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Absence de révolution, ampleur des mutations: La tiédeur des tièdes : Le Couac et Normand BaillargeonAnonyme, Jueves, Junio 8, 2006 - 10:56
titusdenfer
À quoi sert le Couac ? « Fondé en 1997 par Pierre de Bellefeuille et Jean-françois Nadeau, le Couac est un journal satirique, libre et indépendant. Il propose tous les mois un regard critique sur notre société avec l’humour grinçant qui lui a valu son surnom de « canard qui a des dents »… » C’est ainsi que Le Couac se présente sur son site www.lecouac.org Qui en sont les fondateurs ? Pierre de Bellefeuille est un distingué parlementaire qui défend des thèses indépendantistes et nationalistes québécoises. Jean François Nadeau est surtout connu pour avoir fondé les éditions Comeau & Nadeau qui publiaient des essais et des textes situés à gauche considérés comme d’inspiration citoyenne réformistes et nationalistes et pour être le directeur littéraire des éditions de l’Hexagone chez VLB au sein de Ville-Marie Littérature, filiale de Sogides racheté par Québécor il y a peu. Devenu depuis Lux éditeur, Comeau & Nadeau, publie, tout comme Le Couac, aussi bien des thèses souverainistes que des essais d’inspiration lointainement anarchiste et des titres dangereusement proches de la revue altermondialiste À bâbord, sorte de melting pot théorique du citoyennisme. Nous pouvons ici décoder, à travers Le Couac, le profil d’une gauche pseudo anarchiste québécoise et osons le mot, nationale, qui se réclame d’une vague mémoire des luttes anarchistes, nécessaire caution radicale bonne pour les bourgeois. Le Couac a une ambition : il entend montrer le mouvement réel de la contestation au Québec et ailleurs. Cependant cela n’est pas seulement affaire de volonté, il y faut une réelle conscience de l’histoire, des idées claires, des désirs nouveaux. Prisonnier de sa dynamique propre et de son auto aveuglement, ce journal dessine non la réalité vivante d’un mouvement social qui se cherche mais incarne simplement le sort d’une critique convertie en une idéologie de la confusion. Survivance d’idées mortes, désirs malheureux, militantisme corporatif, dogmatisme, critique « pédagogique » narcissique, les indices se multiplient dès lors que nous découvrons la charge potentielle de cette confusion qui ne rompt pas les digues mais les reconstituent ailleurs. Le nationalisme « québécois » marque dès le départ, le contenu du Couac. Il suffit de rappeler les positions nationalistes et chauvines de VLB, l’employeur de Nadeau. Quant au parcours politique de Bellefeuille il est, en ce sens, exemplaire. Il était donc normal qu’un xénophobe nationaliste et indépendantiste comme Pierre Falardeau soit publié sans aucun questionnement ni distance critique dans Le Couac. Une des constantes du Couac consiste en effet, à diffuser l’idéologie nationale québécoise en compagnie d’une idéologie anarchisante frileuse et molle pimentée de cette culture altermondialiste dont on sait les limites actuelles , additionnée pour terminer, d’un peu d’écologie et de droits de l’homme. Apparemment, le projet social défendu par Le Couac consiste à essayer les débris de toutes les modes et de tous les genres idéologiques. Seulement, il semble que cela se fasse dans les vastes espaces du quantitatif et non avec en y combinant les exigences du qualitatif. Ainsi, la critique vraie fait silence. Les rédacteur(e)s du Couac tentent de croire en eux-mêmes en picorant des détails dans les projets sociaux du passé et dans les combats des autres et c’est pourquoi ils agissent comme tous les réformistes sans vouloir toucher à la vie même. Une critique non aliénée ne fait pas partie de leurs objectifs médiatiques. Il leur suffit de prolonger quelques pensées qui ne leur appartiennent pas, qu’ils seraient incapables de concevoir, pour prospérer sur le terreau médiatique et culturel sans qu’à la finale rien ne change jamais. Que leur manquent-ils ? L’expérience réelle, l’oxygène de la négativité, le sens de l’existant, la vision de la totalité et le sens de l’histoire. Il est vrai qu’ils prolifèrent avec d’autres ambitions, sur un terrain journalistique qui est en soi déjà fortement limité. Pourtant même sur ce pauvre terrain des spécialistes de la compensation et des désirs anodins, leur créativité fait défaut. Quelle est alors la différence entre le Couac, Le canard enchaîné et Charlie hebdo, journaux qui se veulent d’inspiration quasi similaire dans deux cultures distinctes ? La différence est simple. C’est la terrifiante nature du talent qui, à une toute petite exception , n’existe pas au Couac. Un lecteur écartelé À quoi sert l’anarcho-mou ? À quoi sert Baillargeon ? Baillargeon et l’autodéfense intellectuelle Le professeur Baillargeon invoque ainsi Chomsky et Carl Sagan pour expliquer la pertinence de sa thèse : initier son lecteur à la pensée critique, lui ouvrir les yeux pour qu’il comprenne les ressorts de la manipulation dont il est l’objet. D’où Normou tire t-il sa suffisance ? De son image d’intellectuel, de son scepticisme affiché, de son rôle social, de son amour pour l’humanité ? On ne sait, mais il veut éduquer les gens à tout prix et cela, on le comprend ne peut se faire que sur