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Sommes-nous faibles face aux médias? - 1re partieAnonyme, Sábado, Julio 8, 2006 - 03:40
RUBY BIRD
Par RUBY BIRD - Journaliste ------------MEDIAS, MENSONGES ET DEMOCRATIE….. A travers deux personnages publics, roi des médias, nous pouvons nous demander où va l’information entre leurs mains. Le pouvoir qu’ils ont est-il si évident et si efficace ? Suivent des extraits que j’ai tirés de deux textes consacrés à Rupert Murdoch et Silvio Berlusconi. RUPERT MURDOCH OU LA TENTATION PLANETAIRE « Affichant la plus forte diffusion de la presse quotidienne britannique (3,3 millions d’exemplaires), le Sun est l’un des quatre titres nationaux gérés par News International, filiale du groupe News Corp. Contrôlé par Rupert Murdoch. Représentant un peu plus d’un tiers de la diffusion de l’ensemble de la presse nationale, les quatre titres édités par News international pèsent d’un poids particulier dans la vie politique britannique. » « Du fait de l’importance des médias qui composent son empire – presse, télévision, édition – il est naturel que l’homme qui en assure la direction soit recherché, voire courtisé par les responsables politiques ; Rupert Murdoch, aujourd’hui âgé de 73 ans, n’a pour autant jamais recherché à faire des médias sous son autorité les instruments d’un pouvoir politique personnel à la façon d’un Berlusconi. » « Longtemps maintenu en Australie, le centre de gravité du groupe s’est progressivement déplacé vers les Etats-Unis où News Corp réalise aujourd’hui les trois-quarts de son chiffre d’affaire…..C’est aujourd’hui essentiellement depuis New York où il possède un quotidien populaire, le New York Post, que Murdoch gère ses affaires…..Le transfert, décidé en avril 2004, permettra à News Corp. D’avoir sa principale cotation à NY….. » « Le noyau dur du groupe News Corp. est constitué par le réseau de télévision Fox et par la division de production de films et de programmes télévisuels qui assurent au groupe un peu plus de 50% de ses revenus. Le réseau Fox touche 98% des foyers américains par l’intermédiaire de ses 118 stations affiliées….Dans un contexte caractérisé par le tassement de l’audience des quatre grands réseaux américains, Fox s’impose comme le plus populaire auprès des ados et des 18-34 ans. L’autre pilier de News Corp., la division Filmed Entertainment, approvisionne le marché mondial en longs métrages…..et en séries de fiction destinées aux différentes plates-formes de télé du groupe. Les Simpson, Ally Mc Beal, 24 ou X files, pour ne citer que les plus populaires d’entre elles, ont connu une carrière internationale et alimentent un second marché –DVD et Vidéos – en pleine croissance. » « Environ 80 millions d’abonnés reçoivent les 8 chaînes du groupe…..Diffusée en Grande-Bretagne, au Japon, en Australie et bientôt en Scandinavie, en Pologne, en Israël et en Inde, Fox News pourrait ambitionner de devenir l’égal de CNN au plan international…..La chaîne de divertissement et de la fiction – FX – est également très populaire parmi les abonnés au câble….Constituée en tant qu’entité autonome en 1999, la division câble de Fox a connu une forte expansion au cours des années 2002-2003…. » « Dès la fin des années 90, Rupert Murdoch s’était porté candidat à la reprise de Hughes Electronics, filiale du constructeur automobile General Motors, propriétaire de Direc TV, leader de la télé par satellite aux Etats-Unis avec ses 10 millions d’abonnés….. L’acquisition de Direc TV va permettre à New Corp d’exploiter pleinement les synergies entre ses moyens de production et les différents systèmes de diffusion par satellite que Murdoch a mis en place à travers le monde….. » « A la fin de 2003, 7,3 millions de foyers britanniques –environ un tiers de l’ensemble- avaient souscrit un abonnement à BsKyB, permettant de recevoir près de 400 chaînes……Si la diversité de ses chaînes et la qualité de leur diffusion constituent les principaux atouts de BsKyB, l’opérateur se signale également par l’extrême efficacité de son marketing et de la gestion de sa clientèle dont la fidélité est exceptionnellement forte……Reprises par les câblo-opérateurs qui couvrent à peine 15% du marché britannique, les chaînes de BsKyB sont aujourd’hui reçues dans 50% des foyers et