Une analyse pertinente des sérieuses défaites enregistrées sur plusieurs fronts,
internes et externes, par l'administration Bush qui, aux abois, risque de
provoquer une nouvelle guerre.
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Le cauchemar géopolitique des Etats-Unis
En attirant l'attention sur l'Irak et le rôle évident joué par le pétrole dans
la politique américaine actuelle, l'administration de Georges Bush- Dick Cheney
a juste fait ceci : il a attiré l'attention des puissance mondiales déficitaires
en ressources énergétiques sur une bataille stratégique pour l'énergie et plus
particulièrement le pétrole.
Ceci a déjà des conséquences sur l'économie mondiale en terme de coût du baril
de pétrole actuellement à 75 dollars. Maintenant cela prend la dimension de ce
qu'un ex secrétaire à la défense américaine a appelé un « cauchemar géopolitique
» pour les Etats-Unis.
La création par Bush, Cheney, le secrétaire à la défense Donald Rumsfeld et Cie
d'un cauchemar géopolitique est aussi la toile de fond pour comprendre le
changement politique dramatique au sein de l'administration américaine ces
derniers mois, un éloignement de la présidence de Bush. En deux mots : Bush -
Cheney et leur bande de néo conservateurs durs pro guerre, qui entretiennent une
relation spéciale sur les capacités d'Israël, en Irak et dans tout le Moyen
Orient, ont eu leur chance.
Cette chance c'était de remplir le but stratégique des Etats-Unis decontrôler
mondialement les ressources pétrolières, pour assurer le rôle hégémonique des
Etats-Unis, pour la prochaine décennie et plus. Non seulement ils ont raté cet
objectif de cette domination stratégique, ils ont aussi fortement ébranlé la
base même de l'hégémonie mondiale continue américaine, ou comme dans le jargon
de Rumsfeld / Pentagon : « full spectrum dominance » de domination totale.
La décision du président bolivien Eva Morales, après avoir rencontré ses
homologues vénézuelien et cubain, Hugo Chavez et Fidel Castro, de nationaliser
les ressources en pétrole et en gaz de son pays, est la dernière démonstration
du déclin de la projection du pouvoir des Etats-Unis.
La doctrine de Bush dans la balance
Alors que la réalité de la politique étrangère américaine est obscurcie par la
rhétorique sans fin de « défense de la démocratie », et ainsi de suite, c'est
utile de rappeler que la politique étrangère des Etats-Unis depuis
l'effondrement de l'Union Soviétique était ouverte et explicite. C'était de
prévenir à tout prix la concrétisation d'un rassemblement potentiel de nations
qui pourraient défier la domination des Etats Unis. C'est la politique
américaine telle qu'exposée par Bush dans son discours de juin 2002 à l'académie
militaire américaine à West Point, New York.
Là, le président a décrit l'éloignement radical de la politique explicite des
Etats-Unis dans deux domaines vitaux : une politique de guerre préventive, si
les Etats-Unis étaient menacés par des terroristes ou des états voyous, engagés
dans la fabrication d'ADM, deuxièmement, le droit à l'auto défense autorise les
Etats-Unis a lancer des attaques par préemption contre des agresseurs
potentiels, les détruisant avant qu'ils ne lancent des attaques contre les
Etats-Unis.
La nouvelle doctrine américaine, la doctrine Bush, proclamait aussi, « le devoir
des Etats-Unis c'est de poursuivre des actions militaires unilatérales quand il
est impossible de trouver des solutions multilatérales. » Cette doctrine va plus
loin et déclare que la politique américaine c'est que « les Etats-Unis ont eu,
et ont l'intention de garder, une puissance militaire non égalée ». Les
Etats-Unis mènerait toute action nécessaire pour continuer à être l'unique super
puissance militaire mondiale. Ceci ressemble à la politique de l'empire
britannique avant la première guerre mondiale, plus précisément que la flotte
royale britannique doit être plus grande que les deux plus grandes flottes mises
ensemble.
