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Mumia Abu-Jamal: We Want Freedom (livre)

Anonyme, Miércoles, Junio 21, 2006 - 02:33

RUBY BIRD

- WE WANT FREEDOM – UNE VIE DANS LE PARTI DES BLACK PANTHERS
Mumia Abu-Jamal (Editions Le Temps des Cerises)

Le livre commence par une dédicace de Mumia Abu-jamal. Elle finit par « Aux générations à venir, qui ont besoin de savoir qu’un parti tel que le Black Panther Party a pu exister, et combien excitante fut sa vie. »

Un résum de RUBY BIRD - Journaliste indépendante

Je me suis particulièrement attachée au chapitre consacré aux femmes dans le BPP et le témoignage que fait Mumia à travers sa propre expérience, éclaire beaucoup sur la place qu’elles avaient au sein de l’organisation. Leurs positions et activités étaient essentielles et elles subissaient autant la répression de la part de l’Etat américain que les hommes, elles n’étaient nullement épargnées, la violence à leur encontre, elle connaissaient aussi. J’ai extirpé des passages que je considère très révélateurs des paroles de Mumia.

« Les femmes furent généralement condamnées à jouer, dans ces mouvements un rôle de subordonnées ; elles n’apparaissaient pas dans la hiérarchie, même si elles étaient très nombreuses dans ces organisations et même si elle fournissaient le gros du travail. »

Cet état de fait amena Ella Baker (1903-1986), la fondatrice du Comité de Coordination des Etudiants non violents à affirmer que « les peuples forts n’ont pas besoin de leaders forts »….Baker s’opposait au modèle que l’Eglise noire fournissait au mouvement des droits civiques : un clergé noir dominant des fidèles essentiellement composés de femmes. Elle militait en faveur de la participation des femmes à la direction de ces organisations…. »

« C’est sur la base de ces attitudes machistes et misogynes que la presse examine le rôle des femmes dans le BPP….Il est indispensable d’avoir un regard critique sur le mouvement de libération noire…..pour des raisons idéologiques et de simple survie, le Black Panther Party a donné à ses militantes bien plus de droits et de devoirs que ne l’ont fait les autres organisations radicales du moment, qu’elles soient blanches ou noires. »

« Le point 7 de la circulaire en 8 points sur les statuts du BPP, « Ne prenez pas de libertés avec les femmes », montre assez que le Parti attachait beaucoup d’importance à la question de la discrimination sexuelle en son sein même….Y a-t-il eu jamais un parti qui, plus que le BPP, donna aux femmes la possibilité d’être égales de l’homme ? »

« A Brooklyn, un autre membre du Parti, Frankye Malika Adams, s’opposa, elle aussi, à l’idée que le Black Panther Party était une affaire d’hommes : « Les femmes jouèrent un rôle important dans le BPP. Je ne sais comment vous les voyez du point de vue de la société, ces choses sont perçues comme étant le fait des femmes, vous savez, nourrir les enfants, prendre soin des maladies, etc….On faisait cela. De fait, nous nous occupions des programmes du BPP. »

« …..elle fut l’activité quotidienne du Parti : nourrir des milliers d’écoliers noirs, dans tout le pays, assurer un servie médical gratuit pour les pauvres des ghettos, donner des vêtements et des chaussures aux gens….En dépit de la publicité qui leur était faite par la presse, les combats armés étaient rares. »

« …..le cas de la première femme à joindre les Panthers, Tarika Lewis, d’Oakland, qui travailla, lutta et vécut dans un milieu d’hommes. Lewis fut sujette aux mêmes règles et aux mêmes devoirs que ses camarades. Elle progressa très vite dans la hiérarchie du Parti, qui lui confia la responsabilité de l’enseignement politique. Ceci étant dit, elle dut faire face à des attitudes machistes. »

« Je ne veux pas dire par là que le Parti ne rencontra pas de problèmes au sexisme. Comment aurait-il pu en aller autrement ? Il ne pouvait pas ne pas être traversé par les contradictions de la société où il était né. Pour des homes qui, souvent pour le première fois de leur existence, exerçaient un réel pouvoir sur d’autres, le sexisme devint un outil de domination sexuelle sur leurs subordonnées…. »

