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DIRECTEMENT DE L'IRANAnonyme, Martes, Mayo 16, 2006 - 13:11 (Analyses | Droits / Rights / Derecho | Globalisation | Guerre / War | Imperialism | Media | Politiques & classes sociales | Religion | Repression)
Oscar Fortin
LA LETTRE DU PRÉSIDENT DE L'IRAN À SON HOMOLOGUE DES ÉTATS-UNIS APPORTE UN ÉCLAIRAGE ET UNE COMPRÉHENSION DE LA PROBLÉMATIQUE INTERNATIONALE EN GÉNÉRAL ET DES RELATIONS DE L'IRAN ET DES ÉTATS-UNIS EN PARTICULIER. La lettre récente (mai 2006) du Président de l’Iran au Président des États-unis, au moment où la tension entre les deux pays est à son plus haut niveau, mérite que l’on s’y attarde quelque peu. Le ton adopté contraste avec celui d’un « non civilisé », d’un « voyou », d’un fanatique religieux au service de l’axe du « MAL ». « Monsieur le Président, vous le savez sans doute : je suis enseignant (…) Mes étudiants me demandent comment certaines actions (de votre gouvernement) peuvent être cohérentes avec les valeurs de liberté, de respect des droits de l’homme et conformes à la tradition de Jésus-Christ, ce Messager de paix et de pardon (…) C’est ce qui m’amène à discuter certaines de ces contradictions et de ces questions, dans l’espoir que cela permettre de leur apporter des réponses éclairantes. » Voilà une approche d’ouverture qui laisse de la place à des échanges, à des explications, à des questionnements. Cette approche est d’autant plus invitante qu’elle prend en considération les croyances religieuses de son interlocuteur, G.W. Bush, dont il se réclame ouvertement, tant dans sa vie personnelle que dans ses fonctions présidentielles. « Il déclare avoir été délivré de l'alcoolisme grâce à la prière. Selon lui, sa victoire aux présidentielles n'est pas un hasard, il se croit investi d'une mission divine et pense avoir été placé là où il est, par le ciel. » C’est donc une correspondance entre deux chefs d’État dont la foi s’alimente aux mêmes grands prophètes à l’origine du judaïsme, du christianisme et de l’islamisme. Ces derniers proclament la volonté d’un Dieu unique, maître de l’Univers et juge suprême devant lequel tous devront répondre de leurs actions. Le Président de l’Iran fait donc appel à cette foi et invite son interlocuteur à réfléchir avec lui sur les responsabilités que sont les leurs comme chefs d’État et pour lesquelles ils devront un jour ou l’autre répondre devant l’Éternel. « Si les prophètes Abraham, Isaac, Jacob, Ismaël, Joseph ou Jésus-Christ (que la paix soit avec Lui) étaient parmi nous aujourd'hui, comment jugeraient-ils un tel comportement ? Aurons-nous un rôle à jouer dans le monde qui nous a été promis, lorsque régnera la justice universelle et que Jésus (que la paix soit avec Lui) sera là ? Nous accepteront-ils, au moins ? » DES QUESTIONS 1. Comment peut-on se dire disciple de Jésus-Christ, fervent défenseur des droits de l’homme, opposant inconditionnel à la prolifération d’armes atomiques et de destruction massive (…) et, sous prétexte qu'il pourrait y avoir un petit nombre de criminels dans un village, une ville ou à bord d'un convoi par exemple, faire mettre le feu à l'ensemble du village, de la ville ou du convoi en question ? 2. L’occupation de l’Irak et les milliers de morts qu’elle a causés de part et d’autres (…) ont été justifiés par la présence d’ADM. Maintenant que le monde entier sait que le pays n’avait aucune de ces armes, pourquoi poursuivre l’occupation? 3. Le 11 septembre 2001 a été un incident horrible. La mort d'innocents est déplorable et consternante quel que soit l'endroit où elle se produit. Notre gouvernement a immédiatement déclaré son dégoût vis-à-vis des responsables, il a présenté ses condoléances à ceux qui avaient perdu un être cher (...) Ceci dit, des questions demeurent. Était-il possible de préparer ces attentats en l'absence de coordination avec les services de renseignement et de sécurité - ou du moins en l'absence d'infiltration massive de ces services ? Bien entendu, il ne s'agit là que d'une supposition basée sur des faits. Pourquoi les divers aspects des attentats ont-ils été gardés secrets ? Pourquoi ne nous donne-t-on pas les noms des personnes qui ne se sont pas montrées à la hauteur de leurs responsabilités ? Enfin, pourquoi les responsables et les coupables ne sont-ils pas identifiés et jugés ? 4. À Guantanamo Bay sont détenus des prisonniers qui n'ont pas été jugés, qui n'ont pas d'avocat pour les représenter, à qui leur famille ne peut pas rendre visite et qui sont, de toute évidence, détenus dans un pays étranger, loin de leur terre natale. Aucune instance internationale n'a droit de regard sur leurs conditions de détention ni sur leur sort, personne ne sait s'il s'agit là de détenus, de prisonniers de guerre, de personnes mises en examen ou de criminels. Des enquêteurs européens ont confirmé l'existence de prisons secrètes en Europe également. L'enlèvement d'une personne et sa détention dans une prison secrète sont incompatibles à ma connaissance avec quelque système judiciaire que ce soit. Comment concilier tout cela avec l’enseignement de Jésus-Christ, les droits de l’homme et la liberté ? 