La politique américaine comprenait aussi des actions pour des changements
derégime dans le monde sous le slogan d'« étendre la démocratie ». Comme Bush
l'a dit à West Point : « l'Amérique n'a pas d'empire à étendre ou d'utopie à
établir. Nous souhaitons pour les autres ce que nous souhaitons pour nous –
mêmes – sécurité contre la violence, les récompenses de la liberté, et l'espoir
d'une vie meilleure. »
Ces fragments d'une politique ont été rassemblés en une politique officielle en
septembre 2002, dans un texte du Conseil de Sécurité National intitulé «
Stratégie Nationale de Sécurité des Etats Unis ». Ce texte a été écrit pour aval
par le président par la conseillère à la sécurité nationale de l'époque
Condoleezza Rice.
Elle, de son côté, s'est servi d'un document préparé auparavant en 1992 sous la
présidence de Bush père, par le néo conservateur Paul Wolfowitz. La doctrine de
Bush et de Rice a été entièrement délimitée en 1992 dans un guide de
planification de la défense intitulé « ébauche finale » réalisé par le
secrétaire à la défense pour la politique Wolfowitz, et connu à Washington sous
le nom de « doctrine de Wolfowitz. ». Wolfowitz déclare alors que, avec la
disparition de la menace d'une attaque soviétique, les Etats-Unis étaient la
seule super puissance qui devrait poursuivre son agenda mondial, inclus la
guerre de préemption et des actions de politique étrangère unilatérales.
Une fuite interne de l'ébauche au New York Times a conduit à l'époque Bush père
à dire que ce n'était « q'une ébauche et non la politique américaine ». en 2002
c'était devenu la politique américaine.
La doctrine Bush stipulait que des actions « militaires de préemption » étaient
légitimes quand la menace « émergeait » ou était « suffisante », même s'il
restait des incertitudes quant au moment, l'endroit, de l'attaque de l'ennemi. »
Ceci laissait un trou suffisamment large pour qu'un tank Abrams puisse s'y
engouffrer, selon des critiques. L'Afghanistan, par exemple, a été déclaré une
cible légitime pour un bombardement militaire américain parce que le régime des
talibans avait dit qu'il livrerait Osama Ben Laden seulement quand les Etats
Unis auraient apporté la preuve qu'il était derrière les attaques du World Trade
Center et du Pentagon le 11 septembre 2001. Bush n'a pas donné de preuve. Il a
effectivement lancé une guerre de préemption. A l'époque, peu ont pris la peine
de se pencher sur les subtilités des lois internationales.
La doctrine de Bush était et est une doctrine néo conservatrice de guerres
préventives et de préemption. Cela s'est avéré être une catastrophe stratégique
pour les Etats-Unis pour son rôle d'unique super puissance. Ceci est la toile de
fond pour comprendre tous les évènements d'aujourd'hui comme ils se déploient
dans et autour de Washington.
Le futur de cette doctrine de politique étrangère de Bush – et en fait la future
capacité des Etats-Unis à s'accrocher à cette position d' unique super puissance
ou unique quelque chose – c'est ce qui est actuellement mis en jeu en ce qui
concerne le futur de la présidence de Bush. Il est utile de noter que Wolfowitz
écrivait dans son ébauche de 1992 pour le secrétaire à la défense de l'époque,
Dick Cheney.
L'administration Bush en crise
Le signe le plus fascinant d'un changement important au sein de l'administration
politique américaine à l'égard de la doctrine de Bush et de ceux qui sont
derrière celle-ci, c'est le débat qui se développe sur le texte de 83 pages
d'abord publié sur le site officiel de l'université d'Harvard, critiquant le
rôle dominant d'Israël dans la fabrique de la politique étrangère des
Etats-Unis.
