Commentaire sur la mise au point de la rédaction du Monde diplomatique.

Marc-Antoine Coppo.

20 avril 2006.

La mise au point de la rédaction du Monde diplomatique laisse malheureusement craindre qu'il n'y ait pas d'inflexion significative de la ligne éditoriale du Diplo vers des positions plus objectives sur le dossier proche-oriental. En particulier, le fait que la rédaction du Diplo renouvelle sa confiance à Dominique Vidal sur un dossier où il persiste à se fourvoyer n'est pas une nouvelle de nature à rassurer la frange la plus lucide du lectorat du Diplo.

Dans son article « l'héritage empoisonné d'Ariel Sharon » (http://www.oumma.com/article.php3?id_article=1967), Bruno Guigue écrit

: « La rupture de la coalition gouvernementale [israélienne] fut théâtralisée à l’extrême, présentée comme un déchirement insupportable. Le ralliement d’une partie des travaillistes fut interprété comme un séisme politique, abusant même Le Monde Diplomatique. » Mais pourquoi Le Monde diplomatique se laisse-t-il donc abuser par de tels faux semblants ?

Il y a quelques semaines, Dominique Vidal était l'invité du journal de la mi-journée de France-Culture, intervenant en direct du salon du livre de Paris. L'Autorité palestinienne financièrement étranglée, le président Abbas réduit au statut de potiche, le nouveau gouvernement palestinien ostracisé par la soi-disant « communauté internationale » pour cause de victoire électorale du Hamas ? L'« historien » Vidal n'avait cure de ces mauvaises nouvelles, bien décidé à concurrencer Alexandre Adler - autre « historien » célèbre - dans sa spécialité : le conte de fées pour adultes.

Dominique Vidal s'évertuait donc à convaincre les auditeurs de cette chaine pro-sioniste que la paix était désormais à portée de main, invoquant pêle-mêle les négociations de Taba, le plan de Genève, le partage de Jérusalem désormais accepté par une majorité d'Israéliens (d'après un sondage, Vidal a toujours été friand de sondages farfelus), une partie de la droite israélienne qui vire à gauche, l'Union européenne qui va oeuvrer pour la paix, etc. « N'êtes-vous pas trop optimiste ? » risqua le présentateur Antoine Mercier un peu interloqué par cette succession de billevesées. Point du tout, la foire aux illusions doit continuer : c'est une impérieuse nécessité pour le « camp de la paix » que Vidal entend incarner.

En refusant de désavouer les Israéliens sur le fond, en se contentant de souhaiter que l'Etat (juif) d'Israël soit plus moral et se comporte de manière moins agressive, en faisant preuve d'un optimisme à toute épreuve, la rédaction du Monde diplomatique contribue à entretenir de dangereuses illusions.

Marc-Antoine Coppo

Universitaire,

Nice