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VIE INCONNUE DES LEGENDES MAHATMA GANDHI ET LAWRENCE D'ARABIE

Anonyme, Martes, Mayo 23, 2006 - 08:06

RUBY BIRD

RUBY BIRD - Journaliste Indépendante

GANDHI – Athlète de la Liberté
Catherine Clément-La Découverte Gallimard
En Afrique comme en Indes, règne l’Empire britannique. Les Blancs, Boers ou Anglais, ont fait venir des milliers de contractuels. Ce sont de meilleurs esclaves que les Noirs dont le « rendement » n’était pas suffisant. Les Indiens économisent, travaillent durs et se louent dans les fermes pour 5ans.

Gandhi fut marqué par une expérience personnelle, dans la petite gare de Maritzburg, sur le chemin de Pretoria où il devait plaider, je jeune avocat Gandhi réalise qu’il n’est qu’un « sale coolie ». Malgré son billet de première classe, il est jeté par un homme Blanc sur le quai avec ses bagages. C’est le 7 juin 1893, une semaine à peine après son arrivée en Afrique du Sud. Il était encore timide à l’époque. Il en fut si marqué que de réunion en réunion, et à force de protester, il obtint que les Indiens proprement habillés puissent voyager en première classe.

Après un an, il devint un avocat à succès et le défenseur des libertés. Un jour, il lit un entrefilet dans un journal, le gouvernement du Natal veut priver les Indiens du droit d’élire des membres au corps législatif. En 15 jours, il réunit 10 000 signatures pour sa première pétition. Il fonda ensuite le Congrès du Natal. Il publie 2 brochures, 2 appels à l’opinion blanche. Le gouvernement vient de décider que les contractuels qui veulent devenirs des travailleurs libres devront payer une taxe de 3 Livres (environ 6 mois de salaire). Néanmoins le gouvernement du Natal se résigne à interdire dans ses lois toute mention discriminatoire, comme « race » et « couleur ». Mais la population blanche ne l’entend pas ainsi, et d’autres projets de lois couvent de lourdes discriminations déguisées.

En 1899 éclate la deuxième guerre des Boers. Mahatma Gandhi sera brancardier volontaire. Il fonde le corps d’ambulanciers indiens. Il s’installe ensuite au Transvaal, à Johannesburg. A la lutte légaliste et à la non-violence vont s’ajouter des travaux pratiques quotidiens. Il se coupe les cheveux lui-même, lave lui-même ses chemises, nettoie lui-même ses latrines. Il réduit aussi les dépenses, la nourriture est limitée à un repas (quelques fruits secs, des dattes et des noix)… Il jeûne pour lui seul d’abord et après le fera publiquement.

Il lit « Unto This Last » de Ruskin qui prône le retour à la vie simple, décide d’accéder à la « non-posession » et va vivre collectivement dans une ferme à Phœnix, près de Durban. Ce sera son premier Ashram « vie collective et maison de prières ». les règles y sont monacales et Gandhi en est son directeur. En 1906 éclate au Transvaal la révolte des Zoulous. Gandhi s’engage comme brancardier volontaire et soigne les Zoulous mourants, abandonnés par les médecins blancs. Il en ressort médaillé sergent-major. Il veut mettre en pratique une pratique religieuse venant d’Inde : un homme d’âge mûr, lorsque sa descendance est assurée, peut faire vœu de chasteté. On le nomme le Brahmacharya. Il considère que l’énergie séminale se concentra sur des combats spirituels.

Le gouvernement du Transvaal publie un projet d’ordonnance obligeant tous les Indiens à se faire inscrire auprès des Autorités avec les empreintes. Sinon, ce sera des amendes, déportation ou prison. C’est la « Loi Noire ». Le 11 septembre, au cours d’un meeting réunissant 3 000 personnes, Gandhi obtient de l’assemblée le serment de ne jamais obéir. Pour cette action, on lui propose le terme « Sadagraha » (fermeté pour une bonne cause). Gandhi le transforme en Satya (la vérité) et Agraha (la force). Ce qui deviendra Satyagraha (la force de la vérité). Dire non fortement mais sans violence et publiquement.

Gandhi a emprunté cette notion de non-violence à la religion jaïn. Ahimsa est le véritable ascèse de l’action. C’est une pratique métaphysique de l’économie humaine. Le Transvaal, indépendant à partir du 1er janvier 1907, vote la Loi. Gandhi refuse l’inscription et est arrêté. Il plaide coupable et est content d’aller expérimenter la prison. Il s’y sent heureux et libre. Le général Smuts, un Boer propose à Gandhi de s’enregistrer volontairement contre l’abrogation de la loi. Gandhi accepte et s’exécute. Smuts n’abroge pas la loi. 2 Indiens, furieux de cette « trahison » le frappe violemment. Gandhi brûle les certificats de l’enregistrement. Il repart en prison. Il y découvre le Traité de Désobéissance Civile de Thoreau, écrivain abolitionniste américain.