Cependant, ce qui est profondément significatif cette fois c'est que les
principaux medias, inclus Richard Cohen dans le Washington Post, ont défendu les
auteurs Stephen Walt et John Mearsheimer. Même une partie de la
presseisraélienne l'a fait. Le tabou de parler publiquement de l'agenda pro
Israël des néo conservateurs a, apparemment, été brisé. Ceci suggère que la
veille garde de l'administration de la politique étrangère, des gens comme
Brzezinski et Brent Scowscroft et leurs alliés, accroissent leur pression pour
reprendre en main la direction de la politique étrangère. Les néo cons ont
prouvé être un échec colossal dans leur défense des intérêts stratégiques
américains tels que les perçoivent les réalistes.
Cet article « Le lobby israélien et la politique étrangère américaine »* a été
écrit par deux personnes forts respectées, des réalistes en matière de politique
étrangère américaine qui conseillent le département d'état. Les auteurs sont ni
des skinheads néonazis, ni antisémites. Mearsheimer est professeur de science
politique et codirecteur du programme sur la politique de sécurité
internationale à l'université de Chicago. Walt est un recteur d'académie et a
une chaire d'enseignement à la Kennedy School of Government d'Harvard. Tous les
deux sont membres de la Coalition pour une Politique Etrangère Réaliste. On les
appelles les « réalistes », et cela inclus Henri Kissinger, Scowcroft, et
Brzezinski.
Certaines de leurs conclusions à propos du lobby israèlien soulignent que :
« aucun lobby n'a réussi à autant détourner la politique de l'intérêtnational
américain tel qu'on peut l'envisager, tout en convaincant simultanément les
américains que les intérêts des Etats-Unis et ceux d'Israël étaient
essentiellement les mêmes. "
Ceux qui soutiennent Israël ont fait la promotion de la guerre contre l'Irak.
Les hauts fonctionnaires de l'administration qui ont conduit la campagne étaient
aussi à l'avant garde du lobby pro israélien, comme Wolfowitz ; le sous
secrétaire à la politique de défense Douglas Feith ; Elliott Abrams, responsable
à la Maison Blanche des affaires du Moyen Orient, David Wumser, responsable des
affaires du Moyen Orient auprès de Dick Cheney vice président, Richard Perle, le
plus néo con des néo cons, directeur du comité de politique de défense, un
organisme de conseil regroupant des experts en stratégie.
Un effort similaire est actuellement mené pour bombarder les installations
nucléaires iraniennes.
L'AIPAC (le Comité pour les Affaire Publiques Américaines et Israéliennes) se
bat pour ne pas être enregistré comme groupe d'agents étrangers, parce que cela
mettrait de sérieuses limites à ses activités auprès du Congrès,
particulièrement dans le domaine des élections législatives. Les politiciens
américains sont très sensibles aux campagnes de financement et autres formes de
pression politique et les principaux médias continueront probablement de montrer
de la sympathie pour Israël quoiqu'il fasse.
C'est utile de citer les buts officiels de la Coalition pour une Politique
Etrangère Réaliste, dont Walt et Mearsheimer font partie, pour avoir une
meilleure compréhension de leur position dans le combat que se joue actuellement
entre les différentes factions de l'élite américaine. Le site internet de cette
Coalition affirme :
"Sur fond d'un conflit de plus en plus meurtrier en Irak, la politique étrangère
américaine se déplace dans une direction dangereuse, celle d'un empire. Des
tendances impérialistes inquiétantes sont apparentes dans la stratégie de
Sécurité Nationale Américaine de l'administration Bush. Ce document plaide pour
le maintient de la domination militaire américaine du monde, et il le fait d'une
façon qui encourage d'autres nations à former des coalitions et alliances pour
faire contre poids. Nous pouvons nous attendre, et nous le voyons maintenant, à
ce que de multiples contre pouvoirs se forment contre nous. Les peuples
répugnent et résistent à la domination, aussi bénigne soit-elle."
