Le vaste mouvement populaire en faveur de la fin de la monarchie et de la création d'une république démocratique s'est poursuivi tout au long de la semaine au Népal, malgré la répression déployée par un régime aux abois.

Pour la première fois, mardi, la police a ouvert le feu à balles réelles sur les manifestantes et manifestants qui bravaient le couvre-feu à Katmandou. Une dizaine de touristes étrangers, qui prenaient part aux manifestations, ont également été arrêtés. À Pokhara -- une ville universitaire située à 200 km à l'ouest de la capitale -- la police a également ouvert le feu sur quelque 10 000 manifestantes et manifestantes qui refusaient de se disperser. Vendredi à Chitwan, ce sont pas moins de 100 000 personnes qui ont assisté aux funérailles d'un manifestant, assassiné par la police.

Hier samedi, elles étaient encore plus d'une dizaine de milliers à se rassembler à Katmandou, en dépit du couvre-feu et de l'interdiction de tout rassemblement décrétés par le régime royal. Des manifestations similaires ont également eu lieu à Gongabu, Kirtipur, Chabahil et Bhotahiti.

Depuis le début du mouvement de grève il y a dix jours, au moins quatre personnes ont perdu la vie sous les coups de la police et de l'armée, qui ont officiellement procédé à plus de 2 800 arrestations. La répression s'étend désormais aux journalistes, dont au moins 119 ont été pris dans des rafles. La police a également utilisé des matraques en bambou pour disperser une manifestation d'avocats, au terme de laquelle plus de 70 membres du barreau ont été arrêtés... Selon un reporter de l'agence nepalnews.com, l'officier de police en charge des opérations a ordonné aux agents de frapper en hurlant: "Tous les journalistes et les avocats sont des maoïstes!"

Le roi Gyanendra a officiellement réagi jeudi soir par le biais d'un discours à la nation, dans lequel il s'est dit prêt à superviser la tenue d'élections. Cet appel a été tout de suite rejeté par les porte-parole des sept partis parlementaires et par le Parti communiste du Népal (maoïste). Depuis que les partis parlementaires ont accepté l'appel des maoïstes à se joindre à un front uni contre le roi, c'est toute la société népalaise, ou presque -- à l'exception des féodaux et de la cour royale -- qui exige rien de moins que la fin de la monarchie.

Le Népal est donc totalement paralysé depuis maintenant 10 jours, et toutes les possibilités demeurent ouvertes pour la suite des choses. Le Secrétaire général des Nations unies Kofi Annan s'est dit "plus inquiet que jamais" et il a invité le roi Gyanendra à "prendre des mesures courageuses pour trouver une issue à cette situation".

De leur côté, les États-Unis, qui seraient mal venus de s'opposer à un tel mouvement démocratique, poursuivent leurs manœuvres pour "empêcher les maoïstes de tirer profit de la situation". Leur ambassadeur a d'ailleurs rencontré les dirigeants du Parti du congrès et du principal parti révisionniste pas plus tard que mercredi dernier, pour les mettre en garde contre "l'infiltration maoïste" qui les menace.

En décembre 2004, lors de la fameuse "révolution orange" en Ukraine, les chaînes d'information en continu diffusaient sans arrêt des images des manifestations. Il est à la fois étrange et significatif qu'on n'ait droit qu'à quelques brefs reportages superficiels et épisodiques à propos du mouvement actuellement en cours au Népal.

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Article paru dans Arsenal-express, nº 94, le 16 avril 2006.

Arsenal-express est une liste de nouvelles du Parti communiste révolutionnaire (comités d'organisation).

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