Toutes les femmes hindoues, musulmanes et parsies, devenues simples concubines, se joignent le mouvement de désobéissance civile. Elles passent du Transvaal au Natal sans certificat. Elles sont parfois arrêtées, dans d’autres cas elles incitent les mineurs de Newcastle à se mettre en grève. Plusieurs mois plus tard, Gandhi est à la tête d’une armée de 5 000 mineurs en grève. Le 13 décembre 1913, commence la Marche solennelle qui part de Newcastle. Gandhi se transforme en chef cuisinier. Il a prévenu gentiment le gouvernement de son initiative et de sa demande, notamment l’abrogation de la taxe de 3 Livres à l’origine du mouvement.

Le 6 novembre, les marcheurs passent la frontière. Après 3 tentatives d’arrestation, la 4ème sera la bonne. Le mouvement s’accélère, 50 000 Indiens sont en grève, des milliers iront en prison. Londres se fâche. On libère Gandhi qui veut recommencer mais il apprend que les employés blancs des chemins de fer sont en grève. Gandhi suspend le mouvement car pense qu’il ne faut jamais humilier l’adversaire. Smuts appelle Gandhi à négocier. Le 30 juin 1914, le général Smuts et l’avocat Gandhi signent la loi de l’Union Sud-Africaine. C’est un compromis : les mariages non-chrétiens sont légaux et la taxe de 3 Livres est abolie.

En 1920, les contractuels cesseront de venir des Indes. Les Indiens ne pourront passer d’une Province à l’autre sans contrôle. Gandhi en a fini avec l’Afrique du Sud. Gandhi est resté 20 ans en Afrique du Sud. Il y a accompli l’essentiel des renoncement : renoncement de la chair et du lait. Il découvre les vertus réformatrices du jeûne public pour les fautes des autres. Il a 44 ans. Il pense que ses acquis sont : la patience, la tactique, l’éloquence, la prison, le Satyagraha a fait ses preuves. Il part pour l’Inde qu’il veut libérer de la tutelle impériale anglaise. Il doit d’abord fonder un nouvel Ashram, s’intégrer au combat politique naissant, trouver des points d’appui solides et d’attaquer enfin l’Empire.

LAWRENCE EN ARABIE
Henri Laurens-La Découverte Gallimard
Après 1918, T.E. Lawrence devient un grand écrivain de langue anglaise. Il n’avait pas choisi de faire une carrière militaire, ni celle dans le service public et n’avait montré aucun penchant pour la vie politique. En dehors de l’histoire et de l’archéologie, sa seule passion était la littérature. Il avait l’ambition d’écrire un livre « titanesque ». il pensait tout d’abord à une histoire des Croisades, puis, d’un voyage en Orient autour de sept villes. La guerre a tout changé. De 1917 à 1922, il ne survit que grâce à son extraordinaire maîtrise de soi. Lawrence était un serviteur de l’Empire britannique. Il critiquait violemment la politique coloniale du gouvernement des Indes. Son hostilité au colonialisme français s’aligne sur la politique des Britanniques à partir de la fin 1916.

Il ne peut concevoir l’avenir des Arabes que sous la tutelle anglaise. « Pour les responsables britanniques, les Hachémites ne manifestent que de l’ingratitude lorsqu’ils essayent d’établir une indépendance qui ne soit pas subordonnée à la politique anglaise. ». Pour Lawrence, la présence des britanniques ne doit que temporaire. Ce qui entraînerait une totale indépendance dans les années qui suivront. « Cyniquement, il explique aux Français, le 7 avril 1919, que le Foyer national juif de Palestine, destiné à devenir un Etat juif, va séparer l’Egypte du monde arabe. »

L’œuvre politique de Lawrence consistait en la division du monde arabe en plusieurs Etats en pleine mutation et à l’émergence du conflit israélo-arabe. « Lawrence voit dans le sionisme le moyen d’apporter les techniques modernes au Proche-Orient et ainsi, à long terme, de l’émanciper de l’Europe. Cet engagement au profit des Juifs est loin d’être un cas unique chez les promoteurs européens de la révolte arabe."

« En Galilée, il est très impressionné par le travail des pionniers sionistes, qui sont en train de transformer la Palestine. »

« En 1913, il se réjouit de l’éclatement de la première balkanique qui pourra mettre fin au « régime désespérément stupide des Turcs ». il pense que sa disparition procurera une chance aux Arabes, qui ont montré, dans le passé, qu’ils étaient capable d’un bon gouvernement. ». On retrouve ses idées dans « Les 7 piliers de la Sagesse » rédigé quelques années plus tard. Il y compare les rapports des Anglais et des Français vis-à-vis des Arabes. Les uns et les autres s’estimant « être la perfection humaine ».