Les auteurs Walt et Mearsheimer notent également, que Perle et Feith ont mis
leur nom sur un document de politique en 1996 réalisé pour le gouvernement de
l'époque de Benjamin Netanyahu en Israël et intitulé « Une rupture nette : une
nouvelle stratégie pour renforcer la nation »*
Dans ce document, Perle et Feith conseillaient à Netanyahu que pour reconstruire
le sionisme on doit abandonner toute idée d'échanger la terre pour la paix avec
les palestiniens, et d'abroger les accords d'Oslo. Ensuite, Saddam Hussein doit
être renversé, et la démocratie établie en Irak, ce qui se montrerait contagieux
ensuite chez les autres voisins arabes d'Israël. C'était en 1996, 7 ans avant
que Bush ne lance une guerre presque unilatérale pour un changement de régime en
Irak.
Quand Tim Russert, de la TV NBC dans l'émission très populaire « Meet The Press
» a posé des questions à Perle sur sa liste géopolitique de changements de
régimes au bénéfice d'Israël, il a répondu :« qu'est ce qu'il y a de mal à cela.
»
Pour que tout cela puisse réussir, Perle et Feith ont écrit : « Israël aura à
obtenir un soutien américain étendu. » Pour s'assurer de ce soutien, ils ont
conseillé au premier ministre israélien d'utiliser « un langage familieraux
américains, en s'inspirant des thèmes utilisés par les administrations
américaines précédentes pendant la guerre froide, et qui s'appliquent aussi à
Israël ». Un chroniqueur du journal israélien Haaretz a accusé Perle et Feith de
« marcher sur une ligne mince entre leur loyauté aux gouvernements américains et
les intérêts israéliens. »
Aujourd'hui, Perle a été obligé de faire profil bas à Washington après avoir
initialement été à la tête du directorat de la politique de la défense de
Rumsfeld. Feith a été obligé de quitter le département d'état, pour le secteur
privé. Ceci c'était il y a plus d'un an.
Des vagues de démissions chez Bush
Le directeur du personnel de la Maison Blanche, un homme loyal à la famille Bush
depuis 25 ans, Andrew Card, est parti, et dans une annonce qui a apparemment
choqué les durs chez les néo conservateurs, tel que William Kristol, vendredi,
Porter Goss le dirigeant pro néo conservateur de la CIA a annoncé brusquement sa
démission en une phrase.
Le départ de Goss a été précédé d'un scandale qui monte en puissance et
quiimplique le N°3 de la CIA, le directeur exécutif Kyle « Dusty » Foggo. En
décembre dernier, l'inspecteur général de la CIA a ouvert une enquête sur le
rôle de Foggo dans un contrat frauduleux CIA Pentagon. Foggo est aussi lié à un
scandale sexuel entrain de faire surface qui implique le parti républicain à la
Maison Blanche et qui ferait pâlir l'affaire de Monika Lewinsky qui a provoqué
de nombreux problèmes pour Bill Clinton. Comme Goss a violé la priorité à
l'ancienneté en nommant Foggo N°3 de la CIA, les medias font le lien entre la
démission de Goss et les scandales imminents sexuels et de chantage qui vont
éclaté autour de Foggo.
Le cas Foggo est lié à l'affaire concernant le membre républicain du
Congréstombé en disgrâce Randall « Duke ». Des procureurs fédéraux ont accusé,
l'un des amis les plus proches de Foggo, comme co-conspirateur non écroué,
l'homme d'affaires de San Diego Brent Wilkes, d'avoir participé à un plan pour
faire chanter Cunningham, l'ex représentant au congres de San Diego.
