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Etat des luttes contre le crime organisé mafieuxAnonyme, Jueves, Abril 13, 2006 - 06:39
Christian Pose
Pour la liberté de la recherche et de la presse dans la lutte contre la mafia. Entretien exclusif avec le Professeur Umberto Santino, Président de Centro Siciliano di Documentazione "Giuseppe Impastato", Palerme, réalisé par Chistian Pose, traduit de l'italien par Nathalie Bouyssès. Etat des luttes contre le crime organisé mafieux Pour la liberté de la recherche et de la presse dans la lutte contre la mafia. Entretien exclusif avec le Professeur Umberto Santino, Président de Centro Siciliano di Documentazione "Giuseppe Impastato", Palerme, réalisé par Chistian Pose, traduit de l'italien par Nathalie Bouyssès. Deux événements historiques d'importance, cet entretien s'est achevé alors que la coalition de centre-gauche de Romano Prodi semblait victorieuse à l'Assemblée et au Sénat mettant un terme au "berlusconisme" symbole, dira le Pr. Santino, de la "légalisation de l'illégalité", alors que, étonnante symétrie, la police italienne annoncait l'arrestation de Bernardo Provenzano, chef suprême de Cosa Nostra (mafia sicilienne) dernier "parrain" historique de l'association criminelle après 42 ans de cavale... Question 1 : Umberto santino : J’ai publié, en 1997, L’alleanza e il compromesso, un livre réunissant la documentation de deux de mes dossiers (le premier présenté à Strasbourg en 1984, le deuxième à Rome en 1989) qui concernaient le parlementaire européen, mêlé aux milieux mafieux, Salvo Lima. Je faisais, dans ce livre, une analyse des rapports entre la mafia et la politique, m’appuyant également sur des actes judiciaires du procès Andreotti. Dans cette analyse, le rapport mafia-politique est, à double titre, intrinsèquement lié au phénomène mafieux. D’abord parce que la mafia est un sujet politique dans la mesure où elle exerce un pouvoir sur un territoire déterminé et en contrôle les activités autant que les relations personnelles. Dans une deuxième mesure, la mafia joue un rôle politique à travers le système de rapports qu’elle a instauré avec certaines personnes de l’administration publique, des partis politiques et des institutions. Je publiais également, dans ce livre, les réponses apportées par Lima à ces dossiers ; un cas d’espèce puisqu’il n’existe pas d’autres réponses écrites de Lima aux accusations qui lui ont été reprochées. Lima soutenait qu’il n’était impliqué dans aucun procès judiciaire. Je répondais que mes dénonciations concernaient des relations avérées avec des hommes de la mafia et que, même si ce fait n’était pas criminel, il était cependant grave sur le plan ethico-politique. Souvent, au cours des dernières années, des hommes politiques ont eu recours au jugement civil, lequel ne consiste qu’en l’échange de documents et ne prévoit ni débat ni approfondissement. C’est ainsi qu’a agi le président de la province de Palerme, le parlementaire européen Francesco Musotto à l’encontre du politologue Claudio Riolo, et c’est ainsi qu’a agi Mannino à mon encontre. Après le jugement de première instance de 2001, Riolo et moi, avec l’aide de certaines associations, avons lancé une campagne pour la liberté de la recherche et de la presse dans la lutte contre la mafia, et avons soutenu le fait que des problèmes de ce type devaient davantage être discutés devant un jury d’honneur que devant des tribunaux, et que les sanctions, au lieu d’être financières, l’honorabilité n’étant pas un produit de supermarché, devraient consister en des réponses, des éclaircissements, des corrections ou des ajouts. Nous souhaitons poursuivre cette campagne parce que nous considérons comme absolument nécessaire, dans une société démocratique, d’analyser les rapports entre la mafia et le contexte social et, par-dessus tout, avec la vie politique. Question 2 : Vous avez travaillé avec la Commission Parlementaire anti- mafia, quelles critiques faites-vous de la Commission et de l'appareil législatif et judiciaire italien spécifiquement anti- mafia régional et municipal ? Umberto santino : J’ai été consultant pour la Commission parlementaire de 2003 à 2005. J’ai démissionné parce qu’aucun travail ne m’a jamais été confié. La Commission était paralysée par la majorité et l’opposition ne parvenait pas à avoir un rôle effectif. Certains ont évidemment pensé que je me contenterais d’une charge honorifique. Concernant la législation, il faut savoir qu’en Italie toutes les lois antimafia sont dictées par l’idée que la mafia est une usine à meurtres : s’il y a coup de feu, il y a mafia, pas dans le cas contraire. La loi antimafia de 1982 est arrivée après l’assassinat du général-préfet Dalla Chiesa, comme les autres lois sont arrivées après les attentats massacres dans lesquels ont péri les magistrats Falcone et Borsellino. Au cours des dernières années, les mafieux ont compris que les grands crimes avaient des effets boomerang et que mieux valait ne pas commettre d’atrocités retentissantes. On parle de “mafia souterraine
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