« L’Anglais juge blasphématoire ou impertinent qu’un Arabe cherche à le copier, puisque Dieu n’a pas donné à l’indigène la chance d’être un Anglais. Il vaut mieux qu’il reste lui-même, pour être un bon exemple de sa propre race. Au contraire, le Français encourage le peuple soumis à l’unité et même s’il n’arrive jamais à son niveau, sa valeur sera d’autant plus grande qu’il s’en rapprochera davantage. »

En utilisant le langage de l’époque, il interprète le clivage des Arabes avec les européens comme une différence et une opposition entre Sémites et Aryens. Il n’apprécie les races pures quand l’Arabe est celui de l’intérieur des terres. Plus il se rapproche de sa bédouinité, plus on peut retrouver son identité sémite. Il conclue « La plus grande industrie des Arabes est la fabrication des croyances » l’ascétisme, le refus du monde terrestre qui entraîne le renoncement et la pauvreté en sont les conséquences. Les Arabes, pour lui ont une imagination mais non créatrice. Lawrence pense que les Arabes sont prêts à tout pour défendre une idée qui les unirait. Le prophétisme est dans leur nature profonde.

Il veut entrer dans l’Histoire avec une mission spéciale : créer une Nation arabe et veut manipuler les Arabes dans ce sens-là. Il s’implique corps et âme dans cette grande mission qu’il s’est imposée. « Tout en reconnaissant l’importance de l’attachement du paysannat palestinien à sa terre et le fait que les choses changeraient avec la constitution d’un Etat arabe aux frontières de la Palestine, Lawrence n’aime pas « ces sombres paysans de Palestine, plus stupides que les petits propriétaires du nord de la Syrie, aussi matérialistes que les Egyptiens et ruinés » et voit dans la promesse d’un Foyer national juif la première étape vers la suppression de l’accord Sykes-Picot. »

En octobre 1918 à Londres, il commence sa campagne pour faire aboutir ses ambitions politiques. Ses idées concordent avec celles du gouvernement britannique : remise en cause de l’accord Sykes-Picot, la contestation de la présence française en Syrie, exception dans les régions libanaise et l’établissement d’un Foyer national juif en Palestine. L’ambiguïté de la Conférence de la Paix réside dans l’adéquation entre l’ambition britannique au Proche-Orient et le discours politique dominant depuis 1917 : la fin de l’impérialisme et de droit des peuples à disposer d’eux-mêmes.

« Quand les Arabes protestent contre la politique anglaise, comme le font les Palestiniens, ils cessent d’être purs et véritables Arabes pour devenir « d’affreux Levantins » ». Lawrence suggère la division du Proche-Orient en territoires accordés aux fils du Chérif Hussein. Il refuse néanmoins d’être décoré par le roi en raison de la malhonnêteté politique envers les Arabes. Il était un peu hypocrite à ce niveau-là.

Le 1er décembre, Lloyd George et Clemenceau se rencontrent sans leurs conseillers. Le Français propose un accord verbal : la France abandonne ses revendications sur la Palestine et la Haute-Mésopotamie, et en contre-partie la Grande-Bretagne reconnaît l’influence française sur la Syrie. Ignorant les aboutissements de cette entrevue, Lawrence précise sa stratégie : il faut peser sur la France en obtenant le soutien des Américains grâce à un accord avec les sioniste. Il veut convertir Faysal à son projet. On a découvert des textes écrits en anglais, rédigés par Lawrence et signés par un Faysal qui ne connaissait pas la langue.

Lawrence a reconnu plus tard avoir trafiqué la correspondance entre Faysal et son père. Faysal connaissait surtout les Juifs arabes et pensait qu’il n’y avait pas lieur d’entrer en conflit avec eux. Dans ses déclarations (en arabe et en français), il accepte le principe d’une égalité des droits entre les Arabes et les Juifs en palestine, selon le slogan de la révolte arabe « La religion à chacun, la patrie à tous », en excluant toute reconnaissance de droits nationaux aux sionistes.

« Le 3 janvier 1919, à Londres, Lawrence lui fait signer un accord en anglais avec Weizmann, le chef du mouvement sioniste, dans lequel il fait mention d’une collaboration la plus étroite possible entre une Palestine où s’installeraient un Foyer national juif et l’Etat arabe de Damas. Mais le Hachémite ajoute un codicille en arabe dans lequel il rend conditionnel l’application de l’accord à la pleine satisfaction de ses revendications d’indépendance. »

« La même ambiguïté se retrouve à Paris. Là, Faysal n’est plus seul, mais accompagné par plusieurs conseillers politiques arabes qui se méfient des ambitions politiques européennes. Cependant Lawrence va tout faire pour continuer à conserver le monopole des relations de Faysal avec l’extérieur. Ainsi, quand l’émir donne une interview hostile au sionisme dans le journal français Le Matin, immédiatement Lawrence rédige un démenti où il affirme qu’il y a assez de place en Palestine pour les deux peuples, et qu’il fait signer à Faysal le 1er mars 1919. »

Journaliste Indépendante


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