Cunningham, lui, est lié au républicain condamné pour blanchiment d'argent Jack
Abramoff. Foggo supervisait des contrats dont l'un d'entre eux au moins avait
été passé avec la société accusée de payer des pots de vin au membre du Congres
Cunningham. Le Wall Street Journal, rapporte que Foggo était un ami proche
depuis le lyçée avec le sous traitant pour la Défense Brent R. Wilkes, et qu'une
enquête criminelle est en cours se concentrant sur le fait de savoir « si Mr
Foggo a utilisé sa position à la CIA pour malhonnêtement orienter des contrats
vers les sociétés de Mr Wilkes. »
Wilkes a été impliqué dans les accusations contre Cunningham co-conspirateur non
inculpé, qui aurait payé 630 000 dollars en pots de vin à Cunningham pour aider
à obtenir des contrats de la défense fédérale et autres. Aucune plainte n'a été
déposée contre Wilkes, bien que les procureurs fédéraux travaillent au montage
d'un dossier contre lui et Foggo.
Le FBI et les procureurs fédéraux, enquêtent sur des preuves que Wilkes a offert
des cadeaux à Foggo, et a payé pour différents services, notamment des orgies à
Watergate ( maintenant Westin) tandis que Foggo était dans une position de
l'aider à obtenir certains contrats de la CIA.
La démission de Goss fait suite aux demandes du public pour la démission
immédiate de Rumsfeld à cause de la débâcle militaire en Irak, à la suite des
critiques émises par un chœur grandissant d'anciens généraux de l'armée
américaine.
Dernière péripétie dans ce processus de sape du régime de Bush, un incident à
Atlanta jeudi dernier devant une audience supposée favorable à la politique
étrangère et où Rumsfeld a pris la parole. Pendant le temps des questions, il
s'est trouvé confronté à ses mensonges concernant les raisons s'entrer en guerre
contre l'Irak.
Ray Mac Govern, un vétéran ayant passé 27 ans à la CIA et qui autrefois faisait
les brèves synthèses en matière de renseignement le matin auprès de Bush père, a
engagé un long débat avec Rumsfeld. Il a demandé pourquoi Rumsfeld avait insisté
avant l'invasion de l'Irak qu'il y avait une évidence sûre liant Saddam et al
Qaeda.
« Etait ce un mensonge, Mr Rumsfeld, ou était ce une production venant
d'ailleurs ? Parce que tous mes collègues de la CIA avaient mis ceci en doute de
même que la commission sur le 11 septembre. » Mc Govern a dit à Rumsfeld médusé
« Pourquoi nous avez-vous menti pour nous entraîné dans cette guerre qui n'était
pas nécessaire ? »
Ce qui suit est significatif des changements opérés dans les médias influents
concernant leur approche actuelle de Rumsfeld, Cheney et Bush. Le Los Angeles
Times rapporte:
« Au début de la discussion, Rumsfeld est resté imperturbable comme d'habitude :
« je n'ai pas menti ; je n'ai pas menti à cette époque ; » avant de se lancer
dans une défense vigoureuse des déclarations de l'administration avant la guerre
sur les ADM.
Mais Rumsfeld s'est inhabituellement tu quand Mc Govern l'a pressé sur des
affirmations faites qu'il savait ou se trouvait ces armes non conventionnelles.
« Vous avez dit que vous saviez où elles étaient », a dit Mc Govern.
« Je ne l'ai pas dit. J'ai dit que je savais où se trouvaient des sites suspects
» a rétorqué Rumsfeld.
Mc Govern a alors lu des déclarations que le secrétaire à la défense avaient
faites que les armes étaient situées près de Tikrit, Iraq et Bagdad… »
Rumsfeld est resté plongé dans un silence tombal. La totalité de cette
discussion a été filmée et retransmise à la télévision.
Il est clair que les jours de Rumsfeld sont comptés. Karl Rove devrait être
co-inculpé avec l'aide de Cheney, Lewis « Scooter », pour l'affaire des fuites
concernant Valérie Plame. Rappelons que cette affaire portait sur des supposées
preuves concernant de l'uranium acheté par Saddam Hussein, et qui ont servi à
persuader le Congrès à renoncer à une déclaration de guerre et à donner carte
blanche à Bush.
