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Patimat, cette enfant que les Brestois cachentAnonyme, Jueves, Julio 6, 2006 - 16:05 (Communiqués | Droits / Rights / Derecho | Femmes / Women / Mujeres | Religion | Resistance & Activism) Le 19 avril, nous vous racontions l’histoire de Sakinat qui, avec sa fille Patimat, a dû fuir le Daghestan et un islam radical. Pour les protéger d’une expulsion, des Brestois cachent l’enfant depuis cinquante jours. Ils racontent. Va t-on aller jusqu’aux denonciations à la "komendentur" et aux bruits de bottes ?? Le 19 avril, nous vous racontions l’histoire de Sakinat qui, avec sa fille Patimat, a dû fuir le Daghestan et un islam radical. Pour les protéger d’une expulsion, des Brestois cachent l’enfant depuis cinquante jours. Ils racontent. Cinquante jours de planque. Patimat, 6 ans, ne va plus à l’école maternelle de Brest. Elle est séparée de sa maman. « Elle a une force fantastique. Elle comprend parfaitement la situation », explique Gwénaëlle, l’une de ces ’mamies’ improvisées, chez lesquelles Patimat tourne, de refuge en refuge. « Quand quelqu’un sonne, elle va se cacher ». Pas question de voir ses copains de classe qui pourraient trop en dire. Alors, ils lui font passer clandestinement des dessins. Elle rêve de piscine, mais doit se contenter d’une bassine. Patimat ne sort plus de sa cage dorée. Gwenaëlle nous a reçus après moult précautions et changements de véhicules. « Je doute que les policiers utilisent la force », dit-elle. « Mais on ne peut pas prendre le risque. On ne peut pas imaginer qu’une voiture arrive et l’embarque ». Un sac avec toutes ses affaires est toujours à portée de main, en cas de fuite précipitée. La planque de Patimat fait pour l’instant barrage à son renvoi et à celui de sa mère, Sakinat Amiralieva, vers l’Allemagne. C’est par là que leur fuite du Daghestan, petit bout de Russie entre la Tchétchénie et la Caspienne, avait commencé en 2001. Sakinat assure qu’elle et sa fille sont menacées de mort par leur communauté musulmane parce que Patimat est née hors mariage. Mais l’Allemagne leur a déjà refusé l’asile. Gwénaëlle risque 30 000 € d’amende et cinq ans de prison pour aide au séjour illégal. « D’un seul coup, on vous amène une petite fille. Qu’est-ce que vous faites, vous dites non ? C’est un comble, on est obligé d’être hors la loi pour faire respecter le droit d’asile. En même temps, c’est un honneur. C’est l’occasion de savoir si on est des salopiauds. Il n’y a pas de courage à cela. C’est une question de conscience ». Une conscience constamment en éveil pour occuper les journées d’une enfant de 6 ans. Avec le stress qui peut vite tourner à la paranoïa, dès qu’un voisin monte sur son toit, qu’une voiture passe sous les fenêtres à 23 h ou qu’un drôle d’écho résonne sur la ligne téléphonique. Cinquante jours sans sa mère. Patimat câline les chiens, dessine, danse, fait des crêpes. Elle écrit des lignes et des lignes de caractères inventés. « Elle a besoin d’exprimer des choses. » Elle vient de découvrir le mot ’fraise’ qu’elle ne connaissait qu’en russe, en allemand et en kumyk, la langue de son ethnie. Elle a de beaux yeux noirs sous une paire de grandes couettes. Sa mère, Sakinat, professeur de littérature russe, attend dans un hôtel et pointe au commissariat. « Imaginez-vous séparé de votre enfant pendant si longtemps, sans même savoir où il est, avec qui il vit », tempête Gwenaëlle. Au bout d’un mois, une rencontre a été organisée avec la maman. Parce que « Patimat se renfermait et se réfugiait dans la nourriture ». Elle évoque une « explosion de pleurs ». Puis de nouveau la séparation. Après une nuit à sangloter, Patimat va mieux. « Elle a une nature heureuse ». Un avocat enchaîne les recours juridiques. Une demande de statut d’apatride pour la fillette est en cours. La défenseure des enfants Claire Brisset est alertée. « C’est une histoire de droit d’asile tout à fait simple et honnête. Il y a quelques années, on n’aurait jamais cru cela possible en France », ajoute Gwenaëlle. La préfecture du Finistère laisse entendre qu’elle connaît les planques. Mais elle n’intervient pas. Aucune rencontre n’a eu lieu avec le comité de soutien de 700 adhérents. Aucun changement de cap depuis l’appel de députés, de l’évêque de Quimper ou encore de l’écrivain Jean-François Coatmeur, ce dernier demandant « que l’on épargne à nos hôtes infortunés la brutalité des réveils à l’aube, les traquenards légaux et les mauvais coups aussi honteux que réglementaires ». L’administration en reste au droit européen (accord de Dublin II) selon lequel le dossier doit être instruit dans le premier pays d’accueil. En l’occurrence l’Allemagne. Le préfet Gonthier Friederici a aussi en tête la consigne de Nicolas Sarkozy selon laquelle l’objectif de 25 000 expulsés doit être atteint en 2006. Déjà cinquante jours que cette résistance se heurte au mur du silence. Sébastien PANOU. Comité de soutien à Patimat,
Comité de soutien à Patimat
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