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Histoire du colonialismeAnonyme, Lunes, Junio 19, 2006 - 02:19
RUBY BIRD
De: RUBY BIRD - Journaliste indép. QU’EST-CE QUE LE COLONIALISME ? Colonialisme et Postcolonialisme en Méditerranée Quelques courts extraits que j’ai sélectionnés suivent de l’article sur la définition et l’historique que donne l’auteur du colonialisme. « Le souvenir du colonialisme est encore plus vif dans la mémoire collective des peuples colonisés…. Il n’y a pas d’histoire objective du colonialisme hors des expériences vécues du colonisateur ou du colonisé…. La réalité est une réalité perçue. L’existence humaine est le lien dans lequel le colonisateur et le colonisé se croisent. » « Le colonialisme moderne a commencé en Europe après la chute de Grenade en 1492, la dernière ville en Andalousie appartenant à l’Espagne musulmane. Le monde de l’Islam se rétrécissant à l’ouest s’est alors épanoui à l’est par l’arrivée des musulmans à Constantinople en 1454. » « Un troisième cycle a commencé avec l’Europe moderne. Christophe Colomb, avec l’aide de sa cartographie musulmane laissée en héritage en Espagne, projeta d’aller aux Indes par l’ouest en traversant l’océan. L’Europe a donc débarqué sur les rives de l’hémisphère ouest… D’autres nations de la nouvelle Europe ont succédé à l’Espagne – le Portugal, l’Angleterre, la France, l’Italie, la Belgique, la Hollande et partiellement l’Allemagne. On a nommé ce vaste mouvement « les Grandes Découvertes », comme si le monde et les peuples hors de l’Europe n’existaient pas avant l’arrivée des colonisateurs, ce qui montre pour la première fois la confusion entre naissance… » « Les objectifs de ce nouveau colonialisme étaient de considérer ce monde nouveau-ancien comme un lieu d’expansion hégémonique pour l’Europe qui a assis sa domination géographique, historique, économique, politique et culturelle. Elle est devenue le centre du monde, mettant à la trappe le monde musulman et ses capitales, Médine, Damas, Bagdad, Le Caire, Kairouan, Marrakech, la Terre Sainte et Jérusalem, ce qui n’a pas pu être accompli par les Croisades : l’Europe nouvelle est l’héritière de l’Ancien Empire romain… » « Chaque puissance coloniale détenait des caractéristiques propres selon sa vision et son intérêt. Ainsi, le colonialisme britannique voulait posséder des stations maritimes, même éloignées les unes des autres…Le colonialisme ibérique visait les richesses naturelles de l’Asie, les matières brutes, la domination des plantations…. Le colonialisme français souhaitait élargir la France, surtout en Afrique puis en Asie (le Vietnam), pour former la France « d’Outre-mer ». Il consistait à « franciser » les peuples, les cultures et les langues pour assurer la « mission civilisatrice » de la France. La francophonie en est le modèle…. C’est le colonialisme le plus difficile à déraciner. En quelque sorte, le service culturel y est le vrai service militaire : l’occupation militaire peut être combattue et supprimée alors que l’occupation culturelle perdure. » « Enfin, il faut parler de l’Empire ottoman. Celui-ci n’est pas considéré comme un fait colonial par la majorité des musulmans. Il a résisté au colonialisme à l’est et à l’ouest, protégeant l’Afrique du Nord contre les flottes des puissances occidentales et les Etats musulmans de l’Asie centrale contre l’expansion russe. Il était le symbole de l’unité islamique au nom du Khilafah, le système politique du califat…. De plus, il a évité une trop grande déperdition de l’héritage islamique. Les Turcs ont écrit de grandes encyclopédies et bibliographies pour préserver la tradition écrite, et les mosquées turques possèdent les plus grandes collections de manuscrits au monde… » «…Les Turcs se sont conduits dans les pays arabes et en Europe de l’Est comme une force d’occupation. Ils se sont comportés comme des colonisateurs traitent les colonisés…. L’Empire était centralisé, totalitaire, de l’Afrique du Nord jusqu’aux Indes…. Des mouvements séparatistes se sont formés appelant à l’indépendance nationale pour les Arabes, les Arméniens, et pour les peuples des Balkans… » « L’idéologie coloniale était une idéologie d’expansion, l’Europe allant hors de ses propres frontières, en Afrique, en Asie et en Amérique latine. C’était la force moderne dans le monde, le dernier avatar de l’histoire. L’expansion était basée sur l’eurocentricité… L’Europe a fomenté une conspiration du silence autour de ses origines pour ne se rappeler que des fruits récoltés chez elle. Elle a fait une distinction entre la chose et son histoire, la structure et son développement, la science et son histoire, prenant la fin et oubliant le début, conservant le point d’arrivée sans le point de départ et le parcours, malgré sa prétention d’avoir inventé la méthode historique… » « L’eurocentricité n’était pas uniquement basée