Tous ses fils sont entrain d'être prudemment rassemblés par une faction réaliste
ré -émergeante, en une tapisserie qui peut conduire à une mise en accusation en
temps voulu, peut être aussi du vice président, le vrai pouvoir derrière la
présidence.
Une politique étrangère désastreuse avec la Chine
Dans ce contexte, l'insulte diplomatique de Bush au président chinois Hu Jintao
venu en visite, est désastreuse pour les Etats-Unis sur la scène internationale.
Bush a agi selon un script écrit par des néo conservateurs anti Chine,
délibérément rédigé pour insulter et humilier Hu à la Maison Blanche.
D'abord, il y a eu l'incident au cours duquel un journaliste de Taiwan, un
membre du Falungong, présent dans une salle de conférence de la Maison Blanche
dont les entrées sont passées au peigne fin, a déclamé une tirade contre les
violations par la Chine des droits de l'homme, et ce, pendant plus de trois
minutes, sans qu'on n'essaie de le faire sortir, à une conférence de presse
filmée.
Puis, l'hymne national chinois a été joué pour Hu, présenté comme l'hymne
national de la République de Chine – Taiwan. Ce n'était pas un lapsus de la part
des responsables du protocole à la Maison blanche, mais un effort délibéré pour
humilier le dirigeant chinois.
Le problème, c'est que l'économie américaine est devenue dépendante des
importations chinoises, également du fait que les chinois détiennent des bons du
trésor américains. La Chine est actuellement celui qui détient le plus de ces
réserves américaines soit environ 825 billions de dollars. Si Beijing décide de
sortir du marché des bons américains, même seulement en partie, cela
provoquerait une chute du dollar et l'effondrement du marché immobilier de 7
trillions de dollars, une vague de banqueroutes, et un chômage massif. C'est une
option réelle, même si elle est peu probable actuellement.
Hu, n'a cependant pas perdu son temps à déplorer les affronts faits par Bush. Il
est allé immédiatement en Arabie Saoudite, pour une visite d'état de 3 jours,
pour signer des accords commerciaux, de défense, et de sécurité. Ceci n'est pas
une petite claque à la figure de Washington lancée par la famille royale
saoudienne traditionnellement « loyale » aux USA.
Hu a signé un accord pour que la SABIC (Saudi Basic Industries Corp) un puissant
congloméra industriel saoudien, construise une raffinerie de pétrole et réalise
un projet de pétro chimie d'une valeur de 5,2 billions. Au début de cette année,
le roi d'Arabie Saoudite, Abdullah, a fait une visite d'état à Beijing.
Depuis l'accord passé entre la maison des Saud et l'administration américaine
sous F. Roosevelt offrant une concession exclusive à Aramco, entreprise
américaine, et non aux anglais, pour développer le pétrole saoudien en 1943,
l'Arabie Saoudite était considérée par Washington comme sphère d'intérêt
stratégique commun.
Puis Hu est allé au Maroc, au Niger, et au Kenya, tous vus comme des « sphères
d'intérêts américains ». Il y a seulement 2 mois, Rumsfeld était au Maroc pour
offrir des armes. Hu offre de financer l'exploration de sources d'énergie dans
ces pays.
Le SCO et les évènements avec l'Iran
Les derniers développements concernant l'Organisation de Coopération de Shanghai
(Shanghai Coopération Développement, SCO) et l'Iran, montre une fois de plus les
changements dramatiques concernant la position géopolitique des Etats-Unis.
Le SCO a été crée à Shanghai en juin 2001, par la Russie et la Chine, avec 4
autres républiques d'Asie Centrale de l'ancien Union soviétique : le Kazakhstan,
le Kirghizstan, le Tadjikistan et l'Uzbekistan. Avant le 11 septembre 2001, et
la déclaration par les USA de « l'Axe du Mal » en janvier 2002, le SCO était
juste un groupe de discussion sur la toile de fond géopolitique pour Washington.
