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Le mythe de Castro combattant anti-impérialisteAnonyme, Martes, Agosto 15, 2006 - 13:02
Steve Tremblay
Je publie de larges extraits du texte suivant- Le mythe du socialisme cubain :le gauchisme bourgeois travesti en communisme- pour mettre fin au mythe de Castro le combattant anti-impérialiste si cher aux trotskistes et aux maoïstes. Dès les années 60, Castro fut un ferme défenseur de l’autre bloc impérialiste dirigé par Moscou. …Mais ils [les castristes] ont beau fixer des prix très bas, ces articles ont une valeur réelle et le gouvernement, pour payer la différence, doit trouver des fonds ailleurs. Si cela fut possible dans le cas de Cuba, c'est grâce à des fonds provenant de l'Etat russe qui payait les services que rendaient internationalement les forces armées cubaines dans les sales besognes impérialistes. Cette situation disparut avec la fin de l'alliance capitaliste/impérialiste dénommée "camp socialiste". …Il serait cependant absurde de nier que dans les premières décennies du castrisme, notamment sur base des dollars avec lesquels la Russie payait ses alliances ainsi qu'une grande quantité de travail de la population, certains aspects de la survie du prolétariat à Cuba furent sensiblement améliorés. Non, ce n'était pas seulement de la propagande, il y eut effectivement une amélioration sensible dans l'alimentation, la santé, l'éducation,... et effectivement, à Cuba, on ne voyait pas d'enfants mendier comme dans le reste du monde, ce qui permit au régime d'augmenter la propagande et d'assurer la reproduction de la domination bourgeoise durant toutes ces années, avec peu de troubles sociaux et un grand isolement international des combattants révolutionnaires dans ce pays. Néanmoins, la technologie croissante, l'approvisionnement et les soi-disant succès du gouvernement s'accompagnaient d'un lourd tribut: les gens commençaient à remarquer qu'il fallait travailler plus et surtout qu'il fallait payer de sa vie différentes guerres, comme celle d'Angola, d'Ethiopie-Erythrée,... au cours desquelles désertions et insoumissions ont été sanctionnées comme trahisons à la patrie. Mais dès le moment où le développement de la crise capitaliste en URSS devient inoccultable et que la fameuse aide à Cuba commence à se restreindre, la pénurie qui existait en Russie ne peut que se répercuter à Cuba. Quand cette rétribution de l'Etat Russe pour le travail de mercenaire qu'effectuait l'Etat cubain toucha à sa fin, étant donné la rupture des alliances impérialistes elles-mêmes produites de l'implosion du modèle antérieur de développement capitaliste en URSS (c'est-à-dire du modèle que le stalinisme appelait "socialisme") et la liquidation politique de la fraction bourgeoise correspondante en URSS et dans les pays alliés, le gouvernement cubain déclara qu'on se trouvait dans une "Période Spéciale" et redoubla les campagnes pour travailler toujours plus et manger toujours moins. Les actions de l'Etat pour maintenir toute la population mobilisée en permanence s'accentuèrent, pas seulement sur base d'hypothétiques attaques de l'"impérialisme yankee", mais aussi sur base de la classique politique de l'approvisionnement restreint et centralisé qu'appliquent toutes les puissances en cas de guerre… Libération nationale Il est primordial de critiquer cette idéologie contre-révolutionnaire qui fait toujours autant de mal au prolétariat mondial et qui influence tant de camarades de notre classe sur les cinq continents. La bourgeoisie a développé cette idéologie pour canaliser la lutte du prolétariat et la transformer en une lutte contre un ennemi extérieur. Au nom de la lutte contre l'impérialisme, l'idéologie de la "libération nationale" a permis à Cuba de justifier les plans d'austérité et la répression à l'encontre du prolétariat. Le principe est toujours le même: nier l'essence universelle du prolétariat en soutenant qu'il y a deux types de pays: les pays impérialistes et les autres. Cette idéologie se situe ouvertement du côté de l'économie nationale et de son développement. Elle constitue l'une des multiples expressions de l'économie politique que notre classe a toujours critiquée. L'unité du capitalisme mondial et son essence invariante sont totalement occultées. On nous présente une économie mondiale divisée en pays comme si l'économie nationale pouvait être impérialiste ou non impérialiste. Dans les faits, il existe un et un seul monde capitaliste qui se développe par pôles et de façon contradictoire. Toute structuration nationale du capital tend obligatoirement et irrémédiablement à se constituer en une puissance dans la lutte impérialiste visant à s'emparer des forces productives et des marchés. Autrement dit, le capital de chaque nation est nécessairement impérialiste, alors que le prolétariat, d'où qu'il soit, ne l'est et ne le sera jamais. C'est le capital constitué en force -Etat-, et sous couvert de nation, qui étend sa domination et son contrôle sur d'autres territoires pour s'approprier les forces productives et/ou les marchés. En général, pour atteindre son objectif, le capital peut compter sur le soutien de la bourgeoisie de ces territoires, de cette "nation". Autrement dit, dans cette lutte pour la répartition du monde, il y a coïncidence objective avec d'autres secteurs du capital international. Ce qui n'empêche pas que l'unité entre bourgeois (sociétés anonymes, accords de monopoles, Etat-Nation, constellation d'Etats, Etat mondial), qui se réalise toujours pour faire face dans de meilleures