sur l’hégémonie, mais aussi sur le racisme de couleur, Blancs contre Noirs. Des auteurs comme Arthur de Gobineau ou Ernest Renan ont façonné la théorie de la supériorité raciale, inventé une mentalité aryenne contre une mentalité sémitique, le prétendu progrès linéaire face à l’éternel retour, une supposée cohérence face à de présumées contradictions… » « Le racisme a conduit non seulement à asseoir ce mythe de la supériorité, mais aussi à considérer le modèle européen comme le seul modèle à suivre par les nations du monde. Il y a un seul mode de modernisation, celui de l’Europe… » « Si l’on analyse les Lumières européennes et leurs idées (la raison, la science, l’homme, la liberté, l’égalité, la justice sociale, le progrès…) on constate que celles-ci ont été appliquées uniquement à l’intérieur de l’Europe. A l’extérieur, ce sont les idées contraires qui ont été appliquées : déraison, magie, superstition, Dieu, la discrimination, l’inégalité, l’injustice sociale et l’agression…L’Europe a pratiqué le double standard, faisant des valeurs universelles des Lumières des valeurs particulières ou même des contre-valeurs. » « Le pouvoir de rationalisation est caractéristique de l’Europe, et s’oppose au pouvoir pragmatique pratiqué en Orient… le pouvoir est dans l’information et l’information conduit au pouvoir… Le monde est divisé en deux : celui qui pense et celui qui agit, celui qui domine et celui qui est dominé. L’Autre n’est que le lieu de la matière première, du travail bon marché. » « La décolonisation a été accomplie par des forces de libération nationale, une coalition des partis politiques d’idéologies différentes, islamique, nationaliste, marxiste, libérale..…Son but était de libérer les pays en question de l’occupation militaire. De cette décolonisation surgit l’Etat-nation moderne… Ils sont devenus présidents à vie.... à moins d’être déposés par un coup d’Etat ou un assassinat. » « Dans le cas des pays arabes des rives sud et ouest de la Méditerranée, il y avait quatre mouvements de décolonisation le nationalisme pur et simple, le nationalisme arabe, s'appuyant sur un panarabisme marxiste, le mouvement islamique et le mouvement du tiers-monde, prônant la solidarité des peuples afro-asiatiques, né à Bandung en 1955…. Les quatre idéologies ne s’opposaient pas, mais formaient, l’une à l’intérieur de l’autre, quatre cercles…Le discours postcolonial des chefs d’Etat et des moyens d’information sous le contrôle de l’Etat étaient de la rhétorique politique. Ils scandaient des slogans exprimant les grandes valeurs révolutionnaires comme la lutte, le combat, la victoire, la résistance, le front national, le pouvoir du peuple…. D’autres slogans ou termes provenaient de la période postcoloniale, et étaient issus de la Fondation de l’Etat national : Etat, institutions, planification, développement, croissance économique, réforme agraire, industrialisation, secteur public, hébergement pour les pauvres, aides pour les produits alimentaires, éducation libre..... justice sociale,…. Après deux décennies, la réalité est devenue exactement le contraire, et ce sont les valeurs contre-révolutionnaires qui priment : paresse, résignation, indifférence, léthargie, bureaucratie, classe moyenne, capitalisme national, absence d’institutions indépendantes.… » « L’Etat devint policier et répressif. Contrôlée par un système de parti unique, l’opposition politique était presque absente. Les moyens d’information étaient sous le contrôle de l’Etat, avec une censure omniprésente, dans l’info, la culture, l’éducation et même dans le discours privé… » « Le développement économique et social était planifié au départ pour défendre les intérêts du peuple…. Les hautes et moyennes classes ont produit des hommes d’affaires. La fuite des capitaux hors du pays, à travers les banques privées, étaient une pratique commune…. les riches sont devenus plus riches et les pauvres plus pauvres. » « L’Etat indépendant, produit d’un mouvement d’indépendance nationale, est devenu dépendant des pouvoirs extérieurs. Après avoir perdu leur légitimité interne, ces Etats ont essayé de trouver une légitimité externe, sous la dépendance d’une puissance extérieure, les Etats-Unis, le seul pouvoir dans un système unipolaire…. Les Etats du sud et de l’est de la Méditerranée voulaient de bon gré devenir membres de l’Union européenne et de l’alliance atlantique. Certains sont même devenus des bases d’agression américaine contre d’autres Etats frères par deux fois, en 1991 et en 2003. D’autres n’ont pas résisté à l’agression d’Israël en 1967. Tous étaient incapables de soutenir la première et deuxième résistance palestinienne, laissée seule pendant quatre ans face aux liquidations physiques des chefs de sa résistance, à l’assassinat des jeunes, des vieillards, des femmes et des enfants, à la démolition des maisons, la