« Le récit de l’ascension et de la chute d’Elaine Brown la maîtresse de Huey, qui lui confia la direction du Pari quand il était en exil, montre les effets de l’exercice du pouvoir. Brown fit concrètement la preuve que l’abus de pouvoir n’était pas le seul fait des hommes. Elle ordonna un jour à un membre de LA, qui avait eu le malheur de la frapper quelques années auparavant, de venir à Oakland pour une « réunion » ; elle le désarma et lui fit savoir rudement qui était le chef….Est-ce que c’était remettre le sexisme « sur les pieds » ? Certainement pas. Le sexisme, c’est la dévaluation systématique et non accidentelle d’une personne en raison de son sexe. Etait-ce un abus de pouvoir, et effectué à des fins personnelles ? Sans aucun doute. »

« L’ancienne militante des Black Panthers, Safiya Bukhari, qui eut une carrière brillante, non seulement dans le Parti, mais dans ce qui lui succéda, l’Armée de Libération Noire, a traité d’ultra féminité l’action de certaines femmes. Bukhari n’adhéra pas au Parti comme une jeune sauvage et elle ne choisit pas le lit comme un tremplin pour accéder aux responsabilités. Elle venait d’une famille relativement aisée de 10 enfants et elle avait été étudiante eu collège noir…. « Personnellement, je n’avais jamais pensé qu’il y avait aux Etats-Unis, des gens qui souffraient de l’inégalité. Je croyais simplement qu’il y avait des gens trop paresseux pour travailler….. ».. »

« Cet apolitisme et ce conservatisme auraient parfaitement trouvé sa place dans les anciens mouvements de femmes ; des Noires aisées et éduquées œuvraient pour les plus pauvres, et les moins éduquées de leurs sœurs….Cette intervention, bien que relativement insignifiante, eut un effet considérable sur elle. Alors qu’elle distribuait des petits-déjeuners gratuits, elle eut la surprise de constater qu’elle avait moins de « clients » que d’habitude. Elle rendit visite aux parents et elle apprit que la police leur avait dit que les petits-déjeuners étaient empoisonnés….Les viles manœuvres de l’Etat n’eurent finalement pour résultat principal que d’amener au Parti une femme qui en était, au départ, fort éloigné….C’était une femme noire en colère, qui se demandait pourquoi la police tentait de détruire ce qu’elle faisait et qui, pour elle, était juste… »

« Bukhari organisa des centaines, si ce n’est des milliers, de militants. Elle fut nommée responsable d’une section de Harlem et elle ouvrit une « Liberation School »….La répression policière fit plus que pousser une jeune femme à rejoindre le Black Panther Party, elle la métamorphosa en une vraie révolutionnaire…..Elle passa un long et difficile séjour en prison, risquant une condamnation de 40 ans pour participation à l’armée clandestine de Libération Noire..…Bukhari répugnait de se faire l’apologiste de l’organisation. »

« …..elle écrivit un article….. « De la question du Sexisme à l’intérieur du Black Panther Party ». Bukhari raconte l’histoire de la destruction volontaire des liens familiaux. Victimes de l’esclavage et de la violence qui lui était inhérente, les femmes et les hommes noirs étaient, dans leurs relations, toujours sujets à la bonne volonté du maître. Les hommes étaient soutenus s’ils fertilisaient les femmes (car ils augmentaient le nombre d’esclaves), les femmes étaient soutenues quand elles mettaient au monde des enfants (car elles accroissaient la richesse des Blancs). De telles pratiques perverses, socialement et psychologiquement perturbant, eurent lieu en Amérique du Nord, durant plus de 200 ans. Elles continuèrent à vivre dans les esprits des Noirs bien après la fin de l’esclavage et même après le siècle d’apartheid légal qui lui succède. Elle survit, même aujourd’hui, dans la conscience noire…. »

« Bukhari, ancienne responsable de section, fondatrice d’une « Liberation School », secrétaire à la Communication et ministre de l’Information du Parti de la côte Est…..Commandant de l’Armée de Libération Noire pendant 8 ans, prisonnière politique, sait certainement de quoi elle parle….En définitive, Bukhari s’en prend à tous ceux qui, confortablement installés à l’écart des combats, osent reprocher au Parti de n’avoir pas pleinement mis en œuvre ses principes théoriques…. »

