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Kagame au CanadaAnonyme, Sábado, Abril 15, 2006 - 06:11
Philippe Larochelle
Il est inacceptable que le Canada permette au Président du Rwanda, Paul Kagame de séjourner sur son territoire. Montréal, le 13 avril 2006. L’honorable Peter Gordon Mackay « mack...@parl.gc.ca » L’honorable Josée Verner « Vern...@parl.gc.ca » L’honorable Monte Solberg « mini...@cic.gc.ca » Lucien Bradet « luci...@ccafrica.ca » OBJET : Visite de Paul Kagame au Canada Madame et Messieurs les Ministres, Monsieur le Président, En tant que citoyen canadien, permettez moi d’exprimer ma vive réprobation face à la venue prochaine de monsieur Paul Kagame, Président du Rwanda, au Canada. En effet, monsieur Kagame est invité comme conférencier d’honneur à une conférence organisée par le Conseil canadien pour l’Afrique qui se tient les 25 et 26 avril 2006 au Plaza Hôtel Centre-Ville, à Montréal. Je note d’ailleurs que Josée Verner, Ministre de la Coopération Internationale, de la Francophonie et des Langues officielles du Canada, prononce une allocution lors de cette conférence. Le Canada se targue d’être un champion de la promotion de la fin de l’immunité, par sa participation à la Cour Pénale Internationale, sa coopération avec les Tribunaux ad hoc, et surtout ses politiques visant à éviter que des gens qui sont accusés ou soupçonnés d’avoir commis des violations massives des droits de l’homme ne puissent séjourner sur son territoire. À plus forte raison les dirigeants de ces pays où tout indique que des violations massives des droits de l’homme sont commises. Inviter et plus particulièrement autoriser monsieur Kagame à fouler le sol canadien constitue un affront patent à cette politique canadienne. Voici pourquoi : -Monsieur Kagame dirige d’une façon ou d’une autre le Rwanda depuis juillet 1994. Par conséquent, les violations massives des droits de l’homme commises dans ce pays et même plus généralement dans la Région des Grands Lacs depuis cette date peuvent directement lui être imputées. En voici des exemples : -Les troupes rwandaises du Président Kagame ont commis au cours de la dernière décennie des violations massives des droits de l’homme au Congo, pays voisin du Rwanda. Selon Alison Desforge, de Human Rights Watch, les deux invasions du Congo par le Rwanda ont coûté la vie à trois millions de personnes (Communiqué de Human Rights Watch du 4 décembre 2004). -Les documents qui concernent le Rwanda sur le site des Nations Unies font systématiquement état de violations des droits de l’homme par les autorités rwandaises. -Le site d’Amnistie Internationale consacre de nombreuses dépêches au Rwanda, faisant état de disparitions et d’exécutions extrajudiciaires, de trafic d’armes, de répression de la société civile, etc… -Le rapport de 2005 du Département d’état Américain sur la situation des droits de l’homme au Rwanda mentionne de nombreuses violations flagrantes, par les autorités, des droits fondamentaux. -Toujours selon Human Rights Watch, le Front Patriotique Rwandais, le parti de monsieur Kagamé, a organisé les élections de 2003, au terme desquelles Monsieur Kagame a été élu Président avec une majorité écrasante de 95% des voix, après avoir réduit au silence l’opposition (Note d’information de Human Rights Watch du 8 mai 2003 et dépêches l’ayant précédé en 2002-2003. Voir également le rapport de la mission d’observation électorale de l’Union Européenne – Élections présidentielles et législatives de 2003 ). -Selon Human Rights Watch, le Rwanda est une dictature où l’opposition est systématiquement liquidée. En fait, selon une spécialiste bien connue sur le sujet, Madame Alison Desforges, le fait de s’opposer au gouvernement dans ce pays équivaut à avoir une idéologie génocidaire. Selon les autorités du Rwanda, qui ont le mandat de supprimer les organismes dans lesquels elle existe, l’ « idéologie génocidaire » s’est répandue dans six des douze provinces du Rwanda, les Églises, les Écoles et l’Université Nationale et même des groupes de défense des droits de l’homme ! (Communiqué de Presse de Human Rights Watch du 12 juillet 2004). -Voici ce que demandait Madame Desforges, au nom de Human Rights Watch, à la Cour Suprême du Rwanda dans un communiqué de Presse du 16 janvier 2006 : « Compte tenu des erreurs flagrantes qui ont été commises par le tribunal de première instance qui a condamné ces huit personnes, nous attendons de la Cour Suprême qu’elle rende un jugement faisant preuve de son indépendance et son[sic] compétence ». La note d’information qui accompagne ce communiqué décrit comment les tribunaux du Rwanda ont été un outil d’oppression à l’emploi du pouvoir. Les accusés ont été battus par la police et n’ont pas eu de procès. -Le 17 février 2006, la Cour Suprême du Rwanda a répondu à l’appel de Madame Desforges en imposant une sentence de 15 ans à l’ancien Président du Rwanda, monsieur Pasteur Bizimungu. Ce dernier n’a cessé de clamer son innocence tout au long de la procédure. Il semble que c’est la peine qu’il a reçu pour avoir osé s’opposer à Kagame. -Selon le commentaire audio de Madame Desforges, qui se trouve également sur le site web de Radio France International, la Cour Suprême a fait un compromis, en acquittant quelques accusés, et en en condamnant d’autres. Ce commentaire, et l’absence de réaction sur le site de Human Rights Watch, démontrent bien que ce ne sont pas tant les juges de la Cour Suprême du Rwanda qui ont fait un compromis que Madame Desforges elle-même. -Encore tout récemment, dans le procès Bizimungu et al. ICTR 99-50-T, les autorités rwandaises ont démontré leur mépris total de la justice et de l’État de droit, en refusant qu’un témoin vienne déposer à Arusha. Le témoin pressenti, madame Agnès Ntamabyariro, a été enlevée en 1997 par des agents de l’État rwandais en Zambie et emmenée au Rwanda, où elle est détenue depuis cette date. (Communiqué de presse de l’agence Hirondelle du 12 avril 2006 – Le Rwanda refuse qu’un ex-ministre vienne témoigner au Tribunal Pénal International pour le Rwanda.). -En fait, de nombreux indices pointent vers l’implication de Monsieur Kagamé lui-même dans le génocide de 1994. Le refus du TPIR de porter des accusations à l’encontre du FPR, le mouvement armé dirigé par monsieur Kagamé qui a pris le pouvoir au Rwanda en 1994 fait l’objet de plaintes répétées de la part des avocats exerçant devant le Tribunal , d’experts qui collaboraient autrefois avec le bureau du Procureur et d’autres observateurs de la scène du TPIR. Certains rapportent même que monsieur Kagame aurait ordonné l’attentat du 6 avril 1994 contre l’avion du président du Rwanda de l’époque, Juvénal Habyarimana, dans lequel ce dernier et son homologue du Burundi ont péri. Le génocide de 1994 a débuté dans les heures qui ont suivi cet attentat. Comme vous pouvez le constater de ces sources objectivement fiables, le Canada se prépare à accueillir un dictateur dont la place devrait être dans le box des accusés plutôt qu’à la table d’honneur d’une conférence canadienne. Pour ces raisons, je vous demande, Madame, Messieurs les ministres, monsieur le Président, d’annuler la venue de monsieur Kagame à cette conférence, et de ne pas lui permettre d’entrer au Canada. En vous remerciant de l’attention que vous porterez à la présente, Philippe Larochelle
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