Aujourd'hui, le SCO, dont évitent de parler les medias influents américain, est
entrain de définir une nouvelle politique de contrepoids à l'hégémonie
américaine et son monde « unipolaire ». Au prochain rendez vous du SCO, le 15
juin, l'Iran sera invité à devenir un membre à part entière.
Et le mois dernier à Téhéran, l'ambassadeur chinois Lio G Tan a annoncé qu'un
accord pétrolier et sur le gaz était en voie d'être signé entre la Chine et
l'Iran.
Cet accord porte sur 100 billions de dollars, et comprend le développement du
vaste champ pétrolifère de Yadavaran. La compagnie chinoise Sinopec serait
d'accord pour acheter 250 millions de tonnes de gaz naturel liquéfié pendant 25
ans. Pas étonnant que la Chine ne se précipite pas pour soutenir Washington
contre l'Iran au Conseil de Sécurité de l'ONU. Les Etats-Unis ont essayé de
mettre une forte pression sur Bejing pour arrêter l'accord, pour des raisons
géopolitiques évidentes, mais sans succès. Une autre défaite majeure pour
Washington.
L'Iran avance aussi d'autres plans pour délivrer du gaz naturel via un pipeline
au Pakistan et à l'Inde. Les ministres de l'énergie des trois pays se sont
rencontré à Doha récemment et on prévu de se revoir ce mois ci au Pakistan.
Les progrès concernant le pipeline est un mauvais coup contre les efforts de
Washington d'écarter les investisseurs de l'Iran. Ironiquement, l'opposition
américaine poussent ces pays dans les bras les uns des autres, « un cauchemar
géopolitique pour Washington ».
A la réunion du SCO le mois prochain, l'Inde, que Bush essaie personnellement de
booster comme un « contre poids « à la Chine sur la scène géopolitique
asiatique, sera aussi invitée à se joindre à l'organisation, de même que la
Mongolie et le Pakistan. Le SCO est entrain de gagner de manière conséquente en
poids géopolitique.
Le député ministre des affaires étrangères iranien Manouchehr Mohammadi a dit à
Itar –Tass (agence de presse russe ndt) à Moscou le mois dernier que la position
de membre du SCO de l'Iran pourrait « faire que le monde soit plus juste ». Il a
aussi parlé de la construction d'un arc pétrole gaz Iran Russie, dans lequel les
deux grands producteurs d'énergie pourraient coordonner leurs activités.
Les Etats-Unis sont laissés en zone froide en Asie
L'admission de l'Iran au sein du SCO ouvre beaucoup d'options pour l'Iran et la
région. Du fait d'être membre du SCO, l'Iran pourra participer aux projets de
celui-ci, ce qui veut dire en retour avoir accès à une technologie très
recherchée, aux investissements, au développement du commerce et des
infrastructures. Ceci aura des implications majeures pour la sécurité
énergétique mondiale.
Le SCO a mis sur pied une commission de travail comprenant des experts avant la
réunion au sommet de juin pour développer une stratégie commune du SCO en Asie,
discuter des projets de pipelines, d'exploration pétrolière et d'activités
liées. L'Iran se trouve sur la deuxième plus importante réserve de gaz du monde,
et la Russie a la plus grande. La Russie est le deuxième plus important
producteur de pétrole après l'Arabie Saoudite. Tout ceci, ce ne sont pas de
petits mouvements.
L'Inde a désespérément besoin d'un accord avec l'Iran pour son approvisionnement
en énergie, mais est aussi sous pression de Washington de ne pas le faire.
L'année dernière, l'administration Bush a essayé d'obtenir le «
statutd'observateur » au SCO mais sa demande a été repoussée. Ceci, avec les
demandes du SCO que Washington réduisent sa présence militaire en Asie Centrale,
la coopération plus profonde entre la Russie et la Chine, et les déboires de la
diplomatie américaine en Asie Centrale – ont accéléré une réévaluation de la
politique de Washington.