« Un intellectuel, qui s’est intéressé à l’histoire du Parti et à la place qu’y avaient les femmes, en est arrivé à la même conclusion que Bukhari. Singh écrit que, compte tenu de la période, les appels du BPP, en 1970, à soutenir le mouvement des femmes, et le mouvement des homosexuels, constituèrent un « formidable bond en avant. »

« Certaines femme ont eu, toutes proportions gardées, des vies privilégiées dans le Parti, parce qu’elles, ou leur compagnon, y occupaient un poste de responsabilités. Ces privilèges constituaient le plus souvent, en des logements spacieux ou des voyages….Encore convient-il de préciser ce que l’on entend par privilège. Car, ainsi que le montre le destin d’Angela Davis et Ericka Huggins, les Panthers avaient aussi le privilège d’être la cible préférée de la répression. L’Etat avait la ferme volonté d’envoyer ces femmes en prison pour le reste de leur vie…. »

« En dépit de ses souffrances, Naima Major, comme des milliers de jeunes femmes, continua le combat. Ainsi que toutes les autres Panthers, elle suivit un enseignement révolutionnaire, fit du travail politique….Major a sans doute connu beaucoup de choses, mais pas la vie de privilégiée. Elle retourna à l’école, éduqua ses enfants, se tourna vers la poésie, la littérature et les études cinématographiques..…Major est l’un des membres fondateurs du « Keep Ya’ Head Up Foundation », qu réunit des anciennes militantes des Panthers. Bien que son nom soit peu connu de ceux qui parcourent la littérature grand public consacrée aux Black Panthers, l’histoire de Major est certainement l’une des plus représentatives qui soit de la vie des femmes du BPP. Travail. Etudes dures. Amoureux en prison. Survivre. Se débattre. Temps de promesses. Temps de la terreur. Résistance au chauvinisme des hommes…..Et l’espoir…. Le Parti est mort mais son esprit de résistance est toujours vivant chez des gens comme Major qui aspirent à modifier le monde dans lequel ils sont nés. »

« Les femmes que j’ai connues dans ce Parti, où j’ai passé plusieurs années de ma jeunesse, étaient tout sauf de petites fleurs fragiles..…C’étaient aussi des femmes dures. Nous vivions dans des sortes de cellules, dépourvues de tout confort – des Panther Pads – à la fin d’une dure journée de travail, nous nous jetions sur nos matelas….Même si aucune femme n’était à l’origine de la section de Philadelphie, même si aucune femme n’était au Siège, le bureau national nous envoya une femme avec le grade de maréchal, ce qui signifiait qu’elle avait un immense pouvoir en ville. Elle s’appelait Sœur Amour. »

« Au quartier général du Parti, dans la Californie du Nord, une armée de femmes occupaient les bureaux, répondant au téléphone, payant les factures, prenant soin des affaires d’une grande organisation nationale….C’était un bureau d’affaires, peuplé de jeunes femmes compétentes, efficaces et séduisantes. Avec toutefois une différence : certaines de ces femmes portaient des pistolets. Il y avait une autre différence : presque toutes les femmes avaient une peau relativement claire. Les hommes, au contraire, étaient généralement foncés, ou très foncés, ou extrêmement foncés, comme Mojo. »

« sur les deux côtés, dans des villes aux rythmes différents, on trouvait toujours des femmes décidées, fières, inspirées, capables, qui commandaient des sentiments de respect, de camaraderies, de loyauté, et de fraternité. Nous savions par expérience que si elles tombaient dans les mains de l’ennemi, elles seraient traitées avec autant de dureté que nous le serions, et nous les aimions encore plus pour leur courage et leur sens du sacrifice….Quand au sexe, les femmes choisissaient leurs partenaires aussi librement que le faisaient les hommes, et elles pouvaient dire non, et elles le disaient. »

« Etre un Panther voulait dire, en 1970, quelque chose d’extraordinaire. l’on se sentait honoré de connaître, de travailler et d’aimer ces rudes femmes engagées….Dans les rangs et les bureaux du Black Panther Party, les femmes étaient bien plus que de simples accessoires au service des hommes, de leur ego et de leur pouvoir ; c’étaient des camarades respectées et de valeur qui, chaque jour, démontraient la validité de l’adage : « Un révolutionnaire n’a pas de sexe. »

journaliste indépendante


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