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Les compagnies canadiennes et le génocide culturel des TibétainsAnonyme, Lunes, Mayo 8, 2006 - 15:19
Tenzin Dargyal
La pression est en voie de s'accroître considérablement sur le peuple tibétain. Avec la collaboration de trois grandes compagnies canadiennes, le gouvernement chinois finalise en ce moment la construction d'un chemin de fer dont les effets pourraient être fatals pour l'avenir des Tibétains. Power Corporation, Bombardier et Nortel, en partenariat avec la Sifang Locomotive, une entreprise d'État chinoise, travaillent en ce moment à la réalisation d'un chemin de fer qui reliera Golmud, dans l'ouest de la Chine, à Lhassa, la capitale du Tibet. La Chine installera ainsi fermement le Tibet, jusqu'ici difficile d'accès, sous son joug. Depuis plus de 50 ans, les Tibétains ont réussi à survivre dans les conditions extrêmement difficiles imposées par l'occupation chinoise. L'occupation brutale du Tibet en 1949 a fait jusqu'ici plus de 1,2 million de morts. Mais aujourd'hui, la menace principale pour la préservation du peuple tibétain vient de l'immigration de masse soutenue par le régime chinois. Déjà, les Tibétains sont devenus minoritaires dans leur propre pays. Quand la ligne ferroviaire sera mise en service, le rythme de l'immigration chinoise s'accélérera. Cela portera certainement le coup de grâce à la survie de la culture tibétaine. Par ailleurs, la politique de colonisation chinoise s'accompagne d'un climat toujours aussi répressif. Le dernier rapport d'Amnistie Internationale note que le régime chinois n'a pris aucune mesure pour améliorer la situation en matière de droits humains. Le département d'État américain rapporte que la situation au Tibet est encore très mauvaise et que les autorités chinoises «continuent de commettre des abus sérieux des droits humains, incluant les assassinats extra-judiciaires, la torture, les arrestations arbitraires et la détention prolongée sans procès des Tibétains pour avoir exprimé pacifiquement leurs idées politiques ou religieuses.» Non seulement le projet de liaison Golmud-Lhasa marginalisera encore davantage les Tibétains chez eux, mais il contribuera à resserrer la poigne de fer de la Chine sur le Tibet et entraînera une militarisation accrue de la région. Il permettra un déplacement rapide des troupes chinoises et facilitera le déploiement de missiles, dont des missiles nucléaires. L'environnement du Tibet en subira aussi les conséquences. Il faut s'attendre à ce que le chemin de fer soit utilisé pour accélérer l'exploitation des ressources naturelles du Tibet, qui sont déjà exploitées sans égard aux impacts écologiques, ni bénéfice pour les Tibétains. Les Canadiens n'apprécieront guère de voir trois de leurs compagnies les plus en vue participer à un tel projet. Ces entreprises canadiennes se trouvent aujourd'hui dans une position très embarrassante: elles doivent tenter de justifier leur partenariat dans un projet dont les retombées seront désastreuses pour les Tibétains. En travaillant main dans la main avec le régime, ces entreprises canadiennes ne seront-elles pas complices du génocide culturel du peuple tibétain? Les trois compagnies canadiennes tentent de se dégager de leurs responsabilités en affirmant qu'elles ne se mêlent pas des affaires politiques. Jiang Zemin, alors président chinois, a pourtant affirmé au New York Times en août 2001 que le chemin de fer n'allait pas nécessairement être rentable commercialement, mais que cela n'avait pas d'importance parce qu'il s'agissait ici d'une «décision politique». Certains chefs d'entreprise sont même allés jusqu'à utiliser hors de leur contexte des citations tronquées du Dalaï Lama pour justifier leur présence au Tibet. Or, le Dalaï Lama est clair au sujet du développement économique au Tibet. Celui-ci n'est seulement souhaitable que s'il ne nuit pas au peuple tibétain. Le Dalaï Lama, comme les Tibétains en général, n'est pas opposé au développement économique lorsque celui-ci vise à améliorer le bien-être des Tibétains. Mais on ne parle évidemment pas ici d'un tel projet, d'autant plus que l'on sait que le développement économique planifié par Beijing bénéficie avant tout aux occupants. Les emplois créés par la construction du chemin de fer, par exemple, sont presque tous accordés à des Chinois. Cette semaine, les actionnaires de Power Corporation seront donc invités par des actionnaires soucieux des droits humains et du bien-être du peuple tibétain, à réfléchir sur les implications de leur projet au Tibet. Des propositions semblables seront soumises aux actionnaires de Bombardier et de Nortel plus tard cet été. Ethical Funds Company a soumis une résolution invitant Power Corp à préparer un document décrivant les pratiques et politiques que la compagnie compte adopter pour promouvoir le respect et la protection des droits humains au Tibet et en Chine. Malheureusement, la direction de la compagnie a demandé à ses actionnaires de rejeter la proposition, prétextant ne pas avoir d'activités au Tibet, étant simplement un partenaire financier de Bombardier! Power Corp affirme aussi que la promotion des droits humains est l'affaire des gouvernements et que la compagnie «ne croit pas pouvoir élaborer avec succès une politique significative de respect des droits humains.» Plusieurs compagnies, comme Holiday Inn, BP et la minière australienne Sino Gold, ont choisi de délaisser un investissement douteux au Tibet plutôt que de salir leur image et leur réputation. Même la Banque mondiale a annulé un prêt qui aurait été utilisé pour faciliter la migration chinoise vers le Tibet, notant qu'il était impossible de mener une étude d'impact dans le climat de terreur qui y règne. À défaut de se retirer du Tibet, ce qu'elles disent n'avoir aucune intention de faire, Power Corp, Bombardier et Nortel devraient indiquer de quelle façon elles comptent s'assurer que leur projet ne serve pas à miner davantage les droits fondamentaux des Tibétains. La globalisation de l'économie offre certes des occasions d'affaires alléchantes. Mais elle offre aussi l'occasion d'exercer une influence sur les pires régimes du monde en leur indiquant que les droits humains les plus fondamentaux ne sont pas négociables. Power Corporation, Bombardier et Nortel, en reconsidérant leur responsabilité envers les Tibétains dans ce sinistre projet, pourraient choisir d'envoyer ce message. |
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