captent 20% de temps d’écoute moyen. » « Aux termes de l’accord entre Vivendi et Murdoch, News Corp devenait l’actionnaire majoritaire de Sky Italia (80,1%)…..est la principale plate-forme de télé à péage en Italie…..L’intervention de News Corp, dans le marché italien n’est pas sans surprise…..On estime à 2 millions le nombre de fausses cartes permettant l’accès aux systèmes cryptés. La télé payante n’est présente que dans 11% des foyers qui la reçoivent…..L’absence de concurrence –le câble est notoirement sous-développé en Italie – constitue en revanche un atout…..Figure également au sein de la division Star TV, filiale de News Corp qui diffuse 38 chaînes en 7 langues dans 53 pays de la région Asie-Pacifique ainsi qu’au Moyen-Orient. Star TV gère également les chaînes de Phœnix TV destinés au marché chinois. » « Si la production de programmes et de diffusion constituent le cœur de l’activité de News Corp, la presse écrite continue à tenir une place importante dans les opérations du groupe…..Les revenus générés par les journaux groupe représentaient 16% de l’ensemble de son chiffre d’affaire en 2003. Un tiers de ses revenus provenait des titres australiens gérés par News Limited, filiale entièrement contrôlée par News Corp, qui édite une centaine de titres….. » « A l’instar de News Limited en Australie, News International occupe en Grande-Bretagne une place prédominante. Premier groupe de presse nationale, News International domine 3 des 4 marchés qui composent le secteur….A l’origine de 60 % des revenus de la division presse écrite du groupe, les titres de News International sont, comme le reste de la presse britannique, frappés par l’érosion d’un lectorat qui trouve dans la version électronique des journaux ou dans la lecture de substituts gratuits….de quoi satisfaire leurs besoins….. » « Le dernier fleuron du pôle de la presse écrite du groupe est constitué par New York Post, deuxième quotidien populaire de la métropole américaine après le Daily News…..Avec ses 530 000 exemplaires, le NY Post occupe une place modeste dans la presse américaine, mais sa virulence éditoriale lui assure une audience indéniable parmi la population new-yorkaise. » « Complémentaire du pôle presse, la division « édition », qui ne contribue qu’à hauteur de 7% au chiffre d’affaire du groupe, n’est peut-être pas aussi performante que les autres secteurs……Il faudrait faire état des activités des filiales du groupe spécialisés dans les encarts publicitaires destinés à la presse américaine ou encore dans l’affiche publicitaire en Russie. La récente intervention de News Corp en Bulgarie témoigne d’un nouvel intérêt pour les marchés d’Europe de l’Est que Rupert Murdoch a jusqu’ici négligés. » « ….Murdoch est fondamentalement un opportuniste qui prend fait et cause pour le dirigeant ou le parti politique le plus utile à ses intérêts du moment……Le contexte réglementaire lui est aujourd’hui plus favorable depuis l’adoption de la loi sur les communications par le Parlement de Westminster en juillet 2003, qui permet à une société non européenne……d’acquérir une position majoritaire dans la 5ème chaîne hertzienne britannique, actuellement contrôlée par RTL. A l’époque, il n’a pas manqué de commentateurs pour attribuer cet assouplissement de la loi à la volonté de Tony Blair de s’assurer le soutien des journaux de Rupert Murdoch au moment des élections de 2005. » Au Etats-Unis, la chaîne Fox News, qui a soutenu depuis les attentats du 11 septembre la politique anti-terroriste George Bush, a été à la pointe de l’élan patriotique qui a gagné une bonne partie de l’opinion publique américaine au cours de la guerre en Irak…..En matière politique américaine, Rupert Murdoch a toujours affiché un soutien sans faiblesse au parti républicain. » « A la fin de 2001, le gouvernement chinois autorisait Phœnix TV, dont Star TV détient 38% du capital, à diffuser 3 chaînes à l’international de quelques dizaines de milliers d’abonnés au câble dans la province de Guangdong au sud de la Chine…..Dans ce marché encore très surveillé par les autorités politiques, Murdoch est en position plus favorable que ses concurrents. Il est parvenu à se concilier les bonnes grâces des dirigeants qui ont autorisé la sortie sur le marché chinois de Titanic…..Murdoch