destruction des terres et de l’agriculture. L’Etat, à ce stade de la décolonisation, a perdu sa raison d’être intérieure et extérieure. » « La faillite de l’Etat national a alors conduit naturellement à la recolonisation. Si les années 50 et 60 étaient deux décennies de la décolonisation, les trois décennies suivantes furent celles de la recolonisation, accentuée après la chute des régimes socialistes soviétiques en 1991 et le monopole du pouvoir dans le monde par les Etats-Unis, le nouvel Empire. » « Ce nouvel empire voulut s’étendre en Afrique et en Asie, par-dessus la « vielle Europe », pour être proche des grandes puissances politiques, économique et démographiques de l’Asie…. L’Afghanistan et l’Irak ont été réoccupés par une invasion militaire façon 19ème siècle. La Libye a été attaquée puis frappée par l’embargo. L’Iran, la Syrie et le Soudan ont été menacées. L’Egypte a été marginalisée. L’image de l’Islam a été falsifiée, liée au terrorisme, à la violence, aux attentats-suicides, au sous-développement, à la dictature et aux violences envers les droits de l’homme, de la femmes, du vieillard et de l’enfant…. les Etats-Unis voulaient faire avorter la naissance d’un second pôle dans le monde arabe et islamique pour ne pas revenir à un système bipolaire de balance des pouvoirs. » « Ce nouvel Empire s’efforça de démembrer le monde arabe et islamique, de l’éloigner du nationalisme arabe…. de l’éloigner également de l’unité islamique du Maroc à la Chine. Son plan était de diviser la nation arabe et islamique pour la réduire à une mosaïque de mini-Etats ethniques et confessionnels : arabe, berbère, kurde, turc, musulman, copte, sunnite, chiite, druze…. au Mali, au Tchad, au Maroc, au Yémen, ou en régions comme en Arabie Saoudite.…Au même moment, les Etats-Unis ont soutenu l’unification globale au nom de la mondialisation….. et ce nouvel Empire a défendu la création d’un Grand Israël du Nil à l’Euphrate comme un Etat ethnique et confessionnel ayant une nouvelle légitimation géopolitique dans cette région, et non plus considéré selon le mythe du peuple élu et de la terre promise remis à l’ordre du jour à la fin du 19ème siècle. » « Fukuyama et ses thèses sont au service de l’intelligence américaine et tâchent de former l’idéologie de ce nouvel Empire, qui se sent tout le temps inférieur à l’idéologie marxiste. Mondialisation, globalisation et révolution informatique sont les éléments d’une nouvelle hégémonie économique, militaire et culturelle. » « Le monde est devenu unipolaire. Les thèses du conflit des civilisations font partie de cette nouvelle idéologie coloniale, et justifient les invasions ou les attaques militaires contre les peuples du tiers-monde. » « Mais le monde arabe et islamique possède aussi son propre agenda, pour lui-même et pour l’autre, même si les régimes politiques sont incapables de le réaliser. Pour lui, il y a nécessité de continuer le processus de décolonisation. » « La libération du citoyen viendra après la libération de la patrie. Le tout précède les parties…. L’unité du monde arabe et islamique peut résister au plan de son démembrement et de sa désintégration. Un développement soutenu peut aider ces sociétés à être autosuffisantes et indépendantes de l’aide extérieures. La préservation de l’identité protégerait le caractère national de l’aliénation et par conséquent de la dépendance. La mobilisation des masses aiderait les élites au pouvoir à réaliser des projets nationaux par le support et la participation des peuples, seuls garde-fous contre la trahison de la révolution. » « Le dialogue Nord-Sud, aussi bien que le dialogue euro-arabe et celui ente l’Occident et le monde de l’Islam, doit prendre en considération la solution du problème palestinien sans séparer la politique de l’économie. Tant que les Palestiniens n’ont pas récupéré leurs droits légitimes à l’autodéterminations et le retrait des forces d’occupation israéliennes des territoires occupés, la coopération économique sera toujours menacée. Un pouvoir sans justice est, en soi, destruction. » « L’Europe a joué deux fois le rôle du maître, à l’époque classique et aux temps modernes, tandis que le monde arabo-islamique ne l’a joué qu’une seule fois, à l’époque de l’Islam classique, celle de l’âge d’or de Grenade, Seville, Cordoue et Tolède. » « Imaginons que l’Europe contemporaine continue à donner des signes de fin des temps…. Et le monde arabo-islamique des contresignes de renaissance.… Le complexe de supériorité du maître éternel et le complexe d’infériorité du disciple éternel seraient résolus. L’orientalisme, dans lequel l’Europe joue le rôle de sujet et l’Orient celui d’objet, serait contrebalancé par l’occidentalisme où l’Orient jouerait le rôle de l’observateur et l’Occident celui de l’observé… »
Journaliste indépendante
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