un plan intellectuel, d’homme à homme en quelque sorte même si lui est plus apte que l’autre qui l’observe quelques marches plus bas, comme le visionnaire qu’il n’est pas. En dessous de cette plate forme de reconnaissance déséquilibrée qui semble vitale pour Normou, le vide, un néant aliénant, une régression surgie d’une littérature bonne pour le club du Reader’s Digest. Les lumineuses explications de Baillargeon ressemblent beaucoup à des recettes confuses, un sous produit psychologique de l’économie politique. Le livre propose des formules susceptibles de permettre à un esprit critique de se constituer entre sentences, clichés et raccourcis. Un contenu qui présente ses méthodes de décodage du réel comme une vraie panacée avec des combinaisons qui s’élèvent comme un miroir entre la volonté subversive et son point de mire. Car Baillargeon articule son rôle avant tout, il ne peut désintégrer ce rôle de l’image romantique et illusoire du penseur anarchiste et sceptique. Il entend au contraire le renforcer dans la figure mutante du penseur responsable, raisonnable et même sage, vertueux dans son vieux sens philosophique. Mais par sa méthode professorale figée, il renverse la force en faiblesse et la pensée critique invoquée comme résultat final devient, au fur et à mesure des pages, quelque chose d’abstrait, d’extérieur à soi, sans mobiles et sans fins, une sorte de lubie de secte avec ses grands prêtres comme Sagan, Chomsky et bien sur Baillargeon. Notons que le terme de résistance utilisé dans le titre et qui imprègne toute l’argumentation du livre est, au niveau dialectique, un concept particulièrement insuffisant. Il est vrai que les mouvements anti-mondialisation s’incarnent bien dans ce concept fourre-tout qui leur sert essentiellement à avancer des idées réformistes et à aménager la société pour moins d’inégalités, moins de pauvretés mais sans qu’il soit bien entendu question, sous couvert de réalisme, de les supprimer. Baillargeon applique ses thèses professorales avec un sérieux militant pénible mais il est vrai constant. Du Couac à son livre, il sévit en écrivant une littérature pour convalescents rebelles qu’il faut guérir. Normou nous prépare d’ailleurs pour bientôt un livre futur suite à une rafale d’articles annoncés sur l’éthique . Vaste débat, sujet labyrinthique, équivalent général assez lourd pour justifier l’immobilisme mais peut-être pas pour interroger l’éthique d’un Baillargeon anarchiste qui cohabite avec des nationalistes à peine reconvertis dans l’altermondialisme comme Pierre Vadeboncoeur. Ce n’est pas dans des pratiques intellectuelles d’autodéfense sans volonté de dépassement que se joue la lutte contre les guerres et les opérations de police. Un projet radical de changement social fonde sa propre cause sur lui-même et c’est là qu’il faut identifier les vecteurs du dépassement de toute résistance, sur le refus de toute fausse objectivité, sur le retour du subjectif, sur la fin de l’antagonisme radical entre le vraisemblable et le vrai, sans tolérance et sans compromis. La résistance n’est jamais un ennemi irréconciliable d’avec le monde qu’elle combat, elle peut même en être un moment particulier car elle n’est pas toujours généralisable du point de vue radical de la critique en actes, d’une critique qui se sait négation. Les esprits lucides de ce temps doivent savoir définir les champs de ruptures possibles, détourner en vérité critique les sens abusés, fixer eux-mêmes leurs propres règles sous peine de reconduire précisément ce qu’ils nient dans leur pratique et leur théorie. Ils doivent ouvrir à une connaissance réelle par une pratique concrète de la rupture, en évitant les fausses sorties offertes par l’idée même de résistance, idée qui contient déjà l’absence à la radicalité mais autorise le maintien ou la reconstitution du monde aliéné. Baillargeon nous propose de comptabiliser le « taux de liberté », de choix et d’autodétermination dans le cadre donné des rôles sociaux ou l’intellectuel se consomme en « personne sociale ». Sommes-nous sociaux à ce point dans le processus de la guerre en cours ? Alors quoi ? Pour désagréger la puissance de la coercition, nous utiliserons plutôt le détournement, du sabotage, de l’ironie critique et matérielle, des pratiques anti-idéologiques liées au refus des rôles, une critique véritablement terroriste. Ce sont des pratiques à réinventer pour sortir des temps morts et des illusions véhiculées par Baillargeon et consorts. Il faut pour dépasser la mesure, un débordement permanent des frontières au quotidien et qui ne sont pas seulement symboliques loin de là. Convenons toutefois que Baillargeon a inventé un concept original : le principe de « charité argumentative ». Le retour du refoulé sous sa forme religieuse nous manquait assez peu, mais avec Baillargeon rien n’est impossible. Une telle pensée sent la soutane souillée et le confessionnal, pas le changement social. Reste les questions de la participation et du militantisme qui, sans doute, soutiennent un projet, du genre « mieux vaux faire quelque chose que ne rien faire ». À cela Guy Debord a depuis longtemps répondu : Titusdenfer (titu...@yahoo.ca)
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