Apres son tour en Asie centrale en octobre 2005, Rice a annoncé une
réorganisation du bureau de l'Asie du sud du département d'état, pour inclure
les états d'Asie centrale, et un nouveau plan américain d' « Asie centrale
élargie ».
Washington essaie d'éloigner les états d'Asie centrale de la Russie et de la
Chine. Le gouvernement du président Hamid Karzai à Kabul n'a pas répondu aux
ouvertures faites par le SCO. Etant donné ses liens avec Washington, il a peu de
choix.
Gennady Yefstafiyev, un ancien général des services secrets russes a dit : « les
objectifs à long terme américains en Iran sont évidents : de provoquer la chute
du régime actuel, d'établir son contrôle sur le pétrole et le gaz, et d'utiliser
le territoire iranien comme la route la plus courte pour le transport des
hydrocarbures sous contrôle américain des régions d'Asie centrale et de la mer
caspienne, en contournant la Russie et la Chine. Ceci sans oublier la
signification stratégique et militaire de l'Iran.
Washington a basé sa stratégie sur le fait que le Kazakhstan soit son partenaire
clé en Asie centrale. Les Etats-Unis veulent étendre leur contrôle physique sur
les réserves en pétrole de ce pays, et concrétiser le transport du pétrole
Kazakh via le pipeline Baku-Ceyhan, de même que se créer un rôle dominant dans
la sécurité de la mer Caspienne. . Mais le Kazakhstan ne joue pas le jeu. Le
président Nursultan Nazarbayev s'est rendu à Moscou le 3 avril pour réaffirmer
sa dépendance continue aux pipelines russes. De même, la Chine passe des accords
importants en matière d'énergie et de pipeline avec le Kazakhstan.
Pour rendre pire les problèmes géopolitiques de Washington, bien que s'étant
assuré d'un accord militaire d'utilisation d'une base en Uzbekistan après
septembre 2001, les relations de Washington avec l'Uzbekistan sont désastreuses.
Les efforts de Washington pour isoler le président Islam Karimov, en utilisant
les mêmes tactiques de la « révolution orange » ukrainienne, ne fonctionnent
pas. Le premier ministre indou Manmohan Singh s'est rendu à Tashkent le mois
dernier.
De même, le Tajikistan dépend étroitement du soutien de la Russie. Au
Kirghizstan, malgré des tentatives clandestines de créer des dissensions au sein
du régime, l'alliance du président Kurmanbek avec le premier ministre Félix
Kulov qui a le soutien de Moscou, tient.
En l'espace de 12 mois, la Russie et la Chine ont réussi à bouger leurs pièces
sur l'échiquier géopolitique d'Eurasie de telle sorte que ce qui était au départ
un avantage géostratégique en faveur de Washington devienne l'opposé, avec des
Etats-Unis de plus en plus isolés.
C'est potentiellement la plus grande défaite stratégique de projection de la
puissance des Etats-Unis de la période post seconde guerre mondiale. C'est aussi
la toile de fond de la ré-émergence de cette soi disante faction réaliste dans
la politique US.
F. William Engdahl
Article paru le 9 mai 2006 sous le titre « The US's géopolitical nightmare «sur
la site Asia times on line www.atimes.com. Copyright Asia Times traduction
bénévole pour information à caractère non commercial par MD pour
Planète Non Violence.
F.William Engdahl est auteur de « A Century of War: Anglo-American Oil Politics
and the New World Order, Pluto Press Ltd. Pour le contacter : www.engdahl.oilgeopolitics.net.
* Le lobby israélien
et la politique étrangère américaine
* Une
rupture nette : une nouvelle stratégie pour renforcer la nation
CUBA SOLIDARITY PROJECT http://vdedaj.club.fr/cuba/
"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba,
nous n'avons rien dit, nous n'étions pas Cubains."
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