5. Vous vous faites l’apôtre de la démocratie dans le monde, mais lorsque cette démocratie parle un langage différent de celui attendu vous en devenez un adversaire. L'administration palestinienne, nouvellement élue, a récemment pris les rênes du pays. Tous les observateurs indépendants ont confirmé que ce gouvernement représentait l'électorat. Pourtant, et cela semble incroyable, ce gouvernement a subi des pressions, on lui a conseillé de reconnaître le régime israélien, de renoncer à la lutte et de s'en tenir à la politique du gouvernement précédent. Si l'actuel gouvernement palestinien s'était présenté avec un tel programme, les Palestiniens auraient-ils voté pour lui ? Encore une fois, une telle position d'opposition au gouvernement palestinien est-elle compatible avec les valeurs déjà citées ? Pareille situation ne se retrouve-t-elle pas en Amérique Latine, en Afrique et ailleurs dans le monde ? 6. Au sujet d’Israël, pourquoi s’opposer à la tenue d’un référendum permettant aux populations d'origine de ces territoires - à l'intérieur comme à l'extérieur de la Palestine - qu'ils soient chrétiens, musulmans ou juifs, de s'autodéterminer ? Serait-ce contraire aux principes de la démocratie, des droits de l'homme ou aux enseignements des prophètes que de le faire ? 7. Comment se fait-il que toute réussite technologique ou scientifique qui voit le jour au Moyen-Orient soit interprétée et décrite comme une menace pour le régime sioniste ? La recherche, pure ou appliquée, ne compte-t-elle pas au nombre des droits élémentaires des nations? 8. Des mensonges ont été proférés à l'occasion de l'affaire irakienne. Qu'en a-t-il résulté ? Je suis bien certain que le mensonge est mal considéré par l'ensemble des cultures, pas plus, vous n'aimez que l'on vous mente UN EXAMEN DE CONSCIENCE S’IMPOSE « Avons-nous réussi à donner à notre peuple la paix, la sécurité et la prospérité, ou l'insécurité et le chômage ? Nous sommes-nous efforcés de faire régner la justice, ou nous sommes nous contentés d'apporter notre soutien à des lobbies, et, contraignant de nombreux citoyens à la pauvreté et la souffrance, de permettre à une poignée d'accéder à la richesse et au pouvoir - renonçant ainsi à l'approbation du peuple et à celle du Tout-Puissant pour obtenir celle de cette minorité ? Avons-nous défendu les droits des défavorisés, ou les avons-nous ignorés ? Avons-nous défendu les droits de tous les gens de la terre ou leur avons-nous imposé des guerres, nous sommes-nous illégitimement immiscés dans leurs affaires, avons-nous créé des enfers carcéraux et y avons-nous emprisonnés des gens ? Avons-nous fait régner la paix et la sécurité dans le monde, ou avons-nous agité le spectre de l'intimidation et des menaces ? Avons-nous dit la vérité à notre nation et au reste du monde ou en avons-nous présenté une version renversée ? Avons-nous été du côté du peuple, ou de celui des occupants et des oppresseurs ? Notre gouvernement s'est-il proposé de promouvoir des valeurs de raison, de logique, d'éthique, de paix, de responsabilité, de justice, de service du peuple, de prospérité, de progrès et de respect de la dignité humaine ou avons-nous privilégié le pouvoir des armes, l'intimidation, l'insécurité, le mépris du peuple, l'obstruction aux progrès et à l'excellence des autres nations, et avons-nous foulé aux pieds les droits des gens ? Et enfin, nous serons jugés sur ceci : sommes-nous restés fidèles au serment prêté lors de notre intronisation, lorsque nous avons juré de servir le peuple, ce qui constitue l'essentiel de notre tâche, et la tradition des prophètes - ou pas ? » Monsieur le Président, Que cela nous plaise ou non, le monde cède à l'attraction de la foi dans le Tout-Puissant ; la justice et la volonté de Dieu triompheront de tous les obstacles. Vasalam Ala Man Ataba'al hoda. Mahmood Ahmadi-Najad, Président de la République Islamique d'Iran. COMMENTAIRE Il faut regretter que la couverture médiatique accordée à cette correspondance n’ait pas permis d’en mieux faire connaître le contenu. On s’est contenté, à quelques exceptions près, de reproduire les déclarations de l’Administration Bush : « lettre de 17 pages (plutôt 8 dans les faits) qui n’apporte aucune réponse aux questions que se pose la communauté internationale…Le contenu est plus philosophique que factuel… La Maison Blanche n’y répondra pas. » Après avoir reproduit ces informations les professionnels de l’information sont allés dormir en paix. J’invite tous ceux et celles qui le peuvent à lire le texte dans son intégralité. Chacun pourra à sa manière tirer ses propres conclusions. Le présent texte s’est voulu un rappel de certains points saillants repris avec une certaine liberté d’écriture dans le but d’en faciliter la lecture. Oscar Fortin
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