conditions à la guerre commerciale et/ou à la guerre de classes, se décompose à chaque instant en autant de fractions particulières. Dès lors, aussi unie que soit l'action de la bourgeoisie, elle contient toujours l'élément de la division; toute période de paix n'étant jamais qu'une phase de la prochaine guerre. Analysée d'un point de vue de classe, ce qu'on nomme la libération nationale de Cuba, la "deuxième indépendance" (tout comme la "première"), perd tout son charme, et on peut la dénoncer pour ce qu'elle est: un mythe contre-révolutionnaire. Du point de vue du prolétariat, le travail salarié et l'exploitation sont toujours là; du point de vue de la bourgeoisie, on remplace une fraction du pouvoir de l'Etat par une autre (1). C'est-à-dire que le pays change de maître et qu'apparaît, petit à petit, un changement dans les rapports de force internationaux conformément aux alliances passées par cette fraction, alliances qui vont être décisives dans l'alignement de Cuba sur l'autre bloc impérialiste (dirigé alors par le Kremlin). Nous ne répéterons jamais assez qu'une libération nationale ne change en rien les conditions de vie du prolétariat. Depuis les 18ème et 19ème siècles en Amérique (y compris les Etats-Unis) et depuis le 20ème en Afrique, et en Asie des tas de pays ont connu des libérations nationales ou sont devenus indépendants, sans pour autant changer en quoique ce soit les conditions d'existence des opprimés. Bien au contraire, dans ces luttes, qui ne sont rien de plus que des guerres entre fractions bourgeoises, l'unique rôle du prolétariat est de servir de chair à canon et d'y laisser tantôt une jambe, tantôt un bras. Comme le disait Roig de San Martín: -Paru dans El Productor de 1888, sous le titre "Réalité et utopie"- C'est ça le véritable contenu des discours anti-impérialistes de Fidel Castro et de ses agents: utiliser le prolétariat comme chair à canon, le soumettre à l'unité nationale pour renforcer son pouvoir impérialiste. Il est évident que Fidel Castro recourt à ce type de discours lorsqu'il prône la défense des "pays pauvres" (2) en leur proposant de ne pas payer la dette, ou lorsqu'il s'exprime en faveur de "l'indépendance nationale réelle" (3) et de l'autonomie de tous les peuples-patries. Quant à nous, nous sommes pour l'autonomie de classe, contre la conciliation des classes et contre l'union nationale; au mot d'ordre bourgeois et conservateur d'indépendance économique nous opposons le mot d'ordre révolutionnaire d'abolition de l'économie. Citons donc Castro dans un discours prononcé en 1986 qui exprime très clairement l'intérêt de la classe dominante à Cuba. Intérêt qui, ici comme ailleurs, réside dans la négation des intérêts du prolétariat, dans l'assujettissement des intérêts de notre classe à ceux du pays et de sa sacro-sainte économie nationale: Face à cette apologie d'une productivité nationale toujours croissante et des efforts toujours plus grands à consentir pour la nation, rappelons l'opposition soulignée par Marx entre les intérêts du prolétariat et ceux de l'économie nationale. Dans son commentaire sur le cynisme avec lequel l'économiste bourgeois Ricardo confessait que "le travailleur ne gagne rien de plus si on augmente la force productive de son travail" et que "la rente nette d'une nation... ne concerne en rien le travailleur", Marx affirme que: "Selon l'économiste national, l'intérêt du travailleur ne s'oppose jamais à celui de la société. En réalité, c'est la société qui s'oppose toujours à l'intérêt du travailleur." (1) Nous faisons ici abstraction d'un secteur important de la bourgeoisie qui a toujours été au pouvoir et/ou qui s'est toujours adapté aux changements dans l'Etat bourgeois cubain, un secteur qui comprend Fidel Castro lui-même (si l'on prend en considération la propriété économique des moyens de production) et certains de ses camarades ministres qui ont participé à la dictature de Batista (tels que Carlos Rafael Rodríguez ou Blas Roca), ou encore certaines expressions politiques du capital tel que l'ancien "PSP", l'historique Parti "Communiste" Cubain avec à sa tête le célèbre Aníbal Escalante, qui a toujours su manoeuvrer pour justifier sa position invariante en faveur de l'Etat capitaliste et contre le prolétariat. (2) Ce type d'expression et d'autres telles que "le tiers monde", le développement et le sous-développement, le centre et la périphérie,... constituent toute une terminologie idéologique qui définit le monde en fonction de la vision et des intérêts interimpérialistes des différentes fractions bourgeoises mondiales. Elle sert à occulter la véritable essence du capitalisme mondial et sa contradiction centrale: constance du capitalisme contre la révolution sociale, développement national et guerres impérialistes contre défaitisme révolutionnaire et destruction du capitalisme... c'est-à-dire société bourgeoise contre révolution communiste. (3)Comme si, dans le système capitaliste, il pouvait exister un pays "vraiment indépendant"! En réalité, comme l'histoire le montre, l'indépendance n'est rien d'autre que le cri de guerre impérialiste d'une puissance contre une autre (comme ce fut le cas par exemple en Amérique latine où l'appel à l'indépendance fut utilisé par l'Espagne contre l'Angleterre, ou plus récemment encore par la Russie contre les Etats-Unis). Mais à peine l'indépendance est-elle acquise que se confirme la dépendance généralisée propre à toute économie nationale.
On peut retrouver le texte entier à la page web
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