement des méthodes de luttes et de résistance. Ce sont des mouvements indépendants en recherche d’horizontalité, d’autogestion et d’autonomie qui construisent des expériences sans schémas dogmatiques. » L’Argentine est considérée comme le grenier du monde. Il produit l’équivalent en nourriture de 10 fois sa population, qui est monopolisée par un petit groupe de 80 exportateurs exportant 70 % de produits qui nécessitent peu de main-d’œuvre. Il y suit une dévaluation du peso, la main-d’œuvre est bon marché, les exportations sont négociées en dollars, les prix sont très compétitifs…… Fin 2005, le président Kirchner décide de payer 9 500 millions de dollars au FMI et ne fait rien qui pourrait toucher les classes dominantes. « Toujours sous la coupe de mafias politiques et économiques, le pays s’achemine vers la consolidation d’un modèle économique exportateur. » Le président Nestor Kirchner a une marge de manœuvre très étroite à cause du FMI et des groupes étrangers (notamment espagnols et français) qui détiennent les ressources nationales et les services dorénavant privatisés. Kirchner fait emprisonner des dizaines de leaders syndicaux et en traduits plusieurs milliers en justice. « Le chômage est devenu structurel. »……….
Journaliste Indépendante
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