était même invité, en octobre 2003, à Pékin où il a vanté, devant les cadres du Parti, les mérites de l’économie de marché…..Avec ses 300 millions de foyers équipés d’un téléviseur et ses 115 millions d’usagers du câble. –une loi de 1994 interdisant pour les particuliers l’accès aux systèmes satellitaires – la Chine constitue un marché colossal, encore très protégé par les autorités politiques….. » BERLUSCONI ET LE PARTI DE L’ENTREPRISE – SPECTACLE « Silvio Berlusconi……est le seul chef d’entreprise du secteur des médias à accéder, à deux reprises, aux fonctions de premier ministre dans une grande démocratie et à devenir un homme politique de premier plan en Europe…..on défend l’hypothèse selon laquelle il inaugurerait une nouvelle forme de politique dans l’Europe latine, une « néo-politique ». » « Berlusconi n’est pas un inconnu lorsqu’il « descend dans l’arène » politique à la fin 1993. Il est déjà célèbre en tant que manager, propriétaire de plusieurs médias et surtout très connu comme président du club de football, le Milan AC. Depuis 20 ans, il a déjà construit un empire industriel et financier et s’est forgé une image séduisante de chef d’entreprise dans l’opinion. Son parcours d’homme d’affaires éclaire et légitime sa démarche politique. » « Après la chute du Mur de Berlin, se produit en Italie un vide symbolique dû à l’effondrement des deux grandes forces culturelles, idéologiques et politiques du pays, à savoir la démocratie chrétienne (DC) et l’ancien parti communiste italien (PCI). Le premier parti, bâti sur l’anticommunisme, et le second, sur l’antifascimse, ont légitimé la République…..Berlusconi vient occuper ce vide, notamment en récupérant l’espace libéré à droite par l’explosion de la DC…...Dans le contexte très particulier de crise profonde que connaît l’Italie des années 1992-1994, Berlusconi construit le « rêve » d’une Italie moderne, européenne, efficace, d’une Italie du plein-emploi, qui « gagne », comme son propre groupe, la Fininvest. » « Comme toute figure symbolique, l’image de Berlusconi est ambivalente et ne peut laisser indifférent...….si Berlusconi suscite tant de réactions d’adhésion ou de rejet, c’est parce qu’il inscrit toute son activité publique dans l’espace de l’image, de la croyance et de la passion, plus que dans le champ rationnel et traditionnel de la représentation politique..….L’important est d’être l’ordonnateur du débat public. Il promet une politique « expressive », faite d’images et de passions provoquant les émotions comme dans une fiction télévisuelle ou une « telenovela »..….Le « Cavaliere » définit lui-même son savoir-faire commun au vendeur, au programmateur de télévision, au manager et à l’homme politique…..Berlusconi se présente comme un visionnaire réaliste, image majeure du néo-manager……Grand ordonnateur des mises en scène télévisuelles et « managériales », il peut alimenter le champ politique en ruines. » « Le parcours de Berlusconi est marqué par deux moments dans la construction du personnage public. Tout d’abord, « la longue marche » de l’entrepreneur durant 30 ans (1961-1993) lui permet de former un empire de la communication, la société Fininvest, qui demeure une propriété familiale. Ensuite, durant la dernière décennie, « le blitz et le succès politique » marquent la rapide et surprenante conquête du pouvoir politique avant l’exercice de la responsabilité de premier ministre, à deux reprises, en 1994 et depuis 2001. Le manager de la communication conquiert le pouvoir économique et s’empare ensuite du pouvoir politique, en se présentant comme « l’homme nouveau »..….Cette construction sociale, culturelle et symbolique a été opérée par Berlusconi dans la durée. » « En 1984, le groupe audiovisuel de Berlusconi est constitué sous sa forme actuelle. Avec la réunion des 3 chaînes, Canal 5, Rete 4 et Italia Uno, au sein de la Fininvest, le système mixte italien RAI-Fininvest devient une réalité si forte que le politique peut l’institutionnaliser. 6 ans plus tard, Berlusconi devient l’actionnaire principal de la maison d’édition Mondarori, contrôlant désormais 40% du marché publicitaire italien soit 60% de ses investissements dans la télé et 28% dans les périodiques. » « A la fin de l’année 1991, la Fininvest est devenue le deuxième groupe privé italien……Berlusconi ne parvient ni à internationaliser son activité télévisuelle, ni à se développer dans la télé à péage, car la loi Mammi l’en empêche..….Par ailleurs, lui et son entourage, notamment le patron de Publitalia, font l’objet de multiples poursuites judiciaires, condamnations ou accusations……L’accumulation de ces difficultés dans le développement de son groupe……sont parmi les causes majeures de l’entrée en politique de Silvio Berlusconi…… » « L’entrée dans l’arène politique au début de l’année 1993 marque un virage dans la carrière de Berlusconi….Tout d’abord, la crise des partis traditionnels, et aussi le « vide » politique crée par l’enquête Mani Pulite, libèrent un espace politique immense au centre de l’échiquier. Deuxièmement, le niveau du système électoral crée une opportunité de bipolarisation et de personnalisation des élections ; enfin, le groupe Fininvest, qui a perdu l’appui de partis politiques désormais disparus, se trouve en situation dangereuse. » « Il se jette dans la bataille électorale, créé son parti Forza Italia en janvier 1994….Le discours politique « Berlusconien » est simple et d’autant mieux compréhensible par le plus grand nombre qu’il consiste à projeter un rêve et à se présenter comme son incarnation…..Il réalise ainsi le rêve télévisuel et le porte dans le champ politique évidé. Ce faisant, à son miracle économique et télévisuel, il en rajoute un dernier : le lancement, en quelques semaines, d’un parti politique qui parvient à rassembler 8 millions de voix et à gagner les élections législatives, une énigme et un tour de force. » « Après sa victoire-éclair en mars 1994, Berlusconi accède au poste de premier ministre. Toutefois, il ne demeure au pouvoir que 7 mois….Mais c’est surtout la rupture avec la Ligue du Nord qui met fin à son expérience gouvernementale…..Après une nouvelle défaite au législatives d’avril 1996, une chose était établie : ce n’est pas la possession de la télévision qui a fait son succès, la meilleure preuve étant qu’il dispose toujours des mêmes médias..…En 1995, il y avait 500 élus ; en 2001, les élus, conseilleurs municipaux, provinciaux et régionaux sont plus de 10 000 et les cadres du Parti sont aussi nombreux. Forza Italia compte désormais 300 000 adhérents. » « En 2001, dans une campagne sans précédent, il s’affiche alors sur tous les murs d’Italie comme « Président-entrepreneur », nouveau Papa de l’entreprise et du politique réunifiés…..son parti recueille, aux élections législatives de mai 2001, près de 30% des suffrages, et la coalition centre-droit qu’il conduit avec la Maison des Libertés rassemble presque 50% des suffrages. La victoire est écrasante….Deux opérations spectaculaires : l’une à la télévision, l’autre avec la distribution d’un ouvrage…..Il romance sa vie et se présente comme l’incarnation de son roman. » « Avec le retour de Silvio Berlusconi à la tête du gouvernement, ce n’est pas simplement un entrepreneur qui accède au pouvoir mais l’entreprise en tant qu’institution sociale. L’entreprise était déjà devenue un Parti (Forza Italia), elle est désormais identifiée à la Patrie. L’Italie est promue comme une entreprise, elle est « business oriented »…..Une République d’actionnaires, un Etat-entreprise et un président-entrepreneur, telle et « la cité idéale » rêvée par Silvio Berlusconi qui avait prédit : « Je serai le PDG de l’Italie. » « La contre-révolution libérale a trouvé en Berlusconi une figure originale, susceptible de rétablir la légitimité de la politique. Il a su importer les techniques de mise en scène de la néo-télévision commerciale et du « dream management » dans le champ de la représentation politique en crise et les articuler à la symbolique traditionnelle de l’Italie, la catholicité et le rêve américain…..Dans le cas italien, cet investissement politico-symbolique du « Cavaliere » a été facilité par le fait que les capitaines d’industrie, les Condottieri, portent traditionnellement la couronne symbolique en Italie….Silvio Berlusconi a agrégé les figures les plus populaires – le Président du Milan AC, le Condottiere riche et puissant, le fabricant de stars de la télé – et se présente comme leur fusion-incarnation